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Les Contemplations, de Victor Hugo

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Les Contemplations, de Victor Hugo Empty Les Contemplations, de Victor Hugo

Message  MrSonge Dim 6 Déc 2009 - 11:29

J'ai remarqué depuis assez longtemps une certaine méconnaissance de l'oeuvre de Hugo qui subit visiblement le Purgatoire de sa gloire passée. Mais affirmer ne pas aimer Hugo, c'est faire fi des avis de Baudelaire, de Musset, de Rimbaud, de Verlaine, de Roland Barthes, de Valéry, de Théophile Gautier, de Gide, de Dumas, de Sartre, de Flaubert et j'en passe. Un homme qui aura été admiré par autant de génies peut-il vraiment être un poète et un écrivain médiocre ? Sincèrement j'en doute, et je vais essayer de vous en convaincre. ^^

Les Contemplations, de Victor Hugo 107808_2697039

Les Contemplations sont un recueil de 158 poèmes rassemblés en 6 livres que Victor Hugo a publié en 1856.

Il est souvent considéré comme le chef-d’œuvre lyrique de cet auteur. La plupart des poèmes ont été écrits entre 1841 et 1855. Mais les poèmes les plus anciens de ce recueil datent de 1834. Les Contemplations sont un recueil du souvenir, de l’amour, de la joie mais aussi de la mort, du deuil et même mystique.

Qu'est-ce que ces Contemplations ? « C'est l'existence humaine sortant de l'énigme du berceau et aboutissant à l'énigme du cercueil; c'est un esprit qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu au bord de l'infini ».
Le recueil des Contemplations rassemble des textes écrits par Hugo sur plus de vingt ans, et classés selon une chronologie fictive. De la célèbre Réponse à un acte d'accusation, où le poète pose en révolutionnaire de la langue, à Ce que dit la bouche d'ombre, inspiré de l'expérience du spiritisme, en passant par les poèmes sur la mort de sa fille Léopoldine, ce sont les mémoires d'une âme qui se dessinent en creux.
qui marche de lueur en lueur en laissant derrière lui la jeunesse, l'amour, l'illusion, le combat, le désespoir, et qui s'arrête éperdu au bord de l'infini ».
Le recueil des Contemplations rassemble des textes écrits par Hugo sur plus de vingt ans, et classés selon une chronologie fictive. De la célèbre Réponse à un acte d'accusation, où le poète pose en révolutionnaire de la langue, à Ce que dit la bouche d'ombre, inspiré de l'expérience du spiritisme, en passant par les poèmes sur la mort de sa fille Léopoldine, ce sont les mémoires d'une âme qui se dessinent en creux.
A travers la contemplation, Hugo médite sur la misère et la souffrance, la vanité des biens terrestres, le destin de l'homme, la fatalité, l'immortalité de l'âme, l'infini et le sens de l'univers. Approfondissant sa réflexion, il conclut, malgré des moments de doute, de révolte et de désespoir, à l'existence de Dieu. Réflexion métaphysique qui culmine dans le long poème "Magnitudo parvi".

Extraits :

LA COCCINELLE

Elle me dit: «Quelque chose
»Me tourmente.» Et j'aperçus
Son cou de neige, et dessus,
Un petit insecte rose.

J'aurais dû, -- mais, sage ou fou,
A seize ans, on est farouche, --
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l'insecte à son cou.

On eût dit un coquillage;
Dos rose et taché de noir.
Les fauvettes pour nous voir
Se penchaient dans le feuillage.

Sa bouche fraîche était là;
Je me courbai sur la belle,
Et je pris la coccinelle;
Mais le baiser s'envola.

«Fils, apprends comme on me nomme»,
Dit l'insecte du ciel bleu;
«Les bêtes sont au bon Dieu,
»Mais la bêtise est à l'homme.»

XXV

Je respire où tu palpites,
Tu sais; à quoi bon, hélas!
Rester là si tu me quittes,
Et vivre si tu t'en vas?

A quoi bon vivre, étant l'ombre
De cet ange qui s'enfuit!
A quoi bon, sous le ciel sombre,
N'être plus que de la nuit?

Je suis la fleur des murailles,
Dont avril est le seul bien.
Il suffit que tu t'en ailles
Pour qu'il ne reste plus rien.

Tu m'entoures d'auréoles;
Te voir est mon seul souci.
Il suffit que tu t'envoles
Pour que je m'envole aussi.

Si tu pars, mon front se penche;
Mon âme au ciel, son berceau,
Fuira, car dans ta main blanche
Tu tiens ce sauvage oiseau.

Que veux-tu que je devienne,
Si je n'entends plus ton pas?
Est-ce ta vie ou la mienne
Qui s'en va? Je ne sais pas.

Quand mon courage succombe,
J'en reprends dans ton coeur pur;
Je suis comme la colombe
Qui vient boire au lac d'azur.

L'amour fait comprendre à l'âme
L'univers, sombre et béni;
Et cette petite flamme
Seule éclaire l'infini.

Sans toi, toute la nature
N'est plus qu'un cachot fermé,
Où je vais à l'aventure,
Pâle et n'étant plus aimé.

Sans toi, tout s'effeuille et tombe;
L'ombre emplit mon noir sourcil;
Une fête est une tombe,
La patrie est un exil.

Je t'implore et te réclame;
Ne fuis pas loin de mes maux,
O fauvette de mon âme
Qui chante dans mes rameaux!

De quoi puis-je avoir envie,
De quoi puis-je avoir effroi,
Que ferai-je de la vie,
Si tu n'es plus près de moi?

Tu portes dans la lumière,
Tu portes dans les buissons,
Sur une aile ma prière,
Et sur l'autre mes chansons.

Que dirai-je aux champs que voile
L'inconsolable douleur?
Que ferai-je de l'étoile?
Que ferai-je de la fleur?

Que dirai-je au bois morose
Qu'illuminait ta douceur?
Que répondrai-je à la rose
Disant: -Où donc est ma soeur?-

J'en mourrai; fuis, si tu l'oses.
A quoi bon, jours révolus!
Regarder toutes ces choses
Qu'elle ne regarde plus?

Que ferai-je de la lyre,
De la vertu, du destin?
Hélas! et, sans ton sourire,
Que ferai-je du matin?

Que ferai-je seul, farouche,
Sans toi, du jour et des cieux,
De mes baisers sans ta bouche,
Et de mes pleurs sans tes yeux!


JOIES DU SOIR

Le soleil, dans les monts où sa clarté s'étale,
Ajuste à son arc d'or sa flèche horizontale;
Les hauts taillis sont pleins de biches et de faons;
Là rit dans les rochers, veinés comme des marbres,
Une chaumière heureuse; en haut, un bouquet d'arbres
Au-dessous, un bouquet d'enfants.

C'est l'instant de songer aux choses redoutables.
On entend les buveurs danser autour des tables;
Tandis que, gais, joyeux, heurtant les escabeaux,
Ils mêlent aux refrains leurs amours peu farouches,
Les lettres des chansons qui sortent de leurs bouches
Vont écrire autour d'eux leurs noms sur leurs tombeaux.

Mourir! demandons-nous, à toute heure, en nous-mêmes:
-- Comment passerons-nous le passage suprême? --
Finir avec grandeur est un illustre effort.
Le moment est lugubre et l'âme est accablée;
Quel pas que la sortie! -- Oh! l'affreuse vallée
Que l'embuscade de la mort!

Quel frisson dans les os de l'agonisant blême!
Autour de lui tout marche et vit, tout rit, tout aime;
La fleur luit, l'oiseau chante en son palais d'été,
Tandis que le mourant en qui décroît la flamme,
Frémit sous ce grand ciel, précipice de l'âme,
Abîme effrayant d'ombre et de tranquillité!

Souvent, me rappelant le front étrange et pâle
De tous ceux que j'ai vus à cette heure fatale,
Êtres qui ne sont plus, frères, amis, parents,
Aux instants où l'esprit à rêver se hasarde,
Souvent je me suis dit: Qu'est-ce donc qu'il regarde
Cet oeil effaré des mourants?

Que voit-il?... -- O terreur! de ténébreuses routes,
Un chaos composé de spectres et de doutes,
La terre vision, le ver réalité,
Un jour oblique et noir qui, troublant l'âme errante,
Mêle au dernier rayon de la vie expirante
Ta première lueur, sinistre éternité!

On croit sentir dans l'ombre une horrible piqûre.
Tout ce qu'on fit s'en va comme une fête obscure,
Et tout ce qui riait devient peine ou remord.
Quel moment, même, hélas! pour l'âme la plus haute,
Quand le vrai tout à coup paraît, quand la vie ôte
Son masque, et dit: -Je suis la mort!-

Ah! si tu fais trembler même un coeur sans reproche,
Sépulcre! le méchant avec horreur t'approche.
Ton seuil profond lui semble une rougeur de feu;
Sur ton vide pour lui quand ta pierre se lève,
Il s'y penche; il y voit, ainsi que dans un rêve,
La face vague et sombre et l'oeil fixe de Dieu.


XIV

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

PAROLES SUR LA DUNE

Maintenant que mon temps décroît comme un flambeau,
Que mes tâches sont terminées;
Maintenant que voici que je touche au tombeau
Par les deuils et par les années,

Et qu'au fond de ce ciel que mon essor rêva,
Je vois fuir, vers l'ombre entraînées,
Comme le tourbillon du passé qui s'en va,
Tant de belles heures sonnées;

Maintenant que je dis: -- Un jour, nous triomphons;
Le lendemain, tout est mensonge! --
Je suis triste, et je marche au bord des flots profonds,
Courbé comme celui qui songe.

Je regarde, au-dessus du mont et du vallon,
Et des mers sans fin remuées,
S'envoler sous le bec du vautour aquilon,
Toute la toison des nuées;

J'entends le vent dans l'air, la mer sur le récif,
L'homme liant la gerbe mûre;
J'écoute, et je confronte en mon esprit pensif
Ce qui parle à ce qui murmure;

Et je reste parfois couché sans me lever
Sur l'herbe rare de la dune.
Jusqu'à l'heure où l'on voit apparaître et rêver
Les yeux sinistres de la lune.

Elle monte, elle jette un long rayon dormant
A l'espace, au mystère, au gouffre;
Et nous nous regardons tous les deux fixement,
Elle qui brille et moi qui souffre.

Où donc s'en sont allés mes jours évanouis?
Est-il quelqu'un qui me connaisse?
Ai-je encor quelque chose en mes yeux éblouis,
De la clarté de ma jeunesse?

Tout s'est-il envolé? Je suis seul, je suis las;
J'appelle sans qu'on me réponde;
O vents! ô flots! ne suis-je aussi qu'un souffle, hélas!
Hélas! ne suis-je aussi qu'une onde?

Ne verrai-je plus rien de tout ce que j'aimais?
Au dedans de moi le soir tombe.
O terre, dont la brume efface les sommets,
Suis-je le spectre, et toi la tombe?

Ai-je donc vidé tout, vie, amour, joie, espoir?
J'attends, je demande, j'implore;
Je penche tour à tour mes urnes pour avoir
De chacune une goutte encore!

Comme le souvenir est voisin du remord!
Comme à pleurer tout nous ramène!
Et que je te sens froide en te touchant, ô mort,
Noir verrou de la porte humaine!

Et je pense, écoutant gémir le vent amer,
Et l'onde aux plis infranchissables;
L'été rit, et l'on voit sur le bord de la mer
Fleurir le chardon bleu des sables.

LE PONT

J'avais devant les yeux les ténèbres. L'abîme
Qui n'a pas de rivage et qui n'a pas de cime,
Était là, morne, immense; et rien n'y remuait.
Je me sentais perdu dans l'infini muet.
Au fond, à travers l'ombre, impénétrable voile,
On apercevait Dieu comme une sombre étoile.
Je m'écriai: -- Mon âme, ô mon âme! il faudrait,
Pour traverser ce gouffre où nul bord n'apparaît,
Et pour qu'en cette nuit jusqu'à ton Dieu tu marches,
Bâtir un pont géant sur des millions d'arches.
Qui le pourra jamais! Personne! ô deuil! effroi!
Pleure! -- Un fantôme blanc se dressa devant moi
Pendant que je jetai sur l'ombre un oeil d'alarme,
Et ce fantôme avait la forme d'une larme;
C'était un front de vierge avec des mains d'enfant;
Il ressemblait au lys que la blancheur défend;
Ses mains en se joignant faisaient de la lumière.
Il me montra l'abîme où va toute poussière,
Si profond, que jamais un écho n'y répond;
Et me dit: -- Si tu veux je bâtirai le pont.
Vers ce pâle inconnu je levai ma paupière.
-- Quel est ton nom? lui dis-je. Il me dit: -- La prière.

PLEURS DANS LA NUIT

I

Je suis l'être incliné qui jette ce qu'il pense;
Qui demande à la nuit le secret du silence;
Dont la brume emplit l'oeil;
Dans une ombre sans fond mes paroles descendent,
Et les choses sur qui tombent mes strophes rendent
Le son creux du cercueil.

Mon esprit, qui du doute a senti la piqûre,
Habite, âpre songeur, la rêverie obscure
Aux flots plombés et bleus,
Lac hideux où l'horreur tord ses bras, pâle nymphe,
Et qui fait boire une eau morte comme la lymphe
Aux rochers scrofuleux.

Le Doute, fils bâtard de l'aïeule Sagesse,
Crie: -- A quoi bon? -- devant l'éternelle largesse,
Nous fait tout oublier,
S'offre à nous, morne abri, dans nos marches sans nombre,
Nous dit: --Es-tu las? Viens! -- et l'homme dort à l'ombre
De ce mancenilier.

L'effet pleure et sans cesse interroge la cause.
La création semble attendre quelque chose.
L'homme à l'homme est obscur.
Où donc commence l'âme? où donc finit la vie?
Nous voudrions, c'est là notre incurable envie,
Voir par-dessus le mur.

Nous rampons, oiseaux pris sous le filet de l'être;
Libres et prisonniers, l'immuable pénètre
Toutes nos volontés;
Captifs sous le réseau des choses nécessaires,
Nous sentons se lier des fils à nos misères
Dans les immensités.

HORROR

I

Esprit mystérieux qui, le doigt sur ta bouche,
Passes... ne t'en va pas! parle à l'homme farouche
Ivre d'ombre et d'immensité,
Parle-moi, toi, front blanc qui dans ma nuit te penches;
Réponds-moi, toi qui luis et marches sous les branches,
Comme un souffle de la clarté!

Est-ce toi que chez moi minuit parfois apporte?
Est-ce toi qui heurtais l'autre nuit à ma porte,
Pendant que je ne dormais pas?
C'est donc vers moi que vient lentement ta lumière?
La pierre de mon seuil peut-être est la première
Des sombres marches du trépas.

Peut-être qu'à ma porte ouvrant sur l'ombre immense,
L'invisible escalier des ténèbres commence;
Peut-être, ô pâles échappés,
Quand vous montez du fond de l'horreur sépulcrale,
O morts, quand vous sortez de la froide spirale,
Est-ce chez moi que vous frappez!

Car la maison d'exil, mêlée aux catacombes,
Est adossée au mur de la ville des tombes.
Le proscrit est celui qui sort;
Il flotte submergé comme la nef qui sombre;
Le jour le voit à peine et dit: Quelle est cette ombre?
Et la nuit dit: Quel est ce mort?

Sois la bienvenue, ombre! ô ma soeur! ô figure
Qui me fais signe alors que sur l'énigme obscure
Je me penche, sinistre et seul;
Et qui viens, m'effrayant de ta lueur sublime,
Essuyer sur mon front la sueur de l'abîme
Avec un pan de ton linceul!


EN FRAPPANT A UNE PORTE

J'ai perdu mon père et ma mère,
Mon premier né, bien jeune, hélas!
Et pour moi la nature entière
Sonne le glas.

Je dormais entre mes deux frères;
Enfants, nous étions trois oiseaux;
Hélas! le sort change en deux bières
Leurs deux berceaux.

Je t'ai perdue, ô fille chère,
Toi qui remplis, ô mon orgueil,
Tout mon destin de la lumière
De ton cercueil!

J'ai su monter, j'ai su descendre.
J'ai vu l'aube et l'ombre en mes cieux.
J'ai connu la pourpre, et la cendre
Qui me va mieux.

J'ai connu les ardeurs profondes,
J'ai connu les sombres amours;
J'ai vu fuir les ailes, les ondes,
Les vents, les jours.

J'ai sur ma tête des orfraies;
J'ai sur tous mes travaux l'affront,
Aux pieds la poudre, au coeur des plaies,
L'épine au front.

J'ai des pleurs à mon oeil qui pense,
Des trous à ma robe en lambeau;
Je n'ai rien à la conscience;
Ouvre, tombeau.
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