Un mal ordinaire

Oui je ne dis pas, Prévert c'est gentil. Mais c'est toujours le problème de la comparaison, quand on vient me dire que c'est le Rimbaud du vingtième siècle, j'avoue avoir un peu de peine à voir le rapport... Mais il y a du délectable, chez Prévert, c'est sûr.

«Le ministère des Finances devrait s'appeler ministère de la Misère puisque le ministère de la Guerre ne s'appelle pas ministère de la Paix.»

Poésie petite bourgeoise ? ah, je le voyais plutôt anti conformiste.

Ce que j'iame ? comme Azul :

Prévert fait éclater le caractère conventionnel du discours par les jeux de mots. Sa poésie est constamment faite de jeux sur le langage (calembours, inventions burlesques, néologismes, lapsus volontaires…) dont le poète tire des effets comiques inattendus (un humour parfois noir), des significations doubles ou encore des images insolites.

De même ses poèmes fourmillent de jeux de sons, de combinaisons pour l'oreille (allitérations, rimes et rythmes variés) qui paraissent faciles mais dont Prévert fait un usage savant. Enfin, il ne faut pas négliger, comme l'a fait remarquer Danièle Gasiglia-Laster dans son introduction aux Œuvres Complètes de Prévert dans la Bibliothèque de la Pléiade, les apports du surréalisme dont on retrouve les traces : inventaires, énumérations hétéroclites d'objets et d'individus, additions de substantifs ou d'adjectifs, etc. Il est friand des procédés de l'image, de la métaphore et de la personnification (animal, objet, humain).

D'ailleurs quelques autres extraits savoureux tiré de wiki aussi :

«Un tel est mort. Pourquoi irai-je à son enterrement puisque, j’en suis certain, il n’ira pas au mien ?»

«Dieu fait ce qu'il peut de ses mains, mais le diable fait beaucoup mieux avec sa queue.»


«Les jeux de la foi ne sont que cendres auprès des feux de la joie.»



«Dieu a fait l'homme à son image, l’exhibitionniste lui rend hommage.»



«Il faut bien que genèse se passe.»

«Fesse, queue, doigt, advienne que pourra.»


«Martyr, c'est pourrir un peu.»


et un de mes textes hommages :

La réponse du Berger au troupeau


Mes enfants qui êtes sur Terre
Restez-y
Y a plus de place aux cieux
Saint Pierre a fermé les grilles
Et a avalé les clefs
Pas d’inquiétude, les justes et les injustes seront ressuscités
Je cherche juste comment faire
Hé oui, depuis tout ce temps
Bon, ça va, vous avez pas fait mieux
À moins que vous vouliez tous ressembler à la créature de Frankenstein.
Donc je bosse pour vous
De ce fait, j’aimerai un peu plus de reconnaissance
Bordel
Déjà, je vous ai loué mon meilleur terrain pour quelques prières
Regardez-moi ça, vous avez tout salopé !
Et c’est pas cinq jours qui me faudra pour tout remettre en ordre, hein.
Je sais, j’ai l’éternité mais c’est pas une raison
Un peu de respect, que diab.. ; quand même !
Et arrêtez de vous plaindre
Les catastrophes ne sont pas de mon ressort
Tout était aux normes quand je vous ai livré la Terre
Je suis pas non plus responsable des problèmes de voisinage
Satan, le locataire du dessous, lui, ne s’est jamais plein de votre vacarme
Il aurait pu pourtant
En plus, je tiens à vous rappeler que j’ai envoyé un médiateur
Mon fils, Jésus, ça vous dit quelque chose ?
Ouais, ça y est, vous le remettez ?
« Croise les pieds, j’ai pu qu’un clou »
Bravo, déjà qu’il était pas…
Mais alors là, vous me l’avez tout cassé
Alors merde, on fait tout ce qu’on peut et vous, vous êtes jamais contents.
J’en ai marre, démerdez-vous.
Bon, heureusement que je suis Amour.
Je veux bien faire un dernier effort.
J’ai réussi à ressusciter un poète assassiné
Un mec bien, je fonde beaucoup d’espoir en lui.
Je l’ai chargé de répandre la bonne parole.
Ses oeuvres doivent rétablir ma vérité
Vous avez intérêt à le lire
C’est votre dernière chance avant l’Harmmage…, euh, l’Aremagg…, bref avant le jour final.
Magnez-vous !

Franchement, moi je ne sais pas trop. Disons que quand je feuillette un receuil de vers et que je tombe sur des choses comme :

«Le Temps nous égare
Le Temps nous étreint
Le Temps nous est gare
Le Temps nous est train.»

Je me dis que bon, c'est gentillet mais ça ne casse pas trois pattes à un canard pour autant. Et puis ma foi, ses jeux de mots et calembours, je les trouve parfois fort gros et faciles («Il faut bien que genèse se passe.») pour pouvoir prétendre à autre chose qu'un divertissement innocent. Alors c'est peut-être, après tout, chez moi, un goût abusif du sublime, mais les vers et la prose de Prévert n'ont jamais réussi à me faire sortir de moi-même et c'est ce que j'attends habituellement quand j'ouvre un ouvrage dont l'auteur est connu comme «poète». Le surréalisme lui-même, après-tout, à côté de véritables génies peut passer pour une institution moraliste (si je mets Breton face à Céline, des deux, je n'hésite pas un instant pour désigner le monstre de génie révolutionnaire).

Pour tout dire, Prévert m'ennuie presque autant qu'un jour grisâtre de pluie sur Brest.^^
Mais voilà, ça doit venir de moi, nous ne sommes tout simplement pas fait pour nous entendre...

nico4g a écrit:Prévert fait éclater le caractère conventionnel du discours par les jeux de mots. Sa poésie est constamment faite de jeux sur le langage (calembours, inventions burlesques, néologismes, lapsus volontaires…) dont le poète tire des effets comiques inattendus (un humour parfois noir), des significations doubles ou encore des images insolites.

De même ses poèmes fourmillent de jeux de sons, de combinaisons pour l'oreille (allitérations, rimes et rythmes variés) qui paraissent faciles mais dont Prévert fait un usage savant. Enfin, il ne faut pas négliger, comme l'a fait remarquer Danièle Gasiglia-Laster dans son introduction aux Œuvres Complètes de Prévert dans la Bibliothèque de la Pléiade, les apports du surréalisme dont on retrouve les traces : inventaires, énumérations hétéroclites d'objets et d'individus, additions de substantifs ou d'adjectifs, etc. Il est friand des procédés de l'image, de la métaphore et de la personnification (animal, objet, humain).

Mahah Nico je te n'aime

Mes enfants qui êtes sur Terre
Restez-y

Je connaissais plus :

Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous, nous resterons sur la terre

Mr Songe a écrit:Pour tout dire, Prévert m'ennuie presque autant qu'un jour grisâtre de pluie sur Brest.^^

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là


Ouais, j'adore Prévert et tous ceux qui sont en dehors des conventions. Desnos en fait parti aussi, qui envoyait se faire *** la rime

Je connaissais plus :

Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous, nous resterons sur la terre

Oui, c'est bien de ce texte (dont est tiré cet extrait) dont je me suis servi pour écrire mon p'tit truc.

Ensuite, Mr Songe, chacun ses goûts et je ne considère pas le sectarisme comme un défaut (quand ça reste du sectarisme...). Bon, je te dédicace ma prochaine nouvelle que je posterai ce soir, tu comprendras pourquoi

Ouais, j'adore Prévert et tous ceux qui sont en dehors des conventions. Desnos en fait parti aussi, qui envoyait se faire *** la rime

Si ma mémoire chronologique est bonne, Desnos est loin d'être un précurseur en la matière. ^^ Mais quand j'y pense, c'est drôle en fait le peu d'affection profonde que j'ai avec les auteurs qui touchent de près où de loin au mouvement surréaliste (sauf les précurseurs), Eluard et Breton compris. Et pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé (Nadja lu trois fois), mais non, ça passe mal, ça coince, ça grince des dents...

(Je me demande d'ailleurs pourquoi on cite si peu souvent Hugo, quand on parle de révolutionnaires poétiques puisqu'il faut voir ce qu'était la poésie française avant lui pour comprendre véritablement le bond prodigieux qu'il a réussi à lui faire faire.)

Maintenant oui, j'avoue que ce doit être une question de goût. Pour moi Prévert s'apparente plus à un Sacha Guitry ou un Alphonse Allais pour les bons mots, mais il nage à cent lieux de la poésie. Comme quoi...

Bon, je te dédicace ma prochaine nouvelle que je posterai ce soir, tu comprendras pourquoi

(je crois qu'on dit «dédier», non ? xD)
Ciel, dans ce cas, j'y cours, j'y vole, j'y suis déjà ! ^^

Non, non, c est bien une spéciale dedicace
dans le recueil il y aura marque a mr songe
écrit avec mon iPod

J'ai fouillé mes dicos, je suis perplexe. Pour moi dédicacer c'est soit offrir un ouvrage avec une dédicace (genre le Salon du Livre, définition qui ne nous concerne pas), soit pourvoir d'une dédicace. La dédicace, quant à elle c'est une épître ou inscription à la tête d’un ouvrage imprimé, par laquelle on le place sous le patronage de quelqu’un.
Sauf que je ne trouve pas d'autre nom associé au verbe «dédier»... La langue française est parfois bien mystérieuse !

(mes pinailleries sémantiques n'ont aucunement le but d'agacer volontairement ou quoi que ce soit comme on pourrait -je m'en suis rendu compte- le croire parfois, c'est surtout pour moi que je me pose ce genre de question, histoire de me coucher moins bête le soir ! ^^)

Pas bête, je n'y avais pas pensé.

En fait, je restais sur l'idée des musicos "spéciale dédicace à..." mais il vrai que c'est plus dédier que dédicacer. Alors, je sais pas trop non plus,la langue évolue...

Quant à pinailler, c'est important. Voilà une réponse à quelqu'un qui titillait sur la police de caractère à utiliser pour la lecture:

"Quelqu'un qui accorde autant d'importance à la typo qu'à la syntaxe, c'est une chance qu'on l'ait avec nous ! Il a un regard que nous n'avons pas et c'est précieux. Il y a à apprendre de lui et si un jour on peut le rencontrer, ce sera bien !"

J'avoue que là, je ne sais pas trop non plus. Je présume qu'en l'absence de nom pour «dédier», le mot «dédicace» assume également cette fonction, en broyant dans l'amalgame la petite nuance qui les sépare...

Un mal ordinaire
10H00
Elle arrive.
Elle n’est jamais très loin.
Elle se glisse en moi de façon lancinante avant de me faire comprendre qu’elle est chaque jour plus forte, me mordant les entrailles avec délectation. Un serpent entourant (se lovant autour de sa proie ?) sa proie avant d’y plonger ses crocs.
Dieu, je t’en supplie, délivre-moi du mal.
Quand elle est là, je m’assois et fixe le mur qui me fait face. Je me concentre sur l’immaculé afin de m’y noyer, d’échapper à ce sort atroce qui est le mien. Malheureusement, mon esprit n’arrive jamais à s’évader bien loin de ce corps prison. La chaîne qui me relie au gardien est par trop solide.
Le suicide ? Mon Dieu me l’interdit.
La folie ? Hélas, je crois que j’ai déjà sombré dans la démence.
De toutes les façons, elle mord trop fort depuis hier : dans trois heures, tout au plus, je serai mort.
12H00
Tout a commencé par une immense explosion, il y a peut-être deux mois.
J’étais au dépôt, une petite pièce située à l’arrière de mon magasin, pour l’inventaire, quand j’ai cru à la fin du monde. Je me suis écroulé sur le sol, les mains sur la tête en guise de protection. Quelques secondes plus tard, j’ai constaté que j’étais entier et compris que les combats avaient repris : un obus avait dû tomber sur mon magasin. Si le dépôt n’avait rien, sa porte, seule issue, était bloquée par un amas de débris.
Piégé.
Peu d’espoir de voir des secours rapidement. En plus, je n’allais manquer à personne : célibataire, parents décédés, pas d’amis : bref, plus solitaire, je ne vois que le ver. (pour l’instant je ne comprends pas vraiment le coup du ver quoique j’imagine l’idée du ver solitaire)
Cependant, cette situation ne me déplut pas. J’avais tout ce qu’il fallait ici : boisson et nourriture en abondance et ma collection de livres bien-aimée. La nourriture spirituelle est pour moi la plus importante. À côté de cela, plus de soucis, plus de responsabilités : ivrognes, voleurs, créanciers, traites, impôts n’avaient ici pas droit de cité, enfin de dépôt.
Tout allait bien dans le meilleur des mondes : je savourais les écrits de tous ces grands auteurs, désormais mes amis privilégiés, tandis que les bouteilles d’eau et les boîtes de conserve s’occupaient du reste de mes besoins.
C’est probablement au bout de trois semaines que j’ai remarqué les premiers signes. Je mettais toujours les mêmes vêtements que je lavais dans un petit lavabo. J’ai cru, au départ, que ce traitement avait fait rétrécir mon pantalon, mais ma bedaine avait pris des proportions que je ne pouvais ignorer (donc ça ne peut pas être un ver solitaire, simplement détention d'armes atomiques m'enfin les pustules c'est peut-être le scorbut ???).

Je me réveille, allongé près de mon sanibroyeur, le pantalon sur les jambes. Un trou béant dans le mur me fait découvrir les vestiges de mon magasin. Bonne nouvelle : je n’ai plus mal au ventre. Mauvaise nouvelle : tout le reste de mon corps me fait mal. Horriblement mal. Je dois avoir plusieurs membres cassés ou fêlés. Dieu peut-il être aussi cruel ?
Non. Garde confiance. Prie.
Dieu, je t’en supplie, délivre-moi du mal.

Il a dû m’entendre, car je vois à présent une silhouette se déplacer sur les gravas. Elle s’approche. Je constate alors que cette apparition divine n’est en réalité qu’un militaire. De l’autre camp.
Quand il me voit, son visage exprime le dégoût. Mais plus que la vision d’un homme blessé couvert de déjections, c’est l’odeur du sang mêlée à celle de la merde qui le révulse.

— Eh ! Sale porc ! Qui es-tu ? Que fais-tu là ?
— Moi, mon colon, celle que je préfère c’est celle de 14−18.
— Quoi ?
— Rien, la guerre, ça fait chier.
— C’est toi qui fais chier, bastard ! (on écrit pas bâtard normalement ? Bastard c’est l’insulte en anglais)
L’homme pose le canon de sa mitraillette sur ma tempe droite. Pour la deuxième fois de la journée, un trou de balle va me délivrer. (mouarfff )[/

Quelques humbles propositions mais pas grand chose. Le texte se lit aisément, et le ton sarcastique rajoute à l'effet. C'est très plaisant.
Toi tu as trouvé un moyen infaillible de me redonner le sourire. La dernière phrase clos un bon moment de lecture pour moi.

Merci de ta lecture et de tes remarques, kat

se lover n'a pas assez de force pour moi, entourer n'est pas génial , je crois que je vais mettre enserrant.

Sinon, content de te faire rire. L'horreur est propice à l'humour car le rire permet d'évacuer l'angoisse ou le malaise.