La poésie sans rime vous plaît-elle autant qu'avec ?

Tiens, suite à la lecture d'un commentaire de Rêvelin, il m'est venu une petite idée de débat : très souvent l'on remarque des poèmes qui ne riment pas et qui ne respectent pas forcément non plus les critères classiques.

Est-ce que ça vous dérange, en tant que lecteur, ce genre de prose ?

Personnellement, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai tendance à voir dans un poème sans rime... un poème qui perd toute sa musicalité. En fait, comme s'il perdait un des éléments essentiels de ce qui fait une poésie, pour ne revenir qu'un simple texte qui dégage des émotions.

Mais vous, vous en pensez quoi ? Un poème sans rime vous plaît-il autant ?

Alors moi, je suis plutôt du genre "contrariante" xD

En clair, si le poème est trop "carré" (en gros, si les rimes sont hyper bien réparties et compagnie), j'accroche pas. Il faut que la forme me plaise pour que je puisse me plonger dans le fond ^^

Le seul poème en rimes auquel j'ai accroché, c'est L'Albatros de Beaudelaire. Je sais pas pourquoi, ceci dit xD

Et genre... tu n'accroches pas à celui-là :

Personnellement, je me fiche pas mal qu'il y ait des rimes ou pas. C'est vraiment de l'anecdote, en poésie, la rime. Pour moi la poésie c'est simplement la quintessence de l'écrit, donc également la quintessence des contraintes. Mais des contraintes qui signifient ! Pas des contraintes de clown comme celles de Perec, par exemple, qui ne sont que de la virtuosité technique tournant à vide sur le fond insondable de l'inanité littéraire de ses œuvres.
Et tout le monde sais que faire de la vraie poésie en vers libre est beaucoup plus difficile que de faire un sonnet "acceptable". Il faut s'inventer ses contraintes, et inventer un sens à ces contraintes, il faut bâtir son système, tracer ses cohérences, travailler le rythme sans le vers rassurant, travailler le son sans la rime tombant à pic, etc...

La vraie poésie sans rime, n'est en fait absolument pas différente de la vraie poésie avec des rime. Dans les deux cas, c'est de la poésie et donc ce qu'on fait de mieux dans la littérature anarrative, si j'ose dire. Je pense sincèrement que tant qu'on s'attache à une question telle que "rime ou pas", c'est qu'on n'est pas devant un chef-d'œuvre. Il suffit de se plonger dans la lecture de poèmes comme Marine de Rimbaud pour comprendre ce que j'entends par "question anecdotique" :

«Les chars d'argent et de cuivre —
Les proues d'acier et d'argent —
Battent l'écume, —
Soulèvent les souches des ronces —
Les courants de la lande,
Et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l'est,
Vers les piliers de la forêt, —
Vers les fûts de la jetée,
Dont l'angle est heurté par des tourbillons de lumière.»

PS : bien sûr, après, il y a une question de goût, mais je pense sincèrement qu'il est absurde de croire que "rimes" ou "pas rimes" peut influencer en quelque manière que ce soit la qualité poétique d'un texte. J'en veux pour preuve les poèmes en prose qui sont pour moi tout autant des poèmes que les poèmes en vers (cf. Baudelaire).

Je rejoins l'avis de MrSonge, enfin, sur ce que ma faible connaissance en poésie connait/comprend (etc.).
Pour moi la musicalité n'est pas présente uniquement dans la rime, mais aussi dans le rythme, et comme c'est ce que l'on appuie le plus (normalement) dans ce genre de poème, ça ne me dérange pas. Au contraire, j'aime beaucoup.
De plus, quand c'est rimé, j'aime bien quand c'est très carré, presque classique (mais je connais trop mal pour être trop exigeante), j'aime quand les rimes sont placées comme il faut, et avec des thèmes classiques. Les vers libres permettent, pour mon gout, d'aborder d'autres genres.
Bref, j'avais découvert ça avec une jeune auteur (Lumi) et j'avais tout de suite accroché à la sonorité, aux vers. Elle faisait presque des récits.

Comment ça "les vers libres permettent d'aborder d'autres genres"... c'est quoi les genres ? Mise à part le fait qu'il n'y ait pas de rime ?

Et que sont-ce ces thèmes classiques qui ne sont abordés que par la poésie classique ? Ou plutôt, quels sont ces thèmes non-classiques qui ne peuvent être abordés par une structure de poème classique ?

Je suis chiant, mais je suis curieux de ta réponse. Parce que ça me paraît un peu nébuleux comme élément de réponse .

Ma pensée elle-même est un peu nébuleuse alors m'embête pas

Hum par exemple, j'aime bien des thèmes distants (la Charogne ?) dans la poésie classique, à la limite certains poèmes d'amour, mais qui collent au niveau du côté "carré" (Green de Verlaine par exemple), par contre, dans la poésie libre, j'aime bien y lire des poèmes plein d'émotions, qui jouent sur le rythme libre, décalé et brisé...

J'arrive pas à m'exprimer moi é_è

Donc en fait, dans les poèmes classiques... il n'y a pas plein d'émotions ?

Il ne faut pas s'occuper de l'émotion, bien qu'il soit vrai que sans la rime l'on puisse rendre le vers plus brutale. Sans rime cela laisse de la marge, de la compréhension, c'est avant-tout une sorte de liberté plus que d'inventivité. D'ailleurs l'époque historique s'y recherchait dedans.

Autant, oui, je regrette les Musset, les Hugo, les Rimbaud, les Samain ... autant je me laisse entrouvrir de cette vieille et jeune joie. Je suis certain qu'il y a dans les poèmes, une sortes de teneur innocente dont on puisse engourdir la connaissance ; la statufier ; la réfléchir dans l'immobile pour la connaitre. Mais je me met a comprendre, qu'il y a aussi une chose vivace dans celle-ci que, la poésie, veut être un cœur fait de vertu, encore su dans l'hymen.

"Oui, l'huitre et le charme,
Ont cousu mon cotre,
D'égale face a qui,
On s'est voulu percu,
Dans lequel de ces ânes,
Ont recouru les dames,
Et voila que paraissent,
Les oublies de nos femmes,
On se perçoit pourtant ,
Hormis d'immensité ,
Repris de l’intérieur,
D'un cœur, d'une âme,
Embellis d'une symphonie,
Sifflotant l'air du chant,
Romancer du poème,
Et encore incompris dans nos vers.
Non, le poète est poète ,
Seul, s'il se croit munies,
De son souvenir d'enfant,
Que porte encore ses joues,
Rosées dans l'hiver.
Et Tout dans cette incomparable,
Et peut-être aux chaleurs,
Nous irons tout deux parcouru,
D'un vent de cœur, aux quatres -
Remous d'un temps,
Chantant et sifflotant,
Mon air pour toi."

Dites- moi l'émotion que vous procure ce poème, moi il m'a fait aimé la poésie sans rime bien qu'il ne veuille dire grand chose. Ou en tout cas il serait fruit d'un mélange de songe et pourrait bien émotionner ce qu'est la pensée. C'est mon prof de lettre qui m'a fait découvrir cette auteur anonyme.

"Ce n'est pas la rime qui fait le poème mais le poème qui fait la rime"

Inconnu

Je ne sais plus qui m'avais dit ça mais je pense que l'essentiel de la poésie rimée se retrouve dans cette citation.
Si la citation n'existe pas. J'veux bien mettre mon copyrigth.

Je suis d'accord avec Plasmides: un poeme sans rimes est souvent plus que des mots et des phrases, c'est des "sensations" dans la sonorite qui transmettent le veritable message.
Je sais que ce que je dis est peut etre un peu difficile a comprendre, moi meme je ne sais pas comment exprimer ce que je pense...

J'avais découvert y'a fort longtemps une poetesse sans rimes, que j'ai trouvé magnifique.
Je préfère un poème sans rire mais avec du rythme et des mots plutôt qu'un poème plat avec des rimes fades.

(un petit de Lumi pour vous :

Spoiler:

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