Témoignage d'une éditrice en devenir
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azul
Gregor
Camomille
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Témoignage d'une éditrice en devenir
Contrairement à la plupart d'entre vous, je n'écris pas, je suis même très mauvaise à cela, mais je souhaite devenir éditrice. Je vais donc vous présenter un peu mon parcours et mes expériences, et si vous avez des questions concernant le monde de l'édition, j'y répondrai volontiers.
Après mon bac littéraire (option Maths) au Lycée Banville de Moulins, je vais en hypokhâgne au Lycée Blaise Pascal de Clermont Ferrand. Je sais alors déjà que je veux travailler dans l'édition, et cette année de prépa me semble donc très rébarbative. Malgré mes bons résultats (et l'avis de mes parents, qui voulaient absolument que je passe le concours de l'ENS) je ne vais pas en khâgne et je cherche une formation à Paris, où je sais que toute l'édition ou presque se trouve. Par chance, je trouve la licence, assez méconnue, de Lettres Modernes option métiers du livre de Paris 7-Diderot. Mon dossier est accepté et je passe donc ma L2 et ma L3 avec succès. L'avantage de cette Licence est qu'elle reste un cursus général (Lettres modernes), tout en ayant une option professionnalisante (métiers du livre), ce qui ne ferme pas de portes pour les masters.
J'intègre ensuite le Master 1 Lettres Modernes Appliquées option Édition de la Sorbonne Paris 4, qui est ouvert à tous (environ 80 étudiants), et j'ai réussi au mois de septembre les épreuves de sélection pour la deuxième année, qui, lui, ne compte que 16 places.
Voilà donc 4 ans que "j'étudie" le métier d'éditeur. Mais le plus formateur reste les stages.
J'en ai effectué 3 : aux Éditions P.O.L, aux Éditions Bleu autour (à Saint-Pourçain, dans l'Allier), et aux Éditions Flammarion Jeunesse. Avec ces trois expériences, j'ai pu toucher à tous les secteurs ou presque d'une maison d'édition.
Donc si vous avez des questions sur le fonctionnement d'une maison, sur le traitement des manuscrits et leur sélection, sur les étapes de corrections, de fabrication, ou que sais-je, n'hésitez pas !
Après mon bac littéraire (option Maths) au Lycée Banville de Moulins, je vais en hypokhâgne au Lycée Blaise Pascal de Clermont Ferrand. Je sais alors déjà que je veux travailler dans l'édition, et cette année de prépa me semble donc très rébarbative. Malgré mes bons résultats (et l'avis de mes parents, qui voulaient absolument que je passe le concours de l'ENS) je ne vais pas en khâgne et je cherche une formation à Paris, où je sais que toute l'édition ou presque se trouve. Par chance, je trouve la licence, assez méconnue, de Lettres Modernes option métiers du livre de Paris 7-Diderot. Mon dossier est accepté et je passe donc ma L2 et ma L3 avec succès. L'avantage de cette Licence est qu'elle reste un cursus général (Lettres modernes), tout en ayant une option professionnalisante (métiers du livre), ce qui ne ferme pas de portes pour les masters.
J'intègre ensuite le Master 1 Lettres Modernes Appliquées option Édition de la Sorbonne Paris 4, qui est ouvert à tous (environ 80 étudiants), et j'ai réussi au mois de septembre les épreuves de sélection pour la deuxième année, qui, lui, ne compte que 16 places.
Voilà donc 4 ans que "j'étudie" le métier d'éditeur. Mais le plus formateur reste les stages.
J'en ai effectué 3 : aux Éditions P.O.L, aux Éditions Bleu autour (à Saint-Pourçain, dans l'Allier), et aux Éditions Flammarion Jeunesse. Avec ces trois expériences, j'ai pu toucher à tous les secteurs ou presque d'une maison d'édition.
Donc si vous avez des questions sur le fonctionnement d'une maison, sur le traitement des manuscrits et leur sélection, sur les étapes de corrections, de fabrication, ou que sais-je, n'hésitez pas !
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Qu'est ce qui t'as poussé vers les métiers du Livre ? (Oui, avec une grosse majuscule, parce que ça fait plus bô )
Gregor- Talent Hasardeux
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Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Tout simplement mon goût pour la lecture et mon amour du livre ! (réponse niaise par excellence mais véridique !) Évidemment, au début, je pensais le livre comme synonyme de roman et de littérature. J'ai vite compris que ce secteur n'en est qu'un parmi d'autres dans l'édition, qui est autant un domaine littéraire que commercial. Ce sont deux facettes qui m'intéressent autant l'une que l'autre.
Selon moi, tous les livres sont importants (et ça ne me dérangera pas si je suis un jour amenée à éditer des romans de gare). Peu importe ce que les gens lisent, pourvu qu'ils lisent !
Autant écrire un livre ne m'attire pas du tout, autant FAIRE un livre me semble fascinant !
Selon moi, tous les livres sont importants (et ça ne me dérangera pas si je suis un jour amenée à éditer des romans de gare). Peu importe ce que les gens lisent, pourvu qu'ils lisent !
Autant écrire un livre ne m'attire pas du tout, autant FAIRE un livre me semble fascinant !
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Mmm, d'accord .
En revanche, je pense que je n'ai pas spécialement envie de savoir comment se passe le parcours d'un manuscrit. Enfin pas pour le moment ...
En revanche, je pense que je n'ai pas spécialement envie de savoir comment se passe le parcours d'un manuscrit. Enfin pas pour le moment ...
Gregor- Talent Hasardeux
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Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
J'aime assez ta vision des choses. C'est vrai qu'il est important de faire passer des messages dans l'écriture et de mettre en valeur les belles lettres. Mais lire, c'est aussi passer un moment de détente, dans une société où on est sollicité de toute part et où l'on est montré du doigt si l'on n'est pas "bon". Au milieu de ça, quand a-t-on le droit de s'accorder une pause sans prise de tête ?
azul- Talent Suprême
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Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Moi si, je veux savoir, et notamment si le "mythe" de la première page déterminante pour la lecture entière du roman est vrai. Ainsi que les nombreuses fautes et la syntaxe douteuse.Gregor a écrit:Mmm, d'accord .
En revanche, je pense que je n'ai pas spécialement envie de savoir comment se passe le parcours d'un manuscrit. Enfin pas pour le moment ...
azul- Talent Suprême
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Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Pour avoir fait parti d'un comité de lecture (en dehors d'Idey), je peux vous dire que ça dépend de la maison et des membres recrutés. Là où j'étais, certaines membres du comité de lecture faisaient plus de fautes que les écrits eux-mêmes. Par contre, moi, dès que je voyais une dizaine de grosses fautes, je ne lisais plus qu'en diagonale et avec de gros a-priori négatifs.
Je ne dirais pas LA première page, mais au moins les deux ou trois premières, même si je lis les dix premières au final, les toutes premières sont effectivement déterminante sur le regard que je vais adopter sur la suite.
Après, si votre manuscrit est bien mais sans plus, qu'il tombe au milieu de très bons, on le verra avec un regard plus négatif, et inversement, si votre manuscrit est juste passable au milieu de très mauvais, on l'accueille avec le tapis rouge.
Je ne dirais pas LA première page, mais au moins les deux ou trois premières, même si je lis les dix premières au final, les toutes premières sont effectivement déterminante sur le regard que je vais adopter sur la suite.
Après, si votre manuscrit est bien mais sans plus, qu'il tombe au milieu de très bons, on le verra avec un regard plus négatif, et inversement, si votre manuscrit est juste passable au milieu de très mauvais, on l'accueille avec le tapis rouge.
Manon- Présidente du Jury 2012
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Date d'inscription : 11/01/2011
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Ouh ! Un loup dans la bergerie, je suis impatient de poser pas mal de questions aussi .
Comme les autres, j'aimerais savoir si effectivement le mythe de la première page est vérifié. D'un côté, je l'ai vu en management culturel, et d'un autre côté, ça me paraît logique et de "bon sens" qu'un éditeur qui aurait - disons ! - 30 manuscrits à lire, ait d'autant plus un oeil plus biaisé envers un manuscrit qui "commence mal" avec des fautes et des tournures lourdes. Moi le premier pour mes maigres expériences au sein des propres sélections d'Idey : une nouvelle qui commençait avec une simple "mauvaise pagination", ou une phrase d'ouverture lourde et maladroite, ou carrément une faute, me semblait d'emblée mauvaise. Et même si je la lisais jusqu'au bout - parce que nous n'avons pas de rentabilité commerciale à faire nous - tout au fil de ma lecture, je savais au fond de ma tête, sauf très bonne surprise, qu'elle allait récolté une mauvaise note.
Ensuite, j'aimerais savoir comment les éditeurs s'y prennent avec les épreuves et les correcteurs. Font-ils tous le long chassé-croisé des envois et réceptions d'épreuves ? Combien de temps mettent en moyenne les éditeurs et les auteurs pour être d'accord et valider le "BAT" ? Est-ce que au bout du compte, c'est l'éditeur qui a plutôt tendance à pousser la validation ? ^^"
Dans les démarches de diffusion, est-ce que tu as été amené à rédiger des dossiers de presse pour les bouquins sortis ? Et enfin, dans laquelle des trois structures, tu as senti plus de "proximité" entre le(s) éditeur(s) et l'auteur ?
Oui, je suis très curieux .
Comme les autres, j'aimerais savoir si effectivement le mythe de la première page est vérifié. D'un côté, je l'ai vu en management culturel, et d'un autre côté, ça me paraît logique et de "bon sens" qu'un éditeur qui aurait - disons ! - 30 manuscrits à lire, ait d'autant plus un oeil plus biaisé envers un manuscrit qui "commence mal" avec des fautes et des tournures lourdes. Moi le premier pour mes maigres expériences au sein des propres sélections d'Idey : une nouvelle qui commençait avec une simple "mauvaise pagination", ou une phrase d'ouverture lourde et maladroite, ou carrément une faute, me semblait d'emblée mauvaise. Et même si je la lisais jusqu'au bout - parce que nous n'avons pas de rentabilité commerciale à faire nous - tout au fil de ma lecture, je savais au fond de ma tête, sauf très bonne surprise, qu'elle allait récolté une mauvaise note.
Ensuite, j'aimerais savoir comment les éditeurs s'y prennent avec les épreuves et les correcteurs. Font-ils tous le long chassé-croisé des envois et réceptions d'épreuves ? Combien de temps mettent en moyenne les éditeurs et les auteurs pour être d'accord et valider le "BAT" ? Est-ce que au bout du compte, c'est l'éditeur qui a plutôt tendance à pousser la validation ? ^^"
Dans les démarches de diffusion, est-ce que tu as été amené à rédiger des dossiers de presse pour les bouquins sortis ? Et enfin, dans laquelle des trois structures, tu as senti plus de "proximité" entre le(s) éditeur(s) et l'auteur ?
Oui, je suis très curieux .
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Là-dessus, je peux aussi mettre en avant ma maigre expérience (pour une nouvelle qui plus est, pas un roman), mais l'éditrice m'a envoyé les épreuves, j'ai corrigé et renvoyé mes suggestions (par la poste ce premier échange), ensuite elle m'a envoyé un mail pour dire quelles suggestions elle retenait, j'ai validé et c'était terminé. Ensuite elle m'a envoyé le BAT qui était conforme à notre échange de correction et je l'ai validé également.Ensuite, j'aimerais savoir comment les éditeurs s'y prennent avec les épreuves et les correcteurs. Font-ils tous le long chassé-croisé des envois et réceptions d'épreuves ? Combien de temps mettent en moyenne les éditeurs et les auteurs pour être d'accord et valider le "BAT" ? Est-ce que au bout du compte, c'est l'éditeur qui a plutôt tendance à pousser la validation ? ^^"
Pour un roman, je pense qu'il doit y avoir un échange ou deux de plus, mais pas énormément non plus, les remarques sont très très souvent fondées, ou justifiées par la ligne éditoriale/le public/etc.
Manon- Présidente du Jury 2012
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Age : 38
Votre talent : Écriture
Points : 683
Date d'inscription : 11/01/2011
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Alors, pour ce qui est des manuscrits : Manon a raison, cela change d'une maison à l'autre. Chez P.O.L., par exemple, l'éditeur, Paul Otchakosky-Laurens lit seul les manuscrits, et décide seul de leur publication ou de leur refus. Il parcourt une première fois les manuscrits qu'il reçoit. Parfois il ne lit que quelques pages, parfois un peu plus. Quand un manuscrit lui plaît plus que la moyenne, il le met de côté pour une seconde lecture, plus approfondie, plus tard. Il choisit d'éditer environ 4 à 6 premiers romans par an.
Chez Flammarion Jeunesse, c'était moi, la stagiaire (et il y avait aussi une lectrice extérieure) qui lisait les manuscrits qui arrivaient (nous sommes d'accord : nous parlons ici des manuscrits d'auteurs non publiés par la maison, évidemment). Je procédais ainsi. Je lisais le début, si très très vite (première ou deuxième page) cela me paraissait mauvais, j'allais piocher à plusieurs autres endroits du manuscrit pour 1- vérifier que l'ensemble était effectivement mauvais, 2- avoir une idée de l'évolution de l'histoire et pouvoir en écrire deux mots sur ma fiche de lecture. Ainsi je ne fonde pas toute mon opinion uniquement sur les première pages. L'orthographe, s'il est vraiment mauvais de façon dérangeante, produit nécessairement un a priori négatif. Il montre aussi que l'auteur qui a envoyé le manuscrit n'est peut-être pas lui-même un grand lecteur... Et idem pour la mise en page. Mais des fautes d'orthographe occasionnelles ne sont aucunement un critère décisif (tous les auteurs font des fautes, même les plus grands, et c'est bien pour ça qu'il y a des correcteurs). Si la syntaxe est mauvaise, cela tient alors pour moi d'un défaut d'écriture même. Alors oui, ce critère sera décisif. On choisit un livre plus pour son écriture que pour son histoire (à mon sens) : un livre très mal écrit avec une formidable histoire n'est pas viable. L'éditeur n'a pas vocation a réécrire le texte, donc il refusera le manuscrit.
Si le manuscrit me plaît assez, sans plus, je le lis en diagonale et dresse la liste des + et des -. Si un manuscrit me plaît beaucoup, je fais une fiche de lecture détaillée et le soutien auprès de l'éditrice et du comité de lecture. (Au final, l'éditrice n'a qu'à valider les avis de la stagiaire de la lectrice free-lance en parcourant très rapidement les manuscrits mauvais et en ne lisant que les très bons)
La décision de publication est alors plus compliquée : il faut un véritable enthousiasme, de la part de plusieurs personnes. Il faut également que le livre présente un rapport avec la ligne éditoriale de la maison d'édition (choisissez bien les maisons auxquelles vous envoyez vos textes ! il n'y a rien de plus exaspérant que de recevoir un manuscrit qui n'a strictement rien à voir avec notre catalogue), mais il ne faut pas non plus que le livre soit trop similaires avec quelque chose de déjà existant. Il faut aussi qu'il y ait de la place dans le programme de publication, parfois prévu plus d'un an à l'avance (les auteurs du catalogue ayant priorité sur les nouveaux auteurs, mais là aussi, cela varie selon les maisons). Durant mes trois mois chez Flammarion, je n'ai défendu qu'un seul très bon manuscrit auprès de l'éditrice et du comité, et il n'a pas été retenu (à juste titre, il avait plusieurs faiblesses, mais l'auteur a été contacté personnellement et encouragé).
Un conseil : les manuscrits les plus agréables à lire sont ceux qui présentent une mise en pages ultra simple, assez aérée, et neutre. Évitez de personnaliser vos manuscrits, c'est risqué, ça peut agacer ! La lettre de présentation est intéressante si elle n'est pas un texte d'adoration envers l'éditeur mais une simple présentation rapide et modeste du livre et de l'auteur. Pas de lettre de présentation, c'est bien aussi ! (si vous n'oubliez pas toutefois de mettre vos contacts)
En ce qui concerne les corrections : oui, il y a un long chassé-croisé de corrections. D'abord, l'éditeur donne son avis sur l'ensemble, fait des remarques générales, donne des conseils (tel passage est trop long, là il y a un manque de rythme, etc...), l'auteur retravaille son texte et le renvoi. Cette étape est plus ou moins longue selon l'éditeur et l'auteur. Le texte est ensuite corrigé de ses principales fautes d'orthographe, grammaire et typographie, puis mis en page sur un logiciel de PAO. Il est ensuite lu par une ou plusieurs personnes (éditeur, assistante d'édition, stagiaire, correcteur free-lance... c'est variable) pour corriger les fautes subsistantes, les maladresses, les répétitions, les incohérences... c'est une correction plus en détails, lente et attentive. On distingue les corrections obligatoire (orthographe) des corrections suggérées (changement d'un mot, d'une phrase...). Ces premières épreuves sont envoyées pour validation à l'auteur. Ensuite, il peut y avoir autant d'aller-retour que nécessaire, mais souvent le BAT se fait sur les 3e épreuves (= 2 allers-retours). Je ne dirais pas que l'éditeur "force" le BAT... L'auteur a normalement déjà terminé son texte quand il envoie son manuscrit. Lorsque l'on rentre dans la phase de correction, il ne doit pas, normalement, se mettre à réécrire des pans entier de livre (ça arrive, mais c'est très handicapant pour les éditeurs : cela rallonge les délais, les temps de corrections, cela bouge la mise en pages... l'auteur oublie parfois que le livre doit paraître à une date bien précise... Et pourtant je n'ai jamais vu l'éditeur "forcer" le BAT.) Ces échanges de corrections peuvent prendre un mois, en moyenne, parfois plus ou moins (si le manuscrit est rendu très tôt par rapport au planning, on prend plus son temps, et inversement)
J'ai eu à rédiger des argumentaires commerciaux, qui sont assez proches (voire identiques) des argumentaires de presse. C'est un travail assez artificiel, il faut répondre à des normes bien précises propre à chaque maisons d'édition.
Enfin, c'est chez P.O.L que j'ai senti le plus de proximité entre éditeur et auteur. Il y a un vrai rapport de respect et de confiance, souvent d'amitié entre les deux. P.O.L est une maison très conviviale (passez sur leur stand le soir de l'inauguration du Salon du livre, vous en verrez quelque chose !), les auteurs s'y plaisent beaucoup.
J'espère que j'ai répondu à peu près à toutes les questions !
Chez Flammarion Jeunesse, c'était moi, la stagiaire (et il y avait aussi une lectrice extérieure) qui lisait les manuscrits qui arrivaient (nous sommes d'accord : nous parlons ici des manuscrits d'auteurs non publiés par la maison, évidemment). Je procédais ainsi. Je lisais le début, si très très vite (première ou deuxième page) cela me paraissait mauvais, j'allais piocher à plusieurs autres endroits du manuscrit pour 1- vérifier que l'ensemble était effectivement mauvais, 2- avoir une idée de l'évolution de l'histoire et pouvoir en écrire deux mots sur ma fiche de lecture. Ainsi je ne fonde pas toute mon opinion uniquement sur les première pages. L'orthographe, s'il est vraiment mauvais de façon dérangeante, produit nécessairement un a priori négatif. Il montre aussi que l'auteur qui a envoyé le manuscrit n'est peut-être pas lui-même un grand lecteur... Et idem pour la mise en page. Mais des fautes d'orthographe occasionnelles ne sont aucunement un critère décisif (tous les auteurs font des fautes, même les plus grands, et c'est bien pour ça qu'il y a des correcteurs). Si la syntaxe est mauvaise, cela tient alors pour moi d'un défaut d'écriture même. Alors oui, ce critère sera décisif. On choisit un livre plus pour son écriture que pour son histoire (à mon sens) : un livre très mal écrit avec une formidable histoire n'est pas viable. L'éditeur n'a pas vocation a réécrire le texte, donc il refusera le manuscrit.
Si le manuscrit me plaît assez, sans plus, je le lis en diagonale et dresse la liste des + et des -. Si un manuscrit me plaît beaucoup, je fais une fiche de lecture détaillée et le soutien auprès de l'éditrice et du comité de lecture. (Au final, l'éditrice n'a qu'à valider les avis de la stagiaire de la lectrice free-lance en parcourant très rapidement les manuscrits mauvais et en ne lisant que les très bons)
La décision de publication est alors plus compliquée : il faut un véritable enthousiasme, de la part de plusieurs personnes. Il faut également que le livre présente un rapport avec la ligne éditoriale de la maison d'édition (choisissez bien les maisons auxquelles vous envoyez vos textes ! il n'y a rien de plus exaspérant que de recevoir un manuscrit qui n'a strictement rien à voir avec notre catalogue), mais il ne faut pas non plus que le livre soit trop similaires avec quelque chose de déjà existant. Il faut aussi qu'il y ait de la place dans le programme de publication, parfois prévu plus d'un an à l'avance (les auteurs du catalogue ayant priorité sur les nouveaux auteurs, mais là aussi, cela varie selon les maisons). Durant mes trois mois chez Flammarion, je n'ai défendu qu'un seul très bon manuscrit auprès de l'éditrice et du comité, et il n'a pas été retenu (à juste titre, il avait plusieurs faiblesses, mais l'auteur a été contacté personnellement et encouragé).
Un conseil : les manuscrits les plus agréables à lire sont ceux qui présentent une mise en pages ultra simple, assez aérée, et neutre. Évitez de personnaliser vos manuscrits, c'est risqué, ça peut agacer ! La lettre de présentation est intéressante si elle n'est pas un texte d'adoration envers l'éditeur mais une simple présentation rapide et modeste du livre et de l'auteur. Pas de lettre de présentation, c'est bien aussi ! (si vous n'oubliez pas toutefois de mettre vos contacts)
En ce qui concerne les corrections : oui, il y a un long chassé-croisé de corrections. D'abord, l'éditeur donne son avis sur l'ensemble, fait des remarques générales, donne des conseils (tel passage est trop long, là il y a un manque de rythme, etc...), l'auteur retravaille son texte et le renvoi. Cette étape est plus ou moins longue selon l'éditeur et l'auteur. Le texte est ensuite corrigé de ses principales fautes d'orthographe, grammaire et typographie, puis mis en page sur un logiciel de PAO. Il est ensuite lu par une ou plusieurs personnes (éditeur, assistante d'édition, stagiaire, correcteur free-lance... c'est variable) pour corriger les fautes subsistantes, les maladresses, les répétitions, les incohérences... c'est une correction plus en détails, lente et attentive. On distingue les corrections obligatoire (orthographe) des corrections suggérées (changement d'un mot, d'une phrase...). Ces premières épreuves sont envoyées pour validation à l'auteur. Ensuite, il peut y avoir autant d'aller-retour que nécessaire, mais souvent le BAT se fait sur les 3e épreuves (= 2 allers-retours). Je ne dirais pas que l'éditeur "force" le BAT... L'auteur a normalement déjà terminé son texte quand il envoie son manuscrit. Lorsque l'on rentre dans la phase de correction, il ne doit pas, normalement, se mettre à réécrire des pans entier de livre (ça arrive, mais c'est très handicapant pour les éditeurs : cela rallonge les délais, les temps de corrections, cela bouge la mise en pages... l'auteur oublie parfois que le livre doit paraître à une date bien précise... Et pourtant je n'ai jamais vu l'éditeur "forcer" le BAT.) Ces échanges de corrections peuvent prendre un mois, en moyenne, parfois plus ou moins (si le manuscrit est rendu très tôt par rapport au planning, on prend plus son temps, et inversement)
J'ai eu à rédiger des argumentaires commerciaux, qui sont assez proches (voire identiques) des argumentaires de presse. C'est un travail assez artificiel, il faut répondre à des normes bien précises propre à chaque maisons d'édition.
Enfin, c'est chez P.O.L que j'ai senti le plus de proximité entre éditeur et auteur. Il y a un vrai rapport de respect et de confiance, souvent d'amitié entre les deux. P.O.L est une maison très conviviale (passez sur leur stand le soir de l'inauguration du Salon du livre, vous en verrez quelque chose !), les auteurs s'y plaisent beaucoup.
J'espère que j'ai répondu à peu près à toutes les questions !
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Comme j'ai été intriguée par POL que je ne connaissais pas, j'ai cherché sur Google et trouvé une interview du patron, Paul Otchakovsky -Laurens, par les internautes ici :
http://www.lexpress.fr/culture/livre/comment-se-faire-editer-p-o-l-vous-a-repondu_747207.html
Ayant aussi participé aux deux derniers jurys de nouvelles Idey, j'ai un peu la même réaction que Pacô... si ça commence mal j'ai plutôt tendance si ça ne s'améliore pas à lire de plus en plus vite la suite (surtout cette année où certains textes étaient très faibles)... Je suppose que ça doit être un peu la même chose dans les CDL et les autres lecteurs d'éditions : Paul Otchakovsky -Laurens affirme que tout est lu mais à aucun moment il dit que tout est lu jusqu'au bout et en détail.
Par contre, beaucoup d'éditeurs retiennent moins de 1% des textes de nouveaux auteurs... or au niveau de la qualité, il y a certainement plus de 1% de textes éditables (rédaction bien sûr, mais aussi sujet, originalité, à la mode ou non...) comment se fait la sélection après ?
Est-ce que des Céline, des Angot, des Duras, des Nothomb ou des Werber partent sur un pied d'égalité ou cela déclenche-t-il une crise de vouloir éditer certains qui ne font pas l'unanimité ?
Et puis une question à Camomille sur son objectif : les métiers de l'édition sont vastes, vers quoi te diriges-tu ou qu'est qui te plairait le plus dans les possibilités ?
http://www.lexpress.fr/culture/livre/comment-se-faire-editer-p-o-l-vous-a-repondu_747207.html
Ayant aussi participé aux deux derniers jurys de nouvelles Idey, j'ai un peu la même réaction que Pacô... si ça commence mal j'ai plutôt tendance si ça ne s'améliore pas à lire de plus en plus vite la suite (surtout cette année où certains textes étaient très faibles)... Je suppose que ça doit être un peu la même chose dans les CDL et les autres lecteurs d'éditions : Paul Otchakovsky -Laurens affirme que tout est lu mais à aucun moment il dit que tout est lu jusqu'au bout et en détail.
Par contre, beaucoup d'éditeurs retiennent moins de 1% des textes de nouveaux auteurs... or au niveau de la qualité, il y a certainement plus de 1% de textes éditables (rédaction bien sûr, mais aussi sujet, originalité, à la mode ou non...) comment se fait la sélection après ?
Est-ce que des Céline, des Angot, des Duras, des Nothomb ou des Werber partent sur un pied d'égalité ou cela déclenche-t-il une crise de vouloir éditer certains qui ne font pas l'unanimité ?
Et puis une question à Camomille sur son objectif : les métiers de l'édition sont vastes, vers quoi te diriges-tu ou qu'est qui te plairait le plus dans les possibilités ?
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Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Merci Camomille, pour ma part, tu as répondu à peu près à mes principales questions !
C'est intéressant d'avoir un point de vue interne, et de plus un point de vue interne comparatif entre trois maisons d'édition différentes. Tu as du avoir pas mal de responsabilités et tes stages ont du s'avérer très enrichissant, notamment dans les perspectives de soutenance des textes. Et d'un autre côté, ça me rassure un peu ce que tu dis - au moins chez les trois cités - que les manuscrits soient lus, pas en entier pour les plus faibles, et qu'ils bénéficient d'une attention particulière. Quand tu parles de fiches de lecture, je dois comprendre que même les auteurs refusés se voyaient renvoyés une lettre personnalisée et non "type" pour expliquer la décision de la maison d'édition ?
Et je suis tout à fait d'accord sur le principe : l'écriture compte plus que l'histoire, aussi formidable soit cette dernière. De plus, je crois que toutes les histoires ont déjà été racontées, du simple fait qu'elles reposent toutes sur un consensus global de scénario : que ce soient la tragédie, la guerre, l'héroïsme, l'amour, la mort etc. ou que ce soient des points précis de l'histoire : l'empire romain, napoléon, les guerres mondiales, le monde contemporain... Par conséquent, tout repose sur la manière de le raconter ; et la seule différenciation se distinguerait dans l'approche et la forme employées pour développer son récit. Mais ceci est aussi un tout, car même si l'on croise parfois le chemin d'auteurs qui parlent beaucoup pour ne rien dire - même si c'est beau ^^ - du style Proust, le contenu est important.
Et toi d'ailleurs, que préfères-tu comme manière d'aborder une histoire : le style épuré anglo-saxon - et ses phrases courtes qui nous amènent au vif du sujet et de l'information - ou le style brodé de certains français qui palabrent sur l'esthétisme d'une chose durant des pages... ?
Concernant les corrections, dans les maisons, tu parles bien de correcteurs free-lance, qui sont finalement des "sous-traitants" ? Mes profs me parlaient d'eux dans la stratégie du management culturel, puisqu'ils sont compris dans les frais de production et non de structure, ce qui permet une certaine économie en fonction de la variation des publications et évite les "plans sociaux" quand le marché du livre va mal. ^^
Enfin, pour répondre un peu à MdT, je suppose malheureusement que, comme partout, les auteurs déjà reconnus sont accueillis plus facilement dans les publications. D'ailleurs, Camomille l'a dit : les auteurs de la maison ont la priorité dans le calendrier. Mais peut-on en vouloir à la maison d'une part, miser sur les valeurs sûres, et d'autre part, réaffirmer la confiance installée entre un auteur et son éditeur ?
PS : une petite question qui nous permettrait de faire une fiche pour les éditions P.O.L : ce n'est pas très visible sur leur site, mais quelle serait la ligne éditoriale de la maison ?
C'est intéressant d'avoir un point de vue interne, et de plus un point de vue interne comparatif entre trois maisons d'édition différentes. Tu as du avoir pas mal de responsabilités et tes stages ont du s'avérer très enrichissant, notamment dans les perspectives de soutenance des textes. Et d'un autre côté, ça me rassure un peu ce que tu dis - au moins chez les trois cités - que les manuscrits soient lus, pas en entier pour les plus faibles, et qu'ils bénéficient d'une attention particulière. Quand tu parles de fiches de lecture, je dois comprendre que même les auteurs refusés se voyaient renvoyés une lettre personnalisée et non "type" pour expliquer la décision de la maison d'édition ?
Et je suis tout à fait d'accord sur le principe : l'écriture compte plus que l'histoire, aussi formidable soit cette dernière. De plus, je crois que toutes les histoires ont déjà été racontées, du simple fait qu'elles reposent toutes sur un consensus global de scénario : que ce soient la tragédie, la guerre, l'héroïsme, l'amour, la mort etc. ou que ce soient des points précis de l'histoire : l'empire romain, napoléon, les guerres mondiales, le monde contemporain... Par conséquent, tout repose sur la manière de le raconter ; et la seule différenciation se distinguerait dans l'approche et la forme employées pour développer son récit. Mais ceci est aussi un tout, car même si l'on croise parfois le chemin d'auteurs qui parlent beaucoup pour ne rien dire - même si c'est beau ^^ - du style Proust, le contenu est important.
Et toi d'ailleurs, que préfères-tu comme manière d'aborder une histoire : le style épuré anglo-saxon - et ses phrases courtes qui nous amènent au vif du sujet et de l'information - ou le style brodé de certains français qui palabrent sur l'esthétisme d'une chose durant des pages... ?
Concernant les corrections, dans les maisons, tu parles bien de correcteurs free-lance, qui sont finalement des "sous-traitants" ? Mes profs me parlaient d'eux dans la stratégie du management culturel, puisqu'ils sont compris dans les frais de production et non de structure, ce qui permet une certaine économie en fonction de la variation des publications et évite les "plans sociaux" quand le marché du livre va mal. ^^
Enfin, pour répondre un peu à MdT, je suppose malheureusement que, comme partout, les auteurs déjà reconnus sont accueillis plus facilement dans les publications. D'ailleurs, Camomille l'a dit : les auteurs de la maison ont la priorité dans le calendrier. Mais peut-on en vouloir à la maison d'une part, miser sur les valeurs sûres, et d'autre part, réaffirmer la confiance installée entre un auteur et son éditeur ?
PS : une petite question qui nous permettrait de faire une fiche pour les éditions P.O.L : ce n'est pas très visible sur leur site, mais quelle serait la ligne éditoriale de la maison ?
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Pour répondre à MdT : évidemment, quand Paul Otchakovky dit qu'il lit "tous" les manuscrits, il ne les lit pas en entier. Il faut quand même vous imaginer qu'il arrive plus de 70 manuscrits par semaine, dont certains sont de vrais pavés. Donc impossible et surtout inutile de les lire totalement.
Les auteurs déjà édités sont évidemment prioritaire par rapport aux nouveaux auteurs. Le chiffre de 1% de manuscrits arrivés par la poste édités peut paraître bas, mais, encore une fois, pour avoir vu passer des centaines et des centaines de manuscrits, cela ne m'étonne pas trop. Il est vraiment très rare de tomber sur quelque chose de réellement intéressant. Évidemment, il peut toujours y avoir des erreurs (Gallimard qui laisse passer Proust...), mais globalement, sur la quantité de manuscrits, il n'y en a vraiment qu'une infime partie qui vaut le coup d'y investir du temps et de l'argent. (Car n'oubliez pas que chaque nouvel auteur inconnu qui entre dans une maison constitue certes un pari sur l'avenir, mais avant tout un vrai risque éditorial. L'économie de l'édition n'étant pas glorieuse, il faut aussi comprendre que les éditeurs ne peuvent pas multiplier ces risques-là trop souvent...) Si vraiment deux manuscrits sont envisagés mais qu'il n'y a de la place que pour un, une raison ou un autre fera forcément pencher la balance vers l'un des deux. L'autre auteur pourra alors soit être programmé plus tard, soit, cela se fait souvent, être recommandé à un autre éditeur qui pourrait être intéressé.
Pour ce qui est de mes préférences professionnelles, je souhaite travailler dans le service éditorial (je ne suis pas intéressé par le service de presse, la communication, la fabrication...). Concernant le secteur visé, pour l'instant je ne me ferme aucune porte. La littérature et la jeunesse m'ont plu tous les deux, mais j'aimerai essayer de faire mon prochain stage dans un domaine plus illustré (peut-être documentaires, livres pratiques...) Et puis il est tellement difficile de trouver une place dans l'édition que je préfère ne pas avoir trop de préférences.
Pour répondre à Pacô :
Malheureusement, les fiches de lectures sont plutôt un outils interne à la maison (et je n'en ai vu qu'à Flammarion Jeunesse). Ce sont généralement des lettres-types qui sont envoyés aux auteurs, sauf si le manuscrit a présenté un réel intérêt (comme celui que j'ai défendu en Comité de lecture, par exemple). Cela prendrait vraiment trop de temps de personnaliser les lettres. De plus, les réponses personnelles incitent les auteurs à engager un échange de mails ou de courriers qui peut être fastidieux (ils veulent avoir des détails, ils se défendent de certains choix...), ou encore à nous renvoyer deux mois plus tard leur manuscrit "retravaillé", ce qui n'est généralement pas du tout efficace...
Pour mes goûts littéraires, j'avoue que j'aime autant les "styles brodés", s'ils sont réussis (j'adule Christine Montalbetti, par exemple), que les récits plus inscrits dans l'action. Tout dépend du livre ! (Je n'ai pas lu Proust mais je l'ai écouté en livre audio : j'ai adoré Du côté de chez Swann et je me suis ennuyé pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs... pourquoi ?? ...)
En ce qui concerne les éditions P.O.L, cela m'étonne que vous ne connaissiez pas. Mais je pense que si je vous dis qu'il est l'éditeur de Marie Darrieussecq, Emmanuel Carrère, Nicolas Fargues, Martin Winckler, Atiq Rahimi, Jean Rolin... cela vous parle peut-être plus ? Paul Otchakovsky Laurens a aussi édité quelques livres de Duras (dont La Douleur) et de Georges Perec (dont La Vie, mode d'emploi, quand la maison n'appartenait pas encore à Gallimard).
Le propre de cette maison est justement que la ligne éditoriale est formée par les goûts de l'éditeur, qui décide seul des publications de la maison. Son catalogue est en quelque sorte sa bibliothèque contemporaine idéale. La maison édite surtout des romans, mais elle est aussi une des rares maisons de littérature générale à encore éditer de la poésie et du théâtre.
Les auteurs déjà édités sont évidemment prioritaire par rapport aux nouveaux auteurs. Le chiffre de 1% de manuscrits arrivés par la poste édités peut paraître bas, mais, encore une fois, pour avoir vu passer des centaines et des centaines de manuscrits, cela ne m'étonne pas trop. Il est vraiment très rare de tomber sur quelque chose de réellement intéressant. Évidemment, il peut toujours y avoir des erreurs (Gallimard qui laisse passer Proust...), mais globalement, sur la quantité de manuscrits, il n'y en a vraiment qu'une infime partie qui vaut le coup d'y investir du temps et de l'argent. (Car n'oubliez pas que chaque nouvel auteur inconnu qui entre dans une maison constitue certes un pari sur l'avenir, mais avant tout un vrai risque éditorial. L'économie de l'édition n'étant pas glorieuse, il faut aussi comprendre que les éditeurs ne peuvent pas multiplier ces risques-là trop souvent...) Si vraiment deux manuscrits sont envisagés mais qu'il n'y a de la place que pour un, une raison ou un autre fera forcément pencher la balance vers l'un des deux. L'autre auteur pourra alors soit être programmé plus tard, soit, cela se fait souvent, être recommandé à un autre éditeur qui pourrait être intéressé.
Pour ce qui est de mes préférences professionnelles, je souhaite travailler dans le service éditorial (je ne suis pas intéressé par le service de presse, la communication, la fabrication...). Concernant le secteur visé, pour l'instant je ne me ferme aucune porte. La littérature et la jeunesse m'ont plu tous les deux, mais j'aimerai essayer de faire mon prochain stage dans un domaine plus illustré (peut-être documentaires, livres pratiques...) Et puis il est tellement difficile de trouver une place dans l'édition que je préfère ne pas avoir trop de préférences.
Pour répondre à Pacô :
Malheureusement, les fiches de lectures sont plutôt un outils interne à la maison (et je n'en ai vu qu'à Flammarion Jeunesse). Ce sont généralement des lettres-types qui sont envoyés aux auteurs, sauf si le manuscrit a présenté un réel intérêt (comme celui que j'ai défendu en Comité de lecture, par exemple). Cela prendrait vraiment trop de temps de personnaliser les lettres. De plus, les réponses personnelles incitent les auteurs à engager un échange de mails ou de courriers qui peut être fastidieux (ils veulent avoir des détails, ils se défendent de certains choix...), ou encore à nous renvoyer deux mois plus tard leur manuscrit "retravaillé", ce qui n'est généralement pas du tout efficace...
Pour mes goûts littéraires, j'avoue que j'aime autant les "styles brodés", s'ils sont réussis (j'adule Christine Montalbetti, par exemple), que les récits plus inscrits dans l'action. Tout dépend du livre ! (Je n'ai pas lu Proust mais je l'ai écouté en livre audio : j'ai adoré Du côté de chez Swann et je me suis ennuyé pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs... pourquoi ?? ...)
En ce qui concerne les éditions P.O.L, cela m'étonne que vous ne connaissiez pas. Mais je pense que si je vous dis qu'il est l'éditeur de Marie Darrieussecq, Emmanuel Carrère, Nicolas Fargues, Martin Winckler, Atiq Rahimi, Jean Rolin... cela vous parle peut-être plus ? Paul Otchakovsky Laurens a aussi édité quelques livres de Duras (dont La Douleur) et de Georges Perec (dont La Vie, mode d'emploi, quand la maison n'appartenait pas encore à Gallimard).
Le propre de cette maison est justement que la ligne éditoriale est formée par les goûts de l'éditeur, qui décide seul des publications de la maison. Son catalogue est en quelque sorte sa bibliothèque contemporaine idéale. La maison édite surtout des romans, mais elle est aussi une des rares maisons de littérature générale à encore éditer de la poésie et du théâtre.
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Je connaissais bien un peu les éditions P.O.L, mais elles font partie pour moi de ces structures inaccessibles pour l'association ^^".
Je comprends un peu mieux ta façon de voir les choses ; certes il y a aussi une grande part de subjectivité dans l'appréciation d'une oeuvre. Et je trouve ça intéressant que tous les choix éditoriaux soient faits selon le goût de son éditeur. On va dire qu'on retrouve vraiment l'essence de "la chance donnée à un écrit", et non une sélection des critères commerciaux ou de mode...
Et j'avais une autre petite question : est-ce que à ton avis un nouvel auteur qui se pointe avec un manuscrit prévu en deux tomes a une chance de convaincre ? Si oui, comment doit-il s'y prendre ? Si non, doit-il faire "comme un seul tome" pour ensuite envisager un second tome s'il est à la fois choisi par l'éditeur et qu'il rencontre ensuite le succès ? ^^
Je comprends un peu mieux ta façon de voir les choses ; certes il y a aussi une grande part de subjectivité dans l'appréciation d'une oeuvre. Et je trouve ça intéressant que tous les choix éditoriaux soient faits selon le goût de son éditeur. On va dire qu'on retrouve vraiment l'essence de "la chance donnée à un écrit", et non une sélection des critères commerciaux ou de mode...
Et j'avais une autre petite question : est-ce que à ton avis un nouvel auteur qui se pointe avec un manuscrit prévu en deux tomes a une chance de convaincre ? Si oui, comment doit-il s'y prendre ? Si non, doit-il faire "comme un seul tome" pour ensuite envisager un second tome s'il est à la fois choisi par l'éditeur et qu'il rencontre ensuite le succès ? ^^
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Un témoignage bien intéressant et assez conforme à ce que j'ai vécu, s'agissant du travail sur le texte avec l'éditeur... même si le mien, d'éditeur, ne joue pas dans la catégorie poid lourd des POL et autres (Oui, POL est bien connu, qui forme avec Minuit et Verticales, un trio d'éditeurs "parisiens" des plus prisés !) ... Je tâcherai d'ailleurs, dès que j'aurai un peu de temps devant moi, de faire dans cette rubrique un petit retour d'expérience sur la publication de mon recueil... Sachant qu'il faudrait aussi que je fasse un petit tour du côté des nouvelles pour commenter... (j'ai vu qu'il y avait du neuf !!!) mais pffioou... suis un peu bousculé, ces jours-ci...
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Tout à fait ! Heureusement, il y a encore des maisons qui fonctionnent comme ça !Pacô a écrit:On va dire qu'on retrouve vraiment l'essence de "la chance donnée à un écrit", et non une sélection des critères commerciaux ou de mode...
Pour ce qui est du manuscrit en 2 tomes, il faut tout d'abord veiller à l'adresser à une maison qui publie des œuvres en tomes séparés. Ensuite, je pense que le plus logique est d'adresser uniquement le premier tome, et d'indiquer qu'il y a une suite (soit dans une lettre de présentation, soit à la fin du manuscrit). Pourquoi, parce que si le premier tome ne convient pas à l'éditeur, le deuxième sera à peine considéré, que ça t'évite d'investir dans l'impression du tome 2 (ou d'un manuscrit regroupant les deux tomes) et dans des frais de retour plus importants, et que si le premier tome plaît, l'éditeur te demandera tout simplement de lui faire parvenir le 2e. Sachant qu'effectivement, le deuxième tome ne pourrait être publié qu'à condition que le premier ait un minimum marché au niveau des ventes, cela dépendra de l'éditeur.
Re: Témoignage d'une éditrice en devenir
Salut à tous,
Je ne sais pas trop où mettre ça, alors je le mets ici : http://www.fill.fr/images/documents/guide_du_satut_social_des_auteurs_fill_2013.pdf
C'est un guide du statut social des auteurs. Je n'ai pas tout lu mais ça a l'air clair et complet. Ça peut peut-être vous servir !
Je ne sais pas trop où mettre ça, alors je le mets ici : http://www.fill.fr/images/documents/guide_du_satut_social_des_auteurs_fill_2013.pdf
C'est un guide du statut social des auteurs. Je n'ai pas tout lu mais ça a l'air clair et complet. Ça peut peut-être vous servir !
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