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Journal du Néant.

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Message  June Dim 17 Mai 2009 - 18:27

Partie I
Hiver


Je m'appelle Maël, j'ai 22 ans et je vais mourir. Tout ça à cause d'un mot très long, très moche et très bizarre. Qui resonne très longtemps dans ma tête après que ce petit homme tout petit et tout chauve me l'a annoncé. Ce mec minuscule à qui il faut donner du "docteur" parce qu'il diagnostique à 20 personnes par jour une mort dans d'atroces souffrance dans les six mois à venir. Merveilleuse société...
J'ai appelé Andréas.

"Alors ?"
"Bonjour , ça va merci et toi ?"
"Deconne pas Maël, qu'est-ce qu'il t'a dit ?"
"Ostéosarcome."
"..."
"Fais pas le mec triste, tu sais même pas ce que ça veut dire."
"Je fais pas le mec triste, je fais le mec qui n'a pas compris."
"Un cancert des os."
"..."
"..."
"Là je fais le mec triste."
"..."
"Maël ?"
"Ouais ?"
"Qu'est-ce qui va t'arriver ?"
"Chimio et autres traitements qui vont bousiller mon corps et mon cerveau."
"Maël ?"
"Ouais ?"
"Tu vas mourir ?"
"..."
"Tu vas mourir ?"
"Les taux de guérison sont faibles."
"..."
"Je passerais pas ce soir, j'ai besoin de faire le point."
"Maël..."

Mais j'avais déjà raccroché. J'ai marché. Je voulais attendre la nuit. Je n'aime pas pleurer quand il fait jour. J'ai marché dans Paris et j'avais l'impression d'ouvrir les yeux pour la première fois. C'était à la fois beau et terrifiant. Tout ces bâtiments immenses, hostiles et froids. Tout ces gens aux visages fermés, les yeux vides et la tête rentrée dans les épaules pour échapper à la morsure du froid.
J'avais envie d'hurler après ces pantins : "Vivez bordel ! C'est pas parce qu'il y a un peu de vent et que vous avez raté votre taxi que votre vie s'arrête ! Quand vous aurez un cancert vous ferez quoi ? Vous vous jeterez dans la Seine ?!"...
La nuit tombait enfin, et j'étais encore loin. Quand j'arrivais il ferait nuit. J'allumais une cigarette et prit la direction des quais.
J'ai marché lontemps et la lumière du soleil laissait doucement place à celle de la ville. Une idée a traversée mon esprit. "Je suis un presque-réverbère." Les réverbères sont des papillons de nuit recyclables. Ils meurent tout les matins et renaissent chaque soir. lls sont les espoirs futiles des paumés de mon espèce. L'espoir que demain sera plus beau qu'aujourd'hui. Ce soir, ils ne veulent plus rien dire pour moi. Je suis un presque-réverbère parce que je ne me lèverai pas demain. Je suis un papillon qui ne finira pas la nuit. Demain aurait été un jour meilleur. Peut-être pas.
J'ai marché lontemps, et je suis finalement arrivé. Le Pont Neuf me faisait les yeux doux. Les amoureux me regardaient bizarrement. "Qui est ce grand type tout maigre ?" "Avec des vêtements trop grands pour lui , et une écharpe orange ridicule ?" "Avec des cheveux dans les yeux et qui pleure comme une madeleine ?" "Ouais, lui." "Regarde il fume une cigarette éteinte !" "Tu as vu ces cernes ?" "C'est un junkie tu crois ?" Fermez-la, vous me donnez la migraine. Je me moque de vos avis Et pour m'en persuader, j'ai enfoui mon visage dans l'écharpe orange ridicule de mon Andréas. Elle a toujours son odeur. Un mélange de tabac froid, d'après-rasage et de cannelle. J'aime tellement son odeur. Si j'avais du choisir une seule chose à cet instant, j'aurais voulu tes bras autour de moi, et tes lèvres dans mon cou. Ton souffle qui me rend dingue sur ma peau glacée.
J'ai marché longtemps et j'ai emjambé la barrière en arrivant. Là, je me suis assis, les jambes dans le vide. L'eau froide courait en silence sous mes pieds. Une autre cigarette, la dernière. Le vide glacé. De la fumée brûlante. Et puis plus rien.


Je m'appelle Maël, j'ai 15 ans et je viens d'entrer au lycée. J'ai un prénom de fille. On m'avait annoncé de sexe opposé et je suis arrivé. Ma mère était peu inspirée. Et voilà. Je m'appelle Maël. Elle n'a pas mis le "lle" à la fin. Elle aurait dû. J'aurais préféré avec deux "l". Deux ailes. Résultats des courses, j'ai un prénom de fille, même pas de quoi me prendre pour un ange et comme tout les jours de la rentrée depuis aue j'ai l'âge d'aller à l'école, on se fout de moi. Les enfants sont cruels.

"Mademoiselle Maël Potier ?"
"MONSIEUR Maël Potier."

Et après ça je n'ai plus la paix de l'année. Je ne suis pas bien gros, je ne peux pas me défendre, on peut facilement me castagner et il fait toujours un bouc émissaire. Mais cette année, il y a un autre prénom bizarre dans la classe.

"Mademoiselle Andréas Danière ?"
"MONSIEUR Andréas Danière."

J'ai tournée la tête et j'ai vu Andréas pour la première fois de ma vie. Il était déjà tellement beau. Grand blond aux yeux bleus, toujours une mèche de cheveux devant les yeux. Elles craquaient toutes pour lui. Mais il s'en moquait. Je trouvais ça bizarre. A cet âge là, on courrait tous après les filles. Mais pas lui. Pour la première fois de ma scolarité, je n'ai pas eu une trouille bleue à l'arrivée de mon nom. J'ai répondu en souriant que c'était Monsieur Maël et le prof s'est traité d'imbécile. Andréas ne s'intéressait pas aux filles. La première fois qu'il m'a embrassé, j'ai reculé. J'avais peur. Des autres, de leurs regards. Mais il me regardait avec ses grands yeux bleus. Et je n'ai pas pu résister. Quand ma mère est venue me chercher au lycée cette année là, je ne pleurais pas le jour de la rentrée en répétant que je n'y retournerais plus jamais.
J'ai toujours beaucoup aimé ma mère. Ce n'était pas une lumière mais elle a toujours étée adorable et elle aurait donné sa vie pour que je sois heureux. Je n'ai jamais eu de père. Seulement un géniteur. Un père vous aime quoi que vous fassiez non ? Le mien n'aimait pas les tapettes. Les tantouzes. Les gens comme moi quoi. Je leur avait présenté Andréas. Je ne voulais pas au départ, mais il avait insité, et vous le savez, on ne resiste pas à ses yeux. Mon père m'avait frappé. Une claque d'abord. Puis il avait voulu s'en prendre à celui qui avait "pourri son fils". Je m'étais interposé et Maman avait mis Andréas dehors. Ce jour-là, j'ai décidé d'oublier le mot "père".
Le lendemain maitin, je n'aivais rien pour cacher mes bleus et j'étais allé en cours avec une tête de chien battu. Je suis sortit de la maison. Andréas dormait devant la porte, appuyé contre le mur, enroulé dans son blouson.

"Andréas qu'est-ce que tu fous là ?!"
"Bonjour Maël. Bien dormi
"T'es cinglé ou quoi ?!"
"Je t'attendais. Ton visage..."
"Oublie ça. T'as passé la nuit ici ?!"
"Pourquoi pas. On y va ? On va être en retard..."

Nous étions au mois de Décembre, nous avions 16 ans, et j'ai sû ce matin que je ne vivrais plus une seconde sans Andréas. Quand on a eu notre BAC, on est monté sur Paris. Ensemble. On a cherché un travail. Un appartement. Ensemble. Et on s'est plus quitté. Andréas ne craignait pas le regard des gens sur notre homosexualité. Moi, j'avais toujours eu du mal à m'assumer. Mais bizarrement, quand je marchais dans les rues parisiennes, ma main dans celle d'Andréas, je ne craignais pas le regard mesquins ou dégoûtés qui glissait sur nous. Andréas était mon imperméable à la connerie des gens. Je n'ai jamais quitté Andréas. Je ne l'ai jamais laissé seul, sur un mot, une phrase qui aurait pu l'angoisser. A par ce soir... Mais ce soir, tout est différent, je ne reviendrais pas.


Je m'appelle Maël, j'ai 22 ans, un cancert des os et il neige sur Paris. Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais aimé la neige. Je n'ai jamais partagé cet engouement pathétique que les Autes avait pour cette poudre blanche et froide. Si je dis les Autres avec un grand "A", ce n'est pas parce que je les respecte. Bien au contraire. Mais ils sont plus grands, plus forts, plus nombreux aussi. Je ne suis pas comme eux. Ils aiment leurs vies. La mienne se résume à un cancert des os, à l'imcompréhension de ceux qui auraient du m'aimer et à l'homosexualité. Certains iraient jusqu'à dire que j'ai toute les tares du monde. Ce soir, je suis assis sur le Pont Neige sous la neige et je me demande dans combien de temps je vais sauter. Je ne me laisserais pas mourir dans un lit d'hôpital. J'ai toujours voulu contrôler ma vie, et je me rends compte que je n'ai jamais réussi. Elle ne m'échapera pas cette fois. Pardon Andréas, je t'aime tu sais, mais cette fois non, je ne me laisserais pas avoir... C'est dingue mais... à chaque fois aue je pense à Andréas, la ville me paraît moins grise. Je sais c'est ringuard, mais c'est pas moi qui a inventé l'amour hein ! J'y suis pour rien si quand on est amoureux, on est heureux et que même avoir un cancert des os, ça nous paraît pas grand chose à côté de l'idée de ne plus jamais voir celui ou celle pour qui on se lève chaque jour. Dis-moi Andréas, que ferais-tu si je ne me réveillais plus jamais à tes côtés ? Moi je ne pourrais pas vivre sans toi... Une voix murmure dans ma tête "Saute pas Maël, Andréas ne vivrait pas sans toi non plus..." Qu'est-ce qu'elle en sait hein ?... Tu m'aimes mon amour ? Je sais que oui, mais je voudrais l'entendre... Je crois que tu ne me l'a jamais dit autrement qu'avec tes yeux ou tes mains... J'aurais besoin de l'entendre Andréas. Mais je sais que tu m'aimes autant que je t'aime. Tu ne vivrais pas mieux sans moi que je ne vivrais sans toi... Alors quoi ?


Je m'appelle Maël, j'ai 22 ans et ma vie est une pochette surprise. C'est la nouvelle idée de la soirée. Je suis un presque-réverbère et ma vie est une pochette surprise. La classe Maël, tu arriverais presque à te prendre pour un poête. Je m'explique. J'ai retracé les évènement marquant de mon existence ce soir, assis sur le Pont Neuf, les jambes au dessus du vide et la notion de suicide me trottant dans la tête. Chaque jour qui passait me paraissait toujours plus moche. Et on atteint l'apéthéose. On m'annonce un cancer des os à 22 ans. "Un miracle de la science". Un miracle ouais. Tu me trouverais ps le remèrde miracle, justement,toi le petit chauce ?! Non bien sur que non, lui, s'extasie seulement devant le miracle de la science aue je suis. Seulement voilà. J'ai beau jouer les martyres, il faut aussi ouvrir les yeux. Je suis amoureux, et même si ce que je vais dire est le truc le plus ringuard du monde, même si c'est ridicule, aussi ridicule que les shorts à bretelles, être amoureux, ça rends la vie tellement plus belle. Chaque fois que ma vie était sombre, l'amour me l'a éclaircie. Je déteste le type qui a inventé cette notion c'amour et de bonheur à la pelle parce que je me sens sacrément con là. Mais pour en revenir à ce qui m'arrive... Je crois que mourir et ne plus jamais revoir Andréas ce soir, c'est beaucoup plus dur que d'essayer de guérir d'un cancert avec sa main dans la mienne. Je ne peux pas le laisser là, dans ce monde qui transpire la décadence alors que je sais pertinemment que je suis le seul aui le comprenne. Lui, il a le courage de faire face et je sais que je l'aurais aussi si reste près de lui. Ne pas être lâche. Chaque jour qui passe me paraît inutile, comme les gadgets aue renferme ces pochettes rose bonbon ou bleu turquoise, auc milles couleurs pailletées dessinées dessus. Mais ces jours inutiles, ils valent quand même quelque chose. Un peu comme ces jouets débiles qui ont pourtant une signification pour les mômes. Regardez un peu un gamin qui ouvre sa pochette ! A l'intérieur, il y voit des trésors, même si pour nous, vieux moches aigris aue nous sommes, ce ne sont que des voitures en plastiques de mauvaise qualité ou une fausse baguette magique qui n'aura plus de paillettes dans 10 minutes. Ce soir, j'ai appris à voir la magie de chaque jour qui passe et les trésoirs cachés qu'ils renferment. Ce qui est malheureux, c'est qu'il a fallu attendre 22 ans, un cancer des os et une nuit sur le Pont Neuf à fumer cigarette sur cigarette assis au dessus du vide. Il faudrait apprendre à voir le bonheur sans ça. Je l'apprendrais à Andréas. Les Autres n'auront qu'à se débrouiller. Et je sais que les gens comme nous, les gens qui savent vrailent vivre, s'en rendront compte aussi, je leur fais confiance.


Je m'appelle Maël, j'ai 22 ans et je marche dans Paris. Le même chemin qu'à l'aller mais à l'envers. Je rentre chez moi. Chez nous. Chez mon Andréas qui doit dormir, les sang rongés par les nouvelles que je n'ai pas donné cette nuit. J'ai monté doucement les escaliers et je suis arrvé sur le palier de notre appartement. J'ai ouvert doucement la porte pour qu'elle ne grince pas trop, j'ai évité les lames de parquet branlantes pour ne pas faire le moindre bruit. Dans le salon-cuisine-salle-à-manger, sur le canapé, enroulé dans une couverture, Andréas dormait. Quand je suis entré dan la pièce, il s'est réveillé, doucement.

"Salur Maël."
"Salut Andréas."
"T'étais passé où ?"
"J'étais..."
"Tu sais quoi ? Ca n'a aucune importance, le principal, c'est que tu sois revenu."

J'ai souris. Lui aussi. Je me suis assis à côté de lui et je l'ai embrassé. Tout doucement.

"J'ai vraiment flippé Maël. Plus jamais ça hein ?"
"Plus jamais."
"Tu sais, on va y arriver, tout le deux, à battre ce putain de cancer."
"Je sais. C'est pour ça que je suis rentré."

Cette fois, c'est lui qui a sourit.

"Je t'aime Maël."

Ces mots que j'entendais pour la première fois sotir de la bouche de mon Andréas m'ont fait vibrer de la tête aux pieds. Mon coeur battait tellement fort, et mes bras se sont hérissés. Je savais que j'avais eu raison de rentrer...

.
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Message  Pacô Dim 17 Mai 2009 - 19:54

June a écrit:
Partie I
Hiver


Je m'appelle Maël, j'ai vingt-deux ans et je vais mourir. Tout ça à cause d'un mot très long, très moche et très bizarre. Qui résonne très longtemps dans ma tête après que ce petit homme tout petit et tout chauve me l'a annoncé. Ce mec minuscule à qui il faut donner du "docteur" parce qu'il diagnostique à vingt personnes par jour une mort dans d'atroces souffrances dans les six mois à venir. Merveilleuse société...
J'ai appelé Andréas.
"Alors ?"
"Bonjour, ça va merci et toi ?"
"Déconne pas Maël, qu'est-ce qu'il t'a dit ?"
"Ostéosarcome."
"..."
"Fais pas le mec triste, tu sais même pas ce que ça veut dire."
"Je fais pas le mec triste, je fais le mec qui n'a pas compris."
"Un cancer des os."
"..."
"..."
"Là je fais le mec triste."
"..."
"Maël ?"
"Ouais ?"
"Qu'est-ce qu'il va t'arriver ?"
"Chimio et autres traitements qui vont bousiller mon corps et mon cerveau."
"Maël ?"
"Ouais ?"
"Tu vas mourir ?"
"..."
"Tu vas mourir ?"
"Les taux de guérison sont faibles."
"..."
"Je passerais pas ce soir, j'ai besoin de faire le point."
"Maël..."

Mais j'avais déjà raccroché. J'ai marché. Je voulais attendre la nuit. Je n'aime pas pleurer quand il fait jour. J'ai marché dans Paris et j'avais l'impression d'ouvrir les yeux pour la première fois. C'était à la fois beau et terrifiant. Tous ces bâtiments immenses, hostiles et froids. Tous ces gens aux visages fermés, les yeux vides et la tête rentrée dans les épaules pour échapper à la morsure du froid.
J'avais envie de hurler (ah ces sacrés h en début de mot) après ces pantins : «Vivez bordel !». C'est pas parce qu'il y a un peu de vent et que vous avez raté votre taxi que votre vie s'arrête ! Quand vous aurez un cancer vous ferez quoi ? Vous vous jetterez dans la Seine ? (le "?!" est plus approprié aux BDs)"...
La nuit tombait enfin, et j'étais encore loin. Quand j'arriverai, il fera (pourquoi du conditionnel?) nuit. J'allumais une cigarette et pris la direction des quais.
J'ai marché longtemps et la lumière du soleil laissait doucement place à celle de la ville. Une idée a traversé mon esprit. "Je suis un presque-réverbère." Les réverbères sont des papillons de nuit recyclables. Ils meurent tous les matins et renaissent chaque soir. Ils sont les espoirs futiles des paumés de mon espèce. L'espoir que demain sera plus beau qu'aujourd'hui. Ce soir, ils ne veulent plus rien dire pour moi. Je suis un presque-réverbère parce que je ne me lèverai pas demain. Je suis un papillon qui ne finira pas la nuit. Demain aurait été un jour meilleur. Peut-être pas.
J'ai marché longtemps, et je suis finalement arrivé. Le Pont Neuf me faisait les yeux doux. Les amoureux me regardaient bizarrement. «Qui est ce grand type tout maigre ? [ne ferme pas les guillemets] Avec des vêtements trop grands pour lui , et une écharpe orange ridicule ? [pareil] Avec des cheveux dans les yeux et qui pleure comme une madeleine ? [pareil] Ouais, lui. » (ou alors, c'est un effet d'accumulation...) "Regarde il fume une cigarette éteinte !" "Tu as vu ces cernes ?" "C'est un junkie tu crois ?" Fermez-la, vous me donnez la migraine. Je me moque de vos avis Et pour m'en persuader, j'ai enfoui mon visage dans l'écharpe orange ridicule de mon Andréas. Elle a toujours son odeur. Un mélange de tabac froid, d'après-rasage et de cannelle. J'aime tellement son odeur. Si j'avais dû choisir une seule chose à cet instant, j'aurais voulu tes bras autour de moi, et tes lèvres dans mon cou. Ton souffle qui me rend dingue sur ma peau glacée.
J'ai marché longtemps et j'ai enjambé la barrière en arrivant. Là, je me suis assis, les jambes dans le vide. L'eau froide courait en silence sous mes pieds. Une autre cigarette, la dernière. Le vide glacé. De la fumée brûlante. Et puis plus rien.

Je m'appelle Maël, j'ai quinze ans et je viens d'entrer au lycée. J'ai un prénom de fille. On m'avait annoncé de sexe opposé et je suis arrivé. Ma mère était peu inspirée. Et voilà. Je m'appelle Maël. Elle n'a pas mis le "lle" à la fin. Elle aurait dû. J'aurais préféré avec deux "l". Deux ailes. Résultats des courses, j'ai un prénom de fille, même pas de quoi me prendre pour un ange et comme tous les jours de la rentrée depuis que j'ai l'âge d'aller à l'école, on se fout de moi. Les enfants sont cruels.

«Mademoiselle Maël Potier ?
-MONSIEUR Maël Potier.»

Et après ça je n'ai plus la paix de l'année. Je ne suis pas bien gros, je ne peux pas me défendre, on peut facilement me castagner et il faut toujours un bouc émissaire. Mais cette année, il y a un autre prénom bizarre dans la classe.

«Mademoiselle Andréas Danière ?
-MONSIEUR Andréas Danière.»

J'ai tourné la tête et j'ai vu Andréas pour la première fois de ma vie. Il était déjà tellement beau. Grand blond aux yeux bleus, toujours une mèche de cheveux devant les yeux. Elles craquaient toutes pour lui. Mais il s'en moquait. Je trouvais ça bizarre. A cet âge là, on courrait tous après les filles. Mais pas lui. Pour la première fois de ma scolarité, je n'ai pas eu une trouille bleue à l'arrivée de mon nom. J'ai répondu en souriant que c'était Monsieur Maël et le prof s'est traité d'imbécile. Andréas ne s'intéressait pas aux filles. La première fois qu'il m'a embrassé, j'ai reculé. J'avais peur. Des autres, de leurs regards. Mais il me regardait avec ses grands yeux bleus. Et je n'ai pas pu résister. Quand ma mère est venue me chercher au lycée cette année là, je ne pleurais pas le jour de la rentrée en répétant que je n'y retournerais plus jamais.
J'ai toujours beaucoup aimé ma mère. Ce n'était pas une lumière mais elle a toujours été adorable et elle aurait donné sa vie pour que je sois heureux. Je n'ai jamais eu de père. Seulement un géniteur. Un père vous aime quoi que vous fassiez non ? Le mien n'aimait pas les tapettes. Les tantouzes. Les gens comme moi quoi. Je leur avais présenté Andréas. Je ne voulais pas au départ, mais il avait insisté, et vous le savez, on ne résiste pas à ses yeux. Mon père m'avait frappé. Une claque d'abord. Puis il avait voulu s'en prendre à celui qui avait "pourri son fils". Je m'étais interposé et Maman avait mis Andréas dehors. Ce jour-là, j'ai décidé d'oublier le mot "père".
Le lendemain matin, je n'avais rien pour cacher mes bleus et j'étais allé en cours avec une tête de chien battu. Je suis sorti de la maison. Andréas dormait devant la porte, appuyé contre le mur, enroulé dans son blouson.

«Andréas qu'est-ce que tu fous là ?
-Bonjour Maël. Bien dormi ?
-T'es cinglé ou quoi ?
-Je t'attendais. Ton visage...
-Oublie ça. T'as passé la nuit ici ?
-Pourquoi pas. On y va ? On va être en retard...»

Nous étions au mois de Décembre, nous avions seize ans, et j'ai su ce matin que je ne vivrais plus une seconde sans Andréas. Quand on a eu notre BAC, on est monté sur Paris. Ensemble. On a cherché un travail. Un appartement. Ensemble. Et on ne s'est plus quitté. Andréas ne craignait pas le regard des gens sur notre homosexualité. Moi, j'avais toujours eu du mal à m'assumer. Mais bizarrement, quand je marchais dans les rues parisiennes, ma main dans celle d'Andréas, je ne craignais pas les regards mesquins ou dégoûtés qui glissaient sur nous. Andréas était mon imperméable à la connerie des gens. Je n'ai jamais quitté Andréas. Je ne l'ai jamais laissé seul, sur un mot, une phrase qui aurait pu l'angoisser. A part ce soir... Mais ce soir, tout est différent, je ne reviendrais pas.


Je m'appelle Maël, j'ai vingt-deux ans, un cancer des os et il neige sur Paris. Aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais aimé la neige. Je n'ai jamais partagé cet engouement pathétique que les Autres avaient pour cette poudre blanche et froide (et humide?). Si je dis les Autres avec un grand "A", ce n'est pas parce que je les respecte. Bien au contraire. Mais ils sont plus grands, plus forts, plus nombreux aussi. Je ne suis pas comme eux. Ils aiment leurs vies. La mienne se résume à un cancer des os, à l'incompréhension de ceux qui auraient dû m'aimer et à l'homosexualité. Certains iraient jusqu'à dire que j'ai toutes les tares du monde. Ce soir, je suis assis sur le Pont Neige sous la neige et je me demande dans combien de temps je vais sauter. Je ne me laisserais pas mourir dans un lit d'hôpital. J'ai toujours voulu contrôler ma vie, et je me rends compte que je n'ai jamais réussi. Elle ne m'échappera pas cette fois. Pardon Andréas, je t'aime tu sais, mais cette fois non, je ne me laisserais pas avoir... C'est dingue mais... à chaque fois que je pense à Andréas, la ville (ville ou vie?) me paraît moins grise. Je sais c'est ringard, mais c'est pas moi qui ai inventé l'amour hein ! J'y suis pour rien si quand on est amoureux, on est heureux et que même avoir un cancer des os, ça nous paraît pas grand chose à côté de l'idée de ne plus jamais voir celui ou celle pour qui on se lève chaque jour. Dis-moi Andréas, que ferais-tu si je ne me réveillais plus jamais à tes côtés ? Moi je ne pourrais pas vivre sans toi... Une voix murmure dans ma tête "Saute pas Maël, Andréas ne vivrait pas sans toi non plus..." Qu'est-ce qu'elle en sait hein ?... Tu m'aimes mon amour ? Je sais que oui, mais je voudrais l'entendre... Je crois que tu ne me l'as jamais dit autrement qu'avec tes yeux ou tes mains... J'aurais besoin de l'entendre Andréas. Mais je sais que tu m'aimes autant que je t'aime. Tu ne vivrais pas mieux sans moi que je ne vivrais sans toi... Alors quoi ?

Je m'appelle Maël, j'ai vingt-deux ans et ma vie est une pochette surprise. C'est la nouvelle idée de la soirée. Je suis un presque-réverbère et ma vie est une pochette surprise. La classe Maël, tu arriverais presque à te prendre pour un poète. Je m'explique. J'ai retracé les évènement marquant de mon existence ce soir, assis sur le Pont Neuf, les jambes au dessus du vide et la notion de suicide me trottant dans la tête. Chaque jour qui passait me paraissait toujours plus moche. Et on atteint l'apothéose (ou paroxysme). On m'annonce un cancer des os à vingt-deux ans. "Un miracle de la science". Un miracle ouais. Tu me trouverais pas le remède miracle, justement,toi le petit chauve ? Non bien sur que non, lui, s'extasie seulement devant le miracle de la science que je suis. Seulement voilà. J'ai beau jouer les martyrs, il faut aussi ouvrir les yeux. Je suis amoureux, et même si ce que je vais dire est le truc le plus ringard du monde, même si c'est ridicule, aussi ridicule que les shorts à bretelles, être amoureux, ça rends la vie tellement plus belle. Chaque fois que ma vie était sombre, l'amour me l'a éclaircie. Je déteste le type qui a inventé cette notion d'amour et de bonheur à la pelle parce que je me sens sacrément con là. Mais pour en revenir à ce qu'il m'arrive... Je crois que mourir et ne plus jamais revoir Andréas ce soir, c'est beaucoup plus dur que d'essayer de guérir d'un cancer avec sa main dans la mienne. Je ne peux pas le laisser là, dans ce monde qui transpire la décadence alors que je sais pertinemment que je suis le seul qui le comprenne. Lui, il a le courage de faire face et je sais que je l'aurais aussi si je reste près de lui. Ne pas être lâche. Chaque jour qui passe me paraît inutile, comme les gadgets que renferment ces pochettes roses bonbons ou bleu-turquoise, aux milles couleurs pailletées dessinées dessus. Mais ces jours inutiles, ils valent quand même quelque chose. Un peu comme ces jouets débiles qui ont pourtant une signification pour les mômes. Regardez un peu un gamin qui ouvre sa pochette ! A l'intérieur, il y voit des trésors, même si pour nous, vieux moches aigris que nous sommes, ce ne sont que des voitures en plastiques, de mauvaise qualité, ou une fausse baguette magique qui n'aura plus de paillettes dans dix minutes. Ce soir, j'ai appris à voir la magie de chaque jour qui passe et les trésors cachés qu'ils renferment. Ce qui est malheureux, c'est qu'il a fallu attendre vingt-deux ans, un cancer des os et une nuit sur le Pont Neuf à fumer cigarettes sur cigarettes assis au dessus du vide. Il faudrait apprendre à voir le bonheur sans ça. Je l'apprendrais à Andréas. Les Autres n'auront qu'à se débrouiller. Et je sais que les gens comme nous, les gens qui savent vraiment vivre, s'en rendront compte aussi, je leur fais confiance.


Dernière édition par Pacô le Dim 17 Mai 2009 - 19:55, édité 1 fois
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Message  Pacô Dim 17 Mai 2009 - 19:54

June a écrit:Je m'appelle Maël, j'ai [color:9f50="Red"]vingt-deux ans et je marche dans Paris. Le même chemin qu'à l'aller mais à l'envers. Je rentre chez moi. Chez nous. Chez mon Andréas qui doit dormir, les sang rongés par les nouvelles que je n'ai pas données cette nuit. J'ai monté doucement les escaliers et je suis arrivé sur le palier de notre appartement. J'ai ouvert doucement la porte pour qu'elle ne grince pas trop, j'ai évité les lames branlantes du parquet pour ne pas faire le moindre bruit. Dans le salon-cuisine-salle-à-manger, sur le canapé, enroulé dans une couverture, Andréas dormait. Quand je suis entré dan la pièce, il s'est réveillé, doucement.
«Salut Maël.
-Salut Andréas.
-T'étais passé où ?
-J'étais...
-Tu sais quoi ? Ca n'a aucune importance, le principal, c'est que tu sois revenu.»
J'ai souri. Lui aussi. Je me suis assis à côté de lui et je l'ai embrassé. Tout doucement.
«J'ai vraiment flippé Maël. Plus jamais ça hein ?
-Plus jamais.
-Tu sais, on va y arriver, tous les deux, à battre ce putain de cancer.
-Je sais. C'est pour ça que je suis rentré.»
Cette fois, c'est lui qui a souri.
«Je t'aime Maël.»
Ces mots que j'entendais pour la première fois sotir de la bouche de mon Andréas (ah bon? Il lui avait jamais dit avant? Depuis sept ans?) m'ont fait vibrer de la tête aux pieds. Mon coeur battait tellement fort, et mes bras se sont hérissés. Je savais que j'avais eu raison de rentrer...


Bon, je t'ai supprimé le second post. Si j'avais laissé, à coup sûr tu n'aurais eu aucune réponse. Du moins tant que l'équipe de correcteurs n'est pas mis en place Wink.
Alors que dire? C'est écrit avec un style particulier. De belles images fleurissent par endroits. Mais on sent aussi une précipitation dans la plume, comme si tu avais rédigé ça un peu au format "brouillon".
Ce qui explique le nombre de fautes (et de frappe bien souvent !).

L'histoire en elle-même me plaît. Je ne parlerai pas d'originalité, mais c'est un récit bien mené. Le coup du "presque-reverbère" et de la "pochette surprises" m'ont aussi énormément plu !
Reste à parler du "Je m'appelle Maël et j'ai quinze ans" que je verrais plus en "Je m'appelle Maël et j'avais quinze quand ... etc". Car sinon, le lecteur se base sur un personnage qui a quinze ans. Pour finalement que tu brises cette images, trois paragraphes plus loin, avec un "Je m'appelle Maël et j'ai vingt-deux ans ans". (que tu peuxlmaisser au présent ici).
Voilà en gros, d'autres viendront peut être donner leur avis (s'ils sont courageux Razz).
Pacô
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Message  June Lun 18 Mai 2009 - 8:39

Okay chef, merci ^^
(Pour la correction et les critiques, voir ce que j'peux en tirer =] )
June
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