Cécile COULON : Le rire du grand blessé

Titre : Le rire du grand blessé
Auteur : Cécile COULON
Date de parution : 22 août 2013 (la rentrée littéraire !)
Editeur : VIVIANE HAMY (lu en version epub + DRM – Disponible Kindle  + DRM  et Broché)
Lectorat : Tout public
Genre : SF

Quatrième de couverture :
PAYS: Inconnu REGIME: Totalitaire ENNEMI PUBLIC N°1: La littérature NOM: 1075 / PARTICULARITE: Analphabète Désormais, seuls circulent librement les livres officiels. Le Grand a mis au point les « Manifestations À Haut Risque », des lectures publiques qui ont lieu dans des stades de plus en plus grands pour permettre de réunir toujours plus de consommateurs. S’y déchaînent les passions furieuses des spectateurs. Les Agents de sécurité – impérativement analphabètes – sont engagés et formés pour veiller au strict déroulement du spectacle, éviter les débordements excessifs. 1075, compétiteur formidablement robuste et endurant, issu de nulle part et incapable de déchiffrer la moindre lettre, est l’Agent parfait. Il atteint vite le sommet...

À lire absolument si on aime :
- la SF dans la dérive de notre société vers des univers dictatoriaux, notamment "Fahrenheit 451"
- la littérature dans son expression de liberté, de créativité, d’imagination débridée
- les descriptions longues, précises qui s’enchaînent en toute logique
- les phrases percutantes, les romans concis
- les personnages qui évoluent
- les ; ☺

À éviter si on cherche :
- l’action, les bagarres, le spectaculaire (mais les scènes de « Manifestations À Haut Risque » le sont)
- les dialogues (il n'y en a quasiment pas), les longs romans qui vous occupent des jours et des jours
- la lutte du bon figé et caricatural contre les méchants encore plus clichés
- les histoires qui se terminent sans suite éventuelle
- les histoires d’amour
- Twilight, les 50 nuances…, Marc Levy, Harlequin… enfin toute la pseudo littérature formatée

Mon avis :
C’est le premier livre de Cécile Coulon que je lis, mais j’ai déjà apprécié de nombreux poèmes de cette jeune écrivaine de talent qui sait s’exprimer dans des formules choc. Dans ce roman je découvre une autre facette dans l’excellence de ses descriptions longues et précises, jamais ennuyeuses ou redites.
Certaines critiques font référence à "1984", non, je ne pense pas que ce soit une réécriture de ce chef d’œuvre, on se rapproche bien plus de "Fahrenheit 451".

La littérature est devenue hors la loi, mais pas toute la littérature, seulement la vraie, celle qui sait nous émouvoir, nous amener à réfléchir, à rêver, à s’évader… Car au contraire les livres formatés pour plaire aux masses, pour accentuer les haines, les peurs… sont omniprésents, quasi obligatoires et donnent l’occasion de grands rassemblements où tous les sentiments bestiaux peuvent s’exprimer sous la direction d’un liseur qui joue de sa voix comme un acteur pour accentuer les phrases standardisées. Les Agents encadrent ces manifestations et évitent les débordements excessifs ; ce sont des jeunes triés sur le volet pour leurs capacités physiques et leur incapacité intellectuelle : ils doivent être analphabètes !
Tout est centré sur l’évolution d’un de ces Agents, 1075, le meilleur de tous, mais…
La première partie nous décrit de manière très introspective ce qui se passe dans la tête de ce personnage falot, dévoué jusqu’à l’abnégation totale… mais insidieusement on sent la rupture car un être humain ne peut-être aussi dépourvu de sentiments. Et quand il découvre qu’il a existé autre chose… il est "grave perturbé" !

Ce livre peut générer une suite, même s’il se suffit à lui-même, sa fin restant assez ouverte de ce point de vue. 
Tout le talent de conteuse de cette jeune auteure se retrouve dans ce roman d’anticipation, sa première incursion dans le monde SFFF. À suivre de près ! (sur FB, elle répand ses poèmes percutants à qui veut les lire…).

Toutefois, en tant que lectrice, j’ai senti une petite frustration, je dois l’avouer : à aucun moment un extrait de ces livres aptes à abrutir les masses et à exacerber les haines. Certainement une volonté de l’auteure.

Spoiler: