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Contes cruels - Villiers de l'Isle Adam

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Contes cruels - Villiers de l'Isle Adam Empty Contes cruels - Villiers de l'Isle Adam

Message  MrSonge Jeu 8 Avr 2010 - 18:01

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Deux mots sur l'auteur :

Philippe-Auguste Villiers de l'Isle-Adam est né à Saint-Brieuc en 1838. Il fait ses études en Bretagne et vient à Paris en 1857 où il rencontre Baudelaire, qui lui fait découvrir Edgar Poe. Villiers de l'Isle-Adam était un admirateur de Wagner et de Flaubert et par ailleurs l'un des premiers lecteurs français de Hegel. En 1862, il écrit son premier roman, Isis, qu'il publie à compte d'auteur. Il écrit en 1865 et 1866 deux drames, Elën et Morgane, qui n'ont jamais été représentés de son vivant. À cette époque, il se lie d'amitié avec Mallarmé. C'est avec ses Contes cruels (1883) et ses Histoires insolites (1888), suivies, la même année, des Nouveaux Contes cruels (salués par Huysmans) qu'il connaît le succès en raison notamment du caractère fantastique de ces textes courts. En 1886, il écrit L'Ève future et, en 1890 (un an après sa mort), c'est Axel qui est publié, un drame représenté pour la première fois en 1894.

Deux avis :

Mallarmé : «Noir et cher scélérat, à toute heure, je lis les Contes depuis bien des jours ; j'ai bu le philtre goutte à goutte... Tu as mis en cette œuvre une somme de Beauté extraordinaire. La langue vraiment d'un Dieu partout ! Plusieurs des nouvelles sont d'une poésie inouïe et que personne n'atteindra : toutes, étonnantes. »

Maeterlinck : «J'ai connu un certain nombre d'hommes qui ne vivaient qu'aux cimes de la pensée, je n'en ai pas rencontré qui m'aient donné aussi nettement, aussi irrévocablement l'impression du génie.»

Quelques généralités sur l'œuvre:

Les contes réunis par Villiers sont d'une grande diversité. Leur dénominateur commun est, selon l'auteur, la cruauté. En effet, Villiers y montre sans fard, avec cynisme parfois, les travers de ses contemporains qui semblent bien cupides (Virginie et Paul), sots et superficiels (La machine à gloire). Néanmoins, les Contes ne se bornent pas, loin s'en faut, à une critique du temps : le fantastique (Véra, L'Intersigne), genre en vogue, est représenté. Surtout, au travers de la plupart des Contes transparaissent un sens du tragique et une poésie conformes à leur auteur, aristocrate ruiné, dramaturge sans succès et amoureux du Beau.

Histoires philosophiques, énigmatiques ou mystérieuses ? Les contes de Villiers de l'Isle-Adam cherchaient d'abord à célébrer le chant extraordinaire du recueil d'Edgar Allan Poe. Un autre titre s'impose pourtant, signifiant mieux le caractère unique de l'œuvre de Villiers : les vingt-huit Contes cruels sont le cri d'un poète agressé par l'indifférence, la bêtise ou le manque de sensibilité d'une société qui se détache des rêves romantiques pour adopter ceux autrement démesurés encore du positivisme. À la toute-puissance scientifique, au matérialisme d'un capitalisme naissant, celui que les critiques surnommaient « le martyr de l'absolu » répond sa peur d'un monde déshumanisé. Sa rage est indissociable de son idéalisme et n'a d'égale que la pureté de son combat : Villiers part en croisade pour la défense de l'Art, seul moyen d'atteindre au sublime.

Liste des titres des contes :

* Les demoiselles de Bienfilâtre
* Véra
* Vox populi
* Deux augures
* L'Affichage céleste
* Antonie
* La machine à gloire
* Duke of Portland
* Virginie et Paul
* Le Convive des dernières fêtes
* A s'y méprendre
* Impatience de la foule
* Le Secret de l'ancienne musique
* Sentimentalisme
* Le Plus Beau Dîner du monde
* Le Désir d'être un homme
* Fleurs de ténèbres
* L'Appareil pour l'analyse chimique du dernier soupir
* Les Brigands
* La Reine Ysabeau
* Sombre récit, conteur plus sombre
* L'Intersigne
* L'Inconnue
* Maryelle
* Le Traitement du docteur Tristan
* Conte d'amour
* Souvenirs occultes
* L'Annonciateur (épilogue)
* La chevelure

Résumé d'un des contes les plus connu (Véra):

Un soir d'automne à Paris devant un vaste hôtel seigneurial, un homme âgé d'une trentaine d'années, le comte d'Athol, en deuil, au visage pâle, monte les escaliers blancs qui conduisent à sa chambre où il a déposé le cercueil de son épouse Véra, décédée d'un arrêt du cœur. A sa sortie du caveau et après avoir fermé la porte, il arrache de la serrure une clef en argent, puis la jette à l'intérieur du tombeau, pour s'assurer de ne plus jamais y revenir.
Le comte ne peut admettre l'idée que sa femme est morte, et vit depuis l'évènement fatal dans un rêve halluciné, en l'imaginant toujours à ses côtés. Pendant une année entière, il la croit encore vivante et le soir de l'anniversaire de sa mort, il est comme frappé d'une réminiscence fatale : « Mais tu es morte ! ». Il s'aperçoit alors qu'il est seul dans sa chambre, et que son rêve vient d'être dissous par une seule parole. Il réalise que sa femme est perdue à jamais et, désespéré, demande : « Comment te rejoindre ? »
Soudain, comme une réponse, un objet brillant tombe du lit nuptial : la clef du tombeau.

Mon avis :

C'est ce que l'on appelle des diamants noirs. Ce recueil, dans la lignée de Poe, est une rivière de diamants noirs ou le cynisme l'y dispute à la profonde réflexion sociale et psychologique. Chacun de ces contes dont je ne peux malheureusement pas vous donner un résumé exhaustif, est un petit bijoux de méchanceté, de cruauté, de perversion parfois, reflet des névroses et des frustrations d'une société décadente qui n'est pas sans rappeler très (trop ?) souvent les travers de la notre. Dans la première, par exemple, une prostituée est poussée au suicide parce qu'elle s'est déniché un fiancé sincère qui a décidé de la sortir de son métier sordide. Métier qui rapportait de l'argent à sa famille qui va lui appuyer sur les épaules le poids d'une culpabilité aussi aberrante d'efficace. Reversement incroyable, c'est la «vertu» qui pousse une prostitué au suicide parce qu'elle a une chance de s'extirper de sa condition.
A la perfection glaçante des intrigues, répond la perfection de la forme qui nous subjugue de la première à la dernière ligne. L'art de Villiers, son style ciselé nous propulse dans un monde froid et gluant qui ne peux que réjouir les fibres perverse qui sommeillent en chacun de nous. Ses phrases, parfois longues («Lucienne, répondit le comte, j'ai connu certain chanteur qui, auprès du lit de mort de sa fiancée et entendant la sœur de celle-ci se répandre en sanglots convulsifs, ne pouvait s'empêcher de remarquer, malgré son affliction, les défauts d'émission vocale qu'il y avait lieu de signaler dans ces sanglots et songeait, vaguement, aux exercices propres à leur donner "plus de corps".») coulent sans effort dans nos oreilles et étirent leur syntaxe sinueuse comme un boa ses anneaux flasques autours des branches d'un arbre. Et notre esprit pénétré d'une horreur délicieuse suit avec délice les arabesques magnifique de la plume de Villiers qui nous emmène dans les méandres occulte d'une réalité qui vacille sans arrêt sur la corde raide du surnaturel.
Pour définir cet ouvrage, on pourrait utiliser les mots que Baudelaire a eu à propos des Liaisons Dangereuses : «Si ce livre brûle, il ne peut brûler qu'à la manière de la glace.».
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