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Requiem de Venise

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Message  MrSonge Mer 14 Oct 2009 - 17:10

Je m'explique. J'ai une petit-cousine qui a deux passions à peu près égales : Venise la Magnifique et le roman gothique de la plus belle eau (du genre Le Moine, de Lewis). Comme j'aime bien ma petite cousine et qu'elle se désole depuis longtemps de ne pas trouver de récit gothique se déroulant à Venise, je lui ai proposé d'en écrire un.
Ce texte, que j'ai posté dans Nouvelle, ne sachant pas quelle longueur il va avoir, je suis entrain de le rédiger, un peu à la manière d'un "feuilleton" dont je lui envoie les épisodes à peu près régulièrement.
Voilà, c'est donc assez différent de ce que je fais d'habitude, plus "suspens" et parfois assez glauque, et j'espère que cela vous plaira ! Razz

Introitus

Venise , 1520


Lentement, les brumes qui nimbaient la Sérénissime se dissipaient, perforées par les premiers rayons du soleil de septembre. C'était l'heure incertaine et envoûtante où la nuit traînante laisse ses derniers relents se mélanger au jour naissant. Les pigeons qui régnaient en maître sur la Place Saint-Marc sortaient lentement de leur torpeur nocturne, tandis que les mouettes de la lagune s'ébrouaient déjà près des quais. A l'intérieur de l'agglomération, seul le Grand Canal commençait à voir poindre les premières activités humaines diurnes. Nombre de rues et de ruelles demeuraient obscures, comme si la lumière ne s'infiltrait qu'avec difficulté dans cet entrelacs de canaux et de venelles qui constituait les différents quartiers de la ville.
Alors que le premier coup de cinq heures du matin sonnait au campanile de l'église Santa Maria Gloriosa dei Frari, un moine pénétrait furtivement, par la porte du monastère, dans la cathédrale elle-même. L'intérieur du bâtiment était particulièrement enténébré. Il progressait lentement, tâchant de faire le moins de bruit possible. Il s'immobilisa devant le maître-autel, derrière lequel il parvenait vaguement à distinguer l'Assomption de Titien, installée ici deux ans auparavant. Toujours aussi discrètement, il traversa le transept et se glissa dans un confessionnal qui grinça de tous ses membres lorsqu'il y prit place. Il cessa de respirer jusqu'à ce que l'écho se fut entièrement dissipé parmi les croisées d'ogives. Lorsque le silence se fit à nouveau, il s'essuya le front et se mit à prier fiévreusement, en bredouillant et en mangeant les mots.
Au bout d'un instant, des pas réguliers se firent entendre dans la cathédrale. Quelqu'un venait visiblement d'y pénétrer par une porte latérale. Cette intrusion ne sembla pas surprendre le franciscain qui continuait à réciter son oraison. Le bruit se rapprocha du confessionnal, puis il y eut quelques secondes de silence avant que l'isoloir de bois n'émette à nouveau ses grincements de contestation. Le moine n'était plus seul, il sentait une respiration dans le compartiment adjacent, cessa de murmurer et se raidit imperceptiblement. Le nouveau venu parla le premier, d'une voix basse d'homme mûr.
- Alors, Fra Ambrosio, qu'avez-vous à me dire ?
- Elle ne voulait pas, fit le religieux d'une voix implorante. J'ai dû agir dans l'urgence, tout c'est passé si vite... Je n'ai pas eu le temps de réfléchir.
- Vous avez été d'une imprudence qui défie toute imagination. Sachez que si cela venait à mal tourner, je n'hésiterais pas un instant à sacrifier à ma sécurité votre misérable personne.
- Pardon, maestro, pardon. Je vous jure sur les Saintes-Ecritures que cela ne se reproduira plus.
- Allons, pas de cela avec moi, trancha l'inconnu d'une voix sarcastique mais ferme. Je sais très bien que ces écrits n'ont pas plus de valeur pour vous que pour moi-même.
- Alors, peut-être...
- Il suffit, Fra Ambrosio ! Voilà comment j'envisage la suite : vous allez vous tenir coi, vous allez vous attacher à rester le prieur le plus efficace de San Polo, intègre et vertueux que vous êtes pour tout le monde. Je m'occuperais personnellement de cette regrettable affaire et je vous contacterais en temps voulu. Je tiens cependant à ce que vous sachiez que si pareil fourvoiement devait se reproduire, il serait bon que vous vous mettiez à prier - avec ferveur, pour une fois - pour le salut de votre âme après ce que je vous ferais subir.
Fra Ambrosio ne parvint pas à répondre. Sa langue était collée de terreur à son palais, sa bouche était pâteuse et il tremblait de tous ses membres. Il ne tenta même pas de se confondre une fois de plus en excuses, son interlocuteur quittant déjà le confessionnal. Le bruit sec de ses pas allait décroissant pour finalement se dissiper entièrement dans les sombres recoins de l'église tandis que l'on entendait le claquement brutal d'une porte qui se referme.
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Message  Laumie Mer 14 Oct 2009 - 18:01

MrSonge a écrit:
Introitus

Venise , 1520


Lentement, les brumes qui nimbaient la Sérénissime se dissipaient, perforées par les premiers rayons du soleil de septembre. C'était l'heure incertaine et envoûtante où la nuit traînante laisse ses derniers relents se mélanger au jour naissant. Les pigeons qui régnaient en maître sur la Place Saint-Marc sortaient lentement de leur torpeur nocturne, tandis que les mouettes de la lagune s'ébrouaient déjà près des quais. A l'intérieur de l'agglomération (C'est pas vraiment un mot qui va avec Venise. Tu devrais essayer avec "cité" puisque tu mets "ville" plus loin Wink), seul le Grand Canal commençait à voir poindre les premières activités humaines diurnes. Nombre de rues et de ruelles demeuraient obscures, comme si la lumière ne s'infiltrait qu'avec difficulté dans cet entrelacs de canaux et de venelles qui constituait les différents quartiers de la ville.
Alors que le premier coup de cinq heures du matin sonnait au campanile de l'église Santa Maria Gloriosa dei Frari, un moine pénétrait furtivement [Pas de virg.] par la porte du monastère [Pas de Virg.] dans la cathédrale elle-même. L'intérieur du bâtiment était particulièrement enténébré. Il progressait lentement, tâchant de faire le moins de bruit possible. Il s'immobilisa devant le maître-autel, derrière lequel il parvenait vaguement à distinguer l'Assomption de Titien, installée ici (Je mettrais plus "là" parce que "ici" sonne bizarrement) deux ans auparavant. Toujours aussi discrètement, il traversa le transept et se glissa dans un confessionnal qui grinça de tous ses membres lorsqu'il y prit place. Il cessa de respirer jusqu'à ce que l'écho se fut entièrement dissipé parmi les croisées d'ogives. Lorsque le silence se fit à nouveau, il s'essuya le front et se mit à prier fiévreusement, en bredouillant et en mangeant les mots.
Au bout d'un instant, des pas réguliers se firent entendre dans la cathédrale. Quelqu'un venait visiblement d'y pénétrer par une porte latérale. Cette intrusion ne sembla pas surprendre le franciscain qui continuait à réciter son oraison. Le bruit se rapprocha du confessionnal, puis il y eut quelques secondes de silence avant que l'isoloir de bois n'émette à nouveau ses grincements de contestation. Le moine n'était plus seul [Point] Il sentait une respiration dans le compartiment adjacent [Point] Il cessa de murmurer et se raidit imperceptiblement. Le nouveau venu parla le premier, d'une voix basse d'homme mûr.
- Alors, Fra Ambrosio, qu'avez-vous à me dire ?
- Elle ne voulait pas, fit le religieux d'une voix implorante. J'ai dû agir dans l'urgence, tout s'est passé si vite... Je n'ai pas eu le temps de réfléchir.
- Vous avez été d'une imprudence qui défie toute imagination. Sachez que si cela venait à mal tourner, je n'hésiterais pas un instant à sacrifier à ma sécurité votre misérable personne.
- Pardon, maestro, pardon. Je vous jure sur les Saintes-Ecritures que cela ne se reproduira plus.
- Allons, pas de cela avec moi, trancha l'inconnu d'une voix sarcastique mais ferme. Je sais très bien que ces écrits n'ont pas plus de valeur pour vous que pour moi-même.
- Alors, peut-être...
- Il suffit, Fra Ambrosio ! Voilà comment j'envisage la suite : vous allez vous tenir coi et vous attacher à rester le prieur le plus efficace de San Polo, intègre et vertueux que vous êtes pour tout le monde. Je m'occuperais personnellement de cette regrettable affaire et je vous contacterais en temps voulu. Je tiens cependant à ce que vous sachiez que si pareil fourvoiement devait se reproduire, il serait bon que vous vous mettiez à prier - avec ferveur, pour une fois - pour le salut de votre âme après ce que je vous ferais subir.
Fra Ambrosio ne parvint pas à répondre. Sa langue était collée de terreur à son palais, sa bouche était pâteuse et il tremblait de tous ses membres. Il ne tenta même pas de se confondre une fois de plus en excuses, son interlocuteur quittant déjà le confessionnal. Le bruit sec de ses pas allait décroissant pour finalement se dissiper entièrement dans les sombres recoins de l'église tandis que l'on entendait le claquement brutal d'une porte qui se referme.

Bon, t'as un problème avec certaines virgules que tu veux placer mais qui ne devraient pas y être LoL Tout comme le Conditionnel dans la phrase "Je m'occuperai personnellement ... et je vous contacterai en temps voulu".

Mais j'adore !!!!!!! Ça a l'air sympathiquement noir en plus, donc j'attends la suite avec hâte ^^


Dernière édition par Laumie le Mer 14 Oct 2009 - 19:30, édité 1 fois
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Message  MrSonge Mer 14 Oct 2009 - 18:52

Ah oui, diable, tu as raison, "agglomération" n'a rien à faire là, surtout au XVIe ! xD
Je corrige. Et pour les virgules aussi, c'est familial, on a toujours aimé les virgules, on en met partout. Razz

Cela dit, en effet, ça risque bien d'être noir, puisqu'il faut quand même que je respect les "bases" du genre "roman gothique". Donc, il y a de fortes chances pour qu'on croise du meurtre, du blasphème, un peu de torture, pas mal de cruauté, et puis, pourquoi pas un peu de surnaturel. chizz
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Message  Laumie Mer 14 Oct 2009 - 19:31

Intéressant en diable tout ça ^^
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Message  MrSonge Mer 14 Oct 2009 - 19:34

C'est le cas de le dire, car il n'est jamais loin. Razz
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Message  MrSonge Mer 14 Oct 2009 - 20:00

D'ailleurs, la preuve (enfin peut-être) :

Introitus (suite)


Après quelques minutes, Fra Ambrosio eut enfin le courage d'affronter les crissements du confessionnal et s'en extirpa lentement. Mal assuré sur ses jambes tremblantes, il sortit du bas-côté et s'engagea dans la nef en triturant le crucifix qui lui pendait sur la poitrine, suspendu au bout d'une chaîne. Au moment même où il posait la main sur la poignée de la porte qui s'ouvrait sur le jardin du monastère, il sentit soudainement le poids d'un regard insistant sur sa nuque. Il se retourna en sursautant et fit plusieurs fois des yeux le tour de la cathédrale. Ne parvenant à distinguer âme qui vive, il se tourna vers la porte et s'apprêtait à la pousser quand lui parvint le bruissement indistinct d'une étoffe qu'un bref coup de vent remue. Dans un état proche de la terreur, il fit volte-face une seconde fois, ses yeux allant frénétiquement d'un coin à l'autre de l'immense salle. Les pans de sa bure furent soulevés par un courant d'air qui s'en alla gémir entre les colonnes du choeur. Le moine osa enfin desserrer les dents :
- Y a-t-il quelqu'un ? demanda-t-il d'une voix tremblante avant de déglutir péniblement.
Personne ne répondit.
Appuyé contre le mur, les mains serrant de toute la force de leurs doigts le petit crucifix d'argent sur lequel glissait des gouttes de sueur, Fra Ambrosio ne pouvait se résoudre à tourner le dos à cette étendue d'ombre glaciale. Lorsqu'il parvint enfin à réunir les dernières parcelles de courage qui subsistaient en lui, alors qu'il s'apprêtait à pousser la petite porte de chêne, une voix féminine l'interpella.
- Fra Ambrosio, vous me décevez ! Depuis quand devez-vous avoir peur de moi ?
Ces quelques mots eurent sur lui l'effet d'un coup de fouet entre les omoplates. Il se raidit, le souffle coupé et lâcha la poignée avant de laisser son bras retomber le long de son corps. Lentement, il pivota vers l'exèdre, d'où semblait venir la voix. Une silhouette sombre était assise à la place qui lui était d'ordinaire réservée, durant les services. Elle était vêtue d'une robe longue, de couleur sombre et portait un voile qui lui retombait sur les épaules comme une chevelure soyeuse. Après avoir visiblement joui quelques instants du désarrois du religieux, elle se leva et s'approcha de lui d'un pas mesuré, les bras réunis sur la poitrine.
- Soeur supérieure Béatrice, bredouilla Fra Ambrosio, que faites-vous ici ?
L'abbesse s'immobilisa à moins d'un mètre de lui. Elle se tenait juste dans un des premiers rais de lumière qui perçaient au travers de vitraux de l'église. Son visage était calme, elle souriait. Une mèche rousse s'était échappée de sa coiffe et lui descendait le long du front. Ses yeux, d'une étrange teinte rouge qui luisait dans la pénombre, transperçaient le prieur de leur regard corrosif.
- Vous ne m'avez pas oublié, au moins ? lui demanda-t-elle en se rapprochant encore un peu et en feignant d'être dévorée par l'appréhension de sa réponse.
- Bien sûr que non, comment le pourrais-je ? Vous êtes tellement unique. Tellement merveilleuse.
- Alors, que signifie donc cette attitude que je pourrais bien prendre pour de la peur ? interrogea-t-elle en posant sur l'épaule de Fra Ambrosio une main douce mais ferme qui le fit tressaillir.
- C'est que je ne vous attendais pas maintenant, ni surtout en un tel lieu, ajouta-t-il en désignant du regard l'imposant crucifix qui surplombait le maître-autel.
La religieuse posa les yeux sur l'effigie du Christ sans déplacer sa main et éclata de rire. Quand elle retourna la tête vers le moine pétrifié, elle hoquetait encore. Elle planta son regard aigu dans ses yeux bleus et l'attira d'un coup contre elle. Sa main descendit le long de son bras pour saisir Fra Ambrosio par la taille. Il ne tenta même pas de se dégager, il était comme hypnotisé par le regard de braise de la Soeur Supérieur qui, de sa main libre, le força à nouer ses bras autour de ses reins.
- Soeur Béatrice, je vous en prie, supplia-t-il d'une voix brisée, pas ici !
- Allons, que voulez-vous qu'il nous arrive ? Le plus matinal de vos frari ne pénétrera ici que dans une heure, je le sais. Faites moi confiance. N'allez pas me dire, fit-elle soudainement en le repoussant, que vous n'en avez pas envie ?
- Bien sûr que non, répondit-il, fébrile, en ne pouvant s'empêcher de l'attirer à nouveau contre lui. Mais si on nous surprenait, ce serait terrible.
- Alors c'est que vous n'avez plus confiance en moi, siffla l'abbesse en approchant ses lèvres du cou du franciscain.
- Non, lâcha celui-ci dans un souffle, jamais je ne cesserai de vous faire confiance, jamais.
- Dans ce cas, Fra Ambrosio, reprit-t-elle en laissant sa bouche remonter vers l'encolure des lèvres du moine, qu'attendez-vous pour m'embrasser ?
Leurs lèvres se rencontrèrent, et le prieur, l'échine parcourue par une onde électrique, ne contint plus son désir. Il serra plus fort encore Soeur Béatrice contre lui, tout en lui arrachant sa coiffe. Sa lourde chevelure rousse, lorsqu'elle l'eut déliée d'un geste brusque et précis, se répandit le long de sa nuque et entre ses omoplates en une cascade de boucles brillantes. Ses yeux étaient devenus deux charbons ardents qui dardaient leur lueur vermeille sur le visage transpirant de Fra Ambrosio. La robe d'abbesse et la bure de moine suivirent rapidement le même chemin que la coiffe, avant que les deux corps enlacés, consumés de désir ne roulent sur les dalles glacées de la cathédrale.
Lorsque six heures sonnèrent au campanile, quelques minutes avant que Fra Bernardo ne vienne ouvrir la porte principale de Santa Maria Gloriosa dei Frari, il ne subsistait de leurs ébats qu'une infime trace de sueur sur le sol dur du déambulatoire.
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Message  Pacô Jeu 15 Oct 2009 - 9:38

MrSonge a écrit:
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Venise , 1520

Lentement, les brumes qui nimbaient la Sérénissime se dissipaient, perforées par les premiers rayons du soleil de septembre. C'était l'heure incertaine et envoûtante où la nuit traînante laisse ses derniers relents se mélanger au jour naissant. Les pigeons qui régnaient en maître(s) sur la Place Saint-Marc sortaient lentement de leur torpeur nocturne, tandis que les mouettes de la lagune s'ébrouaient déjà près des quais. A l'intérieur de l'agglomération, seul le Grand Canal commençait à voir poindre les premières activités humaines diurnes (ça fait un peu lourd là ... ). Nombre de rues et de ruelles demeuraient (là vient la question qui turlupine: demeurer doit s'accorder avec nombre, dans la logique de la phrase mais pas dans la logique du sens. Et je sais pas lequel doit primer sur l'autre) obscures, comme si la lumière ne s'infiltrait qu'avec difficulté dans cet entrelacs de canaux et de venelles qui constituait les différents quartiers de la ville.
Alors que le premier coup de cinq heures du matin sonnait au campanile de l'église Santa Maria Gloriosa dei Frari, un moine pénétrait furtivement, par la porte du monastère, dans la cathédrale elle-même. L'intérieur du bâtiment était particulièrement enténébré. Il progressait lentement, tâchant de faire le moins de bruit possible. Il s'immobilisa devant le maître-autel, derrière lequel il parvenait vaguement à distinguer l'Assomption de Titien, installée ici deux ans auparavant. Toujours aussi discrètement, il traversa le transept et se glissa dans un confessionnal qui grinça de tous ses membres lorsqu'il y prit place. Il cessa de respirer jusqu'à ce que l'écho se fut entièrement dissipé parmi les croisées d'ogives. Lorsque le silence se fit à nouveau, il s'essuya le front et se mit à prier fiévreusement, en bredouillant et en mangeant les mots.
Au bout d'un instant, des pas réguliers se firent entendre dans la cathédrale. Quelqu'un venait visiblement d'y pénétrer par une porte latérale. Cette intrusion ne sembla pas surprendre le franciscain qui continuait à réciter son oraison. Le bruit se rapprocha du confessionnal, puis il y eut quelques secondes de silence avant que l'isoloir de bois n'émette à nouveau ses grincements de contestation. Le moine n'était plus seul, il sentait une respiration dans le compartiment adjacent, cessa de murmurer et se raidit imperceptiblement (c'est à dire ? oO). Le nouveau venu parla le premier, d'une voix basse d'homme mûr.
- Alors, Fra Ambrosio, qu'avez-vous à me dire ?
- Elle ne voulait pas, fit le religieux d'une voix implorante. J'ai dû agir dans l'urgence, tout s'est passé si vite... Je n'ai pas eu le temps de réfléchir.
- Vous avez été d'une imprudence qui défie toute imagination. Sachez que si cela venait à mal tourner, je n'hésiterais pas un instant à sacrifier à ma sécurité votre misérable personne.
- Pardon, maestro, pardon. Je vous jure sur les Saintes-Écritures que cela ne se reproduira plus.
- Allons, pas de cela avec moi, trancha l'inconnu d'une voix sarcastique mais ferme. Je sais très bien que ces écrits n'ont pas plus de valeur pour vous que pour moi-même.
- Alors, peut-être...
- Il suffit, Fra Ambrosio ! Voilà comment j'envisage la suite : vous allez vous tenir coi, vous allez vous attacher à rester le prieur le plus efficace de San Polo, intègre et vertueux que vous êtes pour tout le monde. Je m'occuperais personnellement de cette regrettable affaire et je vous contacterais en temps voulu (en temps utile plutôt non ?). Je tiens cependant à ce que vous sachiez que si pareil fourvoiement devait se reproduire, il serait bon que vous vous mettiez à prier - avec ferveur, pour une fois - pour le salut de votre âme après ce que je vous ferais subir.
Fra Ambrosio ne parvint pas à répondre. Sa langue était collée de terreur à son palais, sa bouche était pâteuse et il tremblait de tous ses membres. Il ne tenta même pas de se confondre une fois de plus en excuses, son interlocuteur quittant déjà le confessionnal. Le bruit sec de ses pas allait décroissant pour finalement se dissiper entièrement dans les sombres recoins de l'église tandis que l'on entendait le claquement brutal d'une porte qui se referme.

Alors là tu m'épates !
C'est ... à souhait. La petite intro très stylée qui présente une Venise sombre, une cathédrale (rien de plus lugubre XD) et un protagoniste froid, cruel et intransigeant.
Non pour l'instant tu pars très très très bien là Smile.

Reste plus qu'à savoir ce que le "bon" franciscain a merdé et sur quoi résidait sa "mission".

Ta cousine doit être ravie non ? Laughing
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Message  MrSonge Jeu 15 Oct 2009 - 10:05

Rah, toi aussi tu bugs sur le "nombre de". Je me suis cassé la tête pendant des heures mais j'ai finalement opté pour cette solution-là, sans savoir si elle était exacte ou non...

Quant au "en temps voulu", j'ai hésité assez longuement avec le "en temps utile", mais je voulais mettre l'accent sur le fait que c'est uniquement la volonté "toute-puissante" de l'Inconnu qui va décider de quand il le contactera. M'enfin, si ça te semble par trop syntaxiquement incorrect, je veux bien corriger. ^^

En tout cas merci d'avoir lu, et content que ça vous plaise. (Oui, visiblement pas PETITE-cousine (ne mélangeons pas tout xD) est, pour l'instant, satisfaite ^^)

Quand à la réponse du "en quoi il a merdé", il aura un fragment qui va venir au chapitre suivant. Par contre, sa mission en elle-même risque de demeurer un peu plus longtemps obscure.
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Message  Pacô Jeu 15 Oct 2009 - 11:21

Je lirais la suite dans l'aprèm' ou ce soir Wink.

Pour la question du nombre, je suis allé chercher la réponse à la source, c'est à dire ma mère x).
En fait, si tu veux écrire correctement, il faut que tu passes au singulier puisque c'est bien le "nombre" qui s'accorde avec le verbe.
Là tu as usé d'une forme tronquée, puisque en vérité, l'expression totale est:
"Un (bon) nombre de rues et de ruelles" et c'est bien le nombre qui est sujet dans cette phrase.

Après, les deux sont tolérés puisque de toute façon maintenant, on tolère un peu tout. Même le truc du genre:
"un troupeau de moutons gambadaient" donc bon, toi ton erreur passera inaperçue si tu la laisses.

Pour le temps utile, je trouve que ça fait plus classe, plus froid que "voulu". Plus intransigeant aussi puisque ça lui rappelle que c'est une sous-merde et qu'il n'est qu'utile à son maître tout puissant.
Enfin voilà Smile.
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Message  MrSonge Jeu 15 Oct 2009 - 11:24

Après, les deux sont tolérés puisque de toute façon maintenant, on tolère un peu tout. Même le truc du genre:
"un troupeau de moutons gambadaient" donc bon, toi ton erreur passera inaperçue si tu la laisses.
Pas question, je corrige. xD
Je fais déjà suffisamment de faute de français pour ne pas, en plus, me les tolérer. ^^
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Message  Laumie Jeu 15 Oct 2009 - 15:04

MrSonge a écrit:
Introitus (suite)


Après quelques minutes, Fra Ambrosio eut enfin le courage d'affronter les crissements du confessionnal et s'en extirpa lentement. Mal assuré sur ses jambes tremblantes (En même temps, s'il est mal assuré sur ses jambes, c'est qu'y a forcément un truc qui cloche), il sortit du bas-côté et s'engagea dans la nef en triturant le crucifix qui lui pendait sur la poitrine, suspendu au bout d'une chaîne. Au moment même où il posait la main sur la poignée de la porte qui s'ouvrait sur le jardin du monastère, il sentit soudainement le poids d'un regard insistant sur sa nuque. Il se retourna en sursautant et fit plusieurs fois des yeux le tour de la cathédrale. Ne parvenant pas à distinguer âme qui vive, il se tourna vers la porte et s'apprêtait à la pousser quand lui parvint le bruissement indistinct d'une étoffe qu'un bref coup de vent remue. Dans un état proche de la terreur, il fit volte-face une seconde fois, ses yeux allant frénétiquement d'un coin à l'autre de l'immense salle. Les pans de sa bure furent soulevés par un courant d'air qui s'en alla gémir entre les colonnes du chœur. Le moine osa enfin desserrer les dents :
- Y a-t-il quelqu'un ? demanda-t-il d'une voix tremblante avant de déglutir péniblement.
Personne ne répondit.
Appuyé contre le mur, les mains serrant de toute la force de leurs doigts le petit crucifix d'argent sur lequel glissait des gouttes de sueur, Fra Ambrosio ne pouvait se résoudre à tourner le dos à cette étendue d'ombre glaciale. Lorsqu'il parvint enfin à réunir les dernières parcelles de courage qui subsistaient en lui, alors qu'il s'apprêtait à pousser la petite porte de chêne, une voix féminine l'interpella.
- Fra Ambrosio, vous me décevez ! Depuis quand devez-vous avoir peur de moi ?
Ces quelques mots eurent sur lui l'effet d'un coup de fouet entre les omoplates. Il se raidit, le souffle coupé et lâcha la poignée avant de laisser son bras retomber le long de son corps. Lentement, il pivota vers l'exèdre, d'où semblait venir la voix. Une silhouette sombre était assise à la place qui lui était d'ordinaire réservée, durant les services. Elle était vêtue d'une robe longue, de couleur sombre et portait un voile qui lui retombait sur les épaules comme une chevelure soyeuse. Après avoir visiblement joui quelques instants du désarrois (Ouh que c'est moche !!!! ><) du religieux, elle se leva et s'approcha de lui d'un pas mesuré, les bras réunis sur la poitrine.
- Sœur supérieure Béatrice, bredouilla Fra Ambrosio, que faites-vous ici ?
L'abbesse s'immobilisa à moins d'un mètre de lui. Elle se tenait juste dans un des premiers rais de lumière qui perçaient au travers de vitraux de l'église. Son visage était calme, elle souriait. Une mèche rousse s'était échappée de sa coiffe et lui descendait le long du front. Ses yeux, d'une étrange teinte rouge qui luisait dans la pénombre, transperçaient le prieur de leur regard corrosif.
- Vous ne m'avez pas oubliée, au moins ? lui demanda-t-elle en se rapprochant encore un peu et en feignant d'être dévorée par l'appréhension de sa réponse.
- Bien sûr que non, comment le pourrais-je ? Vous êtes tellement unique. Tellement merveilleuse.
- Alors, que signifie donc cette attitude que je pourrais bien prendre pour de la peur ? interrogea-t-elle en posant sur l'épaule de Fra Ambrosio une main douce mais ferme qui le fit tressaillir.
- C'est que je ne vous attendais pas maintenant, ni surtout en un tel lieu, ajouta-t-il en désignant du regard l'imposant crucifix qui surplombait le maître-autel.
La religieuse posa les yeux sur l'effigie du Christ sans déplacer sa main et éclata de rire. Quand elle retourna la tête vers le moine pétrifié, elle hoquetait encore. Elle planta son regard aigu dans ses yeux bleus et l'attira d'un coup contre elle. Sa main descendit le long de son bras pour saisir Fra Ambrosio par la taille. Il ne tenta même pas de se dégager, il était comme hypnotisé par le regard de braise de la Sœur Supérieur qui, de sa main libre, le força à nouer ses bras autour de ses reins.
- Sœur Béatrice, je vous en prie, supplia-t-il d'une voix brisée, pas ici !
- Allons, que voulez-vous qu'il nous arrive ? Le plus matinal de vos frari ne pénétrera ici que dans une heure, je le sais. Faites-moi confiance. N'allez pas me dire, fit-elle soudainement en le repoussant, que vous n'en avez pas envie ?
- Bien sûr que non, répondit-il, fébrile, en ne pouvant s'empêcher de l'attirer à nouveau contre lui. Mais si on nous surprenait, ce serait terrible.
- Alors c'est que vous n'avez plus confiance en moi, siffla l'abbesse en approchant ses lèvres du cou du franciscain.
- Non, lâcha celui-ci dans un souffle, jamais je ne cesserai de vous faire confiance, jamais.
- Dans ce cas, Fra Ambrosio, reprit-t (T'as pas besoin du "t", y'a la liaison avec "reprit")-elle en laissant sa bouche remonter vers l'encolure des lèvres du moine, qu'attendez-vous pour m'embrasser ?
Leurs lèvres se rencontrèrent, et le prieur, l'échine parcourue par une onde électrique, ne contint plus son désir. Il serra plus fort encore Sœur Béatrice contre lui, tout en lui arrachant sa coiffe. Sa lourde chevelure rousse, lorsqu'elle l'eut déliée d'un geste brusque et précis, se répandit le long de sa nuque et entre ses omoplates en une cascade de boucles brillantes. Ses yeux étaient devenus deux charbons ardents qui dardaient leur lueur vermeille sur le visage transpirant de Fra Ambrosio. La robe d'abbesse et la bure de moine suivirent rapidement le même chemin que la coiffe, avant que les deux corps enlacés et consumés de désir ne roulent sur les dalles glacées de la cathédrale.
Lorsque six heures sonnèrent au campanile, quelques minutes avant que Fra Bernardo ne vienne ouvrir la porte principale de Santa Maria Gloriosa dei Frari, il ne subsistait de leurs ébats qu'une infime trace de sueur sur le sol dur du déambulatoire.

Hoho, intéressant ça ^^ Non seulement, c'est un peureux qui a l'air d'avoir fait certains actes répréhensibles mais en plus de ça, c'est un pervers ^^ Hé ben, quel tableau ^^

Suite ?? Razz
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Message  MrSonge Jeu 15 Oct 2009 - 15:13

Il n'en a pas seulement l'air, je peux te l'assurer ! xD
Par contre, pervers... elle l'a quand même beaucoup aidé... chizz

Bon, ben, suite donc !

(Introitus, toujours)
II


Assis dans son bureau, au premier étage du Palazzo Dario, le comte Vittorio Scarpiani méditait sur quelques vers d'un ouvrage du siècle précédent, qu'il venait de se fournir : La Divine Comédie d'un nommé Dante Alighieri.

Ceux-ci n'ont plus nul espoir de mourir,
Et si abjecte est leur aveugle vie
Qu'ils sont jaloux de tout autre destin.

Le monde d'aucun d'eux ne garde la mémoire :
La pitié les dédaigne autant que la justice.
Taisons-nous d'eux, mais, toi, regard et passe.


Chaque fois qu'il relisait l'Enfer, il était saisi jusqu'aux tréfonds de son âme par le souffle phénoménal qui animait ce catalogue enivrant de la noirceur humaine. Une telle dissection du mal et de la cruauté n'avait jamais été faite avant lui. Aucun vice, aucun détours de l'âme humaine ne lui résistait. Il parcourait le bourbier du pêcher avec calme et objectivité, promenant son regard aigu sur les pires bassesses et les plus répugnantes horreurs qu'un cerveau génial puisse extraire du monde qui l'entoure, comme s'il ne s'agissait que d'une promenade anodine.
Le comte releva la tête, les yeux brillants. Le Mal était décidément un terreau fertile pour l'imagination qui sait en apprécier les plus belles et les plus dangereuses fleurs. Quel plaisir que d'explorer ce jardin incertain, aux allées tortueuses mais aux ravissements sans limite ! S'il avait été à la place du florentin illustre, il eût sans doute retourné son livre pour commencer par le Paradis et terminer en apothéose avec le jaillissement de merveilles de l'Enfer. Le Bien avait déjà été cartographie par ses théologiens, ses disciples et ses apôtres, tandis que la géographie du Mal, elle, restait inconnue, mystérieuse et par là même, ne pouvait qu'attirer la curiosité d'un esprit tel que celui du comte Vittorio Scarpiani toujours prompt à entreprendre de nouvelles expériences. S'il avait eût quelques dons artistiques, il les aurait sans doute consacré à la peinture enivrante de la cruauté et de ses délices qui ont commencés avec l'homme et qui se termineront sans doute avec lui. Puisqu'il n'en possédait aucun, et qu'il était tout à fait conscient de faire partie de ces hommes qui sont nés méchants, il s'était décidé très tôt à se lancer résolument dans la carrière du Mal. Comme d'autres dévouent leur existence à Dieu, il s'était fait le cardinal de Lucifer.
Tout en songeant avec délectation aux immenses espaces vierges qui lui restait à explorer sur le continent du Mal, il tira le cordon d'une sonnette dont le tintement discret fit accourir un valet en livrée verte.
- Allez me chercher Spoletta, il doit être dans sa chambre. S'il n'y est pas c'est qu'il est toujours en course, attendez son retour et amenez-le moi immédiatement.
Le domestique s'inclina et quitta la pièce d'un pas rapide. Quelques instants plus tard, on frappait à la porte du bureau et, dès que Scarpiani en eut donné la permission, un homme barbu, de taille moyenne et le dos légèrement voûté vint faire la révérence à son employeur qui le salua d'un hochement de la tête.
- Alors, Spoletta, comment vont les choses ? demanda l'aristocrate en rangeant son exemplaire de la Divine Comédie dans un tiroir.
- Je suis parvenu, je crois, à tout arranger, signor Scarpiani, répondit l'autre en souriant.
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Message  Cyrus Sam 17 Oct 2009 - 7:30

Je m'étais dit "je jette juste un coup d'œil", mais... mama mia (pardon pour l'expression, elle est sortie toute seule) cette nouvelle est... (*cherche l'adjectif qui convient le mieux mais y renonce finalement*) J'aime beaucoup en tous cas ! Bon, je sais, mes commentaires ne sont jamais particulièrement constructifs et celui-ci bat tous les records, mais tant pis. Cette nouvelle me titille, je veux savoir la suite par pitié.
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Message  MrSonge Sam 17 Oct 2009 - 9:24

Wah, dites donc, je devrais avoir plus de petites-cousines qui me poussent à écrire... xD
En tout cas, Cyrus, merci d'être passée, et ne t'inquiète pas, les commentaires inconstructifs, je suis champion...
(Ce qui me rappelle que je m'étais promis d'en laisser au moins un de constructif sur Bouche d'Ombre et je ne l'ai évidemment pas fait... >.< J'ai beau le relire intégralement, je ne vois pas quoi ajouter à ce qui a été dit. Dameunède, c'est pas croyable un tel manque d'imagination. ^^)
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Message  Lou Sam 17 Oct 2009 - 9:51

Ouhaa, carrément bien. Ton style s'épanouit parfaitement dans cette ambiance. Je suis tout aussi ébahie que Cyrus.
Bon, pour ne pas gonfler tes ptites chevilles, je vais m'arrêter la ^^
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Message  MrSonge Sam 17 Oct 2009 - 10:01

*ronronneronronneronronne* drunken

Hum.
*se ressaisit dignement*

Merci, Lou. Razz
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Message  Pacô Sam 17 Oct 2009 - 10:16

MrSonge a écrit:
Introitus (suite)


Après quelques minutes, Fra Ambrosio eut enfin le courage d'affronter les crissements du confessionnal et s'en extirpa lentement. Mal assuré sur ses jambes tremblantes, il sortit du bas-côté et s'engagea dans la nef en triturant le crucifix qui lui pendait sur la poitrine (je trouve l'expression légèrement maladroite, pas toi ?), suspendu au bout d'une chaîne (j'aurais plus fait: "...le crucifix suspendu à une chaîne sur la poitrine"). Au moment même où il posait la main sur la poignée de la porte qui s'ouvrait sur le jardin du monastère, il sentit soudainement le poids d'un regard insistant sur sa nuque. Il se retourna en sursautant et fit plusieurs fois des yeux le tour de la cathédrale. Ne parvenant pas à distinguer âme qui vive, il se tourna vers la porte et s'apprêtait à la pousser quand lui parvint le bruissement indistinct d'une étoffe qu'un bref coup de vent remuât (pourquoi le présent tout à coup ?). Dans un état proche de la terreur, il fit volte-face une seconde fois, ses yeux allant frénétiquement d'un coin à l'autre de l'immense salle. Les pans de sa bure furent soulevés par un courant d'air qui s'en alla gémir entre les colonnes du chœur. Le moine osa enfin desserrer les dents :
- Y a-t-il quelqu'un ? demanda-t-il d'une voix tremblante avant de déglutir péniblement.
Personne ne répondit.
Appuyé contre le mur, les mains serrant de toute la force de leurs doigts le petit crucifix d'argent sur lequel glissaient des gouttes de sueur, Fra Ambrosio ne pouvait se résoudre à tourner le dos à cette étendue d'ombre glaciale. Lorsqu'il parvint enfin à réunir les dernières parcelles de courage qui subsistaient en lui, alors qu'il s'apprêtait (répétition => "alors qu'il poussait" c'est bon aussi.) à pousser la petite porte de chêne, une voix féminine l'interpella.
- Fra Ambrosio, vous me décevez ! Depuis quand devez-vous avoir peur de moi ?
Ces quelques mots eurent sur lui l'effet d'un coup de fouet entre les omoplates. Il se raidit, le souffle coupé et lâcha la poignée avant de laisser son bras retomber le long de son corps. Lentement, il pivota vers l'exèdre, d'où semblait venir la voix. Une silhouette sombre était assise à la place qui lui était d'ordinaire réservée, durant les services. Elle était vêtue d'une robe longue, de couleur sombre et portait un voile qui lui retombait sur les épaules comme une chevelure soyeuse. Après avoir visiblement joui quelques instants du désarrois du religieux, elle se leva et s'approcha de lui d'un pas mesuré, les bras réunis sur la poitrine.
- Soeur supérieure Béatrice, bredouilla Fra Ambrosio, que faites-vous ici ?
L'abbesse s'immobilisa à moins d'un mètre de lui. Elle se tenait juste dans l'un des premiers rais de lumière qui perçaient au travers de vitraux de l'église. Son visage était calme, elle souriait. Une mèche rousse s'était échappée de sa coiffe et lui descendait le long du front. Ses yeux, d'une étrange teinte rouge qui luisait dans la pénombre, transperçaient le prieur de leur regard corrosif.
- Vous ne m'avez pas oublié, au moins ? lui demanda-t-elle en se rapprochant encore un peu et en feignant d'être dévorée par l'appréhension de sa réponse.
- Bien sûr que non, comment le pourrais-je ? Vous êtes tellement unique. Tellement merveilleuse.
- Alors, que signifie donc cette attitude que je pourrais bien prendre pour (qualifier de) de la peur ? interrogea-t-elle en posant sur l'épaule de Fra Ambrosio une main douce mais ferme qui le fit tressaillir.
- C'est que je ne vous attendais pas maintenant, ni surtout en un tel lieu, ajouta-t-il en désignant du regard l'imposant crucifix qui surplombait le maître-autel.
La religieuse posa les yeux sur l'effigie du Christ sans déplacer sa main et éclata de rire. Quand elle retourna la tête vers le moine pétrifié, elle hoquetait encore. Elle planta son regard aigu dans ses yeux bleus et l'attira d'un coup contre elle. Sa main descendit le long de son bras pour saisir Fra Ambrosio par la taille. Il ne tenta même pas de se dégager, il était comme hypnotisé par le regard de braise de la Soeur Supérieure qui, de sa main libre, le força à nouer ses bras autour de ses reins.
- Soeur Béatrice, je vous en prie, supplia-t-il d'une voix brisée, pas ici !
- Allons, que voulez-vous qu'il nous arrive ? Le plus matinal de vos frari ne pénétrera ici que dans une heure, je le sais. Faites-moi confiance. N'allez pas me dire, fit-elle soudainement en le repoussant, que vous n'en avez pas envie ?
- Bien sûr que non, répondit-il, fébrile, en ne pouvant s'empêcher de l'attirer à nouveau contre lui. Mais si on nous surprenait, ce serait terrible.
- Alors c'est que vous n'avez plus confiance en moi, siffla l'abbesse en approchant ses lèvres du cou du franciscain.
- Non, lâcha celui-ci dans un souffle, jamais je ne cesserai de vous faire confiance, jamais.
- Dans ce cas, Fra Ambrosio, reprit-t-elle en laissant sa bouche remonter vers l'encolure des lèvres du moine, qu'attendez-vous pour m'embrasser ?
Leurs lèvres se rencontrèrent, et le prieur, l'échine parcourue par une onde électrique, ne contint plus son désir. Il serra plus fort encore Soeur Béatrice contre lui, tout en lui arrachant sa coiffe. Sa lourde chevelure rousse, lorsqu'elle l'eut déliée d'un geste brusque et précis, se répandit le long de sa nuque et entre ses omoplates en une cascade de boucles brillantes. Ses yeux étaient devenus deux charbons ardents qui dardaient leur lueur vermeille sur le visage transpirant de Fra Ambrosio. La robe d'abbesse et la bure de moine suivirent rapidement le même chemin que la coiffe, avant que les deux corps enlacés, consumés de désir ne roulent sur les dalles glacées de la cathédrale. (ils sont motivés hein ? XD)
Lorsque six heures sonnèrent au campanile, quelques minutes avant que Fra Bernardo ne vienne ouvrir la porte principale de Santa Maria Gloriosa dei Frari, il ne subsistait de leurs ébats qu'une infime trace de sueur sur le sol dur du déambulatoire.

Pas très catholique tout ceci Laughing .
Ma remarque concernant leur motivation n'a pas le seul but d'être un sarcasme ... il est avant tout destiné à montrer que pour faire ça par terre, c'est déjà bestial (mais là encore, c'est un peu l'idée ^^) mais le faire sur un sol glacé, là c'est complètement con, sachant qu'il y a une chaire ou des bancs.
Donc je pense que le faire par terre ... ce n'est pas tellement l'endroit le plus judicieux et pas non plus le plus ... attirant. Pourquoi pas l'autel hein ? Razz

Ces deux personnages sont cependant assez captivant, surtout la charismatique Soeur Béatrice. Là, tu nous plonges dans un univers malsain et j'en suis friand.

Voyons voir ce que donnera la suite \o/.
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Message  Pacô Sam 17 Oct 2009 - 10:25

MrSonge a écrit:
(Introitus, toujours)
II

Assis dans son bureau, au premier étage du Palazzo Dario, le comte Vittorio Scarpiani méditait sur quelques vers d'un ouvrage du siècle précédent, qu'il venait de se fournir : La Divine Comédie d'un nommé Dante Alighieri.

Ceux-ci n'ont plus nul espoir de mourir,
Et si abjecte est leur aveugle vie
Qu'ils sont jaloux de tout autre destin.

Le monde d'aucun d'eux ne garde la mémoire :
La pitié les dédaigne autant que la justice.
Taisons-nous d'eux, mais, toi, regard
(il manque pas un e ?) et passe.

Chaque fois qu'il relisait l'Enfer, il était saisi jusqu'aux tréfonds de son âme par le souffle phénoménal qui animait ce catalogue enivrant de la noirceur humaine. Une telle dissection du mal et de la cruauté n'avait jamais été faite (élaborée ?) avant lui. Aucun vice, aucun détours de l'âme humaine ne lui résistait. Il parcourait le bourbier du pêcher avec calme et objectivité, promenant son regard aigu sur les pires bassesses et les plus répugnantes horreurs qu'un cerveau génial puisse extraire du monde qui l'entoure, comme s'il ne s'agissait que d'une promenade anodine.
Le comte releva la tête, les yeux brillants. Le Mal était décidément un terreau fertile pour l'imagination qui sait en apprécier les plus belles et les plus dangereuses fleurs. Quel plaisir que d'explorer ce jardin incertain, aux allées tortueuses mais aux ravissements sans limite ! S'il avait été à la place du florentin illustre, il eût sans doute retourné son livre pour commencer par le Paradis et terminer en apothéose avec le jaillissement de merveilles de l'Enfer. Le Bien avait déjà été cartographie par ses théologiens, ses disciples et ses apôtres, tandis que la géographie du Mal, elle, restait inconnue, mystérieuse et par là même, ne pouvait qu'attirer la curiosité d'un esprit tel que celui du comte Vittorio Scarpiani toujours prompt à entreprendre de nouvelles expériences. S'il avait eût quelques dons artistiques, il les aurait sans doute consacré à la peinture enivrante de la cruauté et de ses délices qui ont commencé (les délices ne sont pas COD placés devant, mais bien sujet Wink ) avec l'homme et qui se termineront sans doute avec lui. Puisqu'il n'en possédait aucun, et qu'il était tout à fait conscient de faire partie de ces hommes qui sont nés méchants, il s'était décidé très tôt à se lancer résolument dans la carrière du Mal. Comme d'autres dévouent leur existence à Dieu, il s'était fait le cardinal de Lucifer.
Tout en songeant avec délectation aux immenses espaces vierges qui lui restaient à explorer sur le continent du Mal, il tira le cordon d'une sonnette dont le tintement discret fit accourir un valet en livrée verte.
- Allez me chercher Spoletta, il doit être dans sa chambre. S'il n'y est pas c'est qu'il est toujours en course, attendez son retour et amenez-le moi immédiatement.
Le domestique s'inclina et quitta la pièce d'un pas rapide. Quelques instants plus tard, on frappait à la porte du bureau et, dès que Scarpiani en eut donné la permission, un homme barbu, de taille moyenne et le dos légèrement voûté vint faire la révérence à son employeur qui le salua d'un hochement de la tête.
- Alors, Spoletta, comment vont les choses ? demanda l'aristocrate en rangeant son exemplaire de la Divine Comédie dans un tiroir.
- Je suis parvenu, je crois, à tout arranger, signor Scarpiani, répondit l'autre en souriant.

Ne serait-ce pas lui, l'employeur de Fra Ambrosio, le tout puissant ?

Désolé de mon petit retard concernant les corrections, j'aurais du m'y prendre jeudi, mais des circonstances ont fait que j'avais finalement plus le courage nécessaire pour entreprendre tout ceci.

Beh, un homme qui a tout de suite sa marque de fabrique et dont l'on sait déjà quelle passion l'animera.
Je n'en demande que plus moi Laughing .
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Message  MrSonge Sam 17 Oct 2009 - 10:31

Ne parvenant pas à distinguer âme qui vive, il se tourna vers la porte et s'apprêtait à la pousser quand lui parvint le bruissement indistinct d'une étoffe qu'un bref coup de vent remuât (pourquoi le présent tout à coup ?).
Tu es sûr, pour le "remuât" ? "Il entendit le bruit d'une porte qui se ferme", non ??

Oui mais, tout d'abord, remarque assez pragmatique, des bancs de bois, ça grince horriblement, et surtout dans une église où sa raisonne. Ensuite, des bancs d'église, je sais pas si tu vois la chose : 3 cm de large, un dossier à angle droit, c'est pas d'un confort absolu. ^^ Quand à la chaire de marbre, elle est tout aussi glaciale que le sol, et en plus exiguë. Et puis faudrait monter, ouvrir le petit portail (ou l'enjamber), etc... que de complications. Ah et puis, surtout, surtout, le froid n'est pas ce que redoute le plus Soeur Béatrice... Razz

EDIT :

Ah oui, zut, j'ai mal recopié ce dernier vers. xD...


Ne serait-ce pas lui, l'employeur de Fra Ambrosio, le tout puissant ?

Désolé de mon petit retard concernant les corrections, j'aurais du m'y prendre jeudi, mais des circonstances ont fait que j'avais finalement plus le courage nécessaire pour entreprendre tout ceci.

Beh, un homme qui a tout de suite sa marque de fabrique et dont l'on sait déjà quelle passion l'animera.
Je n'en demande que plus moi Laughing .

Ah, je ne me prononcerais pas sur le premier point. La réponse - positive ou négative - viendra un tout petit peu plus tard.

Ouaismaisnon, ne t'inquiète pas, tu es touuuuuuut pardonné pour ton retard ô combien astronomique... Rolling Eyes ^^
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Message  MrSonge Sam 17 Oct 2009 - 10:40

Et allons-y donc, pour la suite :

II (suite)


- Des faits, des faits !
- Le corps a été retrouvé ce matin, comme vous l'aviez prévu. Après avoir passé la nuit dans l'eau stagnante des canaux, il n'était évidemment pas beau à voir, ce qui a l'avantage d'avoir rendu son identification impossible. Malheureusement, les traces étaient encore bien visibles, et de telles marques sur le corps d'une jeune femme ne peuvent qu'attiser la curiosité non seulement de la prévôté mais aussi du clergé qui a envoyé un prêtre, sans doute un père Inquisiteur, rôder à la morgue.
- La prévôté ne m'inquiète pas, elle a chaque jour cent cadavres de plus sur les bras. poignardés, noyés ou empoisonnés. Les prévôts ne sauront pas que faire de celui-ci et ne s'en inquiéteront sans doute pas. En revanche, il faudra surveiller les agissements de ce clergyman. Avec ces fourbes, rien n'est jamais certain. Mais ce serait bien le Diable - ou plutôt Dieu - s'il parvenait à tirer quoique ce soit d'un corps mutilé à moitié dévoré par les poissons du Grand Canal.
- Dois-je le faire suivre ?
- Non, ce serait beaucoup trop de moyens pour un homme dont nous ne savons rien. Fait simplement surveiller la morgue et le lieu de résidence de cet ecclésiastique. S'il s'avérait qu'il accorde trop d'importance à notre affaire, alors nous envisagerons, dans un premier de temps, de le faire suivre, afin de confirmer nos soupçons.
- Et s'ils devaient s'avérer fondés ? demanda Spoletta en affichant un sourire narquois qui découvrait sa dentition inégale et négligée.
- Nous ne pouvons courir aucun risque d'aucune sorte, répondit Scarpiani après un court silence. Si nos présomptions devaient se muer en certitudes, fais le disparaître. Ou plutôt non, après ce qu'il s'est produit cette nuit, il serait plus prudent que tu l'amènes ici, dans la cripta. Nous saurons bien en faire ce qu'il faut, de ce prêtre encombrant, si cela devait s'avérer indispensable.
- Bien, signor conto.
Spoletta s'inclina et s'apprêtait à quitter la pièce quand son maître le rappela. Il se retourna, la main sur la poignée de la porte. Vittorio Scarpiani s'était levé, lui tournait le dos et contemplait la surface des eaux du Grand Canal qu'il pouvait voir par la haute fenêtre s'ouvrant entre deux bibliothèques. L'homme de main cilla face au contre-jour dans lequel il s'efforçait de distinguer la silhouette osseuse du comte.
- Oui, maestro ?
- De la discrétion, Spoletta, par-dessus tout : fais preuve de discrétion !
- Vous pouvez compter sur moi, la manigance est mon domaine.
L'aristocrate le congédia d'un signe de la main, sans quitter des yeux les ondes légères frémissant à la surface l'eau aux reflets d'émeraude. Longtemps après qu'il se fut retrouvé seul, il se détourna de la fenêtre et sortit de son bureau en empruntant une porte dissimulée en étagère factice. Un escalier en colimaçon, éclairé avec parcimonie par des torches mourantes, plongeait devant lui dans les profondeurs de son palais. Il s'y engagea sans hésiter, fermant avec application la porte derrière lui. Après avoir descendu une cinquantaine de marches inégales, il s'immobilisa devant un huis épais et vermoulu qui émit en s'ouvrant un grincement pareil à un râle morbide.


Dernière édition par MrSonge le Sam 17 Oct 2009 - 13:05, édité 1 fois
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Message  Cyrus Sam 17 Oct 2009 - 10:57

Oh, une suite ! Kaya ! j'aime toujours autant ! En plus, ton style va très bien avec ce genre d'ambiances, c'est succulent. (non pas que je compare ta nouvelle avec un gâteau, mais c'est le premier adjectif qui m'est venu à l'esprit). Mr Songe, si tu as le malheur d'arrêter cette nouvelle en cours de route, je te saucissonne à ta chaise de bureau et t'oblige à la continuer coûte que coûte. Ou alors j'hante tes rêves (qui n'en seront plus) jusqu'à ce que tu recommences à écrire. Twisted Evil
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Message  MrSonge Sam 17 Oct 2009 - 11:05

pale Je n'ose pas dire laquelle des deux menaces me fait le plus peur, je ne voudrais pas me montrer vexant... xD
Non mais ne t'inquiète pas, j'ai l'intention de la terminer (j'y suis tenu par un serment inter-familial Razz ), par contre, je ne sais pas quelle taille elle aura. Plus j'avance, plus j'envisage de trucs à ajouter...
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Message  Cyrus Sam 17 Oct 2009 - 11:09

Pour la longueur, c'est à toi de voir...

(comment ça, je ne t'impressionne pas ? *part bouder...*)
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Message  MrSonge Sam 17 Oct 2009 - 11:12

Oui, je vais voir, faut pas non plus que j'embrouille tout avec une intrigue alambiquée...

(Wahmheusi tu y tiens, je peux dire que tu m'impressionnes terriblement, pour te faire plaisir...xD)
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Message  Cyrus Sam 17 Oct 2009 - 11:23

Si l'histoire est bien menée... pourquoi pas ? Je forcerai mon cerveau à suivre, c'est tout.

T'es pas crédible...
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