Un conte pour enfant !

Pacô a écrit:

Le conte pour enfant

Sujet: Il est assez libre. Il doit prendre la forme d'un petit conte, destiné à l'enfance. La forme est aussi libre. Le nombre de lignes doit être supérieur à 100, mais après libre (encore ^^) à vous de décider s'il sera énorme ou court. Aucun caractère choquant (pas de scène érotique ) et obligation d'une fin heureuse !

Pacô a écrit:Alors a ta ta !
Un conte est un récit d'aventures imaginaires. Et là c'est pour enfant. Tu connais le petit chaperon rouge ? Les trois petits cochons?
Donc voilà (info dans le lien).

Et sinon, pas de panique? Tu mets ton textes à la suite. J'ouvrirai, une fois le délais passé, un post-it regroupant tous les contes. Et le vote se fera par "sondage", donc oui c'est anonyme. A moins que tu dises pour qui tu es voté .

MrSonge a écrit:Pas besoin d'être inspirée par l'amour, mais plutôt par un problème "de société".

Louise était une princesse.
Louis était un prince.
Tous deux étaient beaux, en bonne santé.
Un jour Louis alla voir la Louise et lui dit : "On se marie ?"
"Ouais."
Et ils eurent beaucoup d'enfants.

JULES ET LE MENS MALIGNUS
Il était une fois, il y a fort longtemps, un petit village, dont on a depuis maintes années perdu la localisation, du nom de Placidus Vicus Obvius Rivum. Comme son nom l'indique, il était calme et sur le chemin d'une petite rivière. Cependant, ces informations n'étant pas indispensables pour un voyageur, les habitants prirent bientôt l'habitude de raccourcir son nom à Placidus, et on leur en sait gré d'ailleurs. Il y avait peu d'habitants dans ce village du fait qu'il était fort isolé, entouré au nord et à l'est par une dense forêt, et à l'ouest par de hautes montagnes. C'est d'ailleurs dans celle-ci que la rivière traversant le village prenait sa source pour ensuite se perdre dans les collines au sud et rejoindre bien plus loin, disait-on, une vaste mer.
Tout le monde vivait heureux à Placidus. Oh, bien sûr il y avait de temps à autre quelques histoires, la plus récente étant celle qui opposa le meunier et le céréalier. Ce dernier était accusé de placer des rats dans l'entrepôt du meunier afin qu'ils ravageassent les sacs de blé et que le pauvre homme fût obligé d'en racheter. Bien souvent, ces accrochages se réglaient à l'amiable après l'intervention du bourgmestre et il n'y eut qu'un seul cas d'embrochement à la fourche à déplorer d'aussi longtemps qu'on se souvienne.
Si les adultes élaboraient des histoires entre eux plus pour rompre la routine que par conviction, ce n'était pas le cas des enfants. En effet, bien que fort peu nombreux, tous les prétextes étaient bons à dispute et à discorde. Parmi ces chers chérubins était le jeune fils du drapier, Julius Cornelius Waltherus Alfonsus Theodoricus, aimablement surnommé Julius, ou en langue commune Jules. Il avait comme amis le fils du forgeron, Maximus, la fille du barbier, Iustina, les deux fils du potier, Arnoldus et Arthurus et enfin son cousin, Nohemus. Ce petit groupe, très connu par les habitants, avait coutume de toujours faire au moins une bêtise chaque jour. Or en cette jolie journée de mai, ils ne dérogèrent pas à la règle. Ils avaient eu l'idée de jouer à la balle dans le jardin du père Voltarius comme tout le monde l'appelait. On ne savait que peu de choses sur lui car il ne sortait que très rarement. Néanmoins, les plus vieux du village se souvenaient qu'il était arrivé ici lorsqu'ils commençaient à apprendre la multiplication. Il était de leur âge et déjà très solitaire, cependant tous l'appréciaient. Puis une fois qu'ils eurent fini d'étudier, ils perdirent tout contact avec lui et les rumeurs colportées par les jeunes allèrent bon train. Certains disaient qu'il était un sorcier qui concoctait des potions et des philtres dans sa cave, d'autres en revanche le soupçonnait d'être un espion envoyé par quelque faction ennemie. Toujours est-il que la plupart des habitants, moins ils s'approchaient de la maison du vieux Voltarius, mieux ils se portaient. Pourquoi les enfants avaient décidé de jouer dans son jardin, me demanderez-vous ? Je vous répondrai pour la bonne et simple raison que ce sont des enfants et que bien souvent quand on a leur âge, crainte et plaisir se confondent.
Seulement, quand on a leur âge justement, on n'envisage pas toujours toutes les possibilités (non pas qu'on les envisage toutes une fois adultes) et ce qui devait arriver arriva. Arnoldus, voyant Maximus draguer Iustina, eut bien l'intention de l'éloigner d'elle. Pour ce faire, il lui cria :
- Max, pas chiche d'attraper la balle avant que j'aie fait l'aller et le retour à l'arbre !
Et il lança la balle. Mais ce sont sans doute les beaux yeux de Iustina qui lui firent rater son tir et de fait firent aller la balle au contact de la fenêtre du père Voltarius et dont elle brisa un carreau. Après quelques secondes d'inquiétude et de consternation, la justice enfantine (que l'on sait fort peu équitable) désigna Jules pour aller chercher la balle. L'enfant, sachant que s'il refusait il serait mis en exil, se résigna et, rassemblant toute sa bravoure, alla frapper à la porte (elle lui semblait bien menaçante) du père Voltarius.
A peine trois petits coups furent-ils frappés qu'elle s'ouvrit sans un bruit. Sans surprise, un vieil homme se tenait derrière . Il portait ce qui semblait être une longue chemise de nuit blanche et le bonnet qui allait avec. Contrairement aux anciens du village, il n'avait pas de barbe et ne boitait pas.
- Bonjour, dit Jules, je suis désolé de vous déranger, je voudrais juste récupérer notre balle et m'excuser pour la fenêtre...
- Entre.
Le père Voltarius tourna les talons et s'en alla au fond du couloir puis entra dans la pièce de gauche. Jules pénétra dans la maison et ferma la porte. Il imagina quel acte de bravoure cela devait représenter aux yeux de ses camarades. Il parcourut en hâte le corridor et s'avança lentement dans la salle où se trouvait le père Voltarius. Celui-ci était assis à un bureau et écrivait, sa grande plume blanche glissant sur le papier d'un petit carnet. Au centre de la pièce se tenait une petite table basse, sur laquelle était installé un service à thé, et à côté d'elle se trouvait un canapé.
- Assieds-toi, dit simplement Voltarius.
Sa voix était douce et agréable. Jules n'éprouvait aucune crainte, il s'assit.
- Veux-tu du thé ?
- Pourquoi pas, merci.
A peine Jules eut-il répondu que le théière flotta jusqu'à sa tasse et lui servit du thé.
- Mais... mais... comment faites-vous ? demanda-t-il étonné.
- Veux-tu du sucre ?
- Un petit peu, s'il vous plaît.
- Alors viens ici.
Jules se leva et s'approcha du père Voltarius. Celui-ci lui tendit sa plume et lui montrant son carnet lui dit :
- Tu sais ce qu'il te reste à faire.
L'enfant vit alors que sur la page de gauche était écrit d'une écriture fine et régulière « Madame la théière, pourriez-vous verser du thé dans la tasse de l'enfant, s'il vous plaît ». Aussi, il écrivit en dessous « Monsieur le sucrier, pourrais-je avoir un peu de sucre dans mon thé, s'il vous plaît »
Aussitôt, le sucrier et sa cuillère flottèrent jusqu'à la tasse de Jules et sucrèrent le thé. Le père Voltarius regarda Jules en souriant :
- Pratique, n'est-ce pas ? C'est ce qu'on appelle la magie de l'écriture...

Ce fut à partir de ce moment qu'ils établirent une agréable relation. Tous les jours, aux environs de dix-sept heures, Jules se rendait chez le père Voltarius pour découvrir à chaque fois une nouvelle chose surprenante. Car il est vrai que même si Voltarius n'était pas un magicien, il avait en sa possession une foule d'objets magiques. Certains, d'apparence fort simple, ne laissait pas présager leurs pouvoirs. Il y avait par exemple cette paire de vases bleus : lorsqu'on mettait quelque chose dans l'un, cela réapparaissait dans l'autre.
Par ailleurs, la maison en générale s'avérait être magique. Des pièces apparaissaient puis disparaissaient, des couloirs changeaient de place ou encore les murs modifiaient subitement leur apparence. Bien souvent, la découverte de pareils éléments se faisait de manière ludique. Par exemple, Jules partait en exploration dans la maison et après avoir déchiré un objet a priori magique, il devait en trouver le ou les pouvoirs, sous l'oeil amusé de Voltarius.
C'est ainsi que l'enfant découvrit un jour la chose la plus surprenante (mais pas la plus agréable) parmi tout ce que possédait Voltarius. Parti à la recherche d'un soit-disant marque-page qui faisait la lecture, Jules mit la main sur un tout petit passage, derrière un fauteuil. N'étant pas très corpulent, il s'y faufila aisément. Il arriva alors dans une petite salle lumineuse mais dont la source de lumière restait introuvable. Cette pièce était entièrement vide et nue, sauf au centre. Un tabouret y siégeait, portant une cassette de bois. Jules s'approcha, nullement inquiété. Il saisit la petite boîte et l'ouvrit. Une légère fumerolle bleue en sortit alors puis plus rien, elle était vide. Jules eut beau la retourner dans tous les sens, elle demeura désespérément vide.
- Ne cherche pas, il n'y a plus rien, dit une voix d'enfant.
Jules se retourna et vit alors un petit garçon à l'air coquin appuyé contre le mur à côté de l'entrée du passage.
- Qui es-tu ? demanda Jules.
- On m'appelle Mens Malignus et toi ?
- Julius, mais d'où viens-tu ?
Le garçon rit :
- De la boîte, bien sûr.
Il vit l'air très surpris de Jules.
- Je suis un esprit malin, continua-t-il.
- C'est-à-dire ?
Mens se volatilisa et réapparut dans un autre coin de la pièce. Il répéta ce petit tour plusieurs fois et enfin s'arrêta derrière Jules, lui faisant une belle peur au passage.
- Alors, tu comprends mieux ? demanda-t-il.
Et il se faufila dans l'étroit passage, suivi de Jules. La course poursuite dura ainsi plusieurs minutes jusqu'à la rencontre du vieux Voltarius, assis dans un fauteuil.
- Oh non pas lui ! s'écria-t-il aussitôt.
L'esprit émit un petit rire et se volatilisa.
- Vous le connaissez ? demanda Jules.
- Oh que oui ! Je l'ai délivré quand j'étais enfant et heureusement renfermé dès la première fois. Mais j'aime autant t'avertir, il est très pénible.
- Que voulez-vous dire ?
- Eh bien comme il a dû te le dire, c'est un esprit malin et comme il a dû te le montrer, son but est de faire le plus de bêtises possible et d'embêter le plus de personnes possible.
- Et on peut le renfermer ?
- Bien sûr, mais ce n'est pas simple, il faut le provoquer en duel. Ce duel comporte trois étapes, chacune durant au maximum une heure : les devinettes (ou énigmes), le vol et le défi. La première consiste à ce que vous vous posiez des devinettes et le premier qui donne une fausse réponse à perdu. La deuxième étape consiste à ce que vous voliez la plus grosse confiserie du marchand de bonbons et enfin la troisième à ce que vous accomplissiez la défi que vous vous lancez l'un à l'autre le plus vite possible. Le premier à remporter deux victoires est gagnant, si jamais c'est toi qui perd, alors il faut attendre un an avant de pouvoir recommencer un duel et pendant ce temps il mène la vie dure à tout le village, surtout à toi. En revanche, si tu gagnes, il retourne dans la boîte. Ah ! J'oubliais, toi seul peut le provoquer en duel. Bonne chance !
Comme le soir approchait, Jules décida de remettre cela à plus tard. Il rentra chez lui et après un dîner en famille, alla se coucher. Pendant tout ce temps, Mens l'avait espionné, transformé en chat. Lorsqu'il vit, ou plutôt devina, que le garçon était allé au lit, il vint se placer sous sa fenêtre et, prenant tout son souffle, commença à miauler d'une façon fort peu plaisante. Cela ne réveilla néanmoins pas Jules, très fatigué par la journée passée. Qui plus est, son voisin lâcha quelques minutes après son chien Ferox et Mens décampa aussi vite qu'il le put.
Le lendemain matin, Jules partit retrouver son groupe d'amis. Ils jouèrent comme d'habitude, un peu partout dans le village. Fort heureusement, l'esprit malin ne vint pas les déranger, du moins pas tout de suite. En effet, peu après midi, tandis que le groupe d'amis se reposait sous un chêne à la sortie de la cité, quelques autres enfants vinrent à leur rencontre. A leur tête se trouvait Mens, à l'apparence d'un petit gamin malicieux. Ils se placèrent en ligne droite et chacun lança un caillou sur Jules et ses camarades. Ses derniers, atteints ou non, se levèrent et pourchassèrent les intrus. Ils disparurent tous dans le village et Mens se retrouva seul avec Jules.
- Je te provoque en duel, Mens Malignus, déclara solennellement Jules.
L'autre eut un petit gloussement.
- Bien, commençons dès à présent.
Ils s'assirent sous le chêne et l'esprit fit apparaître un petit sablier.
- Je te laisse commencer, dit-il en souriant.

Jules fouilla dans sa mémoire, il n'avait pas joué aux énigmes depuis bien longtemps. Enfin il dit :
- Qu'est-ce qui a des racines que personne ne voit,
Qui est plus grand que les arbres,
Qui monte, qui monte,
Et pourtant ne pousse jamais ?
Mens réfléchit, sans doute ne la connaissait-il pas. Il pensait à voix haute et Jules s'efforçait de ne rien laisser paraître mais soudain il s'écria :
- Une montagne, c'est une montagne ! A mon tour :
Vivant sans souffle, froid comme la mort ;
Jamais assoiffé, toujours buvant ;
En cotte de maille, jamais cliquetant.
Jules ne réfléchit pas un instant, cette énigme était très connue, immortalisée dans un livre qu'il avait beaucoup lu.
- C'est un poisson, facile. Par contre celle-ci :
Sans voix, il crie ;
Sans ailes, il voltige ;
Sans dents, il mord ;
Sans bouche , il murmure.
Mens se mit à rire.
- C'est celle qui m'a fait perdre face à Voltarius, dit-il, alors je m'en souviens, c'est le vent ! A moi :
Quand il mange, il grandit ;
Quand il boit, il meurt ;
Son existence procure la vie , son contact ne procure que des cris.
Cette fois-ci, Jules fut inquiet. Il n'avait jamais entendue cette énigme. Il devrait donc vraiment la deviner. S'il se souvenait bien, il y avait quatre choses qui procuraient le vie : l'eau, l'air, la terre et le feu. Or l'eau ne mange rien, ni l'air. La terre et le feu si mais si la terre boit, elle ne meurt pas. Ce serait donc le feu...
- Alors ? demanda sournoisement Mens, encore quelques minutes et c'est fini...
Le feu procure également des cris si on le touche, c'est donc lui.
- Le feu, dit Jules en souriant.
Mens acquiesça tout en grimaçant.
- Alors..., poursuivit son adversaire, j'ai celle-là :
De tous nos biens, il est le plus difficile à garder ;
Si on le possède, on désire le partager ;
Si on le partage, on ne le possède plus.
A nouveau, Mens grimaça.
- Trois chances ? demanda-t-il.
- Accordées, répondit Jules.
L'esprit réfléchit. Le sable s'écoulait lentement dans le sablier que son adversaire ne quittait pas des yeux.
- Peut-être l'argent ? tenta Mens.
- Non.
Quelques secondes s'écoulèrent avant la deuxième tentative :
- La vie ?
- Non plus.
Mens s'énervait et le temps pressait. Il rugit :
- Alors la foi peut-être ?!
- Non ! s'écria Jules, j'ai gagné, c'était un secret !
- Bon, dit l'esprit agacé, ce n'est que la première étape, à la suivante !
Pour ce faire, ils se rendirent près de la confiserie du village, tenue par Maximus Bonus Berlingus. Comme l'avait indiqué Voltarius, la seconde épreuve consistait à dérober la plus grosse gourmandise.
- Bien, dit Mens qui fit apparaître un grand sablier, dans une heure ici.
Et il partit derrière le magasin. Jules, quant à lui, décida d'abord d'effectuer une reconnaissance. Il rentra dans la boutique qu'il connaissait bien puis acheta à M. B. Berlingus quelques bonbons. C'est alors que se produisit ce qu'il espérait. Un bruit de pot cassé se fit entendre dans l'arrière-boutique où accourut le propriétaire. Jules se dépêcha alors de voler ce qu'il avait vu de plus gros près de lui, à savoir un petit gâteau au miel visiblement réservé. Après s'en être emparé, il courut vers le point de rendez-vous. Mens ne s'y trouvait encore pas. Jules dut rester plusieurs minutes ainsi, le gâteau à côté de lui le tentant de plus en plus. Mais soudain apparut au coin de la rue Mens, et Jules vit aussitôt qu'il avait perdu car il ne voyait que les jambes de l'esprit. Au dessus était un énorme gâteau. Il posa son acquis à côté de celui de son adversaire.
- Je crois que j'ai gagné, non ?
- On dirait...
- Bon, je te laisse déguster ton butin.
Et l'esprit s'empiffra de l'immense pâtisserie tandis que Jules ne fit qu'une bouchée de la sienne. Puis après un peu de repos, Mens proposa de passer à la troisième et dernière épreuve. Il fit alors apparaître un étrange objet. Il s'agissait d'une petite planche de bois dans laquelle étaient incrustés à gauche un rubis et à droite une émeraude. Entre les deux se trouvait une petite aiguille de bois en position verticale.
- Qu'est-ce ? demanda Jules.
- C'est pour voir si nos défis sont acceptables ou non. Rouge, c'est non, vert c'est oui. Vas-y, lance moi un défi.
Jules réfléchi quelques instants. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
- Je suis sûr que tu n'arriveras pas à tirer la queue du chat de la mère Agrippa qui habite à côté de la confiserie, dit-il.
Il regarda l'indicateur. L'aiguille pointa vers l'émeraude. Le défi était valide.
- A mon tour, dit Mens avec un large sourire sadique, je crois savoir que tu as une amie qui s'appelle Iustina, et bien je parie que tu n 'oseras pas l'embrasser... et sur la bouche bien sûr !
Il rit encore plus en voyant l'air déconfit de Jules qui fixait l'indicateur. Celui-ci, revenu à la verticale, pointa à nouveau en direction de l'émeraude.
- Tu es sûr qu'il marche ton truc ?! demanda-t-il totalement déconcerté.
- Oui, je fonctionne bien, sale petit morveux, dit une voix en provenance de l'indicateur.
Mens rit encore plus.
- Voici ma boîte, dit-il tout en la faisant apparaître. Je la laisse ouverte. Si dans une heure elle est fermée, c'est que j'ai perdu et que je suis dedans. Bonne chance.
Il retourna le sablier et s'en alla. Jules resta assis quelques instants, bien malheureux. Il fallait qu'il trouvât Iustina et qu'il se débrouillât ensuite pour l'embrasser... Mais il n'avait pas le choix (du moins était-ce ce qu'il croyait car on a toujours le choix). Il partit donc à la recherche de son amie. Il erra dans les rues, se rendit chez elle mais elle demeurait introuvable. Il vint alors à rencontrer Nohemus et lui demanda s'il ne l'avait pas vue. Son cousin répondit que peu de temps auparavant, ils étaient tous aller se reposer à la rivière. Jules s'y rendit. Mais il n'eut pas besoin d'aller jusqu'au bout. Tandis qu'il longeait le dernière rue, il vit Iustina venir dans sa direction. Il prit son courage à deux mains et faisant un signe de la main, cria :
- Hey Iusti, ça va ?
Ils se rencontrèrent.
- Oui ça va et toi ? Où étais-tu passé ? Tu as maté le chef de cette bande de gamins qui est venue nous attaquer tout à l'heure, j'espère. Nous en tout cas, on ne leur a pas fait de cadeau.
- Oui, j'ai fait ce que j'ai pu -il sentit sa gorge se nouer – euh, j'ai un secret à te dire, approche.
Et tandis que l'innocente jeune fille approchait son oreille, Jules, par un vif mouvement de tête réussit son défi... Si ses lèvres s'en souvinrent longtemps, ce fut aussi le cas de sa joue droite...

Pendant ce temps, Mens avait pénétré dans le jardin de la mère Agrippa où elle dormait, son chat couché dans l'herbe. L'esprit s'approcha et parvint près de l'animal. Il s'apprêtait à lui tirer avec plaisir la queue, quand son postérieur eut grand mal... Il s'en souvint longtemps. La vieille Agrippa se tenait derrière lui, la canne en l'air et Mens eut tout juste le temps de s'enfuir avant qu'elle ne lui en infligeât un coup. Il se cacha derrière le mur du jardin et ayant pris l'apparence d'un oiseau, alla s'installer sur la branche d'un prunier, attendant le meilleur moment pour frapper.

Jules était assis à côté du sablier. Il restait peu de temps et toujours aucune trace de Mens. Le coeur du garçon battait de plus en plus tandis que le sable s'épuisait doucement. Toujours aucune trace de l'esprit. Le dernier grain chuta. Quelques secondes après, une fine fumée bleue venue du coin de la rue apparut et vint se placer dans la boîte qui se ferma. Le sablier disparut ainsi que l'indicateur. Jules prit la cassette et il s'en alla en direction de la maison du père Voltarius.