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Postérité, de Philippe Muray

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Postérité, de Philippe Muray Empty Postérité, de Philippe Muray

Message  MrSonge Sam 22 Jan 2011 - 19:30

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Le roman d'après l'auteur :
« […] Quel est le propre du roman ? Quelle est l'affaire du roman ? Toute la question littéraire, sous son angle critique, consiste à tenter de le redéfinir, ce propre du roman. Avant d'être « de la littérature », avant de dialoguer avec le reste de la littérature (catéchisme du vieux modernisme, liturgie des avant-gardes), un roman parle du monde. Et l'invente. Et le combat. Et s'en moque. Et le questionne. Et le montre. Et l'interprète. Et (aujourd'hui plus que jamais) interprète un monde toujours déjà surinterprété, détruit, arraisonné, recréé de toutes pièces. Ce n'est plus le monde, comme autrefois, qui se présente aux romanciers, c'est une version du monde. L’« observation » du réel, comme on disait jadis, redevient d'autant plus justifiée qu'il s'agit d'un réel reconstruit par les fictions que proposent quotidiennement les médias, et qu'ils imposent comme réel sans alternative. La propagande quasi naturelle et spontanée de l'« information » passe elle aussi par le récit, par une certaine forme de roman qu'il conviendrait de dégager, dont il conviendrait de voir comment elle s'en sert, à propos de n'importe quel événement. La télévision utilise un type de roman qui lui permet d'orchestrer la disparition du monde et de l'Histoire. Les médias se sont admirablement organisés de façon à n'avoir pas besoin du roman puisque c'est eux qui le font. »
(Après l'Histoire I)

Résumé :
Que veulent les personnages de ce roman, à travers les passions qui les agitent ? Que cherchent Selma, Mimsy, Naïma ou Camille, ainsi que leurs compagnons ou amants ? Le plaisir, comme leurs aventures érotiques en témoignent. Le bonheur aussi, et l'amour. Mais, par-dessus tout, s'ils montent tant d'intrigues, c'est qu'ils subissent dans leur chair et leur âme les conséquences de la grande révolution scientifique d'aujourd'hui, qui rend désormais l'acte sexuel et la procréation parfaitement indépendants l'un de l'autre.
Postérité, c'est d'abord cela : l'histoire détaillée des rapports orageux d'un certain nombre d'hommes et de femmes autour de la question de la prolongation de l'espèce. Rapports d'autant plus explosifs qu'eux et elles ont à présent le choix. Leur liberté toute neuve provoque des drames inédits, qui finissent par s'organiser dans l'esprit de Jean-Sébastien, le narrateur, en une étourdissante « comédie de moeurs » contemporaine. Mais ce roman, c'est aussi l'évocation d'une étrange maison d'édition, le BEST, où évoluent la plupart des héros, techniciens discrets du succès, qui constituent une société souterraine puissante et invisible. Cette entreprise est une usine de fabrication de livres en tous genres ; sujets programmés à l’avance, vedettes venant demander d’être écrites par une équipe de nègres spécialisés. Les livres se succèdent à une cadence infernale, il faut couvrir tous les thèmes, dossiers confidentiels, astrologie, spiritisme, pornographie, espionnage, biographies, magie, alchimie, histoire enchantée, romans supra-commerciaux. Tous ces mots à consommer et qui ne sont pas faits pour durer, tous ces « succès du mois » sont avalés et traités par la machine dont la description ouvre le livre : « La vérité, c’est la machine. Et la machine se fout éperdument des longs placards imprimés qu’elle fait gicler sur ses tapis roulants, à travers ses pinces, ses rouages, ses broches, ses trépidations de pilon... » Le dévoilement des coulisses plus ou moins burlesques de l'édition moderne est donc un autre des ressorts de cette histoire.
Peu à peu, sous les yeux du narrateur, ce BEST, où il occupe lui-même une place modeste mais centrale, prend les dimensions d'un microcosme fascinant, où viennent se rassembler toutes les tendances d'une société qui, dans la plupart des domaines, voit triompher la contrefaçon et l'artifice. De cet univers bouleversé, il entreprend alors la description dans un récit ironique, mais aussi très réaliste, où passe, comme un défilé de carnaval, tout le fracas de notre fin de siècle.

Mon avis :
Ce roman, c'est 438 pages de fiction furieuse, déchaînée, tassée, claire, lisible — mais il faut vouloir lire, bien sûr... Je ne peux que donner un humble conseil : commencez de la page 382 jusqu’à la page 388 (une étonnante scène d’amour à trois). On ne peut qu'y rester accroché, et on reprend tout depuis le début.
Tout l'intérêt de ce livre tiens dans une intuition du narrateur (et de l'auteur, bien sûr). Ce dernier a remarqué des coïncidences, des parallélismes entre cet accouchement intensif de discours sans pères (les livres du BEST) et la demande de plus en plus ouverte, frontale, chez les personnages féminins de production d’enfants. Les "nègres" doivent non seulement enfanter des livres qui ne sont pas d’eux, mais ils sont mis au pied du mur pour enfanter vraiment. Nous avons donc des faux livres d’un côté, et des vrais corps de l’autre. Et c’est là que ce roman, en temps que tel, devient fabuleux, en détails. Le narrateur reçoit aussi bien les confidences des hommes que celles des femmes, il est dans le secret des vies privées et ce secret tiens en peu de chose : il n’y a plus que « ça » : « La procréation obligée, sacrée, affolée, mais jamais questionnée ; intouchable. »

La première phrase : « Quand les choses vous sont tombées dessus comme ça, toutes en même temps, on n'a plus tellement envie de trier. »

Quelques lignes tracées sur la première page : « Au jeu des Sept Familles, le gagnant est celui qui réussit à poser devant lui le plus grand nombre de familles complètes. Au jeu des romans, c'est pareil. »
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