Impensées
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Impensées
Quand il pleut, que je m'ennuie à mourir entre deux révisions de mathématiques, à nager dans les probabilités conditionnelles, les équations différentielles, le Pivot de Gauss, les études de fonctions et les dérivées secondes, il m'arrive de noter sur des calepins un peu toutes les bêtises qui me passent par la tête. Il en passe beaucoup plus mais j'ai fait le ménage et il m'en est resté vingt sur les bras...
I. Le suicide n'est pas une solution de facilité, comme trop de gens le pensent. Au contraire, avec quel geste est-il plus difficile d'obtenir un peu de respect qu'en démissionnant courageusement d'un engagement que l'on a jamais pris ?
II. Lorsque je tombe sur un répondeur qui me dit « Bonjour, je ne suis pas là pour l'instant », je suis toujours pris de l'irrésistible envie de répondre : « Et pour moi, tu es là ? ».
III. Depuis des siècles, on composait de la musique de fête pour toutes les occasions. De nos jours, on a inventé la Fête de la musique. Musique de fête, Fête de la musique, quelle déchéance ! Passer ainsi de sujet à simple complément…
IV. Tous ces homosexuels qui se battent pour leurs droits se rendent-ils seulement compte qu'ils se battent en fait pour leur formatage social et qu'ils tendent à dissoudre dans la soupe répugnante du conformisme légal leur délicieuse originalité ?
V. Il est amusant de constater que les détractrices féministes de la burqa sont celles que l'on aurait le plus envie de voir en porter une, par égard pour ceux qui les regardent.
VI. Quand on a eu la chance d'avoir des professeurs incompétents, on peut espérer avoir retiré de leur fréquentation quelque chose comme une expérience précieuse de la bêtise, qui nous sera sans doute beaucoup plus utile que tout ce qu'ils auraient pu nous apprendre en étant compétent.
VII. Un écrivain qui écrit pour lui, c'est un égoïste. Un écrivain qui écrit pour les critiques, c'est un masochiste. Un écrivain qui écrit pour son public, c'est une pute. Dans cet univers réjouissant de l'écriture, la première solution m'apparaît comme la moins dommageable à sa plume.
VIII. Le lecteur bourgeois moyen ? Un indécrottable prétentieux qui s'imagine avoir une quelconque importance dans l'esprit de l'auteur.
IX. Les devantures fangeuses de librairies sont la preuve irréfutable de la scatophilie inavouable autant que flagrante, des lecteurs français moyens.
X. Certains livres supérieurs font réfléchir le lecteur, d'autres livres, supérieurs encore, réfléchissent par eux-mêmes.
XI. Dis-moi ce que tu lis, je te dirais celui que tu voudrais être.
XII. Quand je vais au Salon du livre, je me découvre respectueusement… comme lorsque je vais au cimetière.
XIII. La reconnaissance posthume, pour un artiste mort dans la misère, c'est comme l'ambulance qui arrive trop tard pour un blessé grave, mort sur la chaussée : on ne sait pas si on aurait pu le sauver en étant plus rapide, mais on a le remord de n'avoir rien pu faire.
XIV. Comme il est plus facile de parler de ceux qu'on aime à titre posthume !… Ceux qu'on n'apprécie pas, eux, ont droit à des rappels toute notre vie.
XVI. Le mal qui menace la foi occidentale est un ennemi des plus sournois contre lequel une Église ankylosée ne parviendra sans doute pas à lutter longtemps : l'indifférence spongieuse.
XVII. La plupart du temps, lorsqu'on utilise un téléphone « mains-libres » c'est justement parce qu'elles le sont pas.
XVIII. Le plus grand défaut de ma belle-mère, c'est de ne pas être ma mère. Je comprends d'ailleurs parfaitement qu'elle regrette de ne pas pouvoir s'en flatter.
XIX. On appelle « beaux-parents » des gens que l'on supporte tellement peu que le seul compliment qu'ils peuvent espérer recevoir de nous se trouve déjà dans leur dénomination.
XX. Il n'est pas digne de moi d'être digne de mes contemporains indignes de moi.
Impensées
I. Le suicide n'est pas une solution de facilité, comme trop de gens le pensent. Au contraire, avec quel geste est-il plus difficile d'obtenir un peu de respect qu'en démissionnant courageusement d'un engagement que l'on a jamais pris ?
II. Lorsque je tombe sur un répondeur qui me dit « Bonjour, je ne suis pas là pour l'instant », je suis toujours pris de l'irrésistible envie de répondre : « Et pour moi, tu es là ? ».
III. Depuis des siècles, on composait de la musique de fête pour toutes les occasions. De nos jours, on a inventé la Fête de la musique. Musique de fête, Fête de la musique, quelle déchéance ! Passer ainsi de sujet à simple complément…
IV. Tous ces homosexuels qui se battent pour leurs droits se rendent-ils seulement compte qu'ils se battent en fait pour leur formatage social et qu'ils tendent à dissoudre dans la soupe répugnante du conformisme légal leur délicieuse originalité ?
V. Il est amusant de constater que les détractrices féministes de la burqa sont celles que l'on aurait le plus envie de voir en porter une, par égard pour ceux qui les regardent.
VI. Quand on a eu la chance d'avoir des professeurs incompétents, on peut espérer avoir retiré de leur fréquentation quelque chose comme une expérience précieuse de la bêtise, qui nous sera sans doute beaucoup plus utile que tout ce qu'ils auraient pu nous apprendre en étant compétent.
VII. Un écrivain qui écrit pour lui, c'est un égoïste. Un écrivain qui écrit pour les critiques, c'est un masochiste. Un écrivain qui écrit pour son public, c'est une pute. Dans cet univers réjouissant de l'écriture, la première solution m'apparaît comme la moins dommageable à sa plume.
VIII. Le lecteur bourgeois moyen ? Un indécrottable prétentieux qui s'imagine avoir une quelconque importance dans l'esprit de l'auteur.
IX. Les devantures fangeuses de librairies sont la preuve irréfutable de la scatophilie inavouable autant que flagrante, des lecteurs français moyens.
X. Certains livres supérieurs font réfléchir le lecteur, d'autres livres, supérieurs encore, réfléchissent par eux-mêmes.
XI. Dis-moi ce que tu lis, je te dirais celui que tu voudrais être.
XII. Quand je vais au Salon du livre, je me découvre respectueusement… comme lorsque je vais au cimetière.
XIII. La reconnaissance posthume, pour un artiste mort dans la misère, c'est comme l'ambulance qui arrive trop tard pour un blessé grave, mort sur la chaussée : on ne sait pas si on aurait pu le sauver en étant plus rapide, mais on a le remord de n'avoir rien pu faire.
XIV. Comme il est plus facile de parler de ceux qu'on aime à titre posthume !… Ceux qu'on n'apprécie pas, eux, ont droit à des rappels toute notre vie.
XVI. Le mal qui menace la foi occidentale est un ennemi des plus sournois contre lequel une Église ankylosée ne parviendra sans doute pas à lutter longtemps : l'indifférence spongieuse.
XVII. La plupart du temps, lorsqu'on utilise un téléphone « mains-libres » c'est justement parce qu'elles le sont pas.
XVIII. Le plus grand défaut de ma belle-mère, c'est de ne pas être ma mère. Je comprends d'ailleurs parfaitement qu'elle regrette de ne pas pouvoir s'en flatter.
XIX. On appelle « beaux-parents » des gens que l'on supporte tellement peu que le seul compliment qu'ils peuvent espérer recevoir de nous se trouve déjà dans leur dénomination.
XX. Il n'est pas digne de moi d'être digne de mes contemporains indignes de moi.
Dernière édition par MrSonge le Lun 31 Mai 2010 - 18:30, édité 3 fois
Re: Impensées
MrSonge a écrit:Impensées>>> ce mot, dans le sens où tu l'emploies, n'existe pas. J'ai "impenses = dépenses faites pour l'entretien ou l'amélioration d'un bien, notamment d'un bien immeuble", dans le PLI et Le Robert.
II. Lorsque je tombe sur un répondeur qui me dit « espace Bonjour, je ne suis pas là pour l'instant espace », je suis toujours pris de l'irrésistible envie de répondre : « Et pour moi, tu es là ? espace ».
III. Depuis des siècles, on composait de la musique de fête pour toutes les occasions. De nos jours, on a inventé la Fête de la musique. Musique de fête, Fête de la musique, quelle déchéance ! Passer ainsi de sujet à simple complément…
IX. Les devantures fangeuses de librairies sont la preuve irréfutable de la scatophilie inavouable, virgule ici autant que flagrante, des lecteurs français moyens.
XII. Quand je vais au Salon du livre, je me découvre respectueusement… comme lorsque je vais au cimetière.
XVII. La plupart du temps, lorsqu'on utilise un téléphone « espace mains-libres espace » c'est justement parce qu'elles le sont pas.
Mais c'est justement pour que nos mains soient libres, qu'on a inventé le "kit mains libres".
XIX. On appelle « espace beaux-parents espace » des gens que l'on supporte tellement peu que le seul compliment qu'ils peuvent espérer recevoir de nous se trouve déjà dans leur dénomination.
Je ne mettrais pas "Fête de la musique" et "Salon du livre" en italique.
Dernière édition par Barbara le Lun 31 Mai 2010 - 18:01, édité 2 fois
B.- Talent Divin
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Re: Impensées
Merci beaucoup pour ta correction Barbara !!
Navré pour les espaces, d'habitude j'essaye de penser à ce genre de contraintes typographiques, mais là visiblement...
Je ne voulais pas intituler cela "Pensées", après Pascal, c'est vouloir péter plus haut que son postérieur, donc je me suis dit que finalement, l'inverse pouvait n'être pas si mal.
"Salon du livre" et "Fête de la musique" entre parenthèses ??
Navré pour les espaces, d'habitude j'essaye de penser à ce genre de contraintes typographiques, mais là visiblement...
Normal, c'est un néologisme de moi. ^^>>> ce mot, dans le sens où tu l'emploies, n'existe pas. J'ai "impenses = dépenses faites pour l'entretien ou l'amélioration d'un bien, notamment d'un bien immeuble", dans le PLI et Le Robert.
Je ne voulais pas intituler cela "Pensées", après Pascal, c'est vouloir péter plus haut que son postérieur, donc je me suis dit que finalement, l'inverse pouvait n'être pas si mal.
Oui, pour quelles soient libres d'être occupées ailleurs.Mais c'est justement pour que nos mains soient libres, qu'on a inventé le "kit mains libres".
"Salon du livre" et "Fête de la musique" entre parenthèses ??
Re: Impensées
De rien.MrSonge a écrit:Merci beaucoup pour ta correction Barbara !!
Pourquoi pas : "Non pensées" ?Normal, c'est un néologisme de moi. ^^>>> ce mot, dans le sens où tu l'emploies, n'existe pas. J'ai "impenses = dépenses faites pour l'entretien ou l'amélioration d'un bien, notamment d'un bien immeuble", dans le PLI et Le Robert.
Je ne voulais pas intituler cela "Pensées", après Pascal, c'est vouloir péter plus haut que son postérieur, donc je me suis dit que finalement, l'inverse pouvait n'être pas si mal.
Mouarf, pas terrible. Garde "Impensées".
Non, pff, c'est moi qui ne sais plus écrire ce que je veux dire. J'ai corrigé. Je voulais dire "pas en italique". Il faut les écrire en romain, tout simplement."Salon du livre" et "Fête de la musique" entre parenthèses ??
B.- Talent Divin
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Re: Impensées
J'y ai pensé (haha) aussi, mais je trouvais en effet que c'était pas terrible. En fait c'est un article sur Merleau-Ponty qui m'a donné l'idée : « Merleau-Ponty, penseur de l'impensé. » J'ai trouvé le terme sympathique. ^^Pourquoi pas : "Non pensées" ?
D'accord, je supprime mes italiques.
Re: Impensées
OK.MrSonge a écrit:J'y ai pensé (haha) aussi, mais je trouvais en effet que c'était pas terrible. En fait c'est un article sur Merleau-Ponty qui m'a donné l'idée : « Merleau-Ponty, penseur de l'impensé. » J'ai trouvé le terme sympathique. ^^Pourquoi pas : "Non pensées" ?
L'article dont tu parles est accessible sur Internet ? Peux-tu donner le lien ? Ça m'intéresse de lire ce qui est dit sur un "penseur de l'impensé".
B.- Talent Divin
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Re: Impensées
Je ne crois pas malheureusement, je n'ai réussi qu'à trouver le début là :
http://www.scienceshumaines.com/merleau-ponty--penseur-de-l-impense_fr_23715.html
http://www.scienceshumaines.com/merleau-ponty--penseur-de-l-impense_fr_23715.html
Re: Impensées
En effet. C'est bien peu pour savoir de quoi parle l'article exactement.
B.- Talent Divin
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