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Je suis devenu tout le monde

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Message  lu-k Lun 4 Mai 2009 - 17:23

- Petites berges où s’écoulaient la honte, mon père, et le troupeau m’a pris sans que je ne le visse arriver. J’étais pourtant sur le côté, pas l’ombre d’un doute, et c’est arrivé d’un coup, comme une grosse vague qui ravage tout sur son passage. J’ai tenté de me cacher, j’ai dialogué avec l’instinct de survie pendant un long moment, mais il y a de ces fois où la fatigue vous happe, n’importe quand n’importe où et sans prévenir. Mes membres sont devenus mous comme de la mousse verte, la même que j’aime beaucoup ramasser les matins d’hiver dans la forêt à côté de chez moi car la rosée s’y dépose en fines lamelles claires et douces, et du même coup mon esprit est devenu caoutchouc. Plus bouger, plus réfléchir, penser à la chute, qu’on s’est toujours demandé si elle sera lente ou rapide, blanche ou noire, et regarder le vide s’offrir à notre crâne inepte.

- Tu fais bien de te confesser, oui mon fils, par mes oreilles Jésus se glisse et écoute tes péchés. Continue ton histoire, n’omets aucun détail, les vitraux de l’église, saint nid de la Foi en lequel je repose moi-même mes jours et mes nuits, ont été par trop de fois salis par l’absurde méfiance qu’ont les pécheurs à l’égard des esgourdes de Dieu et qui, avares, ne disent que ce qu’ils veulent entendre eux-mêmes.

- Soit, brave père, vieux sûrement mais sage sans doutes, je continue. La vague est arrivée, j’ai senti son souffle chaud caresser mes lèvres tremblantes, ça n’a duré qu’une seconde, et elle m’a pris furieusement, tel le vil voleur arrachant le bébé aux draps de son berceau pour lui ronger la peau pore après pore ! Je me suis cru invulnérable, incrusté comme je l’étais en mes petits jours solitaires où seul quelque sentiment confus venait me gêner parfois, un de ces remords subtils provoquant l’âme tranquille. Vous savez, j’ai toujours aimé être à l’abri de tout ; petit déjà je m’enfermais dans ma chambre pour méditer sur la raison qui flamboie, s’exile, et non pas pour exécuter quelque fantasme horrible en l’absence de compagne et auquel j’ai vu souvent s’adonner mon pauvre frère – paix à son âme défunte. Mais revenons-en à mes péchés, mon père, et je prie que vos paroles soient baignées par l’indulgence de Dieu, car faire partie de cette vague est pire que tout, je vous en conjure.

- Oui oui, mon fils, mais précise-moi donc la nature de cette vague ! Dieu s’impatiente, et mon dos n’est plus habitué aux rudes murs du confessionnal – peu de visiteurs, ces temps-ci, et pourtant des infamies toujours plus nombreuses transpercent le monde.

- Ah, mon père, c’est que ce n’est pas facile ! Si je vous dis, en toute bonne foi, conscient de moi et des autres en mon âge de cinquante-quatre ans, ayant foulé une grande partie de mes terres intérieures, ayant fait basculer mon âme forte du haut des montagnes, les mains broyées de honte, l’amour faisant scandale en mon cœur perdu ou en mes yeux émerveillés… ah, il y avait un temps où je pouvais parler de moi sans tous ces prémices inutiles ! Bon dieu !

- Pas de blasphème, surtout dans un lieu sacré, voyons !

- Oui, excusez-moi mon père. Il y a des instants où la foi m’échappe, j’en ai peur, comme l’eau de source glisse souvent entre les doigts impulsifs. Vous savez, j’en ai bâti des édifices : certains se sont écroulés, d’autres non. J’ai fait d’un sourire à la mort une révérence à la vie, et je ne compte plus combien de fois j’ai pu me relever, à moitié mort, de ces lits d’infortune… j’ai des convictions, mon père, j’en ai toujours eu, et aucune d’elle n’est jamais tombée vous savez, car je suis homme de foi, évidemment, mais aussi parce que je suis homme de cœur, et que toutes les choses importantes je les laisse intactes, protégées en mon sein par divers principes ! Je me suis ancré à la plus belle des étoiles pour me jurer de ne jamais m’en séparer, de ne jamais lui faire naufrage ; elle est morte doucement et depuis je ne me suis lié avec personne d’autre, et sa tombe est sous mes yeux chaque matin depuis bientôt treize ans. Enfant, les autres m’empoisonnaient déjà, et j’ai juré depuis ce temps de vivre en solitaire, car je savais qu'en mon essence je n’avais besoin de personne d’autre que de moi-même. J’en ai passé des jours à souffrir de ma différence, des nuits à pleurer longuement sur ma folle raison qui accablait mes frères – bénis ton prochain, dit Dieu ! – pourtant si doux avec moi. Mais jamais je ne l’ai quitté, cet isolement volontaire, ces rives aux langues âpres qui me tuaient parfois en langueurs fleuris, car même si le mal me mangeait souvent de ne pas prendre part aux choses du monde, c’était une conviction, une décision que je savais juste et véritable, à l’inverse de ces ressentis puérils et visqueux qui s’insinuent en l’être pour le faire vivre au-dedans d’une musique complaisante, mais illusoire. Et c’est là que nous en venons à notre affaire, mon père, à ce qui est pour moi la grande faute, le plus grand péché, car il est commis non seulement envers Dieu devant qui j’ai juré, mais surtout envers mon moi véritable.
Dans la rue, l’autre jour, la vague, le troupeau, appelez ça comme vous voulez, est venu me prendre de sa main méchante, et je vis à présent en contradiction avec moi-même, raisin conforme et sans saveur sur la grande grappe du monde.
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Message  B. Lun 4 Mai 2009 - 19:27

Il est trop tard pour que je lance une correction, mais ton texte contient quelques fautes d'orthographe, pas beaucoup.
Ensuite, le thème est intéressant, le vieil homme solitaire qui est noyé par la foule, mais je dois t'avouer que je n'ai pas vraiment compris la chute. Une phrase ne suffit pas ici à expliquer la chose. Ou je dois être très fatiguée, ou tu n'as pas assez développé la chute.
Sinon, tu écris bien, de bons mots, mais des phrases un peut trop longues. Dans une narration tu peux te permettre de telles digressions, mais je vois mal quelqu'un se confesser en assommant le curé avec de telles phrases, surtout que ton prêtre m'a l'air bien fatigué lui aussi...
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B.
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Message  Pacô Ven 8 Mai 2009 - 10:57

lu-k a écrit:- Petites berges où s’écoulaient (là j'avoue ne pas savoir... peut être que je ne comprends pas ta phrase non plus. "s'écoulaient" ou "s'écoulait".En fait tout dépend de ce qui s'écoule. Juste la honte? Ou la honte, ton père et le troupeau ?) la honte, mon père, et le troupeau m’a pris (je ne suis pas sûr que "prendre" soit le verbe le mieux adapté... "entraîné") sans que je ne le visse arriver. J’étais pourtant sur le côté, pas l’ombre d’un doute, et c’est arrivé d’un coup, comme une grosse vague qui ravage tout sur son passage. J’ai tenté de me cacher, j’ai dialogué avec l’instinct de survie (tiens j'aime bien cette image) pendant un long moment, mais il y a de ces fois où la fatigue vous happe, n’importe quand, n’importe où et sans prévenir. Mes membres sont devenus mous comme de la mousse verte, la même que j’aime beaucoup ramasser les matins d’hiver dans la forêt à côté de chez moi car la rosée s’y dépose en fines lamelles claires et douces, et du même coup (répétition) mon esprit est devenu caoutchouteux (ou "en caoutchouc"). Ne plus bouger (sinon on comprend dans le sens "+"), plus réfléchir, penser à la chute, qu’on s’est toujours demandé si elle sera lente ou rapide ("dont on s'est toujours demandé si elle sera... etc), blanche ou noire (une chute blanche ou noire?), et regarder le vide s’offrir à notre crâne inepte.

- Tu fais bien de te confesser, oui mon fils, par mes oreilles, Jésus se glisse et écoute tes péchés. Continue ton histoire, n’omets aucun détail, les vitraux de l’église, saint nid de la Foi en lequel je repose moi-même mes jours et mes nuits, ont été par trop de fois salis par l’absurde méfiance qu’ont les pécheurs à l’égard des esgourdes de Dieu et qui, avares, ne disent que ce qu’ils veulent entendre eux-mêmes.

- Soit, brave père, vieux sûrement mais sage sans doutes, je continue. La vague est arrivée, j’ai senti son souffle chaud caresser mes lèvres tremblantes, ça n’a duré qu’une seconde, et elle m’a pris furieusement, tel le vil voleur arrachant le bébé aux draps de son berceau pour lui ronger la peau pore après pore ! Je me suis cru invulnérable, incrusté comme je l’étais en mes petits jours solitaires où seul quelque sentiment confus venait me gêner parfois, un de ces remords subtils provoquant l’âme tranquille. Vous savez, j’ai toujours aimé être à l’abri de tout ; petit déjà je m’enfermais dans ma chambre pour méditer sur la raison qui flamboie, s’exile, et non pas pour exécuter quelque fantasme horrible en l’absence de compagne et auquel j’ai vu souvent s’adonner mon pauvre frère – paix à son âme défunte. Mais revenons-en à mes péchés, mon père, et je prie que vos paroles soient baignées par l’indulgence de Dieu, car faire partie de cette vague est pire que tout, je vous en conjure.

- Oui oui, mon fils, mais précise-moi donc la nature de cette vague ! Dieu s’impatiente, et mon dos n’est plus habitué aux rudes murs du confessionnal – (un tiret dans un dialogue... ça fait bizarre: peut être remplacé par "qui ne reçoit que" bien que j'évite ce genre de procédé) peu de visiteurs, ces temps-ci, et pourtant des infamies toujours plus nombreuses transpercent le monde.

- Ah, mon père, c’est que ce n’est pas facile ! Si je vous dis, en toute bonne foi, conscient de moi et des autres en mon âge de cinquante-quatre ans, ayant foulé une grande partie de mes terres intérieures, ayant fait basculer mon âme forte du haut des montagnes, les mains broyées de honte, l’amour faisant scandale en mon cœur perdu ou en mes yeux émerveillés… ah, il y avait un temps où je pouvais parler de moi sans tous ces prémices inutiles ! Bon dieu !

- Pas de blasphème, surtout dans un lieu sacré, voyons !

- Oui, excusez-moi mon père. Il y a des instants où la foi m’échappe, j’en ai peur, comme l’eau de source glisse souvent entre les doigts impulsifs. Vous savez, j’en ai bâti des édifices : certains se sont écroulés, d’autres non. J’ai fait d’un sourire à la mort une révérence à la vie, et je ne compte plus combien de fois j’ai pu me relever, à moitié mort, de ces lits d’infortune… j’ai des convictions, mon père, j’en ai toujours eu, et aucune d’elle n’est jamais tombée vous savez, car je suis homme de foi, évidemment, mais aussi parce que je suis homme de cœur, et que toutes les choses importantes je les laisse intactes, protégées en mon sein par divers principes. (pourquoi un "!"?) Je me suis ancré à la plus belle des étoiles pour me jurer de ne jamais m’en séparer, de ne jamais lui faire naufrage ; elle est morte doucement et depuis je ne me suis lié avec personne d’autre, et sa tombe est sous mes yeux chaque matin depuis bientôt treize ans. Enfant, les autres m’empoisonnaient déjà, et j’ai juré (répétition.=> "promis" "faire le serment" etc... Vu ton niveau de vocabulaire, tu n'auras sans doute aucun mal à trouver un synonyme. Mais tu peux aussi conserver celui-là et changé le "jurer" d'au-dessus.) depuis ce temps de vivre en solitaire, car je savais qu'en mon essence je n’avais besoin de personne d’autre que de moi-même. J’en ai passé des jours à souffrir de ma différence, des nuits à pleurer longuement sur ma folle raison qui accablait mes frères – bénis ton prochain, dit Dieu ! – pourtant si doux avec moi. Mais jamais je ne l’ai quitté, cet isolement volontaire, ces rives aux langues âpres qui me tuaient parfois en langueurs fleuris, car même si le mal me mangeait souvent de ne pas prendre part aux choses du monde, c’était une conviction, une décision que je savais juste et véritable, à l’inverse de ces ressentis puérils et visqueux qui s’insinuent en l’être pour le faire vivre au-dedans d’une musique complaisante, mais illusoire. Et c’est là que nous en venons à notre affaire, mon père, à ce qui est pour moi la grande faute, le plus grand péché, car il est commis non seulement envers Dieu devant qui j’ai juré, mais surtout envers mon moi véritable.
Dans la rue, l’autre jour, la vague, le troupeau, appelez ça comme vous voulez, est venu me prendre de sa main méchante, et je vis à présent en contradiction avec moi-même, raisin conforme et sans saveur sur la grande grappe du monde.

Ce n'est pas fini hein? Shocked
Comme je l'ai déjà souligné dans mes commentaires, tu as un vocabulaire très riche et un style parfois un peu ampoulé mais que tu emploies avec habileté (preuve d'une maitrise excellente).
D'ailleurs, vers la fin, j'ai cessé de reprendre tes tournures parce que je me suis dit, qu'après tout, c'était un style très imagé qui faisait naître beaucoup de figures de style.
Ton personnage qui se confesse a une élocution hors du commun. Au préalable, je voulais te reprendre sur le fait que tu n'utilises aucune proposition incise dans ton dialogue. Mais après relecture, je me dis que ce ne serait qu'un simple petit luxe qui pourrait même jusqu'à aller alourdir la fluidité du passage.

En résumé, j'ai donc particulièrement aimé ce début.Et on voudrait bien savoir ce qu'est cette vague, ce troupeau, qui a embarqué ce pieux personnage dans le pire des péchés...
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Message  lu-k Dim 10 Mai 2009 - 10:08

Merci pour vos commentaires.
Je me tâte encore quant à savoir si ce texte constitue un prologue ou non. Peut-être qu'il s'arrêtera là, que je ne le continuerai pas... car, d'un côté, la chute ainsi faite me paraît plus brutale, suggestive, intéressante, que si elle avait été développée plus longuement ou que si elle avait constitué une simple amorce.
Quant aux phrases que tu juges trop longues, Barbara, c'est un style emphatique tout à fait volontaire, et qui en aucun cas n'est voué à refléter une quelconque réalité.
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Message  Pacô Dim 10 Mai 2009 - 10:16

Hum... si tu ne continues pas, on en reste sur sa faim. Parce que le lecteur aimerait savoir ce qu'est cette vague, ce troupeau, qui l'emporte... L'imagination peut être débordante, mais une réelle définition ne ferait pas de mal Smile.

Sinon, aussi, je t'autorise (j'avais oublié de le préciser la dernière fois) à publier sur le Publicator: http://imperialdream.free.fr/publicator
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