Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
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Rhada
Plume
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Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Le fond, la forme, le style, la ponctuation, l'orthographe, toutes vos impressions sont les bienvenues et retiendront mon attention et dans tous les cas, merci.
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Plume- Talent Hasardeux
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Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
- Spoiler:
- Encore un lundi où je suis en retard. J'ai opté pour le bus, j’ai eu tort. Je serai en retard, de mauvaise humeur et froissée. Le véhicule est bondé et je ne peux le laisser passer. Je serre mon sac contre mon flan, baisse la tête et me rue dans la mêlée (Magnifique description des transports en commun ! Elle est excellente et finement trouvée). Derrière, la foule est si pressante que je m'incruste dans le monsieur au chapeau. Je risque un « Pardon » timide qui se dilue dans les rires et les grognements. L'homme a tout de même dû m'entendre, il m'absout (Le verbe tranche avec le reste du texte de par son registre) d'un geste, sans lever le menton. Une marche, une autre, je suis le mouvement. Par chance, mon abonnement me dispense de composter mon billet et le prochain arrêt n'est pas le mien. La vague va s'écraser contre la paroi du fond. Moi, j'échoue le genou contre celui d'une élégante. Elle est assise, mais son expression m'informe qu'elle descend. Je hoche la tête d'un air entendu. Elle ramasse son « Luitton », je glisse mon « Vancel » contre mon ventre. À force de sourires et de contorsions, la substitution s'opère. Tout ça, sans échanger un mot. Ceux qui pensent que télépathie rime avec supercherie n'ont jamais pris les transports aux heures de pointe. Jambes croisées, je commence à me détendre, me laissant environner par la délicate odeur du « Souffle du Temps », abandonné par la passagère distinguée.
La foule s'est dispersée au rythme des arrêts. Mon pied heurte une surépaisseur. Un objet, de la taille d'une main de femme, fin et rectangulaire repose sur le sol. Je me baisse. Mes doigts agrippent la surface rigide. C'est un smartphone, un beau modèle 4G. Un coup d'œil m'apprend que le véhicule est presque vide. Je me lève pour approcher du conducteur.
— J'ai trouvé un smartphone.
L'homme pointe son index vers une affiche qui m’interdit de parler au chauffeur. Sa réaction m'exaspère. Je respire profondément et insiste.
— Je l’ai trouvé au fond du bus. Qu'est-ce que j'en fais ?
— J'en sais rien, ma p'tite dame. Voyez les autres usagers, gardez-le ou posez-le par terre ! (Un petit retour à la ligne éviterait au lecteur une seconde lecture pour comprendre que ce n'est plus le chauffeur qui parle et qu'on retourne à la narration) L'imbécile ! Pas question que je mène l'enquête. Mon arrêt approche et je m’imagine mal départager ces cinq personnes si toutes le réclamaient. Je hausse les épaules, lâche ma trouvaille dans mon sac et rejoins la porte.
J'avance d'un pas vif. J'étais si contrariée que je me suis trompée d'arrêt. Je suis bonne pour un quart d'heure de marche. Mon Vancel vibre. Instinctivement, j'y glisse ma main qui pour une fois se pose sur mon téléphone. Il est innocent, mais l'autre s'agite avec obstination. J'hésite, puis me décide à répondre. Celui qui appelle saura m’indiquer comment joindre l'infortuné qui a perdu son lien avec sa tribu.
— Allo ?
Je capte un gargouillis sur fond de parasites, puis plus rien.
— Allo ? Allo ?
Cette fois, je suis très en retard. Une délégation coréenne m'attend au bureau. Mon patron doit friser la crise de nerfs. Sans que mon cerveau s'en mêle, mes doigts composent son numéro sur le clavier du 4G. Ça sonne, on répond.
— Allo !
Il est très irrité.
— Bonjour, monsieur Dupond, c'est Chloé.
Je rêve ! Il vient de me raccrocher au nez.
Je ne sais plus quoi faire. Réfléchir ? Je suis sûre de garder mon poste si le contrat est signé. Je dois réagir. De nouveau, mon pouce s'active sur l'écran. J'attends. Une voix artificielle m'informe que le numéro n'est plus attribué. Je fronce les sourcils, secoue ce maudit appareil, raccroche et recompose. Rien n’y fait. Je lâche le 4G dans une poche de mon Vancel. Je cours, perchée sur des échasses qui amincissent ma silhouette, rectifient avantageusement ma posture, mais menacent de me faire tomber. Il ne manquerait plus que j'entre en réunion avec des collants filés. L'idée de la tête que ferait Dupond étire mes lèvres, tandis que je pousse la porte. L'ascenseur me conduit au seizième. Mon badge n'a pas été désactivé.
— Bon sang, Chloé, qu’est-ce que tu foutais ?
Ça, c’est Nath, l’assistante du patron. On s’embrasse, on se tutoie, mais en vérité, on se déteste.
— Je suis là. Le boss est avec les Coréens ?
— J’aimerais bien !
Cet air pincé signifie que la situation la dépasse.
— Explique.
— Il s'est volatilisé !
— Aïe ! Qui est avec la délégation ?
— Franck. On leur a servi un café et maintenant, il présente la société.
Rien n'est perdu. Cette revue de nos performances est une excellente entrée en matière.
— Vous avez assuré. J'y vais. Toi, tu mets la main sur Dupond et tu nous l'envoies illico.
Elle me rappelle, son index s'agite pour me demander d'approcher. Je déteste son air de conspirateur, d'autant que là, elle semble avoir plus qu'un ragot à rapporter.
— Il n'est nulle part, souffle-t-elle.
— Comment ça, nulle part ?
Je la sens à deux doigts d'exploser.
— Tu ne m'écoutes pas !
Elle marque un point. Je ne l’écoute jamais. Je culpabiliserais si je n’étais pas si pressée.
— D’accord, je suis tout ouïe, mais sois brève, je dois y aller.
Ses serres laquées de rouge (L'image transcrit très bien les rapports qu'entretient la narratrice avec son interlocutrice. Bonne idée) agrippent mon avant-bras et ses traits se déforment.
— Je te l’ai dit, articule-t-elle, il s’est évaporé ! Ce matin, il a accueilli la délégation. Il est resté avec elle jusqu’à l’arrivée de Franck. Ensuite, il a regagné son bureau en se plaignant de devoir tout gérer seul. Bref, il voulait s’imprégner du dossier. Depuis... rien. Il n’a pas bougé, mais quand Franck l’a demandé, je ne l’ai pas trouvé.
— Il est sorti pendant que tu étais occupée.
— Je viens de dire que non !
Le ton monte, je frôle les limites de sa patience.
— Chut. Tu sais bien que c’est impossible.
Le doigt sur les lèvres, je regarde autour de moi. Par sa porte ouverte, j’aperçois le joli minois d’Agnès. Elle est si captivée par son clavier que je me demande si elle compte les touches. Je l’appelle. Elle lève le nez. Un tressaillement et j’aurai juré que cette gamine était aussi débordée qu’elle s’appliquait à le paraître. Je remballe mes illusions et joue à mon tour de l’index. Elle nous rejoint en trottinant, avec des mines d’enfant qui du haut de ses vingt ans, lui vont à merveille.
— C’est important, Agnès, dis-je en souriant. Il faut absolument que monsieur Dupond se présente en salle de réunion. Je veux que tu aides Nathalie à le trouver.
— Vous avez essayé son portable ?
— Oui, il a dû l’éteindre. Je compte sur toi pour découvrir où il se cache.
Elle hoche la tête, ravie de la marque de confiance. Lorsqu’elle est loin, je me tourne vers Nathalie.
— Ça ira, murmure-t-elle. File, Franck t’attend. Moi, je retrouve Dupond. S’il le faut, je contacterai Durand. Tu auras quelqu’un pour valider ce contrat.
On a gagné. Durand a signé. « Dd&Dd » s’implante en Corée. Je ne crains plus pour mon job, mais le silence de Dupond m’inquiète. Je hausse les épaules, au diable la fibre maternelle, je suis son employée, lui n'est que mon patron. « Ça me tracasse quand même ! » Son associé a pris les choses en main. Bon, tout le monde a filé et moi, je suis crevée.
Je n’ai qu’une envie, un bain avec mon homme. Je souris, m’étire et cherche mon portable. Je vais l’appeler. Marc sera là en deux coups de volant. Chinois ? Italien ? Il choisira. Je préfère l’italien, mais j’aime toutes les cuisines. Où est mon téléphone ? Il était dans mon sac, je ne l’ai pas utilisé. Tant pis, j’emprunte l’autre. J’ai la tête à l’envers, et trop besoin de me détendre. Les yeux dans le vague, je laisse mes doigts glisser sur l’écran tactile.
— Allo ?
— Bonsoir mon Amour, c’est Chloé. Allo ? Allo ?
Convulsivement, je recompose. Une voix me dit que le numéro n’est plus attribué. Une erreur ? Une angoisse incompréhensible m'étreint. Le sang se retire de mon visage et les larmes me viennent. C’est ridicule, mais il ne faut pas jouer avec mon bébé. Je tente de raisonner, de passer en revue les plus sérieuses hypothèses ? Marc n’a plus de batterie ? Le 4 G est en panne ? Oui, une panne expliquerait pourquoi ce matin, il a réagi de même. Je me force à ne pas me précipiter. Impossible. L’ascenseur est trop lent, je dévale l’escalier. Je cours. Il n’y a pas de bus et aucun taxi. Mon cœur bat la chamade, j’ai envie de hurler, envie de me faire mal, je ne peux que pleurer.
J’ai fini par trouver une voiture. J’avais si belle allure avec mes cheveux en bataille et mon rimmel en déroute que le chauffeur a tout fait pour m’éviter. Je crois que je lui ai fait peur. Je me suis presque jetée sous ses roues, il a dû s’arrêter. Le billet de cinquante euros, lancé sur ses genoux, a transformé son « Je ne prends plus personne. » en
— Sans reçu et sans crises d’hystérie.
Je paie dix fois la valeur de la course et monsieur impose les règles. En d’autres circonstances, je l’aurai mal pris, mais je n’en ai pas envie. Je veux seulement qu’il se dépêche. Je hoche la tête et ouvre la portière.
— D’accord. À cette heure, il y en a pour moins de dix minutes.
Il ralentit, je sors avant qu’il s’arrête. J’entends ce qui ressemble à un juron, mais ça ne traverse que mes oreilles.
Je vole sur les marches, pousse la porte, tambourine sur le battant en cherchant ma clef. Ma main s’acharne sur le bois, agrippe la poignée, tandis que l’autre s’active. La serrure est grippée ? Impossible, pas pour rien, pas si vite. Une partie de moi songe que mon trousseau n'est plus attribué. Je renifle, essuie mes yeux et me laisse tomber. Je renverse le contenu du Vancel sur mon paillasson. La minuterie s'éteint, mais la forme rectangulaire trouve ma paume et mon pouce compose seul mon propre numéro
Le lendemain, madame Martin ouvre la porte de l’appartement qu’elle occupe depuis trente ans. Il est tard et elle a mal dormi. Quelque chose, quelqu'un frappait au loin, pleurait peut-être. Elle est fatiguée, mais elle doit faire quelques courses. Son pied bute... elle ne saurait dire dans quoi. Elle rajuste ses lunettes, se penche légèrement. C’est un rectangle de verre et de métal, fin avec un bouton et un écran. Elle se baisse péniblement. Il est vrai que rien n’est facile à son âge. Ses doigts tordus agrippent le boîtier. Elle a du mal à se redresser. L’objet est beau, elle est sûre que celui qui l’a perdu sur son paillasson le cherche. Quelqu’un viendra le réclamer, ça lui permettra de parler. Elle se sent tellement seule.
Je n'ai relevé aucune faute niveau grammaire, orthographe, conjugaison et syntaxe. A voir avec les autres.
Le style est plutôt bien adapté. Phrases courtes sans trop l'être. Le rythme est rapide ou un peu plus lent. Tout dépend des moments. Mais il s'adapte à la situation à chaque fois.
Tu mènes très bien ta nouvelle. On s'attend à ce qui lui arrive mais la façon dont tu as tourné la fin avec l'apparition de la voisine est une bonne idée. Tu changes de point de vue pour mieux rebondir et joues sur les espoirs (vains) des personnes âgées pour asseoir ta chute.
Continue sur cette lancée pour les prochaines (s'il y a d'autres nouvelles).
Rhada- Talent Hasardeux
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Date d'inscription : 19/11/2012
Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Bonsoir Rhada et merci de ta lecture.
Merci.
A bientôt.
Est-ce gênant ?il m'absout (Le verbe tranche avec le reste du texte de par son registre) d'un geste, sans lever le menton.
C'est évident. Je corrige.— J'en sais rien, ma p'tite dame. Voyez les autres usagers, gardez-le ou posez-le par terre ! (Un petit retour à la ligne éviterait au lecteur une seconde lecture pour comprendre que ce n'est plus le chauffeur qui parle et qu'on retourne à la narration)
Si tu le prends comme ça, il y en aura d'autres.Continue sur cette lancée pour les prochaines (s'il y a d'autres nouvelles).
Merci.
A bientôt.
Plume- Talent Hasardeux
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Votre talent : Écriture
Points : 9
Date d'inscription : 05/10/2013
Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Je suis plus qu’agréablement surprise : je ne crois pas avoir déjà bêta-lu un texte de "débutante en bêta-lecture" et avoir si peu de remarques à faire, le texte est très bien écrit, quasiment pas de faute, presque rien à redire sur fluidité, répétitions, abus de certains types de mots (sauf faire), j’ai remarqué un peu trop souvent des "mais", "plus", "avec".
- Spoiler:
Plume
Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Encore un lundi où je suis en retard. J'ai opté pour le bus, j’ai eu tort. Je serai en retard, de mauvaise humeur et froissée. Le véhicule est bondé et je ne peux le laisser passer. Je serre mon sac contre mon flan, baisse la tête et me rue dans la mêlée. ♥♥♥ Derrière, la foule est si pressante que je m'incruste dans le monsieur au chapeau. Je risque un « Pardon » timide qui se dilue dans répétition de dans, pas toujours facile à éviter, un des 3 pourrait être évité les rires et les grognements. L'homme a tout de même dû m'entendre, il m'absout d'un geste, sans lever le menton. Une marche, une autre, je suis le mouvement. Par chance, mon abonnement me dispense de composter mon billet et le prochain arrêt n'est pas le mien. La vague va s'écraser contre la paroi du fond. Moi, j'échoue le genou contre répétition celui d'une élégante. Elle est assise, mais son expression m'informe qu'elle descend. Je hoche la tête d'un air entendu. Elle ramasse son « Luitton », je glisse mon « Vancel » ☺☺☺ Amusant, mais attention, pas sûr que tes lecteurs comprennent l’inversion et que ce sont sans doute des sacs à main contre mon ventre. À force de sourires et de contorsions, la substitution s'opère. Tout ça, sans échanger un mot. Ceux qui pensent que télépathie rime avec supercherie n'ont jamais pris les transports aux heures de pointe. Jambes croisées, je commence à me détendre, me laissant environner par la délicate odeur du « Souffle du Temps », abandonné par la passagère distinguée.
La foule s'est dispersée au rythme des arrêts. Mon pied heurte une surépaisseur. Un objet, de la taille d'une main de femme, fin et rectangulaire repose sur le sol. Je me baisse. Mes doigts agrippent la surface rigide. C'est un smartphone, un beau modèle 4G. Un coup d'œil m'apprend que le véhicule est presque vide. Je me lève pour approcher du conducteur.
— J'ai trouvé un smartphone.
L'homme pointe son index vers une affiche qui m’interdit de parler au chauffeur. Sa réaction m'exaspère. Je respire profondément et insiste.
— Je l’ai trouvé au fond du bus. Qu'est-ce que j'en fais ?
— J'en sais rien, ma p'tite dame. Voyez les autres usagers, gardez-le ou posez-le par terre ! L'imbécile ! Pas question que je mène l'enquête. Mon arrêt approche et je m’imagine mal départager ces cinq personnes si toutes le réclamaient. Je hausse les épaules, lâche ma trouvaille dans mon sac et rejoins la porte.
J'avance d'un pas vif. J'étais si contrariée que je me suis trompée d'arrêt. Je suis bonne pour un quart d'heure de marche. Mon Vancel vibre. Instinctivement, j'y glisse ma main qui pour une fois se pose sur mon téléphone. Il est innocent, mais l'autre s'agite avec obstination. J'hésite, puis me décide à répondre. Celui qui appelle saura m’indiquer comment joindre l'infortuné qui a perdu son lien avec sa tribu.
— Allo ?
Je capte un gargouillis sur fond de parasites, puis plus rien.
— Allo ? Allo ?
Cette fois, je suis très en retard. Une délégation coréenne m'attend au bureau. Mon patron doit friser la crise de nerfs. Sans que mon cerveau s'en mêle, mes doigts composent son numéro sur le clavier du 4G. Ça sonne, on répond.
— Allo !
Il est très irrité.
— Bonjour, monsieur Dupond, c'est Chloé.
Je rêve ! Il vient de me raccrocher au nez.
Je ne sais plus quoi faire. Réfléchir ? Je suis sûre de garder mon poste si le contrat est signé. Je dois réagir. De nouveau, mon pouce s'active sur l'écran. J'attends. Une voix artificielle m'informe que le numéro n'est plus attribué. Je fronce les sourcils, secoue ce maudit appareil, raccroche et recompose. Rien n’y fait. Je lâche le 4G dans une poche de mon Vancel. Je cours, perchée sur des échasses qui amincissent ma silhouette, rectifient avantageusement ma posture, mais menacent de me faire tomber. Il ne manquerait plus que j'entre en réunion avec des collants filés. L'idée de la tête que ferait répétition de faire, 4 fois en peu de phrases, de plus faire un verbe dit "faible" ou fourre-tout, moins tu l’utilise mieux c’est Dupond étire mes lèvres, tandis que je pousse la porte. L'ascenseur me conduit au seizième. Mon badge n'a pas été désactivé.
— Bon sang, Chloé, qu’est-ce que tu foutais ?
Ça, c’est Nath, l’assistante du patron. On s’embrasse, on se tutoie, mais en vérité, on se déteste.
— Je suis là. Le boss est avec les Coréens ?
— J’aimerais bien !
Cet air pincé signifie que la situation la dépasse.
— Explique.
— Il s'est volatilisé !
— Aïe ! Attention aux ! les utiliser quand cela ajoute à la phrase, pas lorsqu’on comprend sans cette précision, un des deux précédents peut être enlevé, pas le troisième, bien sûr Qui est avec la délégation ?
— Franck. On leur a servi un café et maintenant, il présente la société.
Rien n'est perdu. Cette revue de nos performances est une excellente entrée en matière.
— Vous avez assuré. J'y vais. Toi, tu mets la main sur Dupond et tu nous l'envoies illico.
Elle me rappelle, son index s'agite pour me demander d'approcher. Je déteste son air de conspirateur, d'autant que là, elle semble avoir plus qu'un ragot à rapporter.
— Il n'est nulle part, souffle-t-elle.
— Comment ça, nulle part ?
Je la sens à deux doigts d'exploser.
— Tu ne m'écoutes pas !
Elle marque un point. Je ne l’écoute jamais. Je culpabiliserais si je n’étais pas si pressée.
— D’accord, je suis tout ouïe, mais sois brève, je dois y aller.
Ses serres laquées de rouge agrippent mon avant-bras et ses traits se déforment.
— Je te l’ai dit, articule-t-elle, il s’est évaporé ! Ce matin, il a accueilli la délégation. Il est resté avec elle jusqu’à l’arrivée de Franck. Ensuite, il a regagné son bureau en se plaignant de devoir tout gérer seul. Bref, il voulait s’imprégner du dossier. Depuis... rien. Il n’a pas bougé, mais quand Franck l’a demandé, je ne l’ai pas trouvé.
— Il est sorti pendant que tu étais occupée.
— Je viens de dire que non !
Le ton monte, je frôle les limites de sa patience.
— Chut. Tu sais bien que c’est impossible.
Le doigt sur les lèvres, je regarde autour de moi. Par sa porte ouverte, j’aperçois le joli minois d’Agnès. Elle est si captivée par son clavier que je me demande si elle compte les touches. Je l’appelle. Elle lève le nez. Un tressaillement et j’aurai je crois qu’il faut un "s" juré que cette gamine était aussi débordée qu’elle s’appliquait à le paraître. Je remballe mes illusions et joue à mon tour de l’index. Elle nous rejoint en trottinant, avec des mines d’enfant qui du haut de ses vingt ans, lui vont à merveille.
— C’est important, Agnès, dis-je en souriant. Il faut absolument que monsieur Dupond se présente en salle de réunion. Je veux que tu aides Nathalie à le trouver.
— Vous avez essayé son portable ?
— Oui, il a dû l’éteindre. Je compte sur toi pour découvrir où il se cache.
Elle hoche la tête, ravie de la marque de confiance. Lorsqu’elle est loin, je me tourne vers Nathalie.
— Ça ira, murmure-t-elle. File, Franck t’attend. Moi, je retrouve Dupond. S’il le faut, je contacterai Durand. Tu auras quelqu’un pour valider ce contrat.
On a gagné. Durand a signé. « Dd&Dd » s’implante en Corée. Je ne crains plus pour mon job, mais le silence de Dupond m’inquiète. Je hausse les épaules, au diable la fibre maternelle, je suis son employée, lui n'est que mon patron ☺☺☺. « Ça me tracasse quand même ! » Son associé a pris les choses en main. Bon, tout le monde a filé et moi, je suis crevée.
Je n’ai qu’une envie, un bain avec mon homme. Je souris, m’étire et cherche mon portable. Je vais l’appeler. Marc sera là en deux coups de volant. Chinois ? Italien ? Il choisira. Je préfère l’italien, mais j’aime toutes les cuisines. Une remarque, tu dis qu’elle souhaite un bain, et après elle pense à un restau… précise peut-être que le bain c’est plus tard, après le restau Où est mon téléphone ? Il était dans mon sac, je ne l’ai pas utilisé. Tant pis, j’emprunte l’autre. J’ai la tête à l’envers, et trop besoin de me détendre. Les yeux dans le vague, je laisse mes doigts glisser sur l’écran tactile.
— Allo ?
— Bonsoir mon Amour, c’est Chloé. Allo ? Allo ?
Convulsivement, je recompose. Une voix me dit que le numéro n’est plus attribué. Une erreur ? Une angoisse incompréhensible m'étreint. Le sang se retire de mon visage et les larmes me viennent. C’est ridicule, mais il ne faut pas jouer avec mon bébé. Je tente de raisonner, de passer en revue les plus sérieuses hypothèses ? Marc n’a plus de batterie ? Le 4 G est en panne ? Oui, une panne expliquerait pourquoi ce matin, il a réagi de même. Je me force à ne pas me précipiter. Impossible. L’ascenseur est trop lent, je dévale l’escalier. Je cours. Il n’y a pas de bus et aucun taxi. Mon cœur bat la chamade, j’ai envie de hurler, envie de me faire mal, je ne peux que pleurer.
J’ai fini par trouver une voiture. J’avais si belle allure avec mes cheveux en bataille et mon rimmel en déroute que le chauffeur a tout fait pour m’éviter. Je crois que je lui ai fait répétition de faire peur. Je me suis presque jetée sous ses roues, il a dû s’arrêter. Le billet de cinquante euros, lancé sur ses genoux, a transformé son « Je ne prends plus personne. » en
— Sans reçu et sans crises d’hystérie. ☺☺☺
Je paie dix fois la valeur de la course et monsieur impose les règles. En d’autres circonstances, je l’aurai mal pris, mais je n’en ai pas envie. Je veux seulement qu’il se dépêche. Je hoche la tête et ouvre la portière.
— D’accord. À cette heure, il y en a pour moins de dix minutes.
Il ralentit, je sors avant qu’il s’arrête. J’entends ce qui ressemble à un juron, mais ça ne traverse que mes oreilles.
Je vole sur les marches, pousse la porte, tambourine sur le battant en cherchant ma clef. Ma main s’acharne sur le bois, agrippe la poignée, tandis que l’autre s’active. La serrure est grippée ? Impossible, pas pour rien, pas si vite. Une partie de moi songe que mon trousseau n'est plus attribué ☺☺☺. Je renifle, essuie mes yeux et me laisse tomber. Je renverse le contenu du Vancel sur mon paillasson. La minuterie s'éteint, mais la forme rectangulaire trouve ma paume et mon pouce compose seul mon propre numéro
Le lendemain, madame Martin ouvre la porte de l’appartement qu’elle occupe depuis trente ans. Il est tard et elle a mal dormi. Quelque chose, quelqu'un frappait au loin, pleurait peut-être. Elle est fatiguée, mais elle doit faire quelques courses. Son pied bute... elle ne saurait dire dans quoi. Elle rajuste ses lunettes, se penche légèrement. C’est un rectangle de verre et de métal, fin avec un bouton et un écran. Elle se baisse péniblement. Il est vrai que rien n’est facile à son âge. Ses doigts tordus agrippent le boîtier. Elle a du mal à se redresser. L’objet est beau, elle est sûre que celui qui l’a perdu sur son paillasson le cherche. Quelqu’un viendra le réclamer, ça lui permettra de parler. Elle se sent tellement seule.
Donc sur la forme, pas grand-chose à dire.
Sur le fond, c’est aussi très compréhensible, pas mal d’humour, pas de manque de cohérence, par contre une seule chose m’a un peu gênée : j’ai compris assez vite le coup du téléphone effaceur de personnes. Ce n’est pas vraiment gênant malgré tout car la chute est une réelle surprise, une logique (l’auto disparition), et la fin du cauchemar pour l’humanité avec la fin de cet échange de portables. Une idée, tu en fais ce que tu veux, bien sûr : et si son patron, elle l’appelle, il décroche, puis plus rien, elle rappelle et cela renvoie automatiquement sur le fixe de la société et comme ce n’est pas un portable, la secrétaire lui répond sans s’éclipser…
Si tu sais ce qu’est la bêta-lecture, ce n’est que mon avis, à toi de voir ce que tu retiens.
Le plus : très bien écrit, fluide, original et des petites touches d’humour
Le moins : attention à faire et aux "!". Peut-être le "phénomène" est amené trop vite en totalité.
Le conseil : avec un peu de travail sur les détails, tu devrais l’envoyer à des appels à texte SF ou fantastique (par exemple, un des plus couru en fantastique fin octobre, les éditions Malpertuis)
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Date d'inscription : 12/02/2011
Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
J'ai beaucoup aimé, car c'est très bien écrit, et bien relu. Digne de participer à un concours de nouvelles. Si tu n'as pas déjà essayé, tente le coup, tu as ce qu'il faut, et même plus que la plupart des jeunes écrivains en herbe. Ouaip, c'est un sacré compliment, mais c'est justifié par la qualité du travail rendu.
Les quelques remarques négatives qui vont suivre participent surtout du désir de t'aider à potentialiser encore plus le don qui est le tien. Mais crois-moi, il est très rare que je lise de si bonnes nouvelles sur le net (et j'en ai lu un peu plus que quelques-unes).
Une petite faute : je serre mon sac contre mon flanc, pas contre mon flan :)Je penche plutôt pour une inattention, j'ai fait la même récemment...
Je rejoins mémoire dans son analyse des verbes qui "tranchent" parfois avec le reste. Ce n'est pas excessivement grave, non. Simplement, ça donne la sensation que l'auteur s'est équipé d'un dico des synonymes ou qu'il a voulu "trop" bien faire et sortir des mots savants pour le plaisir de les citer. C'est plus un excès de style qu'un manque de style en fait. Certains lecteurs ne seront pas rebutés par cette forme, d'autres si. Un exemple, c'est cette "surépaisseur" sur laquelle ton héroïne trébuche. Je ne pense pas que tu utiliserais cette expression en temps ordinaire, on trébuche sur une bosse, un pli, un truc, un obstacle, mais rarement sur une "surépaisseur".
En même temps, je te le concède, surépaisseur est extrêmement BIEN choisi. C'est le mot qui convient exactement, le plus finement adapté à la situation. Mais il choque car il dénote au milieu de phrases "anodines" décrivant un quotidien banal. Un peu comme si un James Bond en smoking déboulait dans une rave du 9-3... Il a le droit d'être là, mais il est décalé.
Rien de bien grave, donc, et rien ne t'oblige à changer de registre. Pose-toi simplement la question de la cohérence textuelle.
Franchement, pour le reste, tu m'as bluffé, car le texte est très bon en soi, bien construit. De plus, ta chute prouve que tu as la même inclination que moi en ce qui concerne les "happy ends". Pour moi, une bonne fin n'est pas nécessairement une fin heureuse, et ça fait plaisir de lire quelqu'un qui partage cette conviction.
Les quelques remarques négatives qui vont suivre participent surtout du désir de t'aider à potentialiser encore plus le don qui est le tien. Mais crois-moi, il est très rare que je lise de si bonnes nouvelles sur le net (et j'en ai lu un peu plus que quelques-unes).
Une petite faute : je serre mon sac contre mon flanc, pas contre mon flan :)Je penche plutôt pour une inattention, j'ai fait la même récemment...
Je rejoins mémoire dans son analyse des verbes qui "tranchent" parfois avec le reste. Ce n'est pas excessivement grave, non. Simplement, ça donne la sensation que l'auteur s'est équipé d'un dico des synonymes ou qu'il a voulu "trop" bien faire et sortir des mots savants pour le plaisir de les citer. C'est plus un excès de style qu'un manque de style en fait. Certains lecteurs ne seront pas rebutés par cette forme, d'autres si. Un exemple, c'est cette "surépaisseur" sur laquelle ton héroïne trébuche. Je ne pense pas que tu utiliserais cette expression en temps ordinaire, on trébuche sur une bosse, un pli, un truc, un obstacle, mais rarement sur une "surépaisseur".
En même temps, je te le concède, surépaisseur est extrêmement BIEN choisi. C'est le mot qui convient exactement, le plus finement adapté à la situation. Mais il choque car il dénote au milieu de phrases "anodines" décrivant un quotidien banal. Un peu comme si un James Bond en smoking déboulait dans une rave du 9-3... Il a le droit d'être là, mais il est décalé.
Rien de bien grave, donc, et rien ne t'oblige à changer de registre. Pose-toi simplement la question de la cohérence textuelle.
Franchement, pour le reste, tu m'as bluffé, car le texte est très bon en soi, bien construit. De plus, ta chute prouve que tu as la même inclination que moi en ce qui concerne les "happy ends". Pour moi, une bonne fin n'est pas nécessairement une fin heureuse, et ça fait plaisir de lire quelqu'un qui partage cette conviction.
Shangry- Talent Hasardeux
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Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Bonsoir,
Merci à tous deux pour vos commentaires.
Pour les verbes faibles et les répétitions, tu as également raison, mais là, je ne suis pas certaine de réussir. A trop vouloir les éviter, j'ai tendance à me retrouver avec des textes qui me semblent un peu artificiels.
Mais je vais essayer.
Mais ce que tu me dis explique sans doute pourquoi les comités de lecture ne me sélectionne pas. Il faut effectivement que je me pose la question de la cohérence textuelle.
---
Je retravaillerai sur ce texte dans la semaine. Je vous remercie pour vos pistes.
A bientôt.
Merci à tous deux pour vos commentaires.
Je suis certaine que l'allusion passe inaperçue pour la plupart, les moins de quarante ans (trente cinq, peut-être) ne doivent pas connaître. Du coup, il est vrai qu'ils ne savent probablement pas qu'il s'agit de sac. Je vais le préciser d'une façon ou d'une autre.Elle ramasse son « Luitton », je glisse mon « Vancel » ☺☺☺ Amusant, mais attention, pas sûr que tes lecteurs comprennent l’inversion et que ce sont sans doute des sacs à main contre mon ventre.
Ok, je vais modifier.Attention aux ! les utiliser quand cela ajoute à la phrase, pas lorsqu’on comprend sans cette précision, un des deux précédents peut être enlevé, pas le troisième, bien sûr.
Tu as raison, ce n'est pas du futur.j’aurai je crois qu’il faut un "s"
Ok.Une remarque, tu dis qu’elle souhaite un bain, et après elle pense à un restau… précise peut-être que le bain c’est plus tard, après le restau
Pour les verbes faibles et les répétitions, tu as également raison, mais là, je ne suis pas certaine de réussir. A trop vouloir les éviter, j'ai tendance à me retrouver avec des textes qui me semblent un peu artificiels.
Mais je vais essayer.
Je vais y réfléchir. C'est peut-être le moyen d'étoffer un peu la nouvelle.Une idée, tu en fais ce que tu veux, bien sûr : et si son patron, elle l’appelle, il décroche, puis plus rien, elle rappelle et cela renvoie automatiquement sur le fixe de la société et comme ce n’est pas un portable, la secrétaire lui répond sans s’éclipser…
Je ne peux malheureusement pas. J'ai écrit cette nouvelle en 2011 pour un concours "Au féminin.com". Bien qu'elle n'ait pas été retenue, en cherchant bien, on la retrouve sur internet et Malpertuis cherche des textes totalement inédit.Le conseil : avec un peu de travail sur les détails, tu devrais l’envoyer à des appels à texte SF ou fantastique (par exemple, un des plus couru en fantastique fin octobre, les éditions Malpertuis)
Merci. En fait, j'ai tenté pas mal d'appels à textes, mais jusqu'à présent, rien n'y a fait. Je me débrouille, mais il me manque un "je ne sais quoi" et le temps que je ne le saurai pas, et bien je ne franchirai pas la barrière des comités de lecture.J'ai beaucoup aimé, car c'est très bien écrit, et bien relu. Digne de participer à un concours de nouvelles. Si tu n'as pas déjà essayé, tente le coup, tu as ce qu'il faut, et même plus que la plupart des jeunes écrivains en herbe. Ouaip, c'est un sacré compliment, mais c'est justifié par la qualité du travail rendu.
Bien sûr.Une petite faute : je serre mon sac contre mon flanc, pas contre mon flan :)Je penche plutôt pour une inattention, j'ai fait la même récemment...
J'ai beaucoup de mal à faire simple et contrairement à toi, qui sait écrire une nouvelle en deux heures, l'écriture c'est difficile pour moi. Je relis mille fois. Je change sans cesse de mot et une fois le texte fini, je le soumets à une liposuccion, pour limiter les relatives, raccourcir les phrases, simplifier, simplifier et simplifier encore. Une nouvelle de six pages ? 3 semaines de travail pour moi, et c'est loin d'être parfait.En même temps, je te le concède, surépaisseur est extrêmement BIEN choisi. C'est le mot qui convient exactement, le plus finement adapté à la situation. Mais il choque car il dénote au milieu de phrases "anodines" décrivant un quotidien banal. Un peu comme si un James Bond en smoking déboulait dans une rave du 9-3... Il a le droit d'être là, mais il est décalé.
Mais ce que tu me dis explique sans doute pourquoi les comités de lecture ne me sélectionne pas. Il faut effectivement que je me pose la question de la cohérence textuelle.
---
Je retravaillerai sur ce texte dans la semaine. Je vous remercie pour vos pistes.
A bientôt.
Plume- Talent Hasardeux
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Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Rapidement, pour Malpertuis, je ne pense pas que ce concours d'Aufeminin (ou ceux via les votes Internet) comptent, par contre précise-lui, quelqu'un comme cet éditeur, très sympa j'ai constaté, préfère la franchise.
Ce qui compte, c'est la question des droits, et puis, crois-moi, être édité chez lui reste une référence des concours SFFF
Pour passer à un concours de nouvelles, c'est un peu le hasard, on en a organisé 3 ici, j'ai été dans le jury de deux, il y a un consensus souvent.
J'ai une nouvelle, dans 3 cas, elle a été parmi les meilleures (pas sur Idey, bien sûr, on n'est pas juge et partie), ailleurs je n'en sais rien, Pilgrim, Shangry sont des spécialistes eux-aussi, dans certains cas ça passe et le même texte est ignoré ailleurs.
Par contre les jurys de concours (par rapport aux CDL) touchent tous les horizons, donc pas toujours le même monde littéraire et la même sensibilité
Ce qui compte, c'est la question des droits, et puis, crois-moi, être édité chez lui reste une référence des concours SFFF
Pour passer à un concours de nouvelles, c'est un peu le hasard, on en a organisé 3 ici, j'ai été dans le jury de deux, il y a un consensus souvent.
J'ai une nouvelle, dans 3 cas, elle a été parmi les meilleures (pas sur Idey, bien sûr, on n'est pas juge et partie), ailleurs je n'en sais rien, Pilgrim, Shangry sont des spécialistes eux-aussi, dans certains cas ça passe et le même texte est ignoré ailleurs.
Par contre les jurys de concours (par rapport aux CDL) touchent tous les horizons, donc pas toujours le même monde littéraire et la même sensibilité
MémoireDuTemps- Admin
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Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
hello Dame Plume
Je n'ai pas fait un bêta détaillée, mais te livre mes observations plus générales.
Je n'ai pas fait un bêta détaillée, mais te livre mes observations plus générales.
- observation générale:
Le texte est bien écrit, même si "incruste dans l'homme" est mal adapté ; flan (flanc), rien de bien grave.
Ce qui m'a gêné est surtout au point de vue du scénario. Des faiblesses, des fuites vers la facilité qui le rende pas ou peu convainquant.
Le passage final avec la vieille dame (qui est bien d'ailleurs ) est de trop ; je m'en explique, tu as utilisé la première personne tout le long, donc, nous étions dans la "tête" de ton personnage et pour moi ta nouvelle devait se terminer au moment précis où elle s'appelait ; après il n'y a plus rien, lorsque tu rajoutes le passage de la vieille dame, tu reprends ton rôle d'orateur, mais ça ne cadre pas avec le reste.
Bon c'est un peu court, mais si tu as des questions, n'hésite pas
Tu as du potentiel et je pense qu'en retravaillant ta trame, tu gagnerais en convainquant ton lecteur que ben oui, cela est possible.
Kwelly- Talent Confirmé
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Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Bonjour Kwelly,
En pratique, cette rupture m'intéresse. C'est un petit chaos sur un chemin, où comme tu le soulignes, on progresse presque trop aisément.
Bref, ma fin, je l'aime et j'y tiens.
En revanche,
Par faiblesse et fuite vers la facilité, tu veux dire trop de raccourcis, le manque d'un petit quelque chose auquel le lecteur préfèrerait assister ?
Tu rejoins un peu Mémoire, qui dit :
Je modifie le texte dans ce sens. J'espère le mettre en ligne en fin de semaine.
Merci pour tes impressions.
A bientôt.
En théorie, je te suis totalement. Cette façon de faire crée une rupture sur laquelle le lecteur bute un peu.Le passage final avec la vieille dame (qui est bien d'ailleurs ) est de trop ; je m'en explique, tu as utilisé la première personne tout le long, donc, nous étions dans la "tête" de ton personnage et pour moi ta nouvelle devait se terminer au moment précis où elle s'appelait ; après il n'y a plus rien, lorsque tu rajoutes le passage de la vieille dame, tu reprends ton rôle d'orateur, mais ça ne cadre pas avec le reste.
En pratique, cette rupture m'intéresse. C'est un petit chaos sur un chemin, où comme tu le soulignes, on progresse presque trop aisément.
Bref, ma fin, je l'aime et j'y tiens.
En revanche,
Peu convainquant ? Ouch, tu es rude. Moi, je trouvais le texte plutôt cohérent. Mais bon, je prends la main qui se tend et je vais essayer d'aller dans ton sens.Des faiblesses, des fuites vers la facilité qui le rende pas ou peu convainquant.
Par faiblesse et fuite vers la facilité, tu veux dire trop de raccourcis, le manque d'un petit quelque chose auquel le lecteur préfèrerait assister ?
Tu rejoins un peu Mémoire, qui dit :
D'accord à 100% avec ces remarques.Peut-être le "phénomène" est amené trop vite en totalité. [...] avec un peu de travail sur les détails.
Je modifie le texte dans ce sens. J'espère le mettre en ligne en fin de semaine.
Merci pour tes impressions.
A bientôt.
Plume- Talent Hasardeux
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Date d'inscription : 05/10/2013
Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Non, je ne suis pas rude ou désolée si tu mes commentaires l'ont laissé croire. En fait j'ai relevé deux choses qui sont pour me semble-t-il importante :
En fait quand je parle de brèches dans ton scénario, je pense surtout à la première utilisation du téléphone. Tu as décrit un personnage foncièrement honnête qui veut rendre le 4G à son propriétaire, donc, elle ne l’utilisera pas pour passer un coup de fil perso à son patron ; en toute logique, elle va prendre le sien ( à toi de le rendre HS) ; tu ferais ici une pierre deux coups, puisque à la fin, quand elle veut appeler son chéri, l’histoire de son portable qui a disparu de son sac est selon moi, tiré par les cheveux.
Deuxièmement, elle appelle son « doudou » de son lieu de travail, parce qu’elle est fatiguée (j’ai pas eu l’impression qu’elle avait bossé plus que la réunion, est-ce le cas ?) et qu’elle souhaite qu’il vienne la chercher. Elle est autonome et pas à l’agonie, pas de trouble physique ; donc, je pense que dans le pire des cas, elle prendrait un taxi pour rentrer.
Voilà, ce n’est pas grand-chose, mais je me suis arrêtée sur ces faits qui me semblaient un peu tirer par les cheveux.
T'inquiète, j'ai lu le tout avec plaisir
En fait quand je parle de brèches dans ton scénario, je pense surtout à la première utilisation du téléphone. Tu as décrit un personnage foncièrement honnête qui veut rendre le 4G à son propriétaire, donc, elle ne l’utilisera pas pour passer un coup de fil perso à son patron ; en toute logique, elle va prendre le sien ( à toi de le rendre HS) ; tu ferais ici une pierre deux coups, puisque à la fin, quand elle veut appeler son chéri, l’histoire de son portable qui a disparu de son sac est selon moi, tiré par les cheveux.
Deuxièmement, elle appelle son « doudou » de son lieu de travail, parce qu’elle est fatiguée (j’ai pas eu l’impression qu’elle avait bossé plus que la réunion, est-ce le cas ?) et qu’elle souhaite qu’il vienne la chercher. Elle est autonome et pas à l’agonie, pas de trouble physique ; donc, je pense que dans le pire des cas, elle prendrait un taxi pour rentrer.
Voilà, ce n’est pas grand-chose, mais je me suis arrêtée sur ces faits qui me semblaient un peu tirer par les cheveux.
T'inquiète, j'ai lu le tout avec plaisir
Kwelly- Talent Confirmé
- Nombre de messages : 386
Localisation : Drome
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Points : 312
Date d'inscription : 02/06/2013
Re: Le numéro que vous avez demandé n'est plus attribué.
Tiens, je me suis attardé sur ta nouvelle et ai été aussi agréablement surpris.
En réalité, je n'ai que deux petites remarques sur la forme :
J'aurais néanmoins quelques petites annotations à ajouter - même si je suis pressé et que j'ai cours à 13h ^^.
Ce texte aurait mérité d'être beaucoup plus exploité dans la durée : il y a un déséquilibre entre la situation de départ, bien amenée, bien décrite, bien en longueur, et la situation finale... presque brusquée.
Je ne parle pas de la chute, mais plutôt dès la disparition du patron.
De même, les protagonistes ont quelque chose d'absent... c'est étrange d'instituer des notions de comportement - chez Nathalie - ainsi que le ressenti du narrateur... si ce n'est au final pour ne pas les utiliser.
En définitive, à quoi ça sert que la narratrice déteste l'assistante ? L'information est inutile et paraît donc superflue.
Tu me rétorqueras peut-être que l'écriture en soi est inutile, et que c'est juste pour installer un contexte... tu aurais en partie raison, mais je trouve que la nouvelle s'ouvre à d'autres dimensions si le contexte s'enrichit des péripéties et sert à les mettre en évidence.
C'est un avis qui reste le mien.
L'autre petit bémol... c'est la chute. Contrairement aux autres, je la trouve un peu clichée et "attendue".
Dès la disparition du patron et puisque seul le smartphone est un élément distingué et perturbateur dans le contexte quotidien de la narratrice, on se dit que le pot aux roses est assez facilement remarquable - d'autant plus que le titre nous met très vite sur la voie.
La disparition du "chéri" Marc confirme. L'ajout de la vieille dame est redondant, et n'apporte rien d'autre qu'un troisième exemple sur le phénomène paranormal du téléphone.
En fait, au fond de moi, ce qui me manque peut-être dans ce texte... c'est une sorte de "moralité".
A tout hasard, je dirais par exemple : "pas bien de récupérer les téléphones qui sont pas à soi". Et ce serait là-dessus que la chute devrait "en gros" se concentrer.
Bien entendu, ma morale à moi est trouvée sur le fil de ma bêta-lecture, sans réflexion approfondie.
Mais je dirais qu'un élément "contextuel littéraire" (j'invente mes propres termes, ne cherche pas sur google ^^) est sur le banc des absents. On ne fait qu'assister au phénomène, et il manque le petit recul qui donne de la profondeur au récit.
Et pour rejoindre la forme, je dirais que cette défaillance se ressent dans la fluidité du texte. Si la première partie prend son temps et établit un contexte intéressant, la suite et la fin sont précipitées. Au point de ne plus tout à fait prendre la peine de continuer à alimenter le contexte de fond.
Mon opinion paraît certainement un peu vague et, si besoin, je peux prendre le temps de l'expliquer un poil plus, notamment en ce qui concerne le "contexte littéraire" mal exploité.
Bon courage en tout cas si tu arrives à me comprendre .
En réalité, je n'ai que deux petites remarques sur la forme :
=> il manque pas la suite à "élégante" ?Moi, j'échoue le genou contre celui d'une élégante.
=> pourquoi "pour une fois" ?Instinctivement, j'y glisse ma main qui pour une fois se pose sur mon téléphone.
J'aurais néanmoins quelques petites annotations à ajouter - même si je suis pressé et que j'ai cours à 13h ^^.
Ce texte aurait mérité d'être beaucoup plus exploité dans la durée : il y a un déséquilibre entre la situation de départ, bien amenée, bien décrite, bien en longueur, et la situation finale... presque brusquée.
Je ne parle pas de la chute, mais plutôt dès la disparition du patron.
De même, les protagonistes ont quelque chose d'absent... c'est étrange d'instituer des notions de comportement - chez Nathalie - ainsi que le ressenti du narrateur... si ce n'est au final pour ne pas les utiliser.
En définitive, à quoi ça sert que la narratrice déteste l'assistante ? L'information est inutile et paraît donc superflue.
Tu me rétorqueras peut-être que l'écriture en soi est inutile, et que c'est juste pour installer un contexte... tu aurais en partie raison, mais je trouve que la nouvelle s'ouvre à d'autres dimensions si le contexte s'enrichit des péripéties et sert à les mettre en évidence.
C'est un avis qui reste le mien.
L'autre petit bémol... c'est la chute. Contrairement aux autres, je la trouve un peu clichée et "attendue".
Dès la disparition du patron et puisque seul le smartphone est un élément distingué et perturbateur dans le contexte quotidien de la narratrice, on se dit que le pot aux roses est assez facilement remarquable - d'autant plus que le titre nous met très vite sur la voie.
La disparition du "chéri" Marc confirme. L'ajout de la vieille dame est redondant, et n'apporte rien d'autre qu'un troisième exemple sur le phénomène paranormal du téléphone.
En fait, au fond de moi, ce qui me manque peut-être dans ce texte... c'est une sorte de "moralité".
A tout hasard, je dirais par exemple : "pas bien de récupérer les téléphones qui sont pas à soi". Et ce serait là-dessus que la chute devrait "en gros" se concentrer.
Bien entendu, ma morale à moi est trouvée sur le fil de ma bêta-lecture, sans réflexion approfondie.
Mais je dirais qu'un élément "contextuel littéraire" (j'invente mes propres termes, ne cherche pas sur google ^^) est sur le banc des absents. On ne fait qu'assister au phénomène, et il manque le petit recul qui donne de la profondeur au récit.
Et pour rejoindre la forme, je dirais que cette défaillance se ressent dans la fluidité du texte. Si la première partie prend son temps et établit un contexte intéressant, la suite et la fin sont précipitées. Au point de ne plus tout à fait prendre la peine de continuer à alimenter le contexte de fond.
Mon opinion paraît certainement un peu vague et, si besoin, je peux prendre le temps de l'expliquer un poil plus, notamment en ce qui concerne le "contexte littéraire" mal exploité.
Bon courage en tout cas si tu arrives à me comprendre .
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