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(Une Silfine)

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Message  Keina Lun 11 Mai 2009 - 11:43

Cette histoire est déjà publiée sur internet, et fait même partie d'une chaîne virtuelle de webséries, Werewolf Studios. Cependant, alors que je continue mon petit bonhomme de chemin (j'en suis rendue au chapitre 13 sur 17, en cours d'écriture), je commence sérieusement à envisager la réécriture et l'affinage des premiers chapitres, en vue d'une re-publication "propre" sur internet (ne me demandez pas si je compte l'envoyer à un éditeur, je n'en ai strictement aucune idée encore). J'ai déjà retouché un peu le prologue, mais pas autant que je l'aurais voulu. Je vous le soumets donc afin de recueillir quelques regards extérieurs et aiguisés, pour pointer du doigt ce qui ne va vraiment pas.

Prologue



Le Royaume Caché Entre les Mondes, 25 octobre 1883 du calendrier chrétien.

Par-delà les combattants, bordant les cimes enneigées, l’orage grondait. Seule au milieu de la bataille, Akrista-Ateyalle la guerrière essuya une main crasseuse contre ses jupons et leva le nez vers les cieux. Guerrière ? Son âme de silfine se refusait à l’accepter. Elle renifla, en colère contre elle-même et sa stupide faiblesse, puis, à contrecœur, se concentra à nouveau sur le duel qui l’opposait à une créature noirâtre plus large que haute, aux yeux fiévreux et aux gestes convulsifs.

Dans un semblant de ralenti, la silfine leva son épée, effectua un moulinet et fendit avec précision le cou de la créature. Elle vit le corps de son ennemi s’affaisser à terre, vulgaire poupée de chiffon. La tête décapitée décrivit une parabole au-dessus des combattants et ricocha dans la boue. Personne n’y prit garde, mais Akrista s’attarda sur la vision macabre de cette face sans vie – oeil livide, lèvres entrouvertes, comme si d’ultimes paroles allaient lui échapper… Pourquoi ? Pourquoi fais-tu ça, Akrista ?

Non ! Ne plus y penser.

Saisie d’un frisson, elle décrocha son regard, s’épongea le front et fit volte-face pour braver un nouvel adversaire. Son corps tressaillit – soupçon imperceptible – lorsqu’elle reconnut l’autre qui se tenait droite au milieu des autres combattants, ses longs cheveux roux balayés par le vent, la colère palpitant au fond de ses pupilles.

Kara.

Les deux silfines appartenaient à la même génération. Une seconde – le temps se figea. Les fantômes d’une vie passée virevoltèrent autour des deux amies comme un présage de paix. Fugaces apparitions : une vie de fêtes et d’insouciance, mais aussi d’épreuves affrontées côte à côte, de peines et de joies partagées. Une époque où le sang ne se battait pas contre le sang, les enfants contre leurs pères, les silfes contre leurs semblables. Akrista-Ateyalle ferma les paupières ; une note salée se déposa sur ses lèvres.

Non, non, non ! Que cela finisse… s’il vous plaît.

La trêve ne dura pas. La pluie creva un nuage et s’écrasa sur le champ de bataille. De fines arabesques de magie s’échappèrent du bourbier – filaments graciles aux tons d’émeraude, d’amande et d’outremer – et environnèrent les combattants d’une saveur soufrée. Les gouttes ruisselant sur ses épaules éveillèrent Akrista, qui para une attaque. Kara ne l’avait pas attendue et avec un cri de rage s’était jeté sur elle. Leurs épées se heurtèrent dans un tintement sec ; la silfine riposta avec toute la conviction dont elle était capable, mais une fois de plus son esprit s’évada.
Comment en étaient-ils arrivés là ? À quel instant la guerre s’était-elle changée en évidence ? Elle songea aux deux hommes de sa vie, son frère et son amant, qui sans relâche se disputaient sa tendresse. Son existence entière gravitait autour d’eux. Était-ce de sa faute ? Les deux rivaux se livraient depuis toujours une bataille sans merci : qui serait le premier, le plus fort, le plus doué de tous ! Qui maîtriserait au mieux la magie du Royaume !

Aurait-elle pu éviter tout ce sang ?

Ô ! Comme elle comprenait leurs motivations pourtant ! Mi-elfes, mi-humains, les silfes cherchaient leur identité depuis la nuit des temps. La lutte entre Alderick, son frère, et Katlayelde, son amour, cristallisait avec précision le paradoxe qui déchirait le ventre de la silfine. Était-elle créature de magie aux pouvoirs insoupçonnés ou simple mortelle ? Aurait-elle dû suivre les préceptes de l’un, qui revendiquait haut et fort le statut elfique des silfes et la nécessité de céder aux justes revendications des êtres magiques, ou avait-elle raison d’écouter son cœur dans les propos de l’autre, qui la faisait femme, vibrante et aimante, chaque jour un peu plus ? De si vastes enjeux alimentaient cette guerre !

Et puis...

Et puis il y avait Keina, sa petite Keina, prise sans le vouloir au cœur de la tourmente, son enfant, si pure, si innocente... Elle ne méritait rien de tout cela. Dieu, elle n’était qu’un bébé !

Les doutes se changèrent en certitudes. Akrista esquiva une feinte et répliqua avec souplesse. Les particules enchantées dansaient sur la tranche de son épée. Les silfes affectionnaient les combats, et y déployaient de multiples talents : leur part d’humanité s’y complaisait !
Elle enfonça son arme dans l’abdomen de son adversaire et la dégagea aussitôt, épouvantée. Kara, si jeune et si âgée, leva vers son amie un regard noyé de tristesse avant de s’effondrer. Au milieu des glyphes de brume et de magie, son opulente chevelure rousse la recouvrit d’un suaire de feu.
Confuse, Akrista relâcha la garde de son épée. Meurtrière, lui souffla son esprit. Elle s’efforça d’occulter cette idée. Une longue mèche brune vint se coller contre sa joue, mais elle n’y prit garde ; dans le fracas de la bataille, une larme dégringola. Quelque chose s’était brisé, irrémédiable, définitif. Pour la première fois de sa vie, elle venait d’abattre l’un de ses semblables.



Un éclair fendit le ciel. Réveil, brutal encore. Autour d’elle, orage et combat rivalisaient d’ampleur et d’anarchie. Soudain déterminée, Akrista-Ateyalle secoua le chef, étreignit sa garde et se prépara à défendre une nouvelle fois les idées de son conjoint à la force de l’épée.
Que rien ne change, s’il vous plaît, agissons comme si de rien n’était et gardons le sourire – Il est trop tard, à présent ! Il est trop tard et nous n’avons rien pu faire... – Mais ne parlons-nous pas de ma FILLE ?

Le sang battait contre sa tempe, et formait un chœur étrange avec la pluie qui martelait la terre. Elle avisa une silhouette menue, katana en main, qui enjambait les corps pour l’atteindre. Ses cheveux noirs comme l’ébène encadraient un minois asiatique aux traits fins et racés. Nephir – celle par qui tout avait commencé. Les notes sucrées de sa voix résonnèrent dans l’esprit d’Akrista. Elle avait choisi la télépathie pour s’exprimer à travers le tumulte.

Akrista-Ateyalle… comme je te retrouve, ma tante ! Comment se porte ma cousine, la petite Keina ?

À l’évocation de son bébé, les traits de la silfine s’assombrirent. Nephir était tout à la fois son aînée et sa nièce, issue de la septième génération des silfes. Une génération d’écart et seulement treize ans de différence, voilà qui constituait une particularité propre à leur race ! Pénétrée d’une fureur sourde qui galvanisait ses sens et escamotait ses doutes, Akrista resserra le poing sur son arme, prête au combat.

Le visage fermé, son attaquante leva le katana et le tint au-dessus d’elle, immobile. Dans la fièvre du moment, la théâtralité de la pose fit ressurgir des souvenirs confus dans l’esprit de la silfine. Comme la fille ressemblait au père à cet instant ! Pourtant, il n’existait pas de caractères plus distincts que ceux d’Alderick le sanguin aux idées exaltées et de la glaciale et féline Nephir. En un éclair, Akrista revit son frère et ses drôles de manières, un peu empruntées, qui la faisaient tant rire alors qu’elle n’était qu’une enfant. Il avait porté un amour immodéré à la mère de Nephir, petite Chinoise élevée en occident : dès qu’il l’évoquait, des étincelles de bonheur scintillaient au fond de ses pupilles !

Une image s’imposa à elle, presque palpable. La silhouette d’Alderick apparut, se superposant à celle de sa fille, sourire aux lèvres, visage pétillant de gaîté, dans l’une de ces attitudes burlesques qu’il prenait quand il enseignait l’usage des armes à son adolescente de sœur qui s’esclaffait à chacune de ses grimaces. Là, au milieu de la bataille, Nephir avait adopté une posture si proche de celles de son père lorsqu’il faisait le pitre qu’Akrista dut se mordre la lèvre inférieure pour ne pas éclater d’un rire de détraquée. Déstabilisée l’espace d’une seconde, sa rivale leva un sourcil.

Je n’avais jamais vu jusqu’alors à quel point tu ressembles à ton père, s’expliqua-t-elle calmement.

Mon père est un faible, répliqua son adversaire sur un ton glacial.

Cette affirmation ne supportait aucune réplique. Akrista sut dès lors qu’il était temps de passer à l’offensive.



L’esprit en feu, Nephir attaquait, feintait, parait. Comme elle aimait dominer, se sentir maîtresse de ses sens et de ses mouvements ! L’Eurasienne contrôlait sa lame à la perfection et la pratique régulière de la magie simplifiait ses enchaînements.

En face d’elle cependant, sa tante ne s’en laissait pas conter. Quelques figures bien exécutées et elle mena vite la danse. Nephir battit retraite, une cascade de jurons sur les lèvres. Sa technique était certes irréprochable, il lui manquait toutefois ce léger je-ne-sais-quoi qui faisait d’Akrista-Ateyalle une guerrière redoutable. Ce petit quelque chose de typiquement humain que même la magie qui baignait le Royaume ne permettait pas d’acquérir… l’amour d’une mère. Comment le savoir ? Comment comprendre l’inestimable valeur de la petite Keina aux yeux de sa mère ? Sa propre génitrice s’était éteinte au cœur de la folie ; quant à son père...

Nephir poussa un cri bref. Akrista venait de la désarmer avec dextérité, abandonnant sur sa main une lézarde ensanglantée. Elle perdit l’équilibre, bascula en arrière et tomba dans la boue. Le poignet douloureux, elle leva vers son ennemie des yeux brûlants de haine. Comme elle les détestait, les silfes ses semblables, qui semblaient si parfaits, comme elle détestait leur suffisance, leur orgueil ! Elle-même avait été de ceux-là, de longues années plus tôt, une éternité. Car depuis, l’Avaleur de Mémoire lui était apparu. Il s’était infiltré dans sa tête et avait murmuré à son oreille quelques mots doux : La Briseuse… tu seras la Briseuse et tu répareras ce que tu as brisé… la Pierre n’attend que toi. Je n’attends que toi. La magie t’appartient...

Akrista croisa le regard de la personne qu’elle haïssait le plus au monde, et sa lame hésita. La pitié l’emporta sur la haine ; une fugace compassion voila son regard. Il n’en fallut pas plus pour l’Eurasienne, qui dans un geste prompt dégagea de sa ceinture un fin pistolet. Une expression d’effroi se figea sur le visage de la silfine. Les armes à feu n’étaient pas prohibées au Royaume, mais fortement désapprouvées : adopter le mode de vie humain ne signifiait pas pour autant s’abaisser à leur niveau. Il fallait croire que l’opinion de Nephir divergeait sur ce point !

Le coup de feu se perdit dans l’écho de la guerre. L’espace d’une seconde, Akrista-Ateyalle resta suspendue entre vie et mort, puis ses genoux fléchirent. Son esprit se fixa un court instant sur Katlayelde, qui se battait à quelques mètres d’elle. Elle sentit le silfe se raidir en pressentant la mort de son aimée. Bientôt il hurlerait son nom. Elle n’était pas vraiment sûre de vouloir l’entendre. Ses pensées dérivèrent sur son bébé, son ange, sa petite Keina qui l’attendait au Château et qu’elle ne verrait plus.

Il n’est plus temps de penser à ta fille, émit Nephir dans son esprit, triomphante. Malgré tout ce que tu as fait pour elle, elle servira mon plan, comme prévu !

Tandis que son crâne percutait le sol, le visage d’Akrista s’illumina d’un sourire. Crois-tu qu’il n’y aura plus personne pour veiller sur elle, Nephir ? Le crois-tu réellement ?
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Message  Maeror Mar 12 Mai 2009 - 18:01

Eh bien... pas mal ! Pas mal du tout !^^ Mais le texte est malheureusement assez confus. En quatre pages (openoffice), tu as tenté de présenter des tas de personnages, leurs liens familliaux, le "truc" qui les déchire, présenter les silfes (plus un brin de leur culture), qui est la méchante (et même pourquoi^^),... sans oublier le combat. Voilà, je trouve ce prologue surchargé.

Nephir était tout à la fois son aînée et sa nièce, issue de la septième génération des silfes. Une génération d’écart et seulement treize ans de différence, voilà qui constituait une particularité propre à leur race !
Les liens familliaux compliqués... le truc qui perd tout le monde Razz

Pourquoi donnes-tu autant d'info ? Pourquoi ne pas laisser des zones d'ombres ? Pourquoi ne pas juste donner quelques indices via les dialogues (ce qui intriguerait encore plus le lecteur) ? Le prologue est très important : si tu perds le lecteur sous des tonnes d'infos, il n'aura pas forcement le courage de continuer, alors que si tu donnes juste ce qu'il faut d'info pour éveiller sa curiosité, alors il est certain qu'il continuera.
De plus, la bataille est très peu décrite, le lecteur sait juste que ça se passe sur des "cimes enneigées", mais il ne sait même pas qui se bat contre qui. Et les deux duels me paraissent flous et très rapide (dès que la fille engage un combat, elle se perd dans ses pensées... étrange tout de même).
Mis à part ça, c'est bien écrit (mais attention, il y a pas mal - trop ? - de question dans ce prologue), et tu as l'air de savoir où tu vas (en même temps, si tu as presque terminé le roman...^^).
Voilà voilà, rassure toi, malgré ces critiques je n'ai pas trouvé ton texte mauvais Wink Je pense juste que tu pourrais encore l'améliorer Smile
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Message  Pacô Mer 13 Mai 2009 - 17:01

Keina a écrit:

Prologue

Le Royaume Caché Entre les Mondes, 25 octobre 1883 du calendrier chrétien.

Par-delà les combattants, bordant les cimes enneigées, l’orage grondait (j'ai du mal avec cette phrase... les combattants ce sont des hommes? Pourquoi bordent-ils les cimes enneigées? Suspect ). Seule au milieu de la bataille, Akrista-Ateyalle la guerrière essuya une main crasseuse contre ses jupons et leva le nez vers les cieux. Guerrière ? Son âme de silfine se refusait à l’accepter. Elle renifla, en colère contre elle-même et sa stupide faiblesse, puis, à contrecœur, se concentra à nouveau sur le duel qui l’opposait à une créature noirâtre plus large que haute, aux yeux fiévreux et aux gestes convulsifs.

Dans un semblant de ralenti, la silfine leva son épée, effectua un moulinet et fendit avec précision le cou de la créature. Elle vit le corps de son ennemi s’affaisser à terre, vulgaire poupée de chiffon. La tête décapitée décrivit une parabole au-dessus des combattants (où sont ces combattants? On a l'impression qu'elle était seule pourtant Shocked ) et ricocha dans la boue. Personne n’y prit garde, mais Akrista s’attarda sur la vision macabre de cette face sans vie – œil livide, lèvres entrouvertes, comme si d’ultimes paroles allaient lui échapper… Pourquoi ? Pourquoi fais-tu ça, Akrista ?

Non ! Ne plus y penser.

Saisie d’un frisson, elle décrocha son regard, s’épongea le front et fit volte-face pour braver un nouvel adversaire. Son corps tressaillit – soupçon imperceptible – lorsqu’elle reconnut l’autre qui se tenait droite au milieu des autres combattants, ses longs cheveux roux balayés par le vent, la colère palpitant au fond de ses pupilles.

Kara.

Les deux silfines appartenaient à la même génération. Une seconde – le temps se figea. Les fantômes d’une vie passée virevoltèrent autour des deux amies comme un présage de paix. Fugaces apparitions : une vie de fêtes et d’insouciance, mais aussi d’épreuves affrontées côte à côte, de peines et de joies partagées. Une époque où le sang ne se battait pas contre le sang, les enfants contre leurs pères, les silfes (fait exprès? Ou silfines?) contre leurs semblables. Akrista-Ateyalle ferma les paupières ; une note (une note? Larousse à l'appui, je ne vois pas pourquoi ce nom est là...) salée se déposa sur ses lèvres.

Non, non, non ! Que cela finisse… s’il vous plaît.

La trêve ne dura pas. La pluie creva un nuage (je vois l'image, mais ma logique la refuse. La pluie ne crève pas un nuage puisque c'est le nuage lui-même qui la crée. Je verrais plus un "La pluie échappa à un nuage" ou quelque chose du genre qui montre que c'est le nuage qui contient la pluie et non la pluie qui le traverse) et s’écrasa sur le champ de bataille. De fines arabesques de magie s’échappèrent du bourbier – filaments graciles aux tons d’émeraude, d’amande et d’outremer – et environnèrent les combattants d’une saveur soufrée. Les gouttes ruisselant sur ses épaules éveillèrent Akrista, qui para une attaque. Kara ne l’avait pas attendue et avec un cri de rage s’était jetée (Kara est bien de sexe féminin?) sur elle. Leurs épées se heurtèrent dans un tintement sec ; la silfine riposta avec toute la conviction dont elle était capable, mais une fois de plus son esprit s’évada.
Comment en étaient-ils arrivés là ? À quel instant la guerre s’était-elle changée en évidence ? Elle songea aux deux hommes de sa vie, son frère et son amant, qui sans relâche se disputaient sa tendresse. Son existence entière gravitait autour d’eux. Était-ce de sa faute ? Les deux rivaux se livraient depuis toujours une bataille sans merci : qui serait le premier, le plus fort, le plus doué de tous ! Qui maîtriserait au mieux la magie du Royaume !

Aurait-elle pu éviter tout ce sang ?

Ô ! Comme elle comprenait leurs motivations pourtant ! Mi-elfes, mi-humains, les silfes (ah non, excuse-moi pour la remarque au-dessus concernant ce même nom) cherchaient leur identité depuis la nuit des temps. La lutte entre Alderick, son frère, et Katlayelde, son amour, cristallisait avec précision le paradoxe qui déchirait le ventre de la silfine. Était-elle créature de magie aux pouvoirs insoupçonnés ou simple mortelle ? Aurait-elle dû suivre les préceptes de l’un, qui revendiquait haut et fort le statut elfique des silfes et la nécessité de céder aux justes revendications des êtres magiques, ou avait-elle raison d’écouter son cœur dans les propos de l’autre, qui la faisait femme, vibrante et aimante, chaque jour un peu plus ? De si vastes enjeux alimentaient cette guerre !

Et puis...

Et puis il y avait Keina, sa petite Keina, prise sans le vouloir au cœur de la tourmente, son enfant, si pure, si innocente... Elle ne méritait rien de tout cela. Dieu, elle n’était qu’un bébé !

Les doutes se changèrent en certitudes. Akrista esquiva une feinte et répliqua avec souplesse. Les particules enchantées dansaient sur la tranche de son épée. Les silfes affectionnaient les combats, et y déployaient de multiples talents : leur part d’humanité s’y complaisait !
Elle enfonça son arme dans l’abdomen de son adversaire et la dégagea aussitôt, épouvantée. Kara, si jeune et si âgée, leva vers son amie un regard noyé de tristesse avant de s’effondrer. Au milieu des glyphes de brume et de magie, son opulente chevelure rousse la recouvrit d’un suaire de feu.
Confuse, Akrista relâcha la garde de son épée. Meurtrière, lui souffla son esprit. Elle s’efforça d’occulter cette idée. Une longue mèche brune vint se coller contre sa joue, mais elle n’y prit garde ; dans le fracas de la bataille, une larme dégringola. Quelque chose s’était brisé, irrémédiable, définitif. Pour la première fois de sa vie, elle venait d’abattre l’un de ses semblables.

Un éclair fendit le ciel. Réveil, brutal encore. Autour d’elle, orage et combat rivalisaient d’ampleur et d’anarchie. Soudain déterminée, Akrista-Ateyalle secoua le chef, étreignit sa garde et se prépara à défendre une nouvelle fois les idées de son conjoint à la force de l’épée.
Que rien ne change, s’il vous plaît, agissons comme si de rien n’était et gardons le sourire – Il est trop tard, à présent ! Il est trop tard et nous n’avons rien pu faire... – Mais ne parlons-nous pas de ma FILLE ?

Le sang battait contre sa tempe, et formait un chœur étrange avec la pluie qui martelait la terre. Elle avisa une silhouette menue, katana en main, qui enjambait les corps pour l’atteindre. Ses cheveux noirs comme l’ébène encadraient un minois asiatique aux traits fins et racés. Nephir – celle par qui tout avait commencé. Les notes sucrées de sa voix résonnèrent dans l’esprit d’Akrista. Elle avait choisi la télépathie pour s’exprimer à travers le tumulte.

Akrista-Ateyalle… comme je te retrouve, ma tante ! Comment se porte ma cousine, la petite Keina ?

À l’évocation de son bébé, les traits de la silfine s’assombrirent. Nephir était tout à la fois son aînée et sa nièce, issue de la septième génération des silfes. Une génération d’écart et seulement treize ans de différence, voilà qui constituait une particularité propre à leur race ! Pénétrée d’une fureur sourde qui galvanisait ses sens et escamotait ses doutes, Akrista resserra le poing sur son arme, prête au combat.

Le visage fermé, son attaquante leva le katana et le tint au-dessus d’elle, immobile. Dans la fièvre du moment, la théâtralité de la pose fit ressurgir des souvenirs confus dans l’esprit de la silfine. Comme la fille ressemblait au père à cet instant ! Pourtant, il n’existait pas de caractères plus distincts que ceux d’Alderick le sanguin aux idées exaltées et de la glaciale et féline Nephir. En un éclair, Akrista revit son frère et ses drôles de manières, un peu empruntées, qui la faisaient tant rire alors qu’elle n’était qu’une enfant. Il avait porté un amour immodéré à la mère de Nephir, petite Chinoise élevée en occident : dès qu’il l’évoquait, des étincelles de bonheur scintillaient au fond de ses pupilles . (là c'est très subjectif, mais je trouve que les "!" dans une narration donnent un effet très stupide au narrateur)

Une image s’imposa à elle, presque palpable. La silhouette d’Alderick apparut, se superposant à celle de sa fille, sourire aux lèvres, visage pétillant de gaîté, dans l’une de ces attitudes burlesques qu’il prenait quand il enseignait l’usage des armes à son adolescente de sœur qui s’esclaffait à chacune de ses grimaces (deux subordonnées à la suite peut alourdir la phrase pour certains. Moi, ça me va encore ^^). Là, au milieu de la bataille, Nephir avait adopté une posture si proche de celles de son père lorsqu’il faisait le pitre qu’Akrista dut se mordre la lèvre inférieure pour ne pas éclater d’un rire de détraquée. Déstabilisée l’espace d’une seconde, sa rivale leva un sourcil.

Je n’avais jamais vu jusqu’alors à quel point tu ressembles à ton père, s’expliqua-t-elle calmement.

Mon père est un faible, répliqua son adversaire sur un ton glacial.

Cette affirmation ne supportait aucune réplique. Akrista sut dès lors qu’il était temps de passer à l’offensive.

L’esprit en feu, Nephir attaquait, feintait, parait. Comme elle aimait dominer, se sentir maîtresse de ses sens et de ses mouvements ! L’Eurasienne contrôlait sa lame à la perfection et la pratique régulière de la magie simplifiait ses enchaînements. (je bloque sur le terme "Eurasienne".Voir une notion propre à notre société s'insinuer dans un texte de fantasy, voilà qui me chifonne ! Sur quelle base peut-on s'appuyer dans un monde qui ne connaît ni europe ni asie?)

En face d’elle cependant, sa tante ne s’en laissait pas conter. Quelques figures bien exécutées et elle mena vite la danse. Nephir battit retraite, une cascade de jurons sur les lèvres. Sa technique était certes irréprochable, il lui manquait toutefois ce léger je-ne-sais-quoi qui faisait d’Akrista-Ateyalle une guerrière redoutable. Ce petit quelque chose de typiquement humain que même la magie qui baignait le Royaume ne permettait pas d’acquérir… l’amour d’une mère. Comment le savoir ? Comment comprendre l’inestimable valeur de la petite Keina aux yeux de sa mère ? Sa propre génitrice s’était éteinte au cœur de la folie ; quant à son père...

Nephir poussa un cri bref. Akrista venait de la désarmer avec dextérité, abandonnant sur sa main une lézarde ensanglantée. Elle perdit l’équilibre, bascula en arrière et tomba dans la boue. Le poignet douloureux, elle leva vers son ennemie des yeux brûlants de haine. Comme elle les détestait, les silfes ses semblables, qui semblaient si parfaits, comme elle détestait leur suffisance, leur orgueil ! Elle-même avait été de ceux-là, de longues années plus tôt, une éternité. Car depuis, l’Avaleur de Mémoire lui était apparu. Il s’était infiltré dans sa tête et avait murmuré à son oreille quelques mots doux : La Briseuse… tu seras la Briseuse et tu répareras ce que tu as brisé… la Pierre n’attend que toi. Je n’attends que toi. La magie t’appartient...

Akrista croisa le regard de la personne qu’elle haïssait le plus au monde, et sa lame hésita. La pitié l’emporta sur la haine ; une fugace compassion voila son regard. Il n’en fallut pas plus pour l’Eurasienne, qui dans un geste prompt dégagea de sa ceinture un fin pistolet. Une expression d’effroi se figea sur le visage de la silfine. Les armes à feu n’étaient pas prohibées au Royaume, mais fortement désapprouvées : adopter le mode de vie humain ne signifiait pas pour autant s’abaisser à leur niveau. Il fallait croire que l’opinion de Nephir divergeait sur ce point !

Le coup de feu se perdit dans l’écho de la guerre. L’espace d’une seconde, Akrista-Ateyalle resta suspendue entre vie et mort, puis ses genoux fléchirent. Son esprit se fixa un court instant sur Katlayelde, qui se battait à quelques mètres d’elle. Elle sentit le silfe se raidir en pressentant la mort de son aimée. Bientôt il hurlerait son nom. Elle n’était pas vraiment sûre de vouloir l’entendre. Ses pensées dérivèrent sur son bébé, son ange, sa petite Keina qui l’attendait au Château et qu’elle ne verrait plus.

Il n’est plus temps de penser à ta fille, émit Nephir dans son esprit, triomphante. Malgré tout ce que tu as fait pour elle, elle servira mon plan, comme prévu !

Tandis que son crâne percutait le sol, le visage d’Akrista s’illumina d’un sourire. Crois-tu qu’il n’y aura plus personne pour veiller sur elle, Nephir ? Le crois-tu réellement ?

Chapeau Shocked. On en a les larmes aux yeux quand elle meurt.

Par contre, même reproche que Maeror, ce défilé de personnages tendrait à me troubler voire me blaser. C'est à dire, qu'à force, je ne cherche plus à comprendre et je poursuis ma lecture sans réellement bien visionner le personnage.
Cela est peut aussi du au fait des noms compliqués "Akrista-Ateyalle" qui ne m'accroche pas trop. En revanche, celui de Nephir me reste mieux en tête (oui il y a des noms comme ça Razz).

Donc voilà, très bonne narration, pas grand chose à redire, ne serait-ce que ce truc d'Eurasien... quoique, en relisant, je m'aperçois que c'est un monde parallèle au nôtre ^^'.
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