Commentaires pour "La couchette n°32"
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Lou
domingo
Nérouje
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Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
Il y a de ça... mais pas seulement. Il y a aussi la redondance de la critique (il est venu en troisième position et quand on entend trois fois la même chose), mais encore...domingo a écrit:Ben ce qui est marrant c'est que Lou et moi on était sur la même idée que Pacô mais en moins justifié et tu ne nous as pas écouté...
C'est pas pour passer la brosse à reluire mais Pacô possède de grandes qualités comme de savoir rester neutre, impartial et honnête (je ne l'ai pas souvent vu s'emporter) ; d'apporter une aide véritable. De fait, il est l'ami de tous. Et ça compte !
Nérouje- Talent Génial
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Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
je t'ai répondu par MP
domingo- Talent Génial
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Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
parfois on n'écoute pas le premier avis, ni le second, et puis le troisième arrive à faire pencher la balance juste aprce qu'il est le troisième ou parce qu'il donne un petit argument en plus.
Ca m'arrive souvent d'écarter comme ça des commentaires et puis finalement, ben si...
Ca m'arrive souvent d'écarter comme ça des commentaires et puis finalement, ben si...
Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
C'est dommage.
domingo- Talent Génial
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Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
Bon je mets quelques remarques pour cette quatrième relecture :
Bon, que des fautes mineures.
Je sens que je vais plus me sentir pisser... mais là j'avoue que ton texte a pris un réel intérêt.
Je suis content du résultat. Et des compliments
Mais il est vrai que domingo et Lou étaient sur la même longueur d'onde ; il faut donc aussi les remercier pour cela ^_^.
=> ah là je comprends mieux . Tu avoueras que c'est mieux que le bélier hein ?
À moins que les épaisses murailles de mon sommeil n’eussent cédé sous les coups de boutoir de ma couchette ?
=> ah oui, là on cerne mieux le "deux fois par an"Depuis trente-cinq ans que le Paris-Briançon m’expédiait au printemps et à l’automne dans la capitale,
=> il ne manque pas un mot ici ?je sacrifiais à la demande de maman
=> je parlerais plus de la "vitre glacée" que "la glace" en elle-même, qui risque de porter à confusion. Surtout qu'une glace, c'est un genre de miroir ...
Le contact de la glace sur mon front me fit du bien
=> infinitif : vous installer (ex : pour vous mordre ^^)et vous en profitez pour vous installez dans ma couchette.
Bon, que des fautes mineures.
Je sens que je vais plus me sentir pisser... mais là j'avoue que ton texte a pris un réel intérêt.
Je suis content du résultat. Et des compliments
Mais il est vrai que domingo et Lou étaient sur la même longueur d'onde ; il faut donc aussi les remercier pour cela ^_^.
Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
Salut Pacô,
Si tu veux parler d'un autre mot, précise car je ne vois pas.
Donc, je garde.
C'est à dire ? Je n'ai pas mi MA maman exprès, pour souligner qu'il parle encore de sa mère en disant maman.=> il ne manque pas un mot ici ?je sacrifiais à la demande de maman
Si tu veux parler d'un autre mot, précise car je ne vois pas.
Pas d'accord. Le mot "glace" désigne les vitres de tout véhicule (exemple en assurance, on parle de bris de glace, dans les bus, sous les petits marteaux pour briser les vitres en cas d'évacuation difficile, il est aussi question de briser la glace.=> je parlerais plus de la "vitre glacée" que "la glace" en elle-même, qui risque de porter à confusion. Surtout qu'une glace, c'est un genre de miroir ...Le contact de la glace sur mon front me fit du bien
Donc, je garde.
Oh la bourde ! J'ai honte . J'avais modifié sans vérifier de nouveau les accords. Com' d'hab, quoi.=> infinitif : vous installer (ex : pour vous mordre ^^)et vous en profitez pour vous installez dans ma couchette.
Y'a pas d'quoi, tu les mérites. Faire tourner un forum/asso' comme ID (je sais bien, tu n'es pas seul) mérite le plus grand respect. Sisi !Je suis content [...] des compliments.
Nérouje- Talent Génial
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Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
Je serais assez d'accord avec Lou.
Ok, on rentre dans l'histoire gentiment. On se demande où tu veux nous balader et on est pris par la main gentiment. On arrive au retour dans la cabine. Suspense. La où ça se complique, c'est quand tu prends un raccourci stupéfiant pour nous n'envoyer par la portière ce brave homme. Ça ne passe pas très bien. Je pense que ton personnage mériterait d'être étoffé, que l'on comprenne quelque chose à son mal-être et à sa pseudo schizophrénie. Ou alors il l'est réellement, schizophrène, et ça intéresse surtout les spécialistes.
Encore un petit effort et tu tiens une bonne nouvelle ('')
Ok, on rentre dans l'histoire gentiment. On se demande où tu veux nous balader et on est pris par la main gentiment. On arrive au retour dans la cabine. Suspense. La où ça se complique, c'est quand tu prends un raccourci stupéfiant pour nous n'envoyer par la portière ce brave homme. Ça ne passe pas très bien. Je pense que ton personnage mériterait d'être étoffé, que l'on comprenne quelque chose à son mal-être et à sa pseudo schizophrénie. Ou alors il l'est réellement, schizophrène, et ça intéresse surtout les spécialistes.
Encore un petit effort et tu tiens une bonne nouvelle ('')
Démon des Airs- Talent Habitué
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Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
La couchette n° 32
Je suppose que la cause de mon réveil fut l’envie de pisser.
À moins que les épaisses murailles de mon sommeil n’eussent cédé sous les coups de boutoir de ma couchette ? Toujours est-il qu’une litanie de tagada accompagnait les saccades longitudinales imprimées au matelas, signe que le train n’était pas en gare – ni déjà dans la vallée du Rhône – mais ahanait encore dans les régions montagneuses. Ce galop régulier, conjugué au bercement soporifique du wagon, ne tarderait pas à me renvoyer d’où j’avais été tiré.un peu chargé en images mais c'est une question stylistique donc je respecte le choix de l'auteur Je me tournais donc à la recherche d’une position confortable lorsque l’éclat de ma veilleuse et un bruit de papier froissé brisèrent mon indolence : L’équipe pô, je suis sûr qu'il faut la majuscule L'Equipe mais pas sûr pour l'italique en guise d’oreiller, je m’étais endormi en pleine lecture lors de ma lecture.
La lumière pâle dévoilait un compartiment vide.
Ma montre indiquait vingt-deux heures et cinquante-trois minutes ; je ne m’étais assoupi que peu de temps et d’ici quelques arrêts, les places vacantes seraient occupées. Depuis trente-cinq ans que le Paris-Briançon m’expédiait au printemps et à l’automne dans la capitale, ce moyen de transport n’avait jamais démenti ses atouts : sûr et efficace. Enfin… ce n’était pas tout à fait exact puisqu’une fois seulement j'aurais supprimé ce seulement, j’avais eu des ennuis. À l’époque, peu de temps après le décès de mon père, je sacrifiais à la demande de maman et avais pris le train la rejoindredans l’espoir d'alléger sa peine là, un point. Mais, en pleine nuit, une personne âgée, les traits tordus par la démence, m'avait agressé dans ma cabine avant de prendre la fuite.quand une personne d’âge mûr, les traits tordus par la démence m’avait agressé en pleine nuit avant de prendre la fuite. Le fait qu’elle se soit jetée sur la voie avait défrayé la chronique et sali mon nom. Bien entendu, ç’avait été intentionnel et le fantôme de cet homme m’avait hanté de nombreuses années car au fil des mois, le visage de mon père – un homme sinistre et violent – avait peu à peu pris possession de ses traits.
J’éteignis la veilleuse.
Pâques, Toussaint. Du haut de ses quatre-vingt-dix-sept ans, maman me disait toujours que cette régularité métronomique ordonnait ma vie dans une saine sécurité. Elle qui narguait le flux du temps, telle la figure de proue de quelque antique navire, se désolait d’avoir un fils si peureux et instable. Malgré le froid de cette nuit de novembre, je sentais le drap SNCF coller à ma peau ; Dieu-merci, l’obscurité masquait ces horribles couvertures à carreaux. Qu’avaient-ils besoin d’en changer le motif tous les dix ans ? Une fois encore, je me concentrais pour chercher le sommeil, je devais impérativement dormir avant que les autres places ne soient occupées par les inévitables ronfleurs et péteurs.petoman Sans parler des enfants… Ces petits monstres bruyants et stupides. Cette perspective me contraria, un réveil précoce présageait une nuit à ruminer de sombres pensées.
Ma dernière pièce pour orgue sera-t-elle acceptée par le jury ?
J’avais passé un nombre incalculable d’heures sur mon ordinateur à composer cette splendide fresque. Mais bien sûr, ces cons n’y comprendraient rien, incapables qu’ils étaient de reconnaître le génie quand ils l’avaient sous le nez. Il c'est qui ce "il", le je ne serait pas plus approprié ?avait inventé la musique intelligente, un concept nouveau et inabordable pour leurs étroitesse d’esprit.
Des cons !
Comme le rythme occasionné par les traverses accélérait, le train semblaitdevait maintenant enfiler une longue ligne droite, je tentais d’éloigner ces idées noires en évoquant ma traditionnelle réservation de la Toussaint, la figure de Frédo derrière son hygiaphone, sa phrase rituelle : « Com’d’hab mon pote, voilà une semaine que je me bats pour te garder la place 32 du septième wagon… » ses yeux levés au ciel d’exaspération et son rire tonitruant : « De gu, le jour où tu viens pu me l’acheter c’te place, je prends ma retraite. Promis ! ».
J’allumais de nouveau pour consulter ma montre et tiquais : cette bonne vieille Rolex s’y mettait elle aussi et s’obstinait sur vingt-deux heures cinquante-trois. Non, vraiment, l’envie de pisser m’empêchait de sombrer et je maudis ces quelques demis avalés à la hâte au Café de la gare en compagnie du guichetier. Agacé, je rejetais le drap et me levais pour aller soulager ma gêne. Dans la coursive, le puissant sifflet de la motrice annonça l’entrée dans un tunnel, le bi-tonique, celui qui avait bercé les départs en vacance de ma tendre enfance. Une implosion suivie de bourdonnements intenses accompagnèrent ma démarche et je zigzaguais comme un homme ivre jusqu’aux toilettes. Avec un profond soupir, je transvasait transvasaisle contenu de ma vessie douloureuse dans la cuvette. Celle-ci crépita durant une bonne minute.
De retour, la porte coulissante me dévoila un compartiment noyé dans l’obscurité.
Tiens, il me semblait avoir laissé allumé…
Alors que je tâtonnais pour trouver le poussoir de la loupiote, j'effleurais quelque chose de mou et chaud sur ma couchette. Mon cœur bondit.
Le fantôme !
Électrifié, je retirais vivement mon bras et me précipitais dans le couloir. Tandis que la lumière diluait mon horrible vision, j’en profitais pour vérifier si je ne m’étais pas trompé de compartiment – ce qui n’était pas le cas – puis restais appuyé à la fenêtre, indécis. Le clocher éclairé d’un lointain village voyageait à reculons et la proximité d’une route rayait la nuit de traînées rouges et blanches. Le contact de la glace sur mon front me fit du bien.
Bon Dieu, j’étais stupide, ou quoi ? Je n’allais tout de même pas passer la nuit dans le couloir parce que j’avais effleuré mon manteau ! Avec appréhension, je fis de nouveau coulisser la porte et glissais la main vers la veilleuse de la couchette opposée dont je ne tardais pas à trouver l’interrupteur. Le doigt sur le bouton, j’hésitais jusqu’à en avoir mal au coude… puis appuyais.
Sous le choc je dus m’asseoir, les jambes tremblantes, courbé entre les deux couchettes en vis-à-vis : ma place était occupée par un jeune homme qui ronflait comme un bienheureux ! Mon regard détailla le compartiment vide et s’arrêta sur le numéro 32.
Quel toupet !
Avais-je affaire à un fou ? Ou tout simplement à un plaisantin ?
Sur le montant en aluminium, le numéro me narguait, deux chiffres fétiches bichonnés avec soin depuis trente-cinq ans.
Nom de Dieu, alors que les cinq autres couchettes étaient libres !
Je sentis la colère monter en moi.
MA place !
L’intrus me tournait le dos mais je pouvais distinguer en partie les traits mous d’un visage sans caractère. Les mains tremblantes je me jetais sur lui et le secouais comme un poirier.
— Espèce de crétin, comment osez-vous dormir dans ma couchette ?
L’autre sursauta et se débattit avec vigueur. Il ne cessait de crier :
— Non mais ça ne vas pas, la tête !? Non mais ça ne vas pas ? Arrêtez, espèce de fou !
Il finit par m’envoyer un méchant crochet dans le ventre et je dus le lâcher pour reprendre mon souffle. Il haletait et me fixait d’un drôle d’œil :
— Qu’est-ce qu’il vous prend de réveiller les gens ainsi ?
Je détestais son air sournois et hypocrite.
— Hé… Je pars quelques instants aux toilettes et vous en profitez pour vous installez dans ma couchette.
— Vous piquer votre couchette ? Mais vous êtes complètement taré mon vieux ! Vous avez du vous tromper de compartiment. Faudrait voir à changer de lunettes !
Il lissait la couverture bleue unie du plat de la main, comme si ma seule présence était une offense au bon ordre des choses. Ses répliques éveillaient en moi un sentiment indéfinissable, une impression de déjà-vu…
‘Tain, c’est qu’il la qu'il meprenait de haut, ce jeune con.
Attends un peu que je lui fourre mon billet sous le nez.
Mais j’eus beau fouiller le compartiment du regard, je ne voyais nulle part mes bagages. Je lui jetais un regard soupçonneux.
— Qu’avez-vous fichu de mes affaires ?!
Devant mon air désorienté, il se fit ironique.
— Bin alors, pépé, t’as perdu tes couches ? Tiens, d’ailleurs tu m’fais de la peine, j’vais te montrer mon billet puis après tu te casses prendre tes cachets, O.K ? Moi, j’ai sommeil.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, sa proposition me glaça. J’étais effrayé et protestais.
— Non… Non !
Des spasmes de terreur parcoururent mes tripes car, enfin, je compris. Ce jeune homme, devant moi, c’était… c’était… moi ! Par deux fois, je m’étais rencontré et j’avais eu affaire à un être imbu de sa personne, arrogant et détestable.
Un con !
C’était plus que ce que je pouvais en supporter. Je perdis tout contrôle de la situation et courus dans la coursive. Alors que je m’escrimais pour débloquer la porte donnant sur la voie, ma dernière pensée fut pour mon copain Frédo : Tu vas l’avoir ta retraite, espèce d’enfoiré ! Déjà, un violent courant d’air s’engouffrait à l’intérieur du train.
Une nouvelle bien menée, un bon rhytme et une cohérence indispensable dans ce genre. Je me suis fait embarqué donc pour moi c'est gagné.
Je suppose que la cause de mon réveil fut l’envie de pisser.
À moins que les épaisses murailles de mon sommeil n’eussent cédé sous les coups de boutoir de ma couchette ? Toujours est-il qu’une litanie de tagada accompagnait les saccades longitudinales imprimées au matelas, signe que le train n’était pas en gare – ni déjà dans la vallée du Rhône – mais ahanait encore dans les régions montagneuses. Ce galop régulier, conjugué au bercement soporifique du wagon, ne tarderait pas à me renvoyer d’où j’avais été tiré.un peu chargé en images mais c'est une question stylistique donc je respecte le choix de l'auteur Je me tournais donc à la recherche d’une position confortable lorsque l’éclat de ma veilleuse et un bruit de papier froissé brisèrent mon indolence : L’équipe pô, je suis sûr qu'il faut la majuscule L'Equipe mais pas sûr pour l'italique en guise d’oreiller, je m’étais endormi en pleine lecture lors de ma lecture.
La lumière pâle dévoilait un compartiment vide.
Ma montre indiquait vingt-deux heures et cinquante-trois minutes ; je ne m’étais assoupi que peu de temps et d’ici quelques arrêts, les places vacantes seraient occupées. Depuis trente-cinq ans que le Paris-Briançon m’expédiait au printemps et à l’automne dans la capitale, ce moyen de transport n’avait jamais démenti ses atouts : sûr et efficace. Enfin… ce n’était pas tout à fait exact puisqu’une fois seulement j'aurais supprimé ce seulement, j’avais eu des ennuis. À l’époque, peu de temps après le décès de mon père, je sacrifiais à la demande de maman et avais pris le train la rejoindredans l’espoir d'alléger sa peine là, un point. Mais, en pleine nuit, une personne âgée, les traits tordus par la démence, m'avait agressé dans ma cabine avant de prendre la fuite.quand une personne d’âge mûr, les traits tordus par la démence m’avait agressé en pleine nuit avant de prendre la fuite. Le fait qu’elle se soit jetée sur la voie avait défrayé la chronique et sali mon nom. Bien entendu, ç’avait été intentionnel et le fantôme de cet homme m’avait hanté de nombreuses années car au fil des mois, le visage de mon père – un homme sinistre et violent – avait peu à peu pris possession de ses traits.
J’éteignis la veilleuse.
Pâques, Toussaint. Du haut de ses quatre-vingt-dix-sept ans, maman me disait toujours que cette régularité métronomique ordonnait ma vie dans une saine sécurité. Elle qui narguait le flux du temps, telle la figure de proue de quelque antique navire, se désolait d’avoir un fils si peureux et instable. Malgré le froid de cette nuit de novembre, je sentais le drap SNCF coller à ma peau ; Dieu-merci, l’obscurité masquait ces horribles couvertures à carreaux. Qu’avaient-ils besoin d’en changer le motif tous les dix ans ? Une fois encore, je me concentrais pour chercher le sommeil, je devais impérativement dormir avant que les autres places ne soient occupées par les inévitables ronfleurs et péteurs.petoman Sans parler des enfants… Ces petits monstres bruyants et stupides. Cette perspective me contraria, un réveil précoce présageait une nuit à ruminer de sombres pensées.
Ma dernière pièce pour orgue sera-t-elle acceptée par le jury ?
J’avais passé un nombre incalculable d’heures sur mon ordinateur à composer cette splendide fresque. Mais bien sûr, ces cons n’y comprendraient rien, incapables qu’ils étaient de reconnaître le génie quand ils l’avaient sous le nez. Il c'est qui ce "il", le je ne serait pas plus approprié ?avait inventé la musique intelligente, un concept nouveau et inabordable pour leurs étroitesse d’esprit.
Des cons !
Comme le rythme occasionné par les traverses accélérait, le train semblaitdevait maintenant enfiler une longue ligne droite, je tentais d’éloigner ces idées noires en évoquant ma traditionnelle réservation de la Toussaint, la figure de Frédo derrière son hygiaphone, sa phrase rituelle : « Com’d’hab mon pote, voilà une semaine que je me bats pour te garder la place 32 du septième wagon… » ses yeux levés au ciel d’exaspération et son rire tonitruant : « De gu, le jour où tu viens pu me l’acheter c’te place, je prends ma retraite. Promis ! ».
J’allumais de nouveau pour consulter ma montre et tiquais : cette bonne vieille Rolex s’y mettait elle aussi et s’obstinait sur vingt-deux heures cinquante-trois. Non, vraiment, l’envie de pisser m’empêchait de sombrer et je maudis ces quelques demis avalés à la hâte au Café de la gare en compagnie du guichetier. Agacé, je rejetais le drap et me levais pour aller soulager ma gêne. Dans la coursive, le puissant sifflet de la motrice annonça l’entrée dans un tunnel, le bi-tonique, celui qui avait bercé les départs en vacance de ma tendre enfance. Une implosion suivie de bourdonnements intenses accompagnèrent ma démarche et je zigzaguais comme un homme ivre jusqu’aux toilettes. Avec un profond soupir, je transvasait transvasaisle contenu de ma vessie douloureuse dans la cuvette. Celle-ci crépita durant une bonne minute.
De retour, la porte coulissante me dévoila un compartiment noyé dans l’obscurité.
Tiens, il me semblait avoir laissé allumé…
Alors que je tâtonnais pour trouver le poussoir de la loupiote, j'effleurais quelque chose de mou et chaud sur ma couchette. Mon cœur bondit.
Le fantôme !
Électrifié, je retirais vivement mon bras et me précipitais dans le couloir. Tandis que la lumière diluait mon horrible vision, j’en profitais pour vérifier si je ne m’étais pas trompé de compartiment – ce qui n’était pas le cas – puis restais appuyé à la fenêtre, indécis. Le clocher éclairé d’un lointain village voyageait à reculons et la proximité d’une route rayait la nuit de traînées rouges et blanches. Le contact de la glace sur mon front me fit du bien.
Bon Dieu, j’étais stupide, ou quoi ? Je n’allais tout de même pas passer la nuit dans le couloir parce que j’avais effleuré mon manteau ! Avec appréhension, je fis de nouveau coulisser la porte et glissais la main vers la veilleuse de la couchette opposée dont je ne tardais pas à trouver l’interrupteur. Le doigt sur le bouton, j’hésitais jusqu’à en avoir mal au coude… puis appuyais.
Sous le choc je dus m’asseoir, les jambes tremblantes, courbé entre les deux couchettes en vis-à-vis : ma place était occupée par un jeune homme qui ronflait comme un bienheureux ! Mon regard détailla le compartiment vide et s’arrêta sur le numéro 32.
Quel toupet !
Avais-je affaire à un fou ? Ou tout simplement à un plaisantin ?
Sur le montant en aluminium, le numéro me narguait, deux chiffres fétiches bichonnés avec soin depuis trente-cinq ans.
Nom de Dieu, alors que les cinq autres couchettes étaient libres !
Je sentis la colère monter en moi.
MA place !
L’intrus me tournait le dos mais je pouvais distinguer en partie les traits mous d’un visage sans caractère. Les mains tremblantes je me jetais sur lui et le secouais comme un poirier.
— Espèce de crétin, comment osez-vous dormir dans ma couchette ?
L’autre sursauta et se débattit avec vigueur. Il ne cessait de crier :
— Non mais ça ne vas pas, la tête !? Non mais ça ne vas pas ? Arrêtez, espèce de fou !
Il finit par m’envoyer un méchant crochet dans le ventre et je dus le lâcher pour reprendre mon souffle. Il haletait et me fixait d’un drôle d’œil :
— Qu’est-ce qu’il vous prend de réveiller les gens ainsi ?
Je détestais son air sournois et hypocrite.
— Hé… Je pars quelques instants aux toilettes et vous en profitez pour vous installez dans ma couchette.
— Vous piquer votre couchette ? Mais vous êtes complètement taré mon vieux ! Vous avez du vous tromper de compartiment. Faudrait voir à changer de lunettes !
Il lissait la couverture bleue unie du plat de la main, comme si ma seule présence était une offense au bon ordre des choses. Ses répliques éveillaient en moi un sentiment indéfinissable, une impression de déjà-vu…
‘Tain, c’est qu’il la qu'il meprenait de haut, ce jeune con.
Attends un peu que je lui fourre mon billet sous le nez.
Mais j’eus beau fouiller le compartiment du regard, je ne voyais nulle part mes bagages. Je lui jetais un regard soupçonneux.
— Qu’avez-vous fichu de mes affaires ?!
Devant mon air désorienté, il se fit ironique.
— Bin alors, pépé, t’as perdu tes couches ? Tiens, d’ailleurs tu m’fais de la peine, j’vais te montrer mon billet puis après tu te casses prendre tes cachets, O.K ? Moi, j’ai sommeil.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, sa proposition me glaça. J’étais effrayé et protestais.
— Non… Non !
Des spasmes de terreur parcoururent mes tripes car, enfin, je compris. Ce jeune homme, devant moi, c’était… c’était… moi ! Par deux fois, je m’étais rencontré et j’avais eu affaire à un être imbu de sa personne, arrogant et détestable.
Un con !
C’était plus que ce que je pouvais en supporter. Je perdis tout contrôle de la situation et courus dans la coursive. Alors que je m’escrimais pour débloquer la porte donnant sur la voie, ma dernière pensée fut pour mon copain Frédo : Tu vas l’avoir ta retraite, espèce d’enfoiré ! Déjà, un violent courant d’air s’engouffrait à l’intérieur du train.
Une nouvelle bien menée, un bon rhytme et une cohérence indispensable dans ce genre. Je me suis fait embarqué donc pour moi c'est gagné.
Re: Commentaires pour "La couchette n°32"
Merci Nico pour ton com'
À peu près OK pour tout sauf :
À peu près OK pour tout sauf :
C'est voulu. Beaucoup d'artistes qui pètent plus haut que leur Q parlent souvent à la troisième personne quand ils discutent de leur œuvre, de leur talent... de eux tout court. "Je" c'est trivial pour désigner un personnage de cette importance.J’avais passé un nombre incalculable d’heures sur mon ordinateur à composer cette splendide fresque. Mais bien sûr, ces cons n’y comprendraient rien, incapables qu’ils étaient de reconnaître le génie quand ils l’avaient sous le nez. Il c'est qui ce "il", le je ne serait pas plus approprié ? avait inventé la musique intelligente, un concept nouveau et inabordable pour leurs étroitesse d’esprit.
Nérouje- Talent Génial
- Nombre de messages : 546
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