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L'harmonie des corps

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Message  lu-k Jeu 7 Jan 2010 - 21:14

Merci de vos avis, critiques, commentaires, etc.
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Message  B. Dim 10 Jan 2010 - 15:04

Il faudrait que tu mettes le lien qui conduit à ton topic des coms, dans le topic de ta nouvelle. Si tu n'y arrives pas, je le ferai.

J'ai lu avec intérêt ta nouvelle. Elle contient pas mal d'erreurs, et je vais te proposer une correction avant la fin de la journée.

Ton texte présente un défaut. Je n'ai pas bien compris la fin. La chute n'est pas explicite. A moins que ton texte ne soit pas achevé, il lui manque une chute claire et précise, afin que l'on comprenne véritablement qui sont ton narrateur et ce M. Bertrand.
D'après ce que j'ai cru saisir, il s'agit d'une secte, non ?

Point positif de ton texte : il est aéré et c'est très appréciable.
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Message  lu-k Dim 10 Jan 2010 - 15:53

Mon texte n'est pas fini. Ceci n'en est que le début. Excusez-moi, j'aurais dû le préciser.
Quant à vos corrections, je les attends avec impatience.
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Message  B. Dim 10 Jan 2010 - 16:03

Là, j'ai la rage ! Je viens de passer trois quarts d'heure sur ton texte, je me suis appliquée, et mon fils m'a débranché la connexion au moment où j'allais poster ma correction ! Evil or Very Mad
Bon, je le fous dans la douche, je lui frictionne la tête pour me passer les nerfs, et je m'y remets. Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
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Message  B. Dim 10 Jan 2010 - 16:35

Je baisai doucement le cadavre. On était en bord de Seine, >>> "on" est inadapté car le cadavre n'est plus un être vivant, donc le narrateur est seul : "Je me trouvais sur les bords de Seine" et les eaux coulaient gravement tandis que j'étreignais son corps blanchi par le soleil. >>> si le corps est blanchi par le soleil, ça veut dire qu'il est là depuis pas mal de temps. Ton personnage est aussi répugnant que cela pour aller "baiser" un corps en putréfaction ? D'ailleurs, il ne serait plus blanchi, à ce compte là... berk Je n'eus l'envie de partir qu'au moment où ses yeux prirent définitivement la couleur de la pierre. >>> au bout de combien de temps les yeux d'un cadavre deviennent-ils gris ? Le fleuve grinçait, >>> inadapté, l'eau ne grince pas comme pâtissant un peu de sa douleur, >>> es-tu sûr d'avoir employé le bon verbe ? Pâtir = souffrir de, subir les conséquences de. Le rapport entre le fleuve et la mort de la fille est limite, là. N'est-ce pas plutôt "compatissant" que tu voulais mettre ? et je mêlai un sifflement tranquille, impertinent, à cette symphonie. Si les passants avaient baissé la tête, ils auraient aperçu mon sourire ordinaire. >>> après un tel acte, ton personnage ne peut pas avoir un sourire "ordinaire", à moins d'être un dégénéré. Et pour nous faire comprendre qu'il est hors norme, utilise un autre mot qu'"ordinaire". Bien sûr, virgule j'avais pris le soin de me situer aux environs de nulle part, là où les regards ne portent pas, là où tous les éléphants du monde pourraient copuler sans qu'on les remarque. Ah ! le moment doucereux où j'enlevai ses fringues, déposai un peu de ma salive sur les contours de son buste, laissant grandes ouvertes ses paupières comme pour qu'elle eût l'air illuminée, et fourrant mon nez dans son vagin tout rose et tout brun à la fois, oubliant la sensation de la terre battue sous mes genoux, ignorant les autres, le monde, je crus avoir atteint l'instant où l'âme s'émancipe de toutes les serrures, oublie les questionnements, et incline légèrement, mais de façon suffisante, vers l'autre côté, celui de la fabuleuse déraison du sentiment, celui où l'amour n'a jamais pu me porter, malgré tous mes efforts, toutes les vérités laides et difformes que je lui ai donné. >>> "toutes les apparences laides et difformes que je lui ai attribué." Ton personnage est vraiment tordu, pour chercher l'amour et le plaisir dans l'horreur. Je crois même que je perdis M. Bertrand, sur le moment. >>> M. Bertrand arrive comme un cheveu sur la soupe ici. "J'en oubliais même M. Bertrand, sur le moment."

Dans les rues, je pris mon air halluciné. J'aime bien donner à mes yeux des couleurs violacées, dégénérées, et regarder les autres, leur façon >>> c'est une généralité, donc singulier de détourner la tête, par pudeur, par crainte. C'est drôle la foule quand on prend >>> répétition >>> montrer, présenter, afficher un visage étrange, ça se tait devant l'invraisemblance, ça baisse les paupières comme pour ne pas qu'on la contamine, >>> être contaminée et quelque chose gigote dans les gorges comme des gamins >>> inadapté : tu ne peux pas comparer un foetus ou un embryon à un "gamin", à modifier gigotent dans des ventres. Ça pue la haine ravalée, inconsciente, et je sais que beaucoup de marginaux veulent les bouffer, mets une virgule ces joues roses, ces gorges satinées, tout cet éclat qui n'est pas le leur. Enfin cette matinée-là me semblait si câline que je jugeai bon d'arrêter >>> bof : de cesser / de mettre rapidement fin à mes provocations, et je me laissai porter par le mouvement harmonieux et douillet de la rue toute droite, sage, colorée de visages beaux, virgule beiges et souriants, de chaleurs rassurantes et reposantes comme de la laine, de jaillissements indigo >>> adjectif de couleur invariable qui éclataient à chaque pas, tout cela très concentré et giratoire, >>> pourquoi "giratoire" ? comme un lac mobile tantôt bleu, tantôt rouge, et qui vous fait voir la vie par son côté vivace, agréable, presque jouissif.

Bon, voilà. J'ai repris le début, j'ai même vu des erreurs que j'avais loupées. Maintenant, je mets ma fille dans la douche avant de reprendre la suite.
*Faites des gosses, tiens. Rolling Eyes *
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Message  B. Dim 10 Jan 2010 - 17:51

Je tournai dans une ruelle. Une fois sorti de l'armada des grandes rues, il y a toujours une chose qui semble nous manquer, qu'on croit avoir perdue. On regarde ses pieds, on palpe ses oreilles, son ventre, ses fesses, et il y a comme un objet lourd, ou une tumeur, qui est resté trop longtemps accroché à notre corps pour tomber sans qu'on le remarque. Alors oui, virgule ça fait un vide, on se croit léger et presque vert fluo, >>> quel rapport y-a-t-il entre cette couleur et le reste ? scintillant seul dans le silence et l'atmosphère alors qu'on pense avoir coupé le cordon de l'agitation pour toujours. Heureusement, la sensation disparaît vite. J'avais senti, virgule comme à chaque fois, virgule l'inquiétude me gagner subitement, telle une écharde. J'avançais, comme toujours étonné par l'aspect religieux et sombre de l'endroit : le ciel semble à des milliards de kilomètres au-dessus de la tête, >>> si tu veux dire que le ciel est inaccessible, étant donné que c'est un fait avéré, il faut trouver une autre tournure, parce que je ne comprends pas tellement l'intérêt de ce morceau les pavés glissent, trempés dans un humide brouillard, >>> pléonasme et pourtant je distinguais >>> il faut que tu conserves ton sujet et ton temps clairement les façades sombres où poussent éparses de minuscules fleurs, les draps et le linge suspendus qui semblent abandonnés et tristes comme des visages. >>> la comparaison est malavisée Chaque fois, virgule je ressentais cette sensation à la fois oppressante et délicate à l'approche de la maison de M. Bertrand. Il est juste de dire que, virgule ce matin-là, virgule tout semblait encore plus contenu qu'à l'habitude ; la crasse se répandait en petits filons vermeils, serpentait sur le sol et sur les murs comme les multiples veines d'un cœur, et l'on entendait cette fois-ci une ballade jazzy, parfaitement claire, virgule qui résonnait pareille à un entrebâillement. >>> bizarre aussi, cette comparaison. Entrebâillement = intervalle formé par ce qui est entrebâillé, ouverture. Es-tu sûr que tu as employé le bon mot ? J'avais une énième fois la sensation d'être arrivé au bout du monde, vous savez, quand on s'attache à la pensée puérile de la destinée, et qu'on croit que toutes les litanies vécues de l'enfance à l'âge mûr, et même celles qu'on imagine, qu'on s'invente, >>> répétition lourde et inutile qu'on désire, ne se sont succédé >>> très bien, ce participe passé est invariable et n'ont été oubliées que pour mieux aboutir à ce moment, à cet endroit, à ce fantastique bout du monde qui réunit toutes les saveurs et d'où l'on entend le mieux le bruit de la mer. Enfin, à ce moment-là, virgule déjà, virgule cela faisait longtemps que je ne m'illusionnais plus sur les pouvoirs de ce lieu, semblables aux pouvoirs qu'ont certaines œuvres d'art, et je savais qu'après avoir entrevu l'amour englouti sous la fange, c'est-à-dire l'amour authentique, prosaïque, qui ne se camoufle plus, on découvre le monde et les hommes, ces monstres noirs et belliqueux qui mettent une casquette au soleil, une langue cloutée au clitoris des pucelles, et vous font découvrir la langueur et la souillure de chaque accouchement, de chaque étreinte, la langueur et la souillure qu'ils ont eux-mêmes déposées au-devant des regards.

Les deux petites filles étaient là, comme je m'y attendais. Les mêmes jupes rouges, les cheveux lissés en arrière avec une précision maniaque, les chaussures plates, noires, et leurs collants blancs. L'expression est identique, elle aussi, la rigueur du faciès impressionnante, la pureté artificielle de figures jumelles comme tracées à la règle et moulées dans une crispation naturelle dérangeante. Comme à l'habitude, je leur dis bonjour, et elles ne me répondent pas, sceptres immobiles dans l'obscurité, sculptures humaines. J'entrai chez M. Bertrand par la porte quelconque qui au début de nos relations me croyait témoigner de son impersonnalité. >>> mouais, ce n'est pas très clair, je ne comprends pas très bien quel effet ni quelle idée tu as voulu rendre ici D'ailleurs, chez M. Bertrand, tout semble neutre, nu. L'endroit est composé d'une >>> évite l'utilisation de "il y a" seule pièce, virgule d'environ vingt mètres carrés, relativement vide, sans couleurs, >>> le débat est ouvert autour de l'usage du singulier ou du pluriel ou du moins le croit-on, car chez M. Bertrand règne toujours une obscurité quasi totale. Il n'y a pas de fenêtres, seulement une table basse au centre de la pièce, quoique située plutôt vers la droite, >>> donc elle n'est pas au centre, mais sur la droite ! un portemanteau à l'entrée, juste à côté de la porte, et une lampe halogène qui éclaire faiblement d'une lumière orangée, tamisée, >>> faiblement + tamisée = pléonasme le sol terreux sur lequel elle se tient, bancale. J'entrapercevais des formes dans l'ombre, près de la table basse, et je distinguai la voix de M. Bertrand : "Alors ?". Je lui répondis d'un hochement de tête. M. Bertrand voit très bien dans le noir. J'entendis un bruit étrange, non identifiable. Cela voulait dire que je pouvais aller m'asseoir auprès d'eux. >>> si le personnage a compris qu'il pouvait venir s'asseoir avec eux, le bruit est forcément identifiable. A modifier. Je m'approchai, croisai les jambes, lentement, et me laissai tomber en tailleur. >>> se "laisser tomber en tailleur" est exagéré. On s'assoit en tailleur, mais de là à le faire en se laissant tomber, sportif ! Il me semblait deviner >>> forme pléonastique : "Je devinais" cinq ou six silhouettes dans la pièce, disposées >>> "disposées" signifierait qu'on les a placées là telles des objets. Est-ce le cas ? Sinon, il vaut mieux utiliser "installées" autour de M. Bertrand, comme il se doit. Je croyais voir Nicole assise à côté de moi, avec ses lèvres tuméfiées pas de virgule et ses longues jambes félines, désirables autour des reins. >>> bof J'ai toujours bien aimé Nicole, même si je crois que c'est une de ces personnes qui s'occupent un peu trop d'elles-mêmes, comme savent le faire les faibles. Je l'ai vue rentrer un jour chez M. Bertrand et tomber, se balançant d'avant en arrière, labourant la terre rouge de ses talons, les poings sur le ventre, fredonnant et sanglotant à la fois, son visage soûl de chagrin >>> je verrais mieux : "tordu de chagrin / ivre de chagrin" et son expression douloureuse exacerbée par des traits erratiques, comme disposés au hasard et pourtant si nobles dans la tristesse. Ensuite, elle avait renversé la tête en arrière et avait ri à en avoir la voix rauque. Elle était restée là, allongée pas de virgule au milieu de nous tous, essoufflée. M. Bertrand s'était alors approché d'elle doucement, et lui avait fait l'amour plus doucement encore.

Nous étions tous restés silencieux pendant un moment, jusqu'à l'instant où un soupir indéfinissable, long, grave et strident à la fois, comme un violon, comme l'agonie d'un mort, avait rompu la léthargie de la pièce. Aussitôt, nous avions su que M. Bertrand allait prendre la parole.

C'est spécial, hein, comme histoire. Je ne sais pas trop quoi en penser. A voir avec la suite.
D'abord, j'apprécie moyennement la narration crue dans un texte. Elle passe bien quand elle est adaptée à l'ambiance qui se dégage de l'histoire. Là, évidemment, vu que tu n'as posté que le début, je ne peux pas me faire une idée de l'ambiance générale.
Sinon, si on met de côté les maladresses et les erreurs, ton texte est bien écrit. J'ai quand même été gênée par des tournures étranges qui m'ont paru inadaptées, plusieurs fois tu n'emploies pas les bons termes.

Bonne continuation. Very Happy
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Message  noway Lun 11 Jan 2010 - 13:31

lu-k a écrit:Je baisai doucement le cadavre. On était en bord de Seine, et les eaux coulaient gravement tandis que j'étreignais son corps blanchi par le soleil. Je n'eus l'envie de partir qu'au moment où ses yeux prirent définitivement la couleur de la pierre.--> difficile à imaginer mais j'apprécie l'image Le fleuve grinçait, comme pâtissant un peu de sa douleur, et je mêlais un sifflement tranquille, impertinent, à cette symphonie. Si les passants avaient baissé la tête, ils auraient aperçu mon sourire ordinaire. Bien sûr j'avais pris le soin de me situer aux environs de nulle part, là où les regards ne portent pas, là où tous les éléphants du monde pourraient copuler sans qu'on les remarque.--> délicieusement barré comme expression! Ah ! le moment doucereux où j'enlevai ses fringues, déposai un peu de ma salive aux contours de son buste, laissant grandes ouvertes ses paupières comme pour qu'elle eût l'air illuminée, et fourrant mon nez dans son vagin tout rose et tout brun à la fois --> euh, on est d'accord: elle est morte?, perdant la sensation de la terre moulue à mes genoux, perdant les autres, le monde, je crus avoir atteint l'instant où l'âme s'émancipe de toutes les serrures, oublie les questionnements, et incline légèrement, mais de façon suffisante, vers l'autre côté, celui de la fabuleuse déraison du sentiment, celui où l'amour n'a jamais pu me porter, malgré tous mes efforts, toutes les vérités laides et difformes que je lui ai données. Je crois même que je perdis M. Bertrand, sur le moment.

Dans les rues, je pris mon air halluciné. J'aime bien donner à mes yeux des couleurs violacées, dégénérées, et regarder les autres, leurs façons de détourner la tête, par pudeur, par crainte. C'est drôle la foule quand on prend un visage étrange, ça se tait devant l'invraisemblance, ça baisse les paupières comme pour ne pas qu'on la contamine, et quelque chose gigote dans les gorges comme des gamins gigotent dans des ventres. Ça pue la haine ravalée, inconsciente, et je sais que beaucoup de marginaux veulent les bouffer ces joues roses, ces gorges satinées, tout cet éclat qui n'est pas le leur. Enfin cette matinée-là me semblait si câline que je jugeai bon d'arrêter mes provocations, et je me laissai porter par le mouvement harmonieux et douillet de la rue toute droite, sage, colorée de visages beaux et beiges et souriants, de chaleurs rassurantes et reposantes comme la laine, de jaillissements indigos qui éclataient à chaque mètre, tout cela très concentré et giratoire, comme un lac mobile tantôt bleu, tantôt rouge, et qui vous fait voir la vie par son côté vivace, agréable, presque jouissif.

--> Ce chapitre est joliment descriptif, j'aime bien tes images qui sont plutôt surprenantes. L'utilisation répétée des "ça", en revanche me gêne un peu.

Je tournai à la ruelle. Une fois sorti de l'armada des grandes rues, il y a toujours une chose qui semble nous manquer, qu'on croit avoir perdue. On regarde ses pieds, on palpe ses oreilles, son ventre, ses fesses, et il y a comme un objet lourd, ou une tumeur, qui est resté trop longtemps accroché à notre corps pour tomber sans qu'on le remarque. Alors oui ça fait un vide, on se croit léger et presque vert fluo (j'aime nettement moins), scintillant seul dans le silence et l'atmosphère alors qu'on pense avoir coupé le cordon de l'agitation pour toujours. Heureusement, la sensation disparaît vite. J'avais senti comme à chaque fois l'inquiétude me gagner subitement, une écharde. J'avançais, comme toujours étonné de l'aspect religieux et sombre de l'endroit : le ciel semble à des milliards de kilomètres au-dessus de la tête, les pavés glissent, trempés dans un humide brouillard, et pourtant l'on distingue clairement les façades sombres où poussent éparses de minuscules fleurs, les draps et le linge suspendus qui semblent abandonnés et tristes comme des visages (l'image des linges ressemblant à des visages tristes et excellente). Chaque fois je ressentais cette sensation à la fois oppressante et délicate à l'approche de la maison de M. Bertrand. Il est juste de dire que ce matin-là tout semblait encore plus contenu qu'à l'habitude ; la crasse se répandait en petits filons vermeils, serpentait sur le sol et sur les murs comme les multiples veines du cœur, et l'on entendait cette fois-ci une ballade jazzy, parfaitement claire et qui résonnait pareille à un entrebâillement. J'avais une énième fois la sensation d'être arrivé au bout du monde, vous savez, quand on s'attache à la pensée puérile de la destinée, et qu'on croit que toutes les litanies vécues de l'enfance à l'âge mûr, et même celles qu'on imagine, qu'on s'invente, qu'on désire, ne se sont succédé(es) et n'ont été oubliées que pour mieux aboutir à ce moment, à cet endroit, ce fantastique bout du monde qui réunit toutes les saveurs et d'où l'on entend le mieux le bruit de la mer. Enfin, à ce moment-là déjà cela faisait longtemps que je ne m'illusionnais plus sur les pouvoirs de ce lieu, semblables aux pouvoirs qu'ont certaines œuvres d'art, et je savais qu'après avoir entrevu l'amour englouti sous la fange, c'est-à-dire l'amour authentique, prosaïque, qui ne se camoufle plus, on découvre le monde et les hommes, ces monstres noirs et belliqueux qui mettent une capuche au soleil, une langue cloutée au clitoris des pucelles, et vous font découvrir la langueur et la souillure de chaque accouchement, de chaque étreinte, la langueur et la souillure qu'ils ont eux-mêmes déposées au-devant des regards.

Les deux petites filles étaient là, comme je m'y attendais. Les mêmes jupes rouges, les cheveux lissés en arrière avec une précision maniaque, les chaussures plates, noires, et leurs collants blancs. L'expression est identique, elle aussi, la rigueur du faciès impressionnante, la pureté artificielle de figures jumelles comme tracées à la règle et moulées dans une crispation naturelle dérangeante. Comme à l'habitude, je leur dis bonjour, et elles ne me répondirent pas, sceptres immobiles dans l'obscurité, sculptures humaines. J'entrai chez M. Bertrand par la porte quelconque qui au début de nos relations me croyait témoigner de son impersonnalité. D'ailleurs, chez M. Bertrand, tout semble neutre, nu. Il y a une seule pièce d'environ vingt mètres carrés, relativement vide, sans couleur, ou du moins le croit-on, car chez M. Bertrand règne toujours une nuit quasi totale. Il n'y a pas de fenêtres, seulement une table basse au centre de la pièce, quoique située plutôt vers la droite (précision un peu inutile qui alourdit un descriptif déjà pesant), un portemanteau à l'entrée, juste à côté de la porte, et une lampe halogène qui éclaire faiblement d'une lumière orangée, tamisée, le sol terreux sur lequel elle se tient, bancale. J'entr'apercevai des formes dans l'ombre, près de la table basse, et je distinguai la voix de M. Bertrand : "Alors ?", et je lui répondis d'un hochement de tête. M. Bertrand voit très bien dans le noir. J'entendis un bruit étrange, non identifiable. Cela voulait dire que je pouvais aller m'asseoir auprès d'eux. Je m'approchai, croisai mes jambes, lentement, et me laissai tomber en tailleur. Il me semblait deviner cinq ou six silhouettes dans la pièce, disposées autour de M. Bertrand, comme il se doit. Je croyais voir Nicole assise à côté de moi, ses lèvres tuméfiées, et ses jambes longues et félines, désirables autour des reins. J'ai toujours bien aimé Nicole, même si je crois que c'est une de ces personnes qui s'occupent un peu trop d'elles-mêmes, comme savent le faire les faibles ( je ne saisis pas bien le sens de cette remarque. Est-ce-à dire que le fait de s'occuper de soi est un signe de faiblesse? Mes profs de psychos à l'école auraient certainement adorés cette vision de l'estime de soi). Je l'ai vue rentrer un jour chez M. Bertrand et tomber, se balançant d'avant en arrière, labourant la terre rouge de ses talons, les poings sur le ventre, fredonnant et sanglotant à la fois, son visage soûl de chagrin et son expression douloureuse exacerbée par des traits erratiques, comme disposés au hasard et pourtant si nobles dans la tristesse. Ensuite, elle a renversé la tête en arrière et a ri à en avoir la voix rauque. Elle est restée là, allongée, au milieu de nous tous, essoufflée. M. Bertrand s'est approché d'elle doucement, puis lui a fait l'amour doucement encore.

Nous étions tous restés silencieux pendant un moment, jusqu'à l'instant où un soupir indéfinissable, long, grave et strident à la fois, comme un violon, comme l'agonie d'un mort, se laissa glisser dans la léthargie de la pièce. Aussitôt, nous savions que M. Bertrand allait prendre la parole.


Allons-y pour les commentaires.
Ce texte se découvre avec étonnement et un este de frénésie, dès les premières lignes je suis tombé sous le charme d'une forme de poésie sombre sous-jacente. Je ne comprend pas tout mais je me dis que cela finira bien par se décanter. Le soucis c'est que, plus j'avance dans la lecture et moins je comprend. Du coup, les belles expressions, les descriptifs, les images commencent à peser. L'intérêt va diminuant.

Le cheminement du personnage jusque chez Mr Bertrand devient presque (excuses ma franchise) un chemin de croix. Tu nous noies dans tout un tas de réflexions qui finissent pas lasser. On voudrait un peu d'action, un événement ou l'autre, quelque chose qui nous permettre de reprendre un peu pied.

L'arrivée chez Mr Bertrand n'apporte finalement que peu de solutions à ce besoin d'informations, d'actions. Là-encore, nous attend, un grande description des lieux.

La digression sur Nicole me semble un peu vaine. Elle n'apporte rien d'intéressant à ce stade (peut-être plus loin quand nous aurions eu plus de clefs).

Bref, globalement le style est maîtrisé, tu apportes pas mal d'éléments introspectifs intéressants mais la forme est trop dense que pour accrocher la lecture sur du long terme. Un peu moins diffus, un peu plus lèger et ce serait nettement plus agréable.

Sur le fond, dois-je préciser que je n'ai rien compris (là je ne vous jette pas la pierre, Pierre, c'est peut-être moi qui suit passé à côté)?

Je serais toutefois curieux de lire la suite.

NB: Pourquoi avoir commencé en bleu et finir en italique? Aucune fantaisie non-conformiste de ma part mais j'ai malheureusement des petits soucis avec mon navigateur qui ne veut plus ouvrir les scrolls. Va se faire formater la tronche lui cela ne va pas traîner Twisted Evil
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