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Carnet de sève

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Message  lu-k Dim 13 Sep 2009 - 10:12

13 Décembre - Passe une bonne journée, ma douce. Sache qu'ici, il y a du raisin, du noir, et du bon ! A chaque fois que les lèvres atteignent sa peau lisse et noire, craquante sous la dent, et que le jus dévale la gorge sèche, c'est un goût sucré que l'on voudrait garder toute la vie.
Les terres sont grises partout alentour ; le sable (et quel sable ! il est fabuleux, celui-ci, n'en doute pas, avec ses larmes fauves et ses regards crispés !) semble s'incruster partout, même dans la bouche des gens quand ils l'ouvrent pour parler, ramper secrètement vers les façades des maisons, comme pour se les approprier, et même rire, parfois ; les oiseaux, aussi ! je n'aurais jamais cru qu'il puisse y en avoir autant, et surtout jamais le plus improbable de mes rêves ne m'a fait imaginé des ailes si bleues, si longues, si gracieuses que le vent paraît lourd, malhabile et bruyant à côté d'elles ; les arbres, Ô les arbres, si tu voyais avec quelle splendeur ils s'habillent au petit matin, alors que moi je suis encore nu, les paupières à demi fermées, prêt à me rendormir, et qu'ils s'éveillent déjà tout d'or et de tristesse (ou peut-être ne dorment-ils pas et grandissent l'ombre de leur beauté nocturne ?), me révélant le monde de leurs fières branches ; il y a bien aussi le temps qui, là où je suis, devient caresse, pose une paume rassurante sur les crânes inquiets, et accélère, ralentit, selon nos beaux désirs, offre le sursis et dissimule l'angoisse... mais les terres sont grises partout alentour et un liquide noirâtre, mystérieux, mord parfois ma jambe, toujours la droite, au même endroit, les nuits de pleine lune, et j'essaie depuis plus d'un mois de découvrir la nature de cette chose.


15 Décembre - Les jours sont tristes et longs et fades et semblables aux nuits. Parfois, aux heures où le soleil crépite comme un dard sur ma peau gelée, j'affermis ma vision en plissant les paupières, et je défie l'attente du soir, ce long soir cruel avec sa faux de bronze, m'amenant dans un monde au-delà de toute terre, de toute saveur et de tout bruit. Seul le cor de ton souvenir sonne parfois à mes oreilles et me fait oublier quelques instants le désir du sommeil... et je ferme alors les yeux, inconsciemment, tout en pensant à toi.


18 Décembre - Etonnamment, je me suis levé du bon pied ce matin ! Dehors, cela rayonne déjà, et le liquide noir n'est même pas venu, hier soir, dans mon lit, pour glisser sous mes draps et mordre ma jambe ! Je crois que je commence peu à peu à reprendre le sens des réalités. Il est vrai que tout est distordu, par ici... il faut garder les yeux ouverts avec des épingles et penser à guérir, seulement, sans se poser de questions.
Tes ongles passionnées me lacèrent encore le dos en rêve ; la matinée d'automne où je t'ai quittée continue de faire frémir mes membres ! Je pense à toi très fort et je suis là où je suis seulement pour toi, pour pouvoir entr'apercevoir de nouveau tes yeux d'amazone dans mon demi-sommeil, la lune mansardée mouillant ton regard d'une vibrante lumière...
Je t'ai écrit un poème pour te prouver que je ne t'oublie pas :


Au loin les hallalis, ces beaux matins trempés
Dans la fuite du soir, ont le gris de tes larmes.
Le ciel lance sur toi ses vagues de baisers
Et sous tes frêles bras ne rutile aucune arme.

La pluie est un faucon aux ailes de l'espoir
Qui vole doucement, chavire les méandres
De tes folles pensées. La vie a le doux noir
Du souvenir aimé quand la bruine est de cendres.

Je vois tes yeux guettant le coucher du soleil
Je vois tes peurs bleuies par les brumes d'hiver
Je sens le désir triste à tes hanches vermeilles
Tu pleures dans l'obscur mais ton âme est de verre.

Quand ta beauté se penche au-dessus des grands bois,
Quand le silence des feuilles crie sous tes mains,
C'est bien l'aube de miel où toujours tu te noies,
Où tu noies les non-dits d'encor d'autres matins.

Le nuit te paraît longue et le jour en airain
Plus pâle que l'ennui. Aux rives du bonheur
C'est le mal et le sang qui tous deux t'ont étreint.
Aux rives de l'amour luit la peine du coeur.

Ma poitrine respire à l'ombre de la tienne
Ma poitrine jamais n'a respiré tant d'ombre
L'ombre de tes envies s'en va avec la mienne
Et j'écoute parfois l'air volatile et sombre

Eveillant un sanglot.



Quelle journée étrange ! Après t'avoir écrit ce matin, il a fallu que je sorte. Le vent était clair et le jour doux, la sérénité palpable. La ville s'étendait comme un fleuve. Des cascades de ruelles dégringolaient de la place principale et étaient comme des rides lancées à la mer. L'église, au centre, était immense et belle : ses dômes pleuraient des lustres miroitants, des clochetons étaient suspendus par centaines et faisaient descendre les rêves... leur son, d'un gris limpide, nourrissait l'amertume, splendide et seule, et l'on voyait des hommes de toutes sortes se recueillir, en larmes, des couloirs sans fin menant à leurs erreurs recouvertes de draps. Puis, dehors, là où toutes les ruelles de la ville se rejoignent, c'était un festival jaune, tout en collines d'or ! Des rondes en safran tournoyaient sur la voûte céleste et sur ses pendentifs, et le ciel était proche, tout proche ! On pouvait même voir, par la petite fenêtre aux galbes en forme d'espoir, située tout en haut du beffroi de diamants, resplendir l'aurore blanche et ses paumes luisantes recouvrir les visages de sourires.
Les gens parlaient tous ensemble, heureux comme je l'étais moi-même, illuminés par la ville (que je n'avais jamais vue auparavant). Décidément, chaque jour est une surprise !
Au hasard de mes pas, empruntant un sentier où gémissaient plein de mondes sensibles et miniatures, j'arrivai à un petit pont rouge qui enjambait une rivière. Sur la rive d'en face, de noires gondoles restaient immobiles, à la surface de l'eau. J'entrai dans une forêt qui sentait bon la neige et le mystère. Je me mis à penser à nos longues promenades près de la maison de tes parents : se souvenir fait du bien au cœur !
Tout à coup, mes pensées s'éteignirent. Un murmure haleta, vivace, puis se perdit dans le lointain. Tout sembla agoniser alentour : la honte s'écoulait des berges, la mousse (que nous aimions beaucoup ramasser les matins d'hiver, rappelle-toi, car la rosée s'y dépose en fines lamelles claires et douces !) blêmissait, et, le plus étrange, le sol était comme translucide ! Les rayons de soleil blancs ne transperçaient plus la canopée et je crus voir deux pupilles m'observer, tapies dans un coin sombre... je commençais à avoir peur. Quel était cet endroit et pourquoi y étais-je ? La nuit tomba d'un coup, comme un voile de pudeur. Ton visage était partout, enflammé ; une forêt de cent mille arbres où chacun porterait sur chacune des feuilles de chacune des branches le feu follet de ma perte. Je mis mes mains à ma bouche afin de retenir ma voix.
Je finis par crier. Le silence fut mis à mort. J'entendis un tremblement, venu des plus profondes profondeurs du sol, là où l'air est chaud et l'œil incapable. Une lumière jaillit, comme une réponse, vacarme embué de pluie. Des raies multicolores se détachèrent du sol et de grands monts pâlir au loin, touchant l'horizon et se muant en traits fins et noirs. Des chants mauvais s'élevèrent plus haut que les toitures du ciel.
Ton visage riait en me regardant souffrir...

Et je me réveillai, dans ma chambre.


22 Décembre - Je t'aime. Dans combien de temps te reverrai-je ?
Mon père est venu me parler en rêve. En ouvrant les yeux, je me rappelais de ses mots avec précision ; je me suis empressé de les marquer sur une feuille blanche :

Dors, comme moi. J'ai joué de la harpe en des terres brûlées de vide. Quand l'enfant m'a chuchoté que j'avais extrait la balle de son cœur, j'ai entendu ma plus belle note. J'ai perdu toutes les couleurs de l'ange et de l'avidité ; un fleuve entier est né de mes pertes. J'ai l'âme rouge de sang et les mains pleines de honte. Sous le Pausilippe, j'ai crié mes malheurs. Je me suis enduit de peines et de terreurs. Je me suis assis, ai dormi un peu. A mon réveil à l'aube, je n'ai pas vu le soleil ; seule l'odeur m'a permis de reconnaître le matin. J'ai craché et vomi, j'ai donné de violents coups aux feuilles mortes, pour ne pas blesser les vivantes. Une racine m'a pris le pied, les lauriers se sont hâtés, je fus entouré de biches, et de peu la mélancolie me manqua. Regarde donc le rêve comme un oiseau de tempête ; détourne-toi de la femme aux ailes découvrant l'objet noir de ta tourmente, et avance vers l'enchantement du deuil.

Je lui ai répondu : "Tu es fou - je n'en ai pas la force".


30 Décembre - J'ai de plus en plus de mal à t'écrire. Quand mes doigts se referment sur la plume, une étrange douleur survient. J'ai peur de sortir de ma chambre. J'ai six nouvelles blessures à la jambe droite.


31 Décembre - A travers la fenêtre, le soleil n'est plus divinement rouge pourpre, il a pris la couleur des vieux papiers que l'on jette aux braises : livide et jaune et morne comme la déliquescence. Je n'ai plus d'armure blanche contre le délire de la convoitise... je te désire ardemment, sans arrêt. La vie se pare d'un manteau de mistral, volé à je ne sais quelle rafale du haut de je ne sais quelle tour d'espoir, et j'ai froid. La crainte pernicieuse se glisse dans les yeux et je crois la voir apparaître à travers tout roseau... une sangsue !
Je suis sorti une fois, ces quatre derniers jours, me réveillant à trois heures du matin. Dehors, les créneaux des chairs brillaient comme des lucioles, lanternes perdues dans la marée noire du ciel de la nuit, sentinelles des cieux et de l'éclatante lune pâle, bondissant comme des alevins dorés dans un lac insondable et sinistre.


1er Janvier - L'heure des déroutes.


25 Janvier - Cela fait bientôt un mois que j'attends des réponses à mes dernières lettres. M'aurais-tu oublié ? N'es-tu plus ma douce ?
Je crois perdre la tête. Je ne puis vraiment plus sortir, tout cela me fait trop peur ! Par ma fenêtre, il y a des landes mortes à perte de vue. Ton souvenir m'empale toujours de ses lames torrides... je ne fais rien de mes journées à part manger du raisin et penser à toi.
Te rappelles-tu de nos journées à la mer ? Les crabes aux pinces timides grimpaient sur nos fesses, et nous nous taisions, tranquilles, les pêcheurs pêchant, les rochers gueulant leurs pointes hérissées. Le vent transportait maintes épices, douces et acides, qui piquaient le nez, faisaient rougir les yeux, mais dont on ne voulait se défaire, car elles sentaient bon la chaleur, le pain perdu et le sable fin. Je me logeais, content, en boule, près de ta petite âme qui chantait tout bas, et tu t’étais glissée, tranquille, protégée et souriante, sous mon bras posé sur tes épaules bien faites. Parfois, alors que nous regardions les vieilles personnes lassées de la vie qui court pour n'arriver nulle part, tu me disais que rien ne nous séparerait de l'existence que nous menions. Tu m'embrassais, les yeux tantôt rieurs, tantôt timides, et les fossettes heureuses qui naissaient de tes joues étaient comme mille petits aiguillons de soleil n'atteignant que moi. Puis nous nous disions bonjour au déclin de la nuit passée à ne pas dormir.
Le plus dur est peut-être de dormir sans toi. Mon lit est un coucher glacé où les laits maternels sont froids et rudes, où les craintes de l'enfance reparaissent, et où le beau mal, défendu, se promène lassé pour laisser sa trace pénétrante qui obscurcit de remords tardifs l'âme timorée. Il y a un petit nuage rose, un nid d'argent, refuge de tous les flambeaux de nos histoires mortes, s'éteignant comme le cri venant des lèvres et sur lesquelles un doigt se pose. Ma raison est furtive et ne se love plus nulle part, glacée et tremblante, fluide folie que l'on croit peinte en or et qui grimace aux beaux matins d'hiver, ces lisses et tendres visages d'enfants. Des alvéoles tendent des fils de la mort et la raison emmène ses lierres vers d'autres murs, moins ébranlés.
Rester enfermé toute la journée est dur ; quand je m'étire, je rencontre le froid d'un huis clos, les serpents venimeux d'une cellule. Je rampe, je hurle sans voix car personne ne peut m'entendre.
J'entrevois encore ton visage malicieux, beau et rond, que je croquais à pleines dents, et qui aujourd'hui m'est inaccessible, tout comme les cliniques vertueuses de la liberté et du dehors.
A travers les barreaux, mon manque a la saveur d'un cri d'amour.

J'aimerais tellement que tu me répondes.


27 Janvier - Pourquoi les azurs sont tristes et bégaient ? J'attends toujours une réponse... une seule. Explique-moi au moins ce qu'il se passe. Les azurs seraient-ils des anomalies, comme tes baisers ? Ou comme la caresse, belle et seule, du tussor sur la joue ? Les azurs sont des feux improbables qui sanglotent et suffoquent. Pourtant, il y avait bien, sous la terre sanglante, sous les mille sangs opaques, sous les sombres et lourdes et moroses vagues, les châteaux flamboyants des jours d'avant les jours.
Désolé de m'exprimer ainsi. Tes mots ne semblent n'avoir jamais été là pour me rassurer.


28 Janvier - La fougue valse dans sa plaine aride ; elle délire, animée de néants et de flots en silice, déploie son ample et vierge voilure et va, flottant au gré du chatoiement des sens.


7 Mars - J'ai osé sortir. Je sais que tu ne vas pas me répondre. J'écris pour moi-même et pour ton souvenir.
J'ai osé sortir. J'ai vu les Hommes, errants et spectraux, pleins d'écornures, de brèches trop profondes ; j'ai vu les Hommes, et leur éclat d'amour, crier avec leurs langues toutes tordues de honte ; j'ai vu les songes accrochés à leurs jambes, à leurs mains, à leurs ventres, à leurs oreilles, à leurs yeux ; j'ai vu la maladie ronfler au fond de leurs entrailles et les faire grelotter ; j'ai vu l'écharde dans leur dos trempé : elle est habile, elle veut vivre et ramper sous leurs peaux comme un ongle avalé, elle veut fumer leur angoisse pour la recracher grandie et encore plus lugubre ; j'ai vu les tragédies de mon âme et les leurs qui déjà s'estompent, j'ai vu les palais noirâtres de mon cœur et j'ai vu aussi les leurs s'entrebâiller sur le repos éternel. J'ai voulu chanter leur perte en même temps que la mienne, clamer ton orage m'ayant tendu une main abîmée, aux lignes fatiguées et couvertes de sang.
Je suis allé au petit pont rouge. La rivière entrelaçait ses ombres. Les aubépines n'avaient de fleurs blanches que de funestes dards. J'ai entendu le son du saxophone qui s'essouffle, coupé dans son rugissement mordoré (un brun triste qui suffoque mais ne veut pas mourir ; un doré qui monte aussi haut et vole aussi vite que les grands oiseaux aux plumes bleues), empli de lamentations et de spasmes fugaces voguant sur le bateau de la nuit, et qui contemple les yeux du frisson, les yeux de l'homme perdus comme des tombeaux dans un champ d'iris et de peurs, les yeux de l'existence qui s'amassent et déploient leurs cils noirs sur la mélodie affamée, languissante. J'étais alors en osmose avec les pertes de chacun, celles oubliées au détour de la route broussailleuse, celles échappées d'une poche en velours et venues s'étendre dans les grands champs fangeux. La musique persistait, sournoise.
Des membres égratignés se traînaient sur le flanc de la montagne ; des pupilles silencieuses s'abreuvaient de la chaleur de l'angoisse ; des visages sans bouche n'arrêtaient pas de rire, gisants çà et là, en travers du sol, sculptures figées comme le cri indélébile du chat transpercé entre les deux yeux, ou comme la blessure délicate atteignant le cœur de l'inconnu. L'endroit où se rejoignaient mes lèvres fut alors coupé avec précision afin que les étoiles, dans le bois aux murmures où les corps meurtris rampent jusqu'au petit matin, s'éveillent à travers les arbres et glapissent la plus belle des douleurs : celle de la solitude, glissant sur les souhaits avec la facilité du remords.
Sous la fontaine venant du ciel je suis allé tendre mes bras et hurler la grande engelure, au sommet où la lanterne, pétrifiée, clignote. Je suis allé là-haut, paré de mes habits qui n'ont pas de couleur, et me suis étranglé, toujours regardant le ciel tout proche, mes entrailles inutiles voulant bondir hors de moi, heureuses et libres. Alors seulement, le ventre collé à la neige secrète, je suis devenu le clandestin sous les flocons épais, et tout a été percé par la compréhension, comme le drap aimable découvrant le corps cambré d'une femme.

Ma folie cadenassée, ton cadavre était là. Les yeux gorgés d'encre et de passion, je l'ai pris dans mes bras : il était léger comme le soleil d'une peur.
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Message  MrSonge Sam 19 Sep 2009 - 14:17

Je l'ai lu en entier, d'une traite, mais je préfère mettre mes observations en plusieurs partie, histoire que tu puisses réagir à chaque fois. ^^
Franchement, j'ai pas grand chose à dire, à part que j'aime, ces longues phrases souples qui se tordent et s'enlacent, c'est vraiment très beau.

13 Décembre - Passe une bonne journée, ma douce. Sache qu'ici, il y a du raisin, du noir, et du bon ! A chaque fois que les lèvres atteignent sa peau lisse et noire, craquante sous la dent, et que le jus dévale la gorge sèche, c'est un goût sucré que l'on voudrait garder toute la vie.
Les terres sont grises partout alentour ; le sable (et quel sable ! il est fabuleux, celui-ci, n'en doute pas, avec ses larmes fauves et ses regards crispés !) semble s'incruster partout, même dans la bouche des gens quand ils l'ouvrent pour parler, ramper secrètement vers les façades des maisons, comme pour se les approprier, et même rire, parfois ; les oiseaux, aussi ! je n'aurais jamais cru qu'il puisse y en avoir autant, et surtout jamais le plus improbable de mes rêves ne m'a fait imaginer des ailes si bleues, si longues, si gracieuses que le vent paraît lourd, malhabile et bruyant à côté d'elles (ici j'aurais mis "à côté d'elles" juste après le "que") ; les arbres, Ô (le vocatif, vraiment ?) les arbres, si tu voyais avec quelle splendeur ils s'habillent au petit matin, alors que moi je suis encore nu, les paupières à demi fermées, prêt à me rendormir, et qu'ils s'éveillent déjà tout d'or et de tristesse (ou ("mais" irait aussi) peut-être ne dorment-ils pas et grandissent l'ombre de leur beauté nocturne ?), me révélant le monde de leurs fières branches ; il y a bien aussi le temps qui, là où je suis, devient caresse, pose une paume rassurante sur les crânes inquiets, et accélère, ralentit, selon nos beaux désirs, offre le sursis et dissimule l'angoisse... mais les terres sont grises partout alentour et un liquide noirâtre, mystérieux, mord parfois ma jambe, toujours la droite, au même endroit, les nuits de pleine lune, et j'essaie depuis plus d'un mois de découvrir la nature de cette chose.


15 Décembre - Les jours sont tristes et longs et fades et semblables aux nuits. Parfois, aux heures où le soleil crépite comme un dard (je vois mal un dard crépiter, j'avoue ^^) sur ma peau gelée, j'affermis ma vision en plissant les paupières, et je défie l'attente du soir, ce long soir cruel avec sa faux de bronze, m'amenant dans un monde au-delà de toute terre, de toute saveur et de tout bruit. Seul le cor de ton souvenir sonne parfois à mes oreilles et me fait oublier quelques instants le désir du sommeil... et je ferme alors les yeux, inconsciemment, (tout) en pensant à toi.
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Message  MrSonge Mar 22 Sep 2009 - 16:55

J'ai tout relu, et heu franchement, inutile que je commente parce que je n'ai rien à dire... Razz

Mention spéciale pour le paragraphe du 7 Mars. I love you
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Message  lu-k Mar 22 Sep 2009 - 18:51

Merci beaucoup MrSonge, ça me fait plaisir.
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Message  MrSonge Mar 22 Sep 2009 - 18:54

Mais de rien.
Le seul point faible que je pourrais souligner, histoire de faire mon chieur ^^, c'est peut-être l'opacité un peu forcée de quelques bref passages ("Dehors, les créneaux des chairs brillaient comme des lucioles, lanternes perdues dans la marée noire du ciel de la nuit, sentinelles des cieux et de l'éclatante lune pâle, bondissant comme des alevins dorés dans un lac insondable et sinistre."), mais sincèrement, sinon, je vois vraiment pas... Je me répète et c'est pas très constructif, mais j'aime. Very Happy

(Par ailleurs, j'y pense, si je ne commente pas systématique tous tes poèmes ce n'est pas par dédain ou même mépris, c'est simplement que, comme ici, la plupart du temps, ben je ne vois pas quoi dire, si ce n'est un "j'aime" assez peu constructif et un peu répétitif. ^^)
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Message  Pacô Dim 11 Oct 2009 - 20:28

Je n'en corrige qu'une partie, je verrais la suite plus tard. Je suis malheureusement un peu pressé, mais je m'en voulais de toujours pas avoir jeté un coup d'oeil sur ta nouvelle.

lu-k a écrit:13 Décembre - Passe une bonne journée, ma douce. Sache qu'ici, il y a du raisin, du noir, et du bon ! A chaque fois que les lèvres atteignent sa peau lisse et noire, craquante sous la dent, et que le jus dévale la gorge sèche, c'est un goût sucré que l'on voudrait garder toute la vie.
Les terres sont grises partout alentour ; le sable (et quel sable ! il est fabuleux, celui-ci, n'en doute pas, avec ses larmes fauves et ses regards crispés !) semble s'incruster partout, même dans la bouche des gens quand ils l'ouvrent pour parler, ramper secrètement vers les façades des maisons, comme pour se les approprier, et même rire, parfois ; les oiseaux, aussi ! je n'aurais jamais cru qu'il puisse y en avoir autant, et surtout jamais le plus improbable de mes rêves ne m'a fait imaginer des ailes si bleues, si longues, si gracieuses que le vent paraît lourd, malhabile et bruyant à côté d'elles ; les arbres, Ô les arbres, si tu voyais avec quelle splendeur ils s'habillent au petit matin, alors que moi je suis encore nu, les paupières à demi fermées, prêt à me rendormir, et qu'ils s'éveillent déjà tout d'or et de tristesse (ou peut-être ne dorment-ils pas et grandissent l'ombre de leur beauté nocturne ?), me révélant le monde de leurs fières branches ; il y a bien aussi le temps qui, là où je suis, devient caresse, pose une paume rassurante sur les crânes inquiets, et accélère, ralentit, selon nos beaux désirs, offre le sursis et dissimule l'angoisse... mais les terres sont grises partout alentour et un liquide noirâtre, mystérieux, mord parfois ma jambe, toujours la droite, au même endroit, les nuits de pleine lune, et j'essaie depuis plus d'un mois de découvrir la nature de cette chose (ce phénomène ... chose, ça casse un peu le rythme).


15 Décembre - Les jours sont tristes, longs, fades (oui les "et" rajoutent l'effet d'addition lourde mais ... mouais =/) et semblables aux nuits. Parfois, aux heures où le soleil crépite comme un dard sur ma peau gelée, j'affermis ma vision en plissant les paupières, et je défie l'attente du soir, ce long soir cruel avec sa faux de bronze, m'amenant dans un monde au-delà de toute terre, de toute saveur et de tout bruit. Seul le cor de ton souvenir sonne parfois à mes oreilles et me fait oublier quelques instants le désir du sommeil... et je ferme alors les yeux, inconsciemment, tout en pensant à toi.


18 Décembre - Étonnamment, je me suis levé du bon pied ce matin ! Dehors, cela rayonne déjà, et le liquide noir n'est même pas venu, hier soir, dans mon lit, pour glisser sous mes draps et mordre ma jambe ! Je crois que je commence peu à peu à reprendre le sens des réalités. Il est vrai que tout est distordu, par ici... il faut garder les yeux ouverts avec des épingles et penser à guérir, seulement, sans se poser de questions.
Tes ongles passionnées me lacèrent encore le dos en rêve ; la matinée d'automne où je t'ai quittée continue de faire frémir mes membres ! Je pense à toi très fort et je suis là où je suis seulement pour toi, pour pouvoir entr'apercevoir de nouveau tes yeux d'amazone dans mon demi-sommeil, la lune mansardée mouillant ton regard d'une vibrante lumière...

Très chouette passage du journal intime de ce malade.
L'amour et la nostalgie m'ont épris, je vis avec lui son élan d'amertume.
Et le style de tes phrases qui s'enlacent entre elles pour faire ressurgir la contemplation méditative du patient est extra.

Pour ce début, c'est plutôt sympa et l'emphase de tes phrases est moins présente: un vrai plus Carnet de sève Icon_wink.
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