Commentaires sur "Ingrat Labeur"

Le froid fouettait son visage et piquait ses yeux sans ménagement. De sa main gantée, elle resserra le col de son manteau et plongea le nez dans son écharpe. Toute cette histoire la lassait profondément. De nombreux soucis polluaient déjà bien trop sa vie pour qu’elle ne s’encombrât d’un travail dont personne d’autre dans sa situation ne voudrait. Elle avait accepté ce poste pour prouver sa bonne volonté au Pôle-Emploi ; cette organisation censée aidée les chômeurs à trouver du travail, était en réalité une chasseuse de têtes empressée de se débarrasser de ses allocataires. Jade ne bénéficiait même pas de la moindre allocation (allocataires, allocations, ça fait deux mots super propres et proches aussi dans le texte) chômage… Elle prit alors une décision : elle allait terminer son mois et ne pas renouveler son contrat à durée déterminée. De toute manière, ce travail précaire était totalement inutile. Etabli en trois CDD d’un mois, il ne lui permettrait pas de toucher les ASSEDIC, car il était nécessaire de travailler au minimum quatre mois en tant que salarié pour se voir ouvrir des droits. De plus, cet emploi n’avait rien de valorisant ni d’intéressant. Se faire « jeter » par des inconnus, dont les réponses lui importaient peu par-dessus le marché, n’était pas pour l’encourager à prospecter les personnes. Noter des lignes de codes, pour indiquer où les habitants s’étaient rendus, ne présentait guère plus de caractère passionnant ou enrichissant. Jade n’était pas née de la dernière pluie ; peu de personnes exerçaient un métier plaisant (jsuis bien d'accord avec elle ) . Néanmoins, il leur rapportait un minimum sur le plan financier…
Jade songeait qu’elle pourrait être au chaud, installée devant la lecture du cours qu’elle venait de recevoir. Une bien douce image… Elle suivait une formation par correspondance, une étude bien plus intéressante et importante que ce boulot ridicule qui accaparait des heures qu’elle pourrait mettre au service de son instruction.
Non, vraiment, le bilan de cet emploi ne présentait que des points négatifs. Ajoutée à cela l’essence gaspillée en déplacements non remboursables… Qui pouvait accepter de travailler pour perdre de l’argent ? C’était totalement absurde.
Jade atteignit la dernière adresse qu’elle devait sonder. Elle sonna à l’interphone, se présenta, et l’homme planqué bien au chaud dans son appartement poussa un grondement exaspéré :

Le vent froid soulevait son lourd manteau fourré et lui fouettait les jambes jusqu’à mordre sa peau à travers le jean. Jade marchait à vive allure pour ne pas trop souffrir de la température négative de cette fin janvier. Elle se félicitait d’avoir pensé à s’emmitoufler dans son écharpe, se calfeutrer sous son bonnet (calfeutrer : Boucher les fentes d'une ouverture pour éviter que l'air ne passe.) et glisser ses mains dans ses gants. Peu importait le regard des gens qui la croisaient, étonnés que l’on puisse autant se couvrir ; elle était gelée et elle n’allait pas laisser son grand manteau si chaud pendu dans l’armoire pour leur paraître plus conventionnelle, stéréotypée à la manière de ces filles en jupe courte et collants, un simple pull sur le dos pour tout ornement hivernal. Par -2°C sous un toit d’épais nuages, Jade considérait de tels comportements comme tout à fait décalés (bof : incongrus, inadaptés, déplacés ?). Pourquoi vouloir à tout prix faire croire que la jeunesse accorde une plus grande résistance face à la morsure de l’hiver ? (heu, là, je doute de la syntaxe, mais en même temps tu es plus calée que moi. "accorde une résistance face" cela se dit ? Moi je n'accorderait pas une résistance. Je ferais preuve de, ferais montre de, développerais...) Elle savait pertinemment ce qui pendait au nez de tous ces petits malins : un rhume carabiné, et il était hors de question qu’elle en soit victime. Elle n’avait aucune envie de se retrouver clouée au lit, le nez bouché et la tête écrasée dans un étau douloureux.

Arpentant les rues de la ville, la jeune femme allait de maison en maison, suivant en cela les adresses indiquées sur ses fiches. Elle travaillait pour la commune, dans le cadre d’une étude qui devait permettre à la ville d’aménager le territoire en fonction des besoins des habitants. Cet emploi consistait à interroger les ménages mentionnés sur ses fiches, préalablement tirés au sort par une machinerie (machinerie ? ce n'est pas informatique, tout cela, maintenant ?) qui lui était étrangère. Lorsqu’elle avait suivi la formation de deux jours qui devait lui permettre de travailler pour la société meneuse de l’étude, elle avait imaginé, bien naïvement, les gens majoritairement prêts à répondre aux questionnaires (on remplit un questionnaire, mais on répond aux questions, je crois), saisissant l’occasion qui leur était offerte de donner leur avis. Mais depuis un mois, depuis l’amorce de son travail sur le terrain, elle déchantait. Les personnes étaient au mieux, peu intéressées, au pire, agressives et vulgaires. Que ce soit au téléphone ou de visu, Jade peinait beaucoup à obtenir les rendez-vous nécessaires à la réalisation de ses enquêtes. Pourtant, elle avait belle allure et parlait fort clairement (ouais mais bon, "belle allure" au téléphone... xD). Rien dans son attitude ni dans sa personne n’expliquait de tels refus ; les gens n’avaient cure de cette étude, se moquaient bien que la commune s’intéressât à leurs besoins, et méprisaient totalement ce pourquoi Jade travaillait. (pas mal de "travail" dans ce paragraphe)

La jeune femme passait son temps d’échecs en échecs, et quand enfin, elle parvenait à prendre un rendez-vous, cette minuscule victoire ne la contentait pas. Ce travail (ici aussi) improductif était totalement incompatible avec sa vie de mère. La plupart des interrogés étaient disponibles uniquement en soirée ou au cours des week-ends, à ces moments précis où Jade revêtait son rôle de maman, et avait pour seul empressement celui d’élever ses enfants, qu’elle chérissait plus que tout. Elle avait pourtant requis auprès du Pôle-Emploi un travail (idem) en accord avec ses horaires et sa vie de famille… sans résultat.
Que pouvait-elle espérer avec un malheureux Baccalauréat en poche ? Il fallait bien se rendre à l’évidence : ce diplôme n’était absolument pas suffisant pour décrocher un emploi convenable en ces temps de crise. On lui avait rétorqué, de nombreuses fois, qu’il eût été plus judicieux de présenter un CAP ou un BEP (ah, les français et leur manie des abréviations xD), diplômes qui lui auraient facilité l’accès au suivi de (un peu lourd) formations nécessaires pour postuler à des emplois dont les sociétés régionales avaient grand besoin. Hélas, elle avait suivi (et en plus ton "au suivi de" fait répétition) la voie générale et obtenu un Bac scientifique. A l’époque, l’adolescente n’avait pas la moindre idée de l’orientation à donner à sa vie professionnelle. Puisqu’elle était relativement douée pour les études, parents et professeurs l’avaient poussée à suivre le chemin de la faculté. La suite de sa vie avait malheureusement tourné à l’échec. Jade assumait ses choix ; il lui était difficile de faire autrement. Elle avait rencontré un homme, elle avait cru en un amour profond et partagé, et elle avait eu trois enfants avant d’ouvrir les yeux sur les réalités d’un être égoïste, lâche et violent. Le bilan était lourd et âpre. Chaque jour, Jade accusait les coups de la réalité. Sans formation, elle ne remporterait aucun emploi, excepté ce genre de travail précaire de vacataire au service de sociétés d’enquêtes.

Jade soupira en approchant d’une porte. Elle rêvait de tomber sur une personne accueillante, qui lui offrirait un café pour se réchauffer, tant la froidure était intense. Elle se trouva face à un interphone. Elle rencontrait exclusivement des interphones par ici, et elle comprenait pourquoi. Les gens devaient être assaillis par des représentants et des vendeurs de toute nature, et cela handicapait grandement son travail. Elle repéra le nom de la famille à enquêter (hum, je présume qu'elle n'enquête pas le nom, mais les gens qui se cachent derrière... xD) et appuya sur le bouton correspondant. Au bout de deux sonneries, une voix âgée lui répondit. Elle se présenta alors sur un ton enjoué, et exposa patiemment les raisons de sa visite. La vieille dame lui lança une réponse typique à toutes les personnes âgées auxquelles elle avait eu affaire :
« Oh, vous savez, je ne me déplace plus ! »
Et Jade d’insister sur le fait qu’elle sortait obligatoirement de chez elle, de temps en temps, ne fût-ce que pour aller chercher son pain ou faire quelques emplettes. Jade mit l’accent sur l’importance de ses réponses, car elle était représentative d’une situation particulière, et son opinion en matière de déplacements et de transports intéressait la commune. La vieille dame s’énerva :
« Vous êtes gentille, mais je ne me déplace qu’à pied. Ca ne m’intéresse pas. Au revoir. »
Et elle coupa la communication. Jade ne comptait plus le nombre de fois où on lui avait raccroché au nez. Pourtant, les habitants avaient été prévenus, à la radio et à la télévision, du lancement de cette grande étude, et chacun avait été appelé à répondre avec patience et bonne volonté. Les personnes tirées au sort étaient même censées avoir reçu un prospectus leur expliquant les raisons de cette enquête et pourquoi leur participation était importante. Jade avait, hélas, constaté que de nombreuses personnes n’avaient pas reçu ces papiers, étant donné que les noms inscrits sur les fiches adresses étaient erronés. Les courriers ne risquaient pas d’arriver au bon endroit. La jeune femme imaginait le coût exorbitant de toute cette correspondance qui n’arrivait pas à destination, elle n’osait même pas calculer le montant du gaspillage. Mais le pire était que tout cela était financé par les communes, donc par les impôts locaux prélevés sur les habitants, ceux-là même qui refusaient de participer !

Barbara a écrit:A la base, c'était parti pour une nouvelle, et puis j'ai trouvé pas mal d'ajouter toutes ces infos, qui font que j'ai bien envie de faire lire ça au journal, pour que les gens du coin se rendent bien compte de la difficulté de ce boulot, et des réalités que doivent affronter certains chômeurs. J'aurais beaucoup à dire sur les méthodes du Pôle-Emploi, mais le peu que j'ai écrit devrait suffire à mettre la puce à l'oreille.
C'est un genre de docu-fiction, si tu veux.

J'aurais beaucoup à dire sur les méthodes du Pôle-Emploi

MrSonge, va expliquer à un patron que tu possèdes un Certificat d'Aptitudes Professionnelles ou un Brevet d'Etudes Professionnelles, il va te rire au nez xD

Barbara a écrit:Je vais corriger de ce pas le BEP en BAC pro. Merci Laumie.

Elle se félicitait d’avoir pensé à s’emmitoufler dans son écharpe et son bonnet, et de n’avoir pas oublié ses gants.

elle était gelée et elle n’allait pas laisser son grand manteau si chaud pendu dans l’armoire pour leur paraître plus

Jade considérait de tels comportements comme tout à fait décalés.

Pourquoi vouloir à tout prix faire croire que la jeunesse permette de résister plus facilement à la morsure de l’hiver ?

la tête écrasée dans un étau douloureux

Arpentant les rues de la ville, la jeune femme allait de maison en maison, suivant en cela les adresses indiquées sur ses fiches. Elle travaillait pour la commune, dans le cadre d’une étude qui devait permettre à la ville d’aménager le territoire en fonction des besoins des habitants.

et méprisaient totalement ce pourquoi Jade œuvrait [...] Cet emploi improductif était totalement incompatible avec sa vie de mère.

certificats qui lui auraient facilité l’accès au suivi de formations nécessaires pour postuler auprès des sociétés régionales qui en avaient grand besoin. Hélas, elle avait choisi la voie générale et obtenu un Bac scientifique. A l’époque, l’adolescente n’avait pas la moindre idée de l’orientation à donner à sa vie professionnelle. Puisqu’elle était relativement douée pour les études, parents et professeurs l’avaient poussée à suivre le chemin de la faculté. La suite de sa vie avait malheureusement tourné à l’échec. Jade assumait ses choix ;

et elle avait eu deux enfants avant d’ouvrir les yeux sur les réalités d’un être égoïste, lâche et violent. Le bilan était lourd et âpre. Chaque jour, Jade accusait les coups de la réalité.

Jade soupira en approchant d’une porte.

Ca ne m’intéresse pas

La jeune femme songeait qu’elle pourrait être au chaud, installée devant la lecture du cours qu’elle venait de recevoir. Une bien douce image…

Jade pris le temps de faire couler un bon café chocolaté

Pacô a écrit:En conclusion, à toi de voir ce que tu recherches vraiment : attirer l'attention et la sensibilité du lecteur avec une scène un peu plus mélo-dramatique, ou juste lui faire un rapport "tel quel" un peu barbant qu'il ne lira peut-être pas jusqu'au bout, mais qui sera plus collé à la stricte réalité .

Le vent froid soulevait son lourd manteau fourré et fouettait ses jambes jusqu’à mordre sa peau à travers le jean. Jade marchait à vive allure pour ne pas trop souffrir de la température négative (encore une fois, le "négative" me parait mal inclus, comme un plus qui ne nous sert pas vraiment, si elle souffre de la température et qu'elle est emmitouflée, c'est que la température est négative, ou très froide. Eventuellement, tu peux rajouter qu'elle est négative, mais dans une autre phrase.) de cette fin janvier. Elle se félicitait d’avoir pensé à s’emmitoufler dans son écharpe et son bonnet, et de ne pas avoir oublié ses gants (l'écharpe, le bonnet, les gants... un de moins ne serait pas de refus, et montrerait tout aussi bien combien elle a froid). Peu importait le regard des gens qui la croisaient, étonnés que l’on puisse autant se couvrir ; elle était gelée et elle n’allait pas laisser son grand manteau si chaud pendu dans l’armoire pour leur paraître plus conventionnelle, stéréotypée à la manière de ces filles en jupe courte et collants, un simple pull sur le dos pour tout ornement hivernal. Par
-2°C (tu la dis ici la température, pas besoin du "négative" plus haut ^^) sous un toit d’épais nuages, Jade considérait de tels comportements comme tout à fait décalés. Pourquoi vouloir à tout prix faire croire que la jeunesse permettait de résister plus facilement à la morsure de l’hiver ? Elle savait pertinemment ce qui pendait au nez de tous ces petits malins : un rhume carabiné, et il était hors de question qu’elle en soit victime. Elle n’avait aucune envie de se retrouver clouée au lit, le nez bouché et la tête écrasée dans un étau de douleur (c'est un peu exagéré, non ? la douleur est à la fois présente dans le "écrasé" et dans le "douleur", ça me parait excessif pour un simple nez bouché).

Arpentant les rues de la ville, la jeune femme allait de maison en maison, suivant en cela les adresses indiquées sur ses fiches. Elle travaillait pour la commune, dans le cadre d’une étude qui devait permettre à la ville d’aménager le territoire en fonction des besoins des habitants. Cet emploi consistait à interroger les ménages mentionnés sur ses feuillets, préalablement tirés au sort par informatique (je doute qu'on tire au sort ces gens là, si on les tire au sort, ça signifie qu'on admet que les personnes choisies vont toutes fournir une réponse, alors que beaucoup vont refuser. Selon moi, elle a un nombre de personne à interroger, et elle doit tenter, au mieux, de varier les emplacements de ces personnes). Lorsqu’elle avait suivi la formation de deux jours qui devait lui permettre de prospecter pour la société meneuse de l’étude, elle avait imaginé, bien naïvement, les gens majoritairement prêts à répondre aux questionnaires, saisissant l’occasion qui leur était offerte de donner leur avis. Mais depuis un mois, depuis l’amorce de son travail sur le terrain, elle déchantait. Les personnes étaient au mieux, peu intéressées, au pire, agressives et vulgaires. Que ce soit au téléphone ou de visu (visu ?), Jade peinait beaucoup à obtenir les rendez-vous nécessaires à la réalisation de ses enquêtes. Pourtant, elle avait belle allure et parlait fort bien clairement. Rien dans son attitude ni dans sa personne n’expliquait de tels refus ; les administrés n’avaient cure de cette étude, se moquaient bien que la commune s’intéressât à leurs besoins, et méprisaient totalement ce pourquoi Jade œuvrait.
La jeune femme passait son temps d’échecs en échecs ("passer son temps de..." ? On ne dit pas "passer son temps à..." ? Je mettrais "passait son temps à subir échecs sur échecs.")[ ] et quand[ , ] enfin, elle parvenait à prendre un rendez-vous, cette minuscule victoire ne la contentait pas. Cet emploi improductif était totalement incompatible avec sa vie de mère. La plupart des interrogés étaient disponibles uniquement en soirée ou au cours des week-ends, à ces moments précis où Jade revêtait son rôle de maman, et avait pour seul empressement celui d’élever ses enfants qu’elle chérissait plus que tout. Elle avait pourtant requis auprès du Pôle-Emploi un poste en accord avec ses horaires et sa vie de famille… sans résultat.

Que pouvait-elle espérer avec un malheureux Baccalauréat en poche ? Il fallait bien se rendre à l’évidence : ce diplôme n’était absolument pas suffisant pour décrocher un emploi convenable en ces temps de crise. On lui avait rétorqué, de nombreuses fois[ ] qu’il eût été plus judicieux de présenter un CAP ou un Bac Pro, certificats qui lui auraient facilité l’accès au suivi de formations nécessaires pour postuler auprès des sociétés régionales qui en avaient grand besoin. Hélas, elle avait choisi la voie générale et obtenu un Bac scientifique. A l’époque, l’adolescente n’avait pas la moindre idée de l’orientation à donner à sa vie professionnelle (de ce à quoi ressemblerait sa future vie professionnelle). Puisqu’elle était relativement douée pour les études, parents et professeurs l’avaient poussée à suivre le chemin de la faculté. La suite de sa vie avait malheureusement tourné à l’échec. Jade assumait ses choix ; il lui était difficile de faire autrement. Elle avait rencontré un homme, elle avait cru en un amour profond et partagé, et elle avait eu deux enfants avant d’ouvrir les yeux sur les réalités d’un être égoïste, lâche et violent. Le bilan était lourd et âpre. Chaque jour, Jade accusait (elle les subit plutôt, non ?) les coups de la réalité. Sans formation, elle ne remporterait aucun emploi, excepté ce genre de travail précaire de vacataire au service de sociétés d’enquêtes.

Jade soupira en s'approchant d’une porte. Elle rêvait de tomber sur une personne accueillante, qui lui offrirait un café pour se réchauffer[ ] tant la froidure était intense. Elle se trouva face à un interphone. Elle rencontrait exclusivement des interphones par ici, et elle comprenait pourquoi. Les résidents devaient être assaillis par des représentants et des vendeurs de toute nature, et cela handicapait grandement son travail. Elle repéra le nom de la famille à enquêter[ ] et appuya sur le bouton correspondant. Au bout de deux sonneries, la voix d'une femme âgée (une voix n'est pas âgée) lui répondit. Elle se présenta alors sur un ton enjoué, et exposa patiemment les raisons de sa visite. La vieille dame lui lança une réponse typique à toutes les personnes âgées auxquelles elle avait eu affaire (mouais, pour éviter la répétition : "comme elle avait 'habitude d'en entendre.") :

« Oh, vous savez, je ne me déplace plus ! »
Et Jade insista sur le fait qu’elle sortait obligatoirement de chez elle, de temps en temps, ne fût-ce que pour aller chercher son pain ou faire quelques emplettes. Jade mit (Elle mit également) l’accent sur l’importance de ses réponses, car elle était représentative d’une situation particulière, et son opinion en matière de (moi je n'aime pas cette expression, mais c'est une question de goût : "vis à vis des") déplacements et de transports intéressait la commune. La vieille dame s’énerva :
« Vous êtes gentille, mais je ne me déplace qu’à pied. Ça ne m’intéresse pas. Au revoir. »
Elle coupa la communication. Jade ne comptait plus le nombre de fois où on lui avait raccroché au nez. Pourtant, les habitants avaient été révenus par la radio et la télévision du lancement de cette grande étude, et chacun avait été appelé à répondre avec patience et bonne volonté. Les personnes tirées au sort étaient même censées avoir reçu un prospectus leur expliquant les raisons de cette enquête et pourquoi leur participation était importante. Jade avait, hélas, constaté que de nombreux ménages n’avaient pas reçu ces papiers, étant donné que les noms inscrits sur les fiches adresses étaient erronés (mouais : "...papiers. En effet, les adresses et les noms se révélaient souvent erronés ; normal que les courriers n'arrivent pas au bon endroit."). Les courriers ne risquaient pas d’arriver au bon endroit. La jeune femme imaginait le coût exorbitant de toute cette correspondance qui ne parvenait pas à destination, elle n’osait même pas calculer le montant du gaspillage. Mais le pire était que tout cela était piloté, et donc financé, par l’Etat, la Région, le Conseil général et les communes, donc par les impôts locaux prélevés sur les riverains, ceux-là même qui refusaient de participer ! (<= Joliment tourné !)

Ah ! (Mais) Jade ne pouvait pas leur jeter la pierre. Elle se mettait à leur place et savait fort bien quelle serait sa propre réaction si on venait à l’interroger. Son réflexe premier serait d’éconduire l’enquêteur. La nature humaine est ainsi : sauvage, idiote, égoïste (soit tu mets un "et" entre idiote et égoïste, soit tu mets des points de suspension). Le plus ironique dans tout cela était que les habitants se plaignaient sans cesse du fait que leurs avis n’étaient pas pris en compte. Pour une fois qu'ils avaient la possibilité de s'exprimer, ils n’en profitaient pas. Ceux qui la chassaient sans ménagement seraient les premiers à se plaindre, reprochant aux collectivités locales de ne pas mettre suffisamment d’outils au service des
administrés ; Jade n’en doutait pas une minute.
Le froid fouettait son visage et piquait ses yeux sans ménagement. De sa main gantée, elle resserra le col de son manteau et plongea le nez dans son écharpe. Toute cette histoire la lassait profondément. De nombreux soucis polluaient déjà bien trop sa vie pour qu’elle ne s’encombrât d’un travail dont personne d’autre dans sa situation ne voudrait. Elle avait accepté ce poste pour prouver sa bonne volonté au Pôle-Emploi ; cette organisation, censée aider les chômeurs à trouver du travail, était en réalité une chasseuse de têtes empressée de se débarrasser de ses allocataires. Jade ne bénéficiait même pas de la moindre allocation chômage… Elle prit alors une décision : elle allait terminer son mois et ne pas renouveler son contrat à durée déterminée. De toute manière, cet emploi précaire était totalement inutile. Établi en trois CDD d’un mois, il ne lui permettrait pas de toucher les ASSEDIC, car il était nécessaire de travailler au minimum quatre mois d’affilée en tant que salarié pour se voir ouvrir des droits. De plus, ce petit boulot n’avait rien de valorisant ni d’intéressant. Se faire « jeter » par des inconnus, dont les réponses lui importaient peu par-dessus le marché, n’était pas pour l’encourager à prospecter les personnes (j'ai du mal avec cette phrase, mais je ne parviens pas à dire pourquoi... je préviens juste). Noter des lignes de codes[ ] pour indiquer où les habitants s’étaient rendus, ne présentait guère plus de caractère passionnant ou enrichissant. Jade n’était pas née de la dernière pluie ; peu de personnes exerçaient un métier plaisant.
Néanmoins, il leur rapportait un minimum sur le plan financier… La jeune femme songeait qu’elle pourrait être au chaud, installée devant la lecture du cours qu’elle venait de recevoir. Une bien douce image… Elle suivait une formation par correspondance, une étude bien plus intéressante et importante que cette besogne ridicule qui accaparait des heures qu’elle pourrait mettre au service de son instruction.
Non, vraiment, le bilan de cet emploi ne présentait que des points négatifs. Ajoutée à cela l’essence gaspillée en déplacements non remboursables… Qui pouvait accepter de travailler pour perdre de l’argent ? C’était totalement absurde.

Jade atteignit la dernière adresse qu’elle devait sonder. Elle sonna à l’interphone, se présenta, et l’homme planqué bien au chaud dans son appartement poussa un grondement exaspéré :
« Ça nous intéresse pas, j’vous dis ! Vous faites chier ! »
Jade ne répondit pas et s’en alla en le maudissant. Décidément, sa résolution était ferme. Elle allait rendre son tablier [ ; ] elle en avait
soupé de toutes ces bêtises. Enfonçant les mains dans ses poches, elle se retint pour ne pas se retourner et lever un doigt injurieux en direction du gougnafier (j'apprends des mots en te lisant tiens, mais la définition que j'ai eu disait que c'était assez vieux comme terme, tu veux le garder ?).
Le chemin du retour lui parut léger, elle accéléra l’allure dans le but d’atteindre plus rapidement son foyer. Une fois rentrée, elle alluma son ordinateur, le connecta à Internet, et envoya, par mail, son rapport de la mi-semaine à son gestionnaire. Cet exposé contenait son avis de non renouvellement de contrat. Une fois le courrier électronique envoyé, Jade prit le temps de faire couler un bon café chocolaté. Elle tremblait de froid. Des images de SDF lui vinrent à l’esprit. Personne n’était à l’abri. Son tour viendrait sûrement un jour. (le style sur la fin est très (trop) hachuré, essaie de lier un peu tes phrases, ce sera mieux selon moi)


27 janvier2010
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