Suicide : courage ou lâcheté ?
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Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
Pourtant, dans une stricte définition, l'égoïsme est bien de se considérer seul au monde, non ?SpleenEtIdéal a écrit:Cela paraît certes égoïste au premier abord, mais ça ne l'est pas du tout : on se sent seul au monde dans les moments là.
Je mettrais tout de même une distinction entre la dépression et le suicide, même si l'un peut entraîner l'autre dans une relation de cause à effet.
La maladie n'est pas un acte en soi, c'est un dérèglement d'une chose, du corps ou de l'esprit. Et je suis bien d'accord qu'une dépression est une maladie au même titre que le cancer. Cependant, le suicide peut aussi être une conséquence d'une personne atteinte du cancer, au même titre qu'une personne atteinte de dépression.
De facto, le suicide n'est pas lié intrinsèquement à la maladie mais est un choix adopté par l'individu.
Je reste ouvert néanmoins aux possibilités que l'atteinte de l'esprit d'un individu atteint par une dépression peut influer sur ce choix. Malheureusement, les suicides sont bien plus souvent constatés chez des personnes non atteintes de dépression...
PS administratif : et je t'invite d'ailleurs à te présenter dans la rubrique dédiée : https://imperialdreamer.1fr1.net/f13-presentations-ou-desertions
Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
Camus a écrit:Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide.
Bon, après, de mon petit point de vue personnel, il ne doit pas se poser la question du courage ou de la lâcheté. Pour moi, c'est avant tout un choix. Réponse très fournie, n'est-ce pas ?
Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
Mais n'est-ce pas égoïste de forcer quelqu'un à vivre alors qu'il n'en a plus l'envie ?
Manon- Présidente du Jury 2012
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Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
Exactement, c'est aussi une question à se poser.Manon a écrit:Mais n'est-ce pas égoïste de forcer quelqu'un à vivre alors qu'il n'en a plus l'envie ?
Ayant vécu cette impression de solitude extrême - alors que je n'étais pas seule - je vois la différence avec l'égoïsme. En dépression, pour moi qui ai toujours été entourée, j'ai ressenti un sentiment d'abandon. C'était comme si le problème ne venait pas de moi mais des autres. Je ne sais pas si j'arrive bien à me faire comprendre, mais c'est quelque chose d'assez difficile à expliquer - surtout avec mes piètres capacités d'écriture !Pacô a écrit:Pourtant, dans une stricte définition, l'égoïsme est bien de se considérer seul au monde, non ?
SpleenEtIdéal- Talent Hasardeux
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Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
C'est toute la question vis-à-vis de l'acharnement thérapeutique aussi. Peut-on décider à la place d'un autre s'il doit continuer à vivre, même si celui est dans l'incapacité de profiter de cette vie - que ce soient par l'impossibilité de vivre décemment ou par l'absence du goût à vivre ?Manon a écrit:Mais n'est-ce pas égoïste de forcer quelqu'un à vivre alors qu'il n'en a plus l'envie ?
En réponse, j'accorderai à dire que parfois la volonté de l'autre pour te contraindre à vivre est salutaire. Nos choix ne sont pas toujours raisonnés dans de telles situations, influencées par d'innombrables conditions négatives qui masquent toutes les valeurs positives de la vie.
Mais il me semble que de toute manière, il est impossible de contraindre quelqu'un à la vie, à moins de l'enfermer dans une cellule de mousse et de le nourrir par intraveineuse .
Je cherche à croire néanmoins, sans annoncer aucun dogme religieux, que la vie est faite pour être vécue jusqu'à ce que le destin décide de l'achever. La terminer avant, c'est un peu comme si l'on sortait du cinéma avant la fin du film : on ne sait pas ce que nous prépare la fin.
Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
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Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
Ca ne passe pas toujours, même avec le temps... une personne très proche de moi a subi, durant son enfance, de nombreux sévices : première tentative vers 18 ans, et il a finalement réussi... à 45 ans. Avec deux filles, dont aucune ne lui en veut, des amis proches... Si quarante ne suffisent pas pour te redonner ne serait-ce que le goût de vivre, je me demande ce qu'il faut ?
Manon- Présidente du Jury 2012
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Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
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Dernière édition par nayladream le Dim 30 Juin 2013 - 16:23, édité 1 fois
nayladream- Talent Expérimenté
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Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
Les deux petits sont déjà grandes (la vingtaine il me semble, l'ainée doit avoir 25 ans), et très franchement, elles le prennent très bien (ça fait déjà 4 ans).
Pour l'avoir vraiment connu, je sais qu'il a fait beaucoup d'effort, il a tout tenté : du psy à la clinique psy, la religion, même la naissance de ses filles n'a été qu'un intermède dans une douleur très profonde. Je veux dire, en 40 ans, il a essayé de s'en sortir, il n'est pas resté là à attendre la date de son suicide.
Avant de mourir, il m'a dit qu'il avait été détruit au plus profond de lui-même, qu'il ne pourrait jamais reconstruire ça, et il m'a aidée à me sortir de situations grâce à cette expérience : ne jamais laisser quelqu'un dévaloriser ton corps, c'est le refuge de ton âme : la sienne a été brisée. Sa foi en l'humanité a été piétinée à de nombreuses reprises, pourtant, il était un éternel optimiste, il voulait croire, en les gens, en l'avenir, en ses filles. Il était hypersensible à voir l'humanité se tuer à petit feu. Mais il a tout fait pour inculquer à ses filles de quoi mener une vie équilibrée, de ne pas blesser les autres comme il a été ou comme il a pu le faire - sans aller à ce qu'il a vécu, heureusement. Il a su tirer des leçons, mais des leçons ne font pas une vie.
Je ne parle pas d'un ado qui a renoncé sans rien savoir de ce qui l'attendait, je parle d'un gamin battu, humilié, violé, qui est devenu un homme fait, qui a réussi à aimer, à se faire aimer, mais qui n'a plus jamais été heureux du fond du coeur. Plus jamais.
Je vais choquer, mais je suis contente qu'il soit mort de la manière dont il le voulait. Il me manque, horriblement, mais je sais que maintenant, cette vie-boulet qu'il se trainait depuis des dizaines d'années est terminée, il peut souffler enfin.
Pour l'avoir vraiment connu, je sais qu'il a fait beaucoup d'effort, il a tout tenté : du psy à la clinique psy, la religion, même la naissance de ses filles n'a été qu'un intermède dans une douleur très profonde. Je veux dire, en 40 ans, il a essayé de s'en sortir, il n'est pas resté là à attendre la date de son suicide.
Avant de mourir, il m'a dit qu'il avait été détruit au plus profond de lui-même, qu'il ne pourrait jamais reconstruire ça, et il m'a aidée à me sortir de situations grâce à cette expérience : ne jamais laisser quelqu'un dévaloriser ton corps, c'est le refuge de ton âme : la sienne a été brisée. Sa foi en l'humanité a été piétinée à de nombreuses reprises, pourtant, il était un éternel optimiste, il voulait croire, en les gens, en l'avenir, en ses filles. Il était hypersensible à voir l'humanité se tuer à petit feu. Mais il a tout fait pour inculquer à ses filles de quoi mener une vie équilibrée, de ne pas blesser les autres comme il a été ou comme il a pu le faire - sans aller à ce qu'il a vécu, heureusement. Il a su tirer des leçons, mais des leçons ne font pas une vie.
Je ne parle pas d'un ado qui a renoncé sans rien savoir de ce qui l'attendait, je parle d'un gamin battu, humilié, violé, qui est devenu un homme fait, qui a réussi à aimer, à se faire aimer, mais qui n'a plus jamais été heureux du fond du coeur. Plus jamais.
Je vais choquer, mais je suis contente qu'il soit mort de la manière dont il le voulait. Il me manque, horriblement, mais je sais que maintenant, cette vie-boulet qu'il se trainait depuis des dizaines d'années est terminée, il peut souffler enfin.
Manon- Présidente du Jury 2012
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Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
Le sujet porte sur le suicide ; il est évident qu'il véhicule quelques idées morbides.
Je tiens juste à préciser un détail dans mes réflexions précédentes : quand je parle d'éventuelle "lâcheté" dans le fait de passer à l'acte, je ne jette en aucun cas la pierre à celui qui est lâche. Peut-être que le mot "lâcheté" dégage une connotation trop négative. Critiquer le geste des personnes qui tombent dans le suicide, c'est comme dire "ah moi si j'avais vécu en 40, j'en aurais protégé des juifs dans mon grenier".
Par "lâcheté", je retiens plutôt le verbe "lâcher" dans le sens "lâcher prise et abandonner". Car quand tu racontes cette histoire, Manon, on voit plus un homme qui a lutté avant de renoncer, comme un alpiniste qui s'accroche à une roche avant de finalement se laisser tomber à bout de force.
Je suis plus dans cette optique là pour parler du suicide, et moins dans le verset "il laisse ses enfants derrière lui cet égoïste !".
Pour le paragraphe à propos des femmes qui abandonnent leur enfant à la naissance... je suis aussi très partagé sur la question. La femme qui a fait un déni de grossesse et qui s'aperçoit de sa maternité au septième mois n'a peut être pas tout prévu pour rendre son enfant heureux. Auquel cas, celui-ci serait peut-être finalement beaucoup plus épanoui dans une famille d'accueil de parents adoptifs, tu ne crois ?
Et le refrain quant aux deux géniteurs obligatoires pour la bonne éducation de l'enfant, j'avoue ne pas y croire une seule seconde. L'éducation se transmet par un mécanisme psychique de l'adulte à l'enfant, si l'adulte est apte et mature. Les gamètes sexuées ne jouent pas un grand rôle dans la construction identitaire...
Je tiens juste à préciser un détail dans mes réflexions précédentes : quand je parle d'éventuelle "lâcheté" dans le fait de passer à l'acte, je ne jette en aucun cas la pierre à celui qui est lâche. Peut-être que le mot "lâcheté" dégage une connotation trop négative. Critiquer le geste des personnes qui tombent dans le suicide, c'est comme dire "ah moi si j'avais vécu en 40, j'en aurais protégé des juifs dans mon grenier".
Par "lâcheté", je retiens plutôt le verbe "lâcher" dans le sens "lâcher prise et abandonner". Car quand tu racontes cette histoire, Manon, on voit plus un homme qui a lutté avant de renoncer, comme un alpiniste qui s'accroche à une roche avant de finalement se laisser tomber à bout de force.
Je suis plus dans cette optique là pour parler du suicide, et moins dans le verset "il laisse ses enfants derrière lui cet égoïste !".
Pour le paragraphe à propos des femmes qui abandonnent leur enfant à la naissance... je suis aussi très partagé sur la question. La femme qui a fait un déni de grossesse et qui s'aperçoit de sa maternité au septième mois n'a peut être pas tout prévu pour rendre son enfant heureux. Auquel cas, celui-ci serait peut-être finalement beaucoup plus épanoui dans une famille d'accueil de parents adoptifs, tu ne crois ?
Et le refrain quant aux deux géniteurs obligatoires pour la bonne éducation de l'enfant, j'avoue ne pas y croire une seule seconde. L'éducation se transmet par un mécanisme psychique de l'adulte à l'enfant, si l'adulte est apte et mature. Les gamètes sexuées ne jouent pas un grand rôle dans la construction identitaire...
Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
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Dernière édition par nayladream le Dim 30 Juin 2013 - 16:21, édité 1 fois
nayladream- Talent Expérimenté
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Re: Suicide : courage ou lâcheté ?
Je persiste à trouver ça égoïste d'en vouloir à la personne, désolée si ça te blesse, mais ça tient du caprice pour moi. "Tu es malheureux mais je veux que tu restes ici à souffrir plutôt que ce soit moi qui souffre".
Mon fiancé est dépressif tendance suicidaire : je serais horriblement triste s'il en venait là, mais je ne lui en voudrais pas non plus... C'est un choix, non pas une question de courage ou de lâcheté, et comme tous les choix difficiles à prendre, je pense que l'entourage doit l'accepter même s'il ne le cautionne pas.
Mon fiancé est dépressif tendance suicidaire : je serais horriblement triste s'il en venait là, mais je ne lui en voudrais pas non plus... C'est un choix, non pas une question de courage ou de lâcheté, et comme tous les choix difficiles à prendre, je pense que l'entourage doit l'accepter même s'il ne le cautionne pas.
Manon- Présidente du Jury 2012
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