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Message  Pacô Mer 17 Déc 2008 - 21:35

MrSonge a écrit:

La sonnerie de la fin du cours sortit les élèves de leur léthargie et leur insuffla soudainement une énergie qui les fit se précipiter hors de la classe avec une vitalité dont, quelques instants auparavant, lorsqu'ils étaient encore affalés telles des plantes vertes comateuses (mouais, en même temps, des plantes vertes agitées ^^) sur leurs pupitres, on ne les aurait pas cru capables.
Alors que Philémon Clairambault se dirigeait à longs pas mous vers la porte, son sac sur une épaule, Nicéphor Fabergé le héla sans se lever de sa chaise. Le jeune homme revint lentement vers son professeur, qui, une fois la classe vide, lui demanda s'il avait quelques instants de libre.
« Oui, répondit-il, je n'ai pas cours (tjrs un s, même au singulier!) tout de suite.
- Je tenais tout d'abord à vous féliciter pour votre dissertation. C'était de loin la plus brillante que j'ai pu corriger, et pas seulement dans cette classe.
- Merci.
- Est-ce qu'il vous arrive d'écrire en dehors des textes scolaires ?
- Rarement, monsieur. Pourquoi cette question ?
- Parce que vous devriez, affirma Fabergé. Vous avez une excellente plume, savez-vous ? Il serait stupide de la laisser s'enliser dans de fades truismes scolaires, même si le contenu de vos rédactions se situe bien au-dessus de la moyenne. »
La discussion s'engagea ainsi. Ils parlèrent d'écriture, de lecture, confrontèrent leurs avis sur le style éblouissant de Flaubert et la prose neutre de Stendhal, se gargarisèrent quelques instants de vers particulièrement savoureux de La Fontaine :

"Autrefois à Racan Malherbe l'a conté.
Ces deux rivaux d'Horace, héritiers de sa lyre,
Disciples d'Apollon, nos maîtres, pour mieux dire,
[...]"

« Pourquoi ce passage est génial, Clairamblaut ? l'interrogeait avec passion Fabergé sans laisser à son élève le temps de répondre. Parce qu'il termine ses vers en les simplifiant, en les résumant, en les humanisant et non jamais dans une perspective de rhétorique ! Nous avons là toute la générosité de La Fontaine : "Nos maîtres pour mieux dire". C'est fin, mon ami, c'est final ! »

Vers midi, tandis que le ciel se couvrait lentement de menaçants nuages gris qui envahissaient l'horizon en s'étalant comme se meut un troupeau de de lents pachydermes, Nicéphor Fabergé quitta le lycée d'un pas rapide.
Après avoir marché pendant un peu moins d'un quart d'heure, il poussa la porte d'un bâtiment à la façade austère, au-dessus de laquelle était inscrit :

ÉDITIONS CORENTIN-GRANGÉ

Il monta au premier étage, saluant une secrétaire qui avait levé la tête de son ordinateur à son passage. Arrivé sur le palier du premier, il s'immobilisa quelques instants face à une haute fenêtre qui s'ouvrait devant lui. Une pluie fine commençait à tomber des nuées et les gouttes coulaient le longs du verre comme autant de larmes d'argent. Ces longues traînées verticales, fines et transparentes comme du verre, faisaient à Fabergé l'effet de barreaux de prisons que le ciel lui-même dispose parmi les hommes.
Une voix forte qui l'interpellait par son nom tira le professeur de sa rêverie. Il se retourna lentement et se retrouva face à un grand homme aux cheveux grisonnants, de forte carrure et à l'embonpoint léger. Onésime Corentin (y z'ont tous des noms assez curieux...), le propriétaire des lieux, était vêtu d'un costume gris dont le pantalon était (un peu lourd peut être) légèrement trop court pour ses longues jambes. Il avait légèrement desserré le nœud de sa cravate rouge pâle.
Les deux hommes se serrèrent la main et l'éditeur fit entrer Fabergé dans un grand bureau lumineux, dont le plancher craquait légèrement sous leurs pas. Ils prirent place de parts et d'autres d'un bureau en ébène, aussi reluisant que du verre poli. Il régnait dans la pièce une odeur légère mais insistante de tabac froid et de détergent qui rendait l'atmosphère presque indisposante (bien que ce participe présent existe, je ne le trouve pas dans le vieux Robert (que sur Internet ^^) et je crois que de toute manière il n'a pas de féminin...) malgré une fenêtre entrouverte qui semblait plus propager les effluves intérieures dans les rues de la ville que renouveler l'air du bureau. Le doux clapotement de la pluie contre les vitres et sur le balcon parvenait tout juste à masquer le bourdonnement incessant des automobiles. Par moment, on entendait la gouttière du bâtiment sit (?) face aux éditions Corentin-Grangé qui débordait (c'est pas vraiment la gouttière alors qu'il entend mais l'eau qui déborde), répandant son trop-plein sur le trottoir avec un bruit humide comme l'air extérieur.
Une fois installé dans un confortable fauteuil de cuir noir, face à Onésime Corentin, Fabergé posa son porte-documents sur ses genoux, l'ouvrit et en tira une liasse de feuilles dactylographiées, agrafées par le coin supérieur gauche.
« Voici donc l'ultime chapitre, dit l'éditeur en prenant le manuscrit que lui tendait son vis-à-vis. Dans les délais, comme toujours. Vous n'êtes pas loin de devenir mon auteur le plus ponctuel, savez-vous.
- La ponctualité est la politesse des rois, répondit simplement Nicéphor Fabergé. »

Ah tu parles du rêve de tout auteur Smile.
Quelques erreurs par ci apr là, dont une à vérifier (indisposante =S) mais l'ensemble est largement satisfaisant (comme la copie de Clairembault.. d'ailleurs un rapport quelconque avec la sonorité du nom de notre Arthur?)
Ouais, dans le coin des éditeurs, il y a quelques infos à glanner. Mais n'oublie pas que ce ne sont que quelques ouvertures qu'il faut ensuite creuser par soi-même Wink.

Mais oui malaulau, fais ta pub aussi Smile.
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Message  MrSonge Jeu 18 Déc 2008 - 14:09

Rahlala, ces fautes. Soit j'ai un problème de copié-collé, soit il faudrait que je songe rapidement à faire réviser mes lunettes.
Pour les plantes vertes comateuses, c'est en fait une citation arrangée de ma prof de français qui a dit un jour à un élève assez médiocre qui passe son temps vautré au fond de la classe : "Quand je m'adresse à vous j'ai l'impression d'avoir devant moi une plante verte comateuses".
Ça m'a plu, je m'en suis souvenu et je l'ai ressorti. Very Happy

Quant au "indisposante", il faudra que je vérifie dès que j'aurais un dictionnaire sous la main !
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Message  Pacô Sam 20 Déc 2008 - 13:26

Bah je ne sais pas trop non plus pour le "indisposante"... Mon Robert est assez vieux et il se peut que aujourd'hui, il soit passé dans la langue.

Elle avait l'air d'être drôle ta prof dis-moi Very Happy.
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Message  MrSonge Sam 20 Déc 2008 - 20:53

En effet. Enfin, à petites doses, mais elle l'est. Wink

Allez zou, un petit bout pour le week-end. Very Happy

Après avoir discuté de longues minutes avec lui, le jeune professeur sortit du bureau de son éditeur et s'arrêta dans le hall du rez-de-chaussée. Il se dirigea vers une longue table sur laquelle était disposés plusieurs exemplaires des derniers ouvrages publiés par la maison. Après avoir déposé sa sacoche à ses pieds il se saisit d'un livre à la couverture sobre et se mit à le feuilleter distraitement sans prendre la peine de lire la quatrième de couverture.
« Je vous le déconseille vivement, fit soudainement une voix calme et posée, pareille à un roulement de galets scandé par les intonations emphatiques des émissions radiophoniques d'avant-guerre. »
Nicéphor Fabergé se retourna lentement et se trouva face à un homme entre deux âges portant une moustache grisonnante et coiffée avec soins. Son visage carré, son regard pénétrant et impassible intimidèrent légèrement Fabergé qui ne put s'empêcher de tressaillir imperceptiblement. Vêtu d'un complet trois pièces bleu foncé, d'un feutre noir et portant son manteau sur le bras, l'homme désigna le livre de la tête, sans lâcher ses mains qu'il tenait réunies dans son dos.
« Ce n'est qu'un ramassis de mièvreries plus fades les unes que les autres, reprit l'homme, un salmigondis d'une niaiserie sans borne. J'ignore comment il est possible que de telles fadaises aient étés publiées par une maison dont j'admire habituellement le discernement.
- Vous connaissez bien les éditions Corentin-Grangé ?
- Fort bien. Monsieur Grangé est un ami avec qui j'ai travaillé il y a de nombreuses années, lorsqu'il était employé par le Figaro. »
Au fil de la discussion, Fabergé apprit que son interlocuteur se nommait Ernest Malesherbe et qu'il cumulait les activités de professeur de philosophie à la Sorbonne, de critique littéraire et d'essayiste. Il lui parla du livre qu'il avait lu et détesté, expliqua que l'auteur était une comédienne. Il s'étonna aussi du nombre de gens qui se mettait à écrire, comme si le métier d'écrivain était abordable à tous, n'était rien de plus qu'une activité secondaire dans laquelle chacun pouvait se risquer sans n'avoir aucun talent particulier ni assimilé aucune technique.
Tout en devisant, les deux hommes s'étaient rapprochés de la double porte vitrée du bâtiment. Malesherbe jeta un oeil à l'extérieur et enfila son long manteau bleu marin tandis que Fabergé sortait un parapluie pliable noir de sa sacoche. Lorsqu'ils furent tous deux à l'extérieur, Ernest Malesherbe s'enquit du moyen par lequel le jeune enseignant comptait rentrer chez lui.
« A pieds, je pense, répondit ce dernier. Je n'habite pas très loin.
- Par ce temps, vous n'y pensez pas. Ma voiture est garée à deux pas, je me ferais un plaisir de vous raccompagner. »
Nicéphor Fabergé refusa tout d'abords poliment puis céda lorsque la fine pluie se mua soudainement en affreux crachin persistant qui le glaçait jusqu'aux os. Relevant le col de son manteau, il emboîta le pas à Malesherbe qui le guida jusqu'à une vieille DS dont la carrosserie noire luisait à la lumière d'un lampadaire, comme si elle venait de sortir de l'usine de fabrication.
Dès qu'il eût engagé son automobile dans la circulation, le critique littéraire se mit à parler. Il parla de l'utilité souvent contestée des critiques musicaux et littéraires, de leurs erreurs du passé.
Les rues dans lesquelles s'engageait la DS semblaient avoir étés vidées des passants et badauds qui déambulaient habituellement à ces heures-là. Seuls quelques rares quidams arpentaient les trottoirs à pas rapides, abrités sous des parapluies ou la tête rentrée dans les épaules pour se protéger de l'eau glacée qui s'infiltrait sous leurs vêtements. De temps à autres, une lueur vive illuminait de l'intérieure quelques nuages, signalant ainsi la présence d'éclairs lointains.
A travers les vitres dégoulinantes de pluie, Fabergé observait la ville qui lui apparaissait déformée, trouble et indistincte. Les toitures ondulaient au grès des légères trépidations de la DS et des fines coulées d'eau sur le verre.
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Message  Pacô Mar 23 Déc 2008 - 19:47

MrSonge a écrit:
Après avoir discuté de longues minutes avec lui, le jeune professeur sortit du bureau de son éditeur et s'arrêta dans le hall du rez-de-chaussée. Il se dirigea vers une longue table sur laquelle étaient disposés plusieurs exemplaires des derniers ouvrages publiés par la maison. Après avoir déposé sa sacoche à ses pieds il se saisit d'un livre à la couverture sobre et se mit à le feuilleter distraitement sans prendre la peine de lire la quatrième de couverture.
« Je vous le déconseille vivement, fit soudainement une voix calme et posée, pareille à un roulement de galets scandé par les intonations emphatiques des émissions radiophoniques d'avant-guerre. »
Nicéphor Fabergé se retourna lentement et se trouva face à un homme entre deux âges portant une moustache grisonnante et coiffée avec soins. Son visage carré, son regard pénétrant et impassible intimidèrent légèrement Fabergé qui ne put s'empêcher de tressaillir imperceptiblement. Vêtu d'un complet trois pièces bleu foncé, d'un feutre noir et portant son manteau sur le bras, l'homme désigna le livre de la tête, sans lâcher ses mains qu'il tenait réunies dans son dos. (alors... explique-moi. Comment fait-il pour tenir le manteau sur son bras, tout en joignant les mains dans son dos? A moins de paraître vraiment ridicule ^^)
« Ce n'est qu'un ramassis de mièvreries plus fades les unes que les autres, reprit l'homme, un salmigondis d'une niaiserie sans borne. J'ignore comment il est possible que de telles fadaises aient étés publiées par une maison dont j'admire habituellement le discernement.
- Vous connaissez bien les éditions Corentin-Grangé ?
- Fort bien. Monsieur Grangé est un ami avec qui j'ai travaillé il y a de nombreuses années, lorsqu'il était employé par le Figaro. »
Au fil de la discussion, Fabergé apprit que son interlocuteur se nommait Ernest Malesherbe et qu'il cumulait les activités de professeur de philosophie à la Sorbonne, de critique littéraire et d'essayiste. Il lui parla du livre qu'il avait lu et détesté, expliqua que l'auteur était une comédienne. Il s'étonna aussi du nombre de gens qui se mettait à écrire, comme si le métier d'écrivain était abordable à tous et qu'il n'était rien de plus qu'une activité secondaire dans laquelle chacun pouvait se risquer sans n'avoir aucun talent particulier ni assimilé aucune technique.
Tout en devisant, les deux hommes s'étaient rapprochés de la double porte vitrée du bâtiment. Malesherbe jeta un oeil à l'extérieur et enfila son long manteau bleu marin tandis que Fabergé sortait un parapluie pliable noir de sa sacoche. Lorsqu'ils furent tous deux à l'extérieur, Ernest Malesherbe s'enquit du moyen par lequel le jeune enseignant comptait rentrer chez lui.
« A pieds, je pense, répondit ce dernier. Je n'habite pas très loin.
- Par ce temps, vous n'y pensez pas. Ma voiture est garée à deux pas, je me ferais un plaisir de vous raccompagner. »
Nicéphor Fabergé refusa tout d'abord poliment puis céda lorsque la fine pluie se mua soudainement en affreux crachin persistant qui le glaçait jusqu'aux os. Relevant le col de son manteau, il emboîta le pas à Malesherbe qui le guida jusqu'à une vieille DS dont la carrosserie noire luisait à la lumière d'un lampadaire, comme si elle venait de sortir de l'usine de fabrication.
Dès qu'il eut engagé son automobile dans la circulation, le critique littéraire se mit à parler. Il parla de l'utilité souvent contestée des critiques musicaux et littéraires, de leurs erreurs du passé.
Les rues dans lesquelles s'engageait (répétition! "se lançait" ?) la DS semblaient avoir étés vidées des passants et badauds qui déambulaient habituellement à ces heures-là. Seuls quelques rares quidams arpentaient les trottoirs à pas rapides, abrités sous des parapluies ou la tête rentrée dans les épaules pour se protéger de l'eau glacée qui s'infiltrait sous leurs vêtements. De temps à autre(s)(à vérifier), une lueur vive illuminait de l'intérieur quelques nuages, signalant ainsi la présence d'éclairs lointains.
A travers les vitres dégoulinant (normalement, un participe présent ne s'accorde pas. Mais à vérifier aussi... mais je suis quasi sûr de moi) de pluie, Fabergé observait la ville qui lui apparaissait déformée, trouble et indistincte. Les toitures ondulaient au gré (sauf si tu veux parler de poteries ^^) des légères trépidations de la DS et des fines coulées d'eau sur le verre.

J'ai peur de me répéter si je te dis que ton style n'a rien à changer Razz. Il est bien à toi, et on aime ou pas, mais tu es empreint d'une réelle marque. Et c'est vachement bien Wink.
Quelques petites fautes d'orthographe par ci par là, et le non sens de la position du critique littéraire dans le hall de al maison d'édition, mais sinon ce passage me paraît largement correct Wink.
Joyeuses fêtes de fin d'année! drunken
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Message  MrSonge Mer 24 Déc 2008 - 10:49

Hum, bon. Pour la description j'avoue que j'ai tellement tourné et retourné ce paragraphe pour qu'il soit formellement acceptable que j'en ai oublié de vérifier le sens. Embarassed

Cela dit, je vous libère donc de mes textes tyranniques pendant une bonne dizaine de jours puisque, comme vous le savez tous (hein que vous le savez ? Twisted Evil hein ?), je vais me prélasser loin de toute connexion internet sur la côte d'azur qui n'est jamais vraiment d'azur en hiver.

Et joyeuses fêtes de fin d'année à toi aussi, bonne année 2009 (un peu en avance). cheers
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Message  Pacô Jeu 25 Déc 2008 - 18:10

Joyeuses fêtes de fin d'année toi aussi sur la plage. Et prends bien tes médoc'... être éloigné d'une connexion internet, ça laisse des séquelles Rolling Eyes.

Tu aurais pu nous laisser un petit passage pour ton départ, histoire qu'on s'ennuie pas pendant tout ce temps Razz.
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Message  MrSonge Dim 4 Jan 2009 - 15:51

Tututu, il reste un passage des Liens du Sang que tu n'as pas encore eu l'honneur de corriger. Razz
Je ne veux pas non plus te surcharger les vacances. Laughing
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Message  B. Mar 24 Fév 2009 - 18:01

Je commence à lire cette histoire. Je reconnais là un petit règlement de compte personnel avec les écrivains sans style, ce dont tu parlais dans l'autre discussion!
J'ai lu pour l'instant jusqu'au moment où Fabergé éteind la télé. Le fait que tu parles des plans pris par les caméras, de ce qu'on voit à travers l'écran est une excellente façon de décrire le plateau.
J'ai relevé une erreur en rouge: il y a trop de verbes.
« Vous êtes, nous le savons tous, continua ensuite Bernard Rubier, un auteur très apprécié des adolescents - mais pas uniquement. Comment expliquez-vous ce succès qui ne s'est pratiquement pas démenti au fil de vos huit livres ? »
Après une courte hésitation et une brève inspiration, Abel Bouvard changea de position et répondit de sa voix fluette légèrement teintée d'un désagréable accent indéfini qu'il estimait tout simplement avoir offert aux lecteurs lassés des classiques poussiéreux et des tournures stylistiques absconses et prétendument artistiques une nouvelle forme de rêve. En écrivant des livres dans lesquels on trouvait de l'action, des décors grandioses, Bouvard expliqua qu'il avait pensait avoir réussi à offrir une forme de littérature qui s'adressait plus au lecteur d'aujourd'hui, friand de rebondissements surprenants, d'intrigues captivante, qu'aux critiques obtus qui semblaient prendre plaisir à se scléroser dans des lectures alambiquées incapables de répondre aux besoins et aux envies du public actuel.
« A ce propos, enchaîna le présentateur, on vous reproche souvent votre manque de style. Un critique littéraire du Figaro a même été jusqu'à écrire à propos de votre dernier roman, La Fleur du Paradis :

Les romans de monsieur Bouvard sont écrit à la truelle, de façon à minimiser considérablement l'effort intellectuel que le lecteur aura à fournir tout au long du texte. Cet ouvrage n'a aucune finalité esthétique et au fil de ses trop nombreuses pages je n'ai, hélas, relevé que très peu de phrases sur lesquelles on ait envie de s'arrêter.


Tu travailles encore sur ce texte?
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Message  MrSonge Mar 24 Fév 2009 - 19:36

Ohlà, oui, il y a un "avait" de trop ! Merci beaucoup, je corrige cela sans tarder.

Oui, j'avoue qu'il y a là un petit règlement de compte, mais pas seulement. Je vais essayer que cet aspect, disons, critique, n'ensevelisse pas l'histoire en elle-même qui sera en fait l'histoire de plusieurs rencontres entre gens de milieux et d'esprits totalement opposés. Mais il est vrai que j'en profite un peu pour faire passer mes idées - avec lesquelles on est d'accord ou pas -.
Cependant, j'ai tenté d'édulcorer ce côté polémique dans les chapitres suivants, parce qu'on arrive vite à tartiner toujours la même chose. Alors une fois mes idées exposées, j'essaye de les mettre un peu de côté et de privilégier l'intrigue.

Oui j'y travaille encore, je suis en ce moment au prise avec mon 5ème chapitre qui s'avère récalcitrant. Mais j'en viendrais à bout ! Very Happy
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Message  MrSonge Mar 24 Fév 2009 - 19:45

D'ailleurs, j'en profite pour poster subrepticement la suite. ^^ Fin du chapitre 2, et début du troisième.

A travers les vitres dégoulinantes de pluie, Fabergé observait la ville qui lui apparaissait déformée, trouble et indistincte. Les toitures ondulaient au grès des légères trépidations de la DS et des fines coulées d'eau sur le verre. Le vrombissement discret du moteur de l'automobile ne masquait pas le bruit doux des gouttes de pluie qui rebondissaient sur le capot et sur le toit.
Le jeune professeur fit remarquer qu'il avait toujours trouvé étrange que les gens soient si effrayés par la pluie, au point qu'ils préfèrent préserver leur confort en s'enfermant chez eux pour éviter de se mouiller, plutôt que de goûter à une promenade dans un Paris déserté par les gens et le bruit. Malesherbe lui demanda alors s'il aimait le silence.
« Beaucoup, répondit Fabergé. Un beau silence, c'est précieux. En fait, je crois que le défaut des gens de notre société est qu'ils parlent trop. C'est pour cela que même les plus intelligents disent un nombre incalculable d'inepties. Ils ne savent pas faire le tri; ils ne savent plus apprécier le silence. C'est pourtant magnifique, le silence. D'ailleurs je n'aime pas cette expression : le bruit du silence. Le silence ne fait pas de bruit. Il chante parfois, il murmure, il soupire. Ce sont les gens qui le rendent pesant, angoissant ou léger. Le silence, c'est le silence, rien de plus. Il exprime tout, comme il peut ne rien exprimer si on ne sait pas écouter sa voix. Pourquoi refuser de céder sa place au silence si c'est pour nous abreuver d'un flot de paroles inutiles ? Les gens qui parlent trop sont très souvent les plus ennuyeux.
- Les gens qui parlent trop, répondit le critique littéraire, ne savent pas se taire parce que le silence les effraie. Celui-là même que vous semblez couvrir d'éloge peut aussi être félon. On peut tuer très facilement avec un silence. Parfois, il est dangereux.
- Ce sont les gens qui le sont. Certains manient aussi bien le silence que les mots, et lui font dire ce qu'ils veulent, dans un langage plus subtil. C'est pour cela que certaines personne en ont peur, parce qu'elles savent que le silence peut devenir une arme. Tout comme le langage. »

Chapitre Troisième


Roseline Saint-Fiacre sortit à petits pas de chez elle. Ses grosses lunettes rondes sur le nez et son châle rouge sur les épaules, elle trottina jusqu'à la grille de son petit jardin qu'elle ouvrit avec peine. La veille femme se rappela qu'elle avait oublié de demander au fils de sa voisine de venir mettre de l'huile dans les gonds de ce portail de plus en plus rouillé. Elle se promit de passer chez eux en revenant.
Une fois sur le trottoir, elle ajusta une anse de son petit cabas qui glissait le long de son avant-bras avant de traverser avec précaution la chaussée. De l'autre côté, elle obliqua sur sa droite et se dirigea vers le bout de la petite rue dans laquelle elle habitait. Le ciel était à nouveau bleu et les quelques nuages gris qui persistait à stagner au-dessus de Paris glissaient lentement vers l'horizon. Les toits des bâtiments que longeait Roseline gouttaient sur les passants qui s'efforçaient de zigzaguer entre les innombrables flaques d'eau parsemant les trottoirs. Tout était mouillé, dégoulinant, les arbres étincelaient au soleil comme si leurs feuilles étaient de cristal.
Après avoir remonté plusieurs rues, Roseline Saint-Fiacre s'arrêta devant une vitrine étroite surmontée d'une enseigne en relief qui annonçait :

LIBRAIRIE LEJET

Avant d'y entrer, elle jeta un coup d'oeil aux quelques ouvrages qui trônaient dans la devanture, lisant consciencieusement chaque titre et observant les images de couverture en clignant des paupières. Une fois qu'elle eût achevé sa méticuleuse inspection, elle poussa la porte de la boutique, déclenchant le petit carillon habituel. A l'intérieur, elle se dirigea rapidement vers un rayonnage placé au centre de la pièce sur lequel on pouvait lire : Dernières Sorties. Sans hésiter, elle se saisit délicatement d'un exemplaire épais sur la couverture duquel figurait la planète Terre, posée sur un échiquier géant et le tout surmonté du nom de l'auteur. Visiblement heureuse d'avoir pu mettre la main dessus, Roseline disparu derrière le rayon, en direction du comptoir qui se trouvait au fond de la librairie. Au moment où elle posait le livre près de la caisse, le libraire, Constant Lejet, sortit de l'arrière-boutique. C'était un homme mince, au visage anguleux qui s'adoucissait considérablement lorsqu'il se fendait en deux d'un large sourire. Depuis qu'il était tombé d'une échelle alors qu'il réparait l'enseigne de son magasin, il boitait légèrement et ne pouvait plus courir.
« Je m'étonnais que vous ne soyez pas déjà venue le chercher, dit-il après avoir saluée sa cliente et en s'emparant de l'ouvrage qu'elle poussait vers lui.
- Avec ce temps horrible, répondit la vieille femme, j'essaye de sortir le moins possible et uniquement lorsque le soleil perce enfin entre les nuages.
- Vous avez tout à fait raison, et puis vous savez bien que je vous en aurais gardé un exemplaire si vous aviez tardé. Mais comme je sais que vous ne ratez jamais le dernier Fresnay, je ne doutais pas de votre venue.
- C'est toujours un immense plaisir pour moi d'en commencer un nouveau, répondit Roseline en tendant deux billets au libraire. Même si je sais hélas que j'arriverais un jour à la fin et qu'alors je devrais de nouveau attendre de longs mois pour pouvoir m'évader dans l'univers fabuleux de l'auteur.
- On peut dire que vous l'aimez, madame Saint-Fiacre, fit Lejet en souriant. Vous êtes sans doute sa plus fervente admiratrice.
- Je ne suis qu'une parmi tant d'autres, vous savez mais tout de même, je lui serais éternellement reconnaissant d'avoir égayé par les livres magnifiques qu'il nous a donné les vieux jours d'une petite vieille décrépite comme moi.
- N'exagérez pas, vous vous portez à merveille et vous avez encore de beaux jours devant vous. »[center]
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Message  B. Mer 25 Fév 2009 - 17:49

J'en suis au moment où Fabergé a mis un 18/20 à son élève préféré.
J'ai bien perçu la lassitude du prof quant à l'incompétence de ses élèves. Petite remarque que je me faisais déjà au lycée: n'est-ce pas justement au prof d'enseigner à ses élèves comment réfléchir et appréhender certaines notions? Si les élèves sont si mauvais, cela ne devrait-il pas provoquer chez le prof une certaine remise en question quant à ses principes d'enseignement? Evidemment, il y aura toujours les doués, qui comprennent au quart de tour et les mauvais, pour qui toute tentative d'explication est vaine. Mais entre le deux, certains ont soif de connaissances sans savoir comment y accéder...

Passage avec des fautes:
Lorsque s'éteignirent les derniers sentiments de colère, d'indignation et de désolation qu'avait fait naître en lui la vision du début de cette émission télévisée, il se leva sans hâte et se dirigea vers une fenêtre qui donnait sur la rue. A l'extérieur, le ciel était déjà noir et les lumières de Paris semblaient tenter vainement de rivaliser avec l'éclat des myriades d'étoiles qui formaient comme un collier nocturne dont les perles se seraient dénouées du cou d'une quelconque divinité nocturne. Au loin, il pouvait distinguer la silhouette lumineuse de la Tour Eiffel qui couronnait à la manière d'un diadème effilé l'enchevêtrement compact des toits parisiens si souvent immortalisés par les peintres.

Ton récit est agréable à lire. Vocabulaire, phrases, tout s'enchaîne très bien.
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Message  Pacô Mer 25 Fév 2009 - 20:28

MrSonge a écrit:
A travers les vitres dégoulinant(c'est un participe présent! On n'accorde pas => dégoulinant) de pluie, Fabergé observait la ville qui lui apparaissait déformée, trouble et indistincte. Les toitures ondulaient au gré des légères trépidations de la DS et des fines coulées d'eau sur le verre. Le vrombissement discret du moteur de l'automobile ne masquait pas le bruit doux des gouttes de pluie qui rebondissaient sur le capot et sur le toit.
Le jeune professeur fit remarquer qu'il avait toujours trouvé étrange que les gens soient si effrayés par la pluie, au point qu'ils préfèrent préserver leur confort en s'enfermant chez eux pour éviter de se mouiller, plutôt que de goûter à une promenade dans un Paris déserté par les gens et le bruit. Malesherbe lui demanda alors s'il aimait le silence.
« Beaucoup, répondit Fabergé. Un beau silence, c'est précieux. En fait, je crois que le défaut des gens de notre société est qu'ils parlent trop. C'est pour cela que même les plus intelligents disent un nombre incalculable d'inepties. Ils ne savent pas faire le tri; ils ne savent plus apprécier le silence. C'est pourtant magnifique, le silence. D'ailleurs je n'aime pas cette expression : le bruit du silence. Le silence ne fait pas de bruit. Il chante parfois, il murmure, il soupire. Ce sont les gens qui le rendent pesant, angoissant ou léger. Le silence, c'est le silence, rien de plus. Il exprime tout, comme il peut ne rien exprimer si on ne sait pas écouter sa voix. Pourquoi refuser de céder sa place au silence si c'est pour nous abreuver d'un flot de paroles inutiles ? Les gens qui parlent trop sont très souvent les plus ennuyeux.
- Les gens qui parlent trop, répondit le critique littéraire, ne savent pas se taire parce que le silence les effraie. Celui-là même que vous semblez couvrir d'éloges peut aussi être félon. On peut tuer très facilement avec un silence. Parfois, il est dangereux.
- Ce sont les gens qui le sont. Certains manient aussi bien le silence que les mots, et lui font dire ce qu'ils veulent, dans un langage plus subtil. C'est pour cela que certaines personne en ont peur, parce qu'elles savent que le silence peut devenir une arme. Tout comme le langage. »

Chapitre Troisième

Roseline Saint-Fiacre sortit à petits pas de chez elle. Ses grosses lunettes rondes sur le nez et son châle rouge sur les épaules, elle trottina jusqu'à la grille de son petit jardin qu'elle ouvrit avec peine. La veille femme se rappela qu'elle avait oublié de demander au fils de sa voisine de venir mettre de l'huile dans les gonds de ce portail de plus en plus rouillé. Elle se promit de passer chez eux en revenant.
Une fois sur le trottoir, elle ajusta une anse de son petit cabas qui glissait le long de son avant-bras avant de traverser avec précaution la chaussée. De l'autre côté, elle obliqua sur sa droite et se dirigea vers le bout de la petite rue dans laquelle elle habitait. Le ciel était à nouveau bleu et les quelques nuages gris qui persistaient à stagner au-dessus de Paris glissaient lentement vers l'horizon. Les toits des bâtiments que longeait Roseline gouttaient sur les passants qui s'efforçaient de zigzaguer entre les innombrables flaques d'eau parsemant les trottoirs. Tout était mouillé, dégoulinant, les arbres étincelaient au soleil comme si leurs feuilles étaient de cristal.
Après avoir remonté plusieurs rues, Roseline Saint-Fiacre s'arrêta devant une vitrine étroite surmontée d'une enseigne en relief qui annonçait :

LIBRAIRIE LEJET

Avant d'y entrer, elle jeta un coup d'œil aux quelques ouvrages qui trônaient dans la devanture, lisant consciencieusement chaque titre et observant les images de couverture(s) en clignant des paupières. Une fois qu'elle eût achevé sa méticuleuse inspection, elle poussa la porte de la boutique, déclenchant le petit carillon habituel. A l'intérieur, elle se dirigea rapidement vers un rayonnage placé au centre de la pièce sur lequel on pouvait lire : Dernières Sorties. Sans hésiter, elle se saisit délicatement d'un exemplaire épais sur la couverture duquel figurait la planète Terre, posée sur un échiquier géant et le tout surmonté du nom de l'auteur. (ça me rappelle quelqu'un Rolling Eyes) Visiblement heureuse d'avoir pu mettre la main dessus, Roseline disparut derrière le rayon, en direction du comptoir qui se trouvait au fond de la librairie. Au moment où elle posait le livre près de la caisse, le libraire, Constant Lejet, sortit de l'arrière-boutique. C'était un homme mince, au visage anguleux qui s'adoucissait considérablement lorsqu'il se fendait en deux d'un large sourire. Depuis qu'il était tombé d'une échelle alors qu'il réparait l'enseigne de son magasin, il boitait légèrement et ne pouvait plus courir.
« Je m'étonnais que vous ne soyez pas déjà venue le chercher, dit-il après avoir salué sa cliente et en s'emparant de l'ouvrage qu'elle poussait vers lui.
- Avec ce temps horrible, répondit la vieille femme, j'essaye de sortir le moins possible et uniquement lorsque le soleil perce enfin entre les nuages.
- Vous avez tout à fait raison, et puis vous savez bien que je vous en aurais gardé un exemplaire si vous aviez tardé. Mais comme je sais que vous ne ratez jamais le dernier Fresnay, je ne doutais pas de votre venue.
- C'est toujours un immense plaisir pour moi d'en commencer un nouveau, répondit Roseline en tendant deux billets au libraire. Même si je sais hélas que j'arriverais un jour à la fin et qu'alors je devrais de nouveau attendre de longs mois pour pouvoir m'évader dans l'univers fabuleux de l'auteur.
- On peut dire que vous l'aimez, madame Saint-Fiacre, fit Lejet en souriant. Vous êtes sans doute sa plus fervente admiratrice.
- Je ne suis qu'une parmi tant d'autres, vous savez, mais tout de même, je lui serais éternellement reconnaissant d'avoir égayé par les livres magnifiques qu'il nous a donnés les vieux jours d'une petite vieille décrépite comme moi. (un peu longue cette phrase. Manque de ponctuation? En tout cas, on s'emmêle =/)
- N'exagérez pas, vous vous portez à merveille et vous avez encore de beaux jours devant vous. »[center] (tss tss, on s'amuse avec les balises? )

Je n'arrive pas encore à déceler l'intrigue... mais j'ai remarqué que tu arrives à nous faire lire tes passages sans avoir encore de curiosité. Personnellement, je poursuis parce que ça se lit tout seul et qu'on voit un petit quotidien. J'aime assez.
Barbara, tu sais, au bout d'un moment, le prof n'est que le guide du savoir. Au bout d'un moment, c'est à l'élève de se diriger et de prendre le chemin que lui montre le prof. Après, tout est une question de persuasion de la part de l'enseignant Razz.
A quand la suite?
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Message  MrSonge Mer 25 Fév 2009 - 21:09

J'ai bien perçu la lassitude du prof quant à l'incompétence de ses élèves. Petite remarque que je me faisais déjà au lycée: n'est-ce pas justement au prof d'enseigner à ses élèves comment réfléchir et appréhender certaines notions? Si les élèves sont si mauvais, cela ne devrait-il pas provoquer chez le prof une certaine remise en question quant à ses principes d'enseignement? Evidemment, il y aura toujours les doués, qui comprennent au quart de tour et les mauvais, pour qui toute tentative d'explication est vaine. Mais entre le deux, certains ont soif de connaissances sans savoir comment y accéder.
Je suis un peu méchant avec les lycéens, c'est vrai. Mais le tour de remise en question du prof viendra aussi, par la suite. ^^ Merci pour la lecture et les commentaires.

Pacô, tes dispositions naturelles pour la perfection orthographique me feront encore et toujours mesurer l'immensité de mon incompétence chronique dans ce domaine. Very Happy

C'est normal que tu ne distingues pas encore l'intrigue. Il n'y en a pas. Pour l'instant. Les 6 premiers chapitres sont là pour que les lecteurs fassent la connaissance des différents personnages peu lié, ou pas du tout (enfin quoique... ^^). A partir du chapitre septième, des rencontres font se faire et des liens se tisser entre les protagonistes qui sont entrés en scène au début. J'espère que cette espèce de première partie ne tire pas trop en longueur, si c'est le cas, faut me le dire et je tenterais de réduire la chose. What a Face

Merci à toi aussi pour la lecture et la correction toujours aussi efficace (faudra que tu m'apprennes un jour XD ) !
Et puisque vous insistez, une suite, mais petite, histoire de vous éviter l'indigestion.^^

Il lui tendit le petit sac en plastique dans lequel il avait placé l'exemplaire de Jeu de Rôle. Roseline Saint-Fiacre le glissa dans son cabas, salua le libraire et sortit du magasin. Une fois à l'extérieur, elle jeta un coup d'oeil anxieux au ciel qui se couvrait à nouveau lentement de menaçants nuages noirs. Soupirant, elle se hâta de remonter la rue dans laquelle elle se trouvait, puis obliqua sur sa droite avant de traversé précautionneusement la chaussée avant de se retrouver dans sa rue. La vieille femme s'immobilisa, essoufflée. Depuis qu'elle avait perdu l'habitude de marcher chaque jour, comme elle avait coutume de le faire lorsque son mari était encore en vie, elle se fatiguait de plus en plus rapidement et n'arrivait même plus à monter l'escalier de sa maison sans devoir reprendre son souffle longuement, appuyée contre le mur du palier. Elle resta quelques instants debout au milieu du trottoir, son cabas sous le bras puis, lorsque son souffle fut à nouveau régulier, se remit en route. Elle arriva devant la grille de son petit jardin au moment précis où les premières gouttes de pluie se remettaient à tomber. En entendant grincer les gonds du portail, elle se souvint qu'il fallait qu'elle passe chez ses voisins pour leur demander de l'huile. Mais voyant que l'averse redoublait d'intensité de secondes en secondes, Roseline décida plutôt de rentrer directement se mettre au chaud.
A peine avait-elle glissé la clef dans la serrure de la porte d'entre, qu'une voix la héla depuis le jardin qui jouxtait le sien. La vielle femme interrompit son geste et se tourna vers son voisin qui lui faisait de grands signes de la main, dissimulé à demi sous un énorme parapluie noir. Enjambant avec agilité la haie qui séparait son jardin de celui de Roseline Saint-Facre, il courut se mettre à l'abri dans le vestibule dont elle lui tenait la porte ouverte. Une fois à l'intérieur, il ferma son parapluie et s'essuya longuement les souliers sur le paillasson. Roseline lui proposa de boire quelque chose. Eugène Malloin déclina son invitation et tira de la poche de son long pardessus gris un petit livre épais dont la couverture était légèrement cornée.
« Je suis simplement venu vous rendre votre livre. Enfin.»
Roseline prit le volume qu'il lui tendait et alla le poser sur un rayon de la bibliothèque près de la cheminée. Malloin se tenait toujours dans le couloir et ne fit que passer la tête par la porte lorsqu'elle lui demanda depuis le salon ce qu'il avait pensé de sa lecture.
« Comme tout les Fresnay, il est admirable.»
L'odeur de renfermé qui habitait chaque pièces de la maison de Roseline Saint-Fiacre, indisposait légèrement Malloin qui avait l'impression de pénétrer dans l'échoppe mal aérée d'un brocanteur ou d'un antiquaire. Les murs intérieurs étaient tous recouverts d'un papier peint vert foncé aux discrets motifs floraux qui assombrissait considérablement les lieux. La maison semblait avoir échappé au XXIème siècle. Aucun meuble moderne, une télévision vieille de dix ans, un téléphone tout aussi âgé, les charentaises usées que chaussaient madame Saint-Fiacre à l'intérieur, tout participait à l'illusion générale d'un retour dans le passé. Le vingt et unième siècle n'avait marqué sa présence que dans un seul endroit : la bibliothèque. Remplie d'ouvrages aussi futiles que mal écrits, c'était le seul meuble de toute la maison qui rappelait au visiteur les défauts de ce siècle. Ainsi, Roseline Saint-Fiacre avait inconsciemment réussi l'exploit de ne laisser une place dans son logis qu'à une des plus déplaisantes manifestations de la médiocrité moderne. Sur les rayons de cerisier, les ouvrages les plus représentatifs du bourbier littéraire qui ensevelissait chaque jour un peu plus les parisiens étaient présents, ordonnés avec soin et classés par auteur. Seuls trois volumes faisaient exception. Serrés sur le dernier étage de la bibliothèque, il s'agissait à peu près des seuls ouvrages en sa possession que la propriétaire des lieux n'avait jamais ouverts. C'était les trois tomes des Misérables, que son mari avait récupérés à la mort d'un vieille oncle qu'il n'avait jamais fréquenté.
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Message  Pacô Mer 25 Fév 2009 - 22:08

MrSonge a écrit:
Il lui tendit le petit sac en plastique dans lequel il avait placé l'exemplaire de Jeu de Rôle. Roseline Saint-Fiacre le glissa dans son cabas, salua le libraire et sortit du magasin. Une fois à l'extérieur, elle jeta un coup d'œil anxieux au ciel qui se couvrait à nouveau lentement de menaçants nuages noirs. Soupirant, elle se hâta de remonter la rue dans laquelle elle se trouvait, puis obliqua sur sa droite avant de traverser précautionneusement la chaussée avant de (ouïlle, c'est lourd =/ Coupe la phrase ou arrange là pour enlever un de ces avant ^^) se retrouver dans sa rue. La vieille femme s'immobilisa, essoufflée. Depuis qu'elle avait perdu l'habitude de marcher chaque jour, comme elle avait coutume de le faire lorsque son mari était encore en vie, elle se fatiguait de plus en plus rapidement et n'arrivait même plus à monter l'escalier de sa maison sans devoir reprendre son souffle longuement, appuyée contre le mur du palier. Elle resta quelques instants debout au milieu du trottoir, son cabas sous le bras puis, lorsque son souffle fut à nouveau régulier, se remit en route. Elle arriva devant la grille de son petit jardin au moment précis où les premières gouttes de pluie se remettaient à tomber. En entendant grincer les gonds du portail, elle se souvint qu'il fallait qu'elle passe chez ses voisins pour leur demander de l'huile. Mais voyant que l'averse redoublait d'intensité de seconde en seconde, Roseline décida plutôt de rentrer directement se mettre au chaud.
A peine avait-elle glissé la clef dans la serrure de la porte d'entrée, qu'une voix la héla depuis le jardin qui jouxtait le sien. La vielle femme interrompit son geste et se tourna vers son voisin qui lui faisait de grands signes de la main, dissimulé à demi sous un énorme parapluie noir. Enjambant avec agilité la haie qui séparait son jardin de celui de Roseline Saint-Facre, il courut se mettre à l'abri dans le vestibule dont elle lui tenait la porte ouverte. Une fois à l'intérieur, il ferma son parapluie et s'essuya longuement les souliers sur le paillasson. Roseline lui proposa de boire quelque chose. Eugène Malloin déclina son invitation et tira de la poche de son long pardessus gris un petit livre épais dont la couverture était légèrement cornée.
« Je suis simplement venu vous rendre votre livre. Enfin.»
Roseline prit le volume qu'il lui tendait et alla le poser sur un rayon de la bibliothèque près de la cheminée. Malloin se tenait toujours dans le couloir et ne fit que passer la tête par la porte lorsqu'elle lui demanda depuis le salon ce qu'il avait pensé de sa lecture.
« Comme tous les Fresnay, il est admirable.»
L'odeur de renfermé, qui habitait chaque pièce de la maison de Roseline Saint-Fiacre, indisposait légèrement Malloin qui (mouarf'... tu vois le problème?) avait l'impression de pénétrer dans l'échoppe mal aérée d'un brocanteur ou d'un antiquaire (je m'avance sur un terrain mal connu... mais un brocanteur est bien un antiquaire?). Les murs intérieurs étaient tous recouverts d'un papier peint vert foncé aux discrets motifs floraux qui assombrissaient considérablement les lieux. La maison semblait avoir échappé au XXIème siècle. Aucun meuble moderne, une télévision vieille de dix ans, un téléphone tout aussi âgé, les charentaises usées que chaussaient madame Saint-Fiacre à l'intérieur, tout participait à l'illusion générale d'un retour dans le passé. Le vingt et unième siècle n'avait marqué sa présence que dans un seul endroit : la bibliothèque. Remplie d'ouvrages aussi futiles que mal écrits, c'était le seul meuble de toute la maison qui rappelait au visiteur les défauts de ce siècle. Ainsi, Roseline Saint-Fiacre avait inconsciemment réussi l'exploit de ne laisser une place dans son logis qu'à une des plus déplaisantes manifestations de la médiocrité moderne. Sur les rayons de cerisier (ou merisier), les ouvrages les plus représentatifs du bourbier littéraire qui ensevelissait chaque jour un peu plus les parisiens, étaient présents, ordonnés avec soin et classés par auteur (oulah! Ponctuation please !! Rien compris au sens =/). Seuls trois volumes faisaient exception. Serrés sur le dernier étage de la bibliothèque, il s'agissait à peu près des seuls ouvrages en sa possession que la propriétaire des lieux n'avait jamais ouverts. C'étaient les trois tomes des Misérables, que son mari avait récupérés à la mort d'un vieille oncle qu'il n'avait jamais fréquenté.

Bon ya une phrase qui est très dure à suivre ^^.
Ne t'inquiète pas, on aime bien te lire, c'est fluide, régulier, tout posé. On a presque pas besoin de l'intrigue pour lire Razz.
M'enfin, peut être ne faudrait-il pas trop la faire tarder. Par simple risque de lassitude peut être...
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Message  MrSonge Jeu 26 Fév 2009 - 15:05

Trois phrases taches, en effet.
Pour la première je pense tout simplement replacer le second "avant de" par "et". Pour la seconde je la termine après Malloin, et je reprends avec "Il". Et pour la dernière, je met le "étaient présent" après "Sur les rayons de cerisier", ce qui devrait éclaircir le tout. ^^

Encore une fois merci pour cette lecture !

Par contre non, il y a une différence entre un brocanteur et un antiquaire.
Brocante : La brocante est le commerce d’objets usagés, généralement de faible valeur. Par métonymie, le terme désigne aussi les boutiques où se pratique ce genre de commerce, ainsi que les foires populaires organisées le plus souvent les dimanches et jours fériés.
Antiquaire : Le métier d'antiquaire consiste principalement à acquérir, restaurer et revendre des meubles, objets d'art et bibelots anciens (aussi appelés antiquités) de valeur ou de qualité.
Le métier nécessite une bonne connaissance à la fois du marché et de l'histoire de l'art, notamment parce que l'antiquaire a pour obligation de garantir l'authenticité des biens qu'il met en vente.
Voilà, voilà. What a Face
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Message  B. Jeu 26 Fév 2009 - 17:00

J'ai lu le premier exrait du 2e chapitre.
Deux fautes:
Fabergé quitta la salle des professeurs quelques secondes après que la sonnerie ait retentit jusque dans les moindres recoins du lycée. Il descendit d'un étage et s'engouffra dans un long couloir, passant devant des portes fermées, derrière lesquelles il pouvait vaguement entendre ses collègues débuter leur cour, réclamant le silence, commentant mécaniquement des formules dont ils noircissaient le tableau ou débitant d'une voix morne leur savoir rabâché depuis leur nomination.
Arrivé devant la porte entrouverte de la salle il allait faire cours, il s'immobilisa au milieu du couloir, essayant de distinguer une phrase compréhensible au milieu du brouhaha qui semblait régner dans la classe.

Ce passage m'a rappelé mes années lycée! Quelles bonnes descriptions, exactement ce qu'il se passait dans ma classe. Par contre, les meilleurs n'osaient même pas faire étalage de leurs connaissances au risque de passer pour des "loosers", des "intellos". La moindre phrase un tant soi peu intelligente suscitait des rires hystériques.

Ah, je rajoute que j'ai moi-même admiré des platanes Razz (bon c'était en cours d'histoire, mais le prof était lui-même en mode automatique-qui-récite-bêtement-un-cours-inchangé-depuis-des-décennies)

suite du 2e chapitre:
« Oui, répondit-il, je n'ai pas cours tout de suite. tu as mis un s à d'abord et pas à cours!
- Je tenais tout d'abord à vous féliciter pour votre dissertation. C'était de loin la plus brillante que j'ai pu corriger, et pas seulement dans cette classe.
- Merci.
- Est-ce qu'il vous arrive d'écrire en dehors des textes scolaires ?
- Rarement, monsieur. Pourquoi cette question ?
- Parce que vous devriez, affirma Fabergé. Vous avez une excellente plume, savez-vous ? Il serait stupide de la laisser s'enliser dans de fades truismes scolaires, même si le contenu de vos rédactions se situe bien au-dessus de la moyenne. »
La discussion s'engagea ainsi. Ils parlèrent d'écriture, de lecture, confrontèrent leurs avis sur le style éblouissant de Flaubert et la prose neutre de Stendhal, se gargarisèrent quelques instants de vers particulièrement savoureux de La Fontaine :


"Autrefois à Racan Malherbe l'a conté.
Ces deux rivaux d'Horace, héritiers de sa lyre,
Disciples d'Apollon, nos maîtres, pour mieux dire,
[...]"


« Pourquoi ce passage est génial, Clairamblaut ? l'interrogeait avec passion Fabergé sans laisser à son élève le temps de répondre. Parce qu'il termine ses vers en les simplifiant, en les résumant, en les humanisant et non jamais dans une perspective de rhétorique ! Nous avons là toute la générosité de La Fontaine : "Nos maîtres pour mieux dire". C'est fin, mon ami, c'est final ! »

Vers midi, tandis que le ciel se couvrait lentement de menaçants nuages gris qui envahissaient l'horizon en s'étalant comme se meut un troupeau de (là, il y avait un "de" en trop) lents pachydermes, Nicéphor Fabergé quitta le lycée d'un pas rapide.

re-suite:
Il monta au premier étage, saluant une secrétaire qui avait levé la tête de son ordinateur à son passage. Arrivé sur le palier du premier, il s'immobilisa quelques instants face à une haute fenêtre qui s'ouvrait devant lui. Une pluie fine commençait à tomber des nuées et les gouttes coulaient le long du verre comme autant de larmes d'argent. Ces longues traînées verticales, fines et transparentes comme du verre, faisait à Fabergé l'effet de barreaux de prisons que le ciel lui-même dispose parmi les hommes.
Une voix forte qui l'interpellait par son nom tira le professeur de sa rêverie. Il se retourna lentement et se retrouva face à un grand homme aux cheveux grisonnants, de forte carrure et à l'embonpoint léger. Onésime Corentin, le propriétaire des lieux, était vêtu d'un costume gris dont le pantalon était légèrement trop court pour ses longues jambes. Il avait légèrement desserré le noeud de sa cravate rouge pâle.
Les deux hommes se serrèrent la main et l'éditeur fit entrer Fabergé dans un grand bureau lumineux, dont le plancher craquait légèrement sous leurs pas. Ils prirent place de part et d'autre (je ne pense pas qu'il faille des "s") d'un bureau en ébène, aussi reluisant que du verre poli. il y a beaucoup de "verre", mais bon , ça ne va pas ête facile à arranger


Dernière édition par Barbara le Jeu 26 Fév 2009 - 17:16, édité 1 fois
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Message  Pacô Jeu 26 Fév 2009 - 17:15

C'est fou hein?

Merci Mr Songe, je m'endormirai avec quelque chose de neuf dans la tête, ce soir Very Happy.
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Message  MrSonge Jeu 5 Mar 2009 - 17:46

Les enfants, c'est affreux. Je n'écris plus, je ne lis plus, je bosse. Déplorable. Lycée rébarbatif, vocabulaires chiants, je ne vous fait pas un dessin. Je poste donc rapidement la fin du chapitre troisième et le début du suivant (pour le petit suspens ^^) et je file sans rien lire ni corriger. Je sais c'est injuste, mais promis, dès ce week-end, je viens rattraper mon retard et bombarder les cibles choisies de commentaires et de critiques en tous genres. What a Face

Voyant qu'Eugène Malloin ne semblait pas disposé à entrer dans le salon, Roseline Saint-Fiacre le rejoint dans le couloir. Il lui demanda comment se portait son fils, Désiré. Elle répondit qu'elle n'avait pas souvent de ses nouvelles.
« Et votre petit fils ?
- Certainement très bien aussi, il est toujours au lycée.
- Il s'y plaît toujours ?
- Oh vous savez, lui, c'est plutôt un scientifique. Il n'y a guère que cela qui ne l'intéresse. Simon m'a confié qu'il s'ennuyait profondément dans à peu près tous les autres cours. Le français et la philosophie en particulier. Il n'y a aucune affinité avec la littérature et la philosophie lui semble absconse. Mais il faut avouer, ajouta-t-elle après un court silence pendant lequel elle passa rapidement la main sur la surface polie d'une commode, que son professeur ne fait rien pour intéresser les jeunes lycéens aux livres. Il ne leur fait lire que des classiques d'un autre âge, vous savez comme sont les enseignants de nos jours. Pour eux, la littérature actuelle n'a pas à être étudié. Elle est inférieure, sans intérêt et l'on a l'impression que plus les ouvrages sont passionnants et se laissent lire facilement, moins ils ont l'heur de plaire à la caste pédante des prétendus gardiens du Bon Goût. Je puis vous assurer que le jour où les remarquables écrits de monsieur Fresnay seront lus dans les lycées, la popularité des cours de français montera en flèche.
- Je n'en doute pas, lui répondit Mallouin. C'est de cette façon que ces fonctionnaires arrogants tuent chez les jeunes crèvent dans l'oeuf tout amour de la lecture. Mais que voulez-vous ? Tant que les écoles seront aux mains de ces élitistes rétrogrades, cela continuera ainsi et rien de ce qu'ils qualifient de littérature-poubelle ne passera les portes de bronzes des programmes scolaires.»
Ils se morfondirent encore quelques instants sur le sort cruel des pauvres lycéens français que l'on confiait à des tortionnaires aux goûts surannés et à l'esprit étriqué. Lorsqu'ils eurent épuisés à peu près tout les qualificatifs méprisants et péjoratifs dont ils désignaient le corps enseignant, Eugène Mallouin s'excusa de devoir se retirer. En effet, il lui fallait absolument faire une course urgente. Saisissant son parapluie, il salua Roseline Saint-Fiacre en ouvrant la porte et en jetant un regard dégoûté vers le ciel qui se vidait sur la ville.
Quand il eût traversé le jardin, elle referma lentement la porte et se dirigea à petits pas vers son salon. La vieille femme s'assit dans un fauteuil qui faisait dos à la fenêtre donnant sur le jardin et se saisit de l'exemplaire de Jeu de Rôle qu'elle venait d'acquérir, l'ouvrit religieusement et se plongea avec plaisir dans sa lecture, laissant son esprit couler paresseusement dans les méandres du récit, emporté par le flot de la plume flatteuse d'Abel Fersnay.

Chapitre Quatrième


Abel Fresnay poussa la porte du restaurant puis, une fois à l'intérieur, s'effaça pour laisser entrer sa femme Agathe et sa fille Tréphine. Cette dernière, oxymore vivant, se dandina rapidement vers une table occupée par deux couples et un jeune garçon qui semblaient les attendre. Les cinq occupants se levèrent. On se serra la main, on se rassit. Abel Fresnay s'installa entre son épouse et Marie, une femme aux longs cheveux blonds au rire cristallin qui ne cessait de poser sa main d'une pâleur excessive sur l'épaule de son mari. Ce dernier, Jean, était placé à sa droite et avait la désagréable manie de se lisser sans cesse le sourcil droit. Pourtant sa coupe de cheveux des plus anarchiques trahissait un mépris total pour toute tentative d'organisation capillaire. En face de lui était assis Simon, un ami de longue d'Abel avec qui il avait été à l'université. Le regard morne derrière ses lunettes à demi cerclées, il semblait constamment absent et ne s'exprimait que par aphorismes creux et brèves boutades. Sa femme, Anne, compensait ce laconisme par un verbiage ininterrompu et exaspérant que la tablée semblait pourtant trouver irrésistible. Seul son fils, Jacques restait de marbre, jouant avec sa serviette et fixant son regard sur Abel Fresnay qu'il avait juste en face de lui.
Autour de leur table, les serveurs tourbillonnaient et bourdonnaient comme d'innombrables abeilles butinant un parterre de lilas. De temps à autres, des rires bruyants fusaient d'une table ou d'une autre.
Lorsque les plats commandés arrivèrent, la conversation obliqua rapidement sur la récente apparition de Fresnay sur un plateau de télévision. On l'encensa religieusement de toutes parts pour sa performance, son élocution, la justesse de ses propos. Les adjectifs superlatifs s'épuisant rapidement, Jacques sortit soudain de son mutisme et demanda d'une voix mal assurée si Abel Fresnay travaillait déjà à un nouveau roman. La réponse fut positive est le yeux bleus du jeune homme se mirent à pétiller.
« Il est tellement heureux chaque fois qu'il découvre ton dernier chef d'oeuvre, expliqua sa mère. C'est grâce à toi qu'il a commencé à lire et maintenant il attend avec impatience chacun de tes livres.
- Je suis heureux que mes ouvrages te plaise, répondit Fresnay en s'adressant directement à Jacques.
- Figure toi qu'il est vexé que la lecture ne soit pas mon passe-temps favoris, lança Tréphine. Et en particulier la lecteur de ses romans, ajouta-t-elle en coulant un regard vers son père.
- Tu n'es pas gentille, répondit Agathe. Ton père voudrait simplement que tu essayes de lire un minimum. C'est une question d'épanouissement intellectuel.
- Eh bien moi, je m'épanouis sans la lecture et je n'en mourrais pas pour autant. »
Il y eût un petit silence gêné qui plana au-dessus de la tête des huit convives pendant quelques secondes jusqu'à ce que Marie s'extasie bruyamment sur la qualité de la salade qu'elle avait à peine entamée. La conversation reprit rapidement et l'on ne parla plus de livres.
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Message  B. Jeu 5 Mar 2009 - 18:01

Ne t'inquiètes pas, moi non plus je n'ai rien lu ni critiqué depuis quelque temps, à cause de la nouvelle pour le recueil qui, je le sens, va être nulle.
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Message  kirlim Jeu 5 Mar 2009 - 18:14

Bon vous arrêtez votre grande crise de dépression les gens u__u'
On va finir par croire que les membres du comité sont des sadiques !
...
Bref !
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Message  Pacô Jeu 5 Mar 2009 - 20:01

MrSonge a écrit:
Voyant qu'Eugène Malloin ne semblait pas disposé à entrer dans le salon, Roseline Saint-Fiacre le rejoignit dans le couloir. Il lui demanda comment se portait son fils, Désiré. Elle répondit qu'elle n'avait pas souvent de ses nouvelles.
« Et votre petit fils ?
- Certainement très bien aussi, il est toujours au lycée.
- Il s'y plaît toujours ?
- Oh vous savez, lui, c'est plutôt un scientifique. Il n'y a guère que cela qui ne l'intéresse. (et alors, où est le problème? Laughing) Simon m'a confié qu'il s'ennuyait profondément dans à peu près tous les autres cours. Le français et la philosophie en particulier. Il n'a aucune affinité avec la littérature et la philosophie lui semble absconse. Mais il faut avouer, ajouta-t-elle après un court silence pendant lequel elle passa rapidement la main sur la surface polie d'une commode, que son professeur ne fait rien pour intéresser les jeunes lycéens aux livres. Il ne leur fait lire que des classiques d'un autre âge, vous savez comme sont les enseignants de nos jours. Pour eux, la littérature actuelle n'a pas à être étudiée. Elle est inférieure, sans intérêt et l'on a l'impression que plus les ouvrages sont passionnants et se laissent lire facilement, moins ils ont l'heur de plaire à la caste pédante des prétendus gardiens du Bon Goût. Je puis vous assurer que le jour où les remarquables écrits de monsieur Fresnay seront lus dans les lycées, la popularité des cours de français montera en flèche.
- Je n'en doute pas, lui répondit Mallouin. C'est de cette façon que ces fonctionnaires arrogants tuent chez les jeunes crèvent dans l'oeuf tout amour de la lecture.(je crains ne pas comprendre l'histoire là...) Mais que voulez-vous ? Tant que les écoles seront aux mains de ces élitistes rétrogrades, cela continuera ainsi et rien de ce qu'ils qualifient de littérature-poubelle ne passera les portes de bronze des programmes scolaires.»
Ils se morfondirent encore quelques instants sur le sort cruel des pauvres lycéens français que l'on confiait à des tortionnaires aux goûts surannés et à l'esprit étriqué. Lorsqu'ils eurent épuisés à peu près tous les qualificatifs méprisants et péjoratifs dont ils désignaient le corps enseignant, Eugène Mallouin s'excusa de devoir se retirer. En effet, il lui fallait absolument faire une course urgente. Saisissant son parapluie, il salua Roseline Saint-Fiacre en ouvrant la porte et en jetant un regard dégoûté vers le ciel qui se vidait sur la ville.
Quand il eût traversé le jardin, elle referma lentement la porte et se dirigea à petits pas vers son salon. La vieille femme s'assit dans un fauteuil qui faisait dos à la fenêtre donnant sur le jardin et se saisit de l'exemplaire de Jeu de Rôle qu'elle venait d'acquérir, l'ouvrit religieusement et se plongea avec plaisir dans sa lecture, laissant son esprit couler paresseusement dans les méandres du récit, emporté par le flot de la plume flatteuse d'Abel Fresnay (attention, tu l'écris pas de la même manière là).

Chapitre Quatrième


Abel Fresnay poussa la porte du restaurant puis, une fois à l'intérieur, s'effaça pour laisser entrer sa femme Agathe et sa fille Tréphine. Cette dernière, oxymore vivant, se dandina rapidement vers une table occupée par deux couples et un jeune garçon qui semblaient les attendre. Les cinq occupants se levèrent. On se serra la main, on se rassit. Abel Fresnay s'installa entre son épouse et Marie, une femme aux longs cheveux blonds (et) au rire cristallin qui ne cessait de poser sa main d'une pâleur excessive sur l'épaule de son mari. Ce dernier, Jean, était placé à sa droite et avait la désagréable manie de se lisser sans cesse le sourcil droit. Pourtant sa coupe de cheveux des plus anarchiques trahissait un mépris total pour toute tentative d'organisation capillaire. En face de lui était assis Simon, un ami de longue (date?) d'Abel avec qui il avait été à l'université. Le regard morne derrière ses lunettes à demi cerclées, il semblait constamment absent et ne s'exprimait que par aphorismes creux et brèves boutades. Sa femme, Anne, compensait ce laconisme par un verbiage ininterrompu et exaspérant que la tablée semblait pourtant trouver irrésistible. Seul son fils, Jacques restait de marbre, jouant avec sa serviette et fixant son regard sur Abel Fresnay qu'il avait juste en face de lui.
Autour de leur table, les serveurs tourbillonnaient (jvois l'image... mais je vois mal le verbe...) et bourdonnaient comme d'innombrables abeilles butinant un parterre de lilas. De temps à autres, des rires bruyants fusaient d'une table ou d'une autre.
Lorsque les plats commandés arrivèrent, la conversation obliqua rapidement sur la récente apparition de Fresnay sur un plateau de télévision. On l'encensa religieusement de toutes parts pour sa performance, son élocution, la justesse de ses propos. Les adjectifs superlatifs s'épuisant rapidement, Jacques sortit soudain de son mutisme et demanda d'une voix mal assurée si Abel Fresnay travaillait déjà à un nouveau roman. La réponse fut positive est le (cafouillage => "et les") yeux bleus du jeune homme se mirent à pétiller.
« Il est tellement heureux chaque fois qu'il découvre ton dernier chef d'œuvre, expliqua sa mère. C'est grâce à toi qu'il a commencé à lire et maintenant il attend avec impatience chacun de tes livres.
- Je suis heureux que mes ouvrages te plaisent, répondit Fresnay en s'adressant directement à Jacques.
- Figure-toi qu'il est vexé que la lecture ne soit pas mon passe-temps favori, lança Tréphine. Et en particulier la lecteur (what?) de ses romans, ajouta-t-elle en coulant un regard vers son père.
- Tu n'es pas gentille, répondit Agathe. Ton père voudrait simplement que tu essayes de lire un minimum. C'est une question d'épanouissement intellectuel.
- Eh bien moi, je m'épanouis sans la lecture et je n'en mourrais pas pour autant. »
Il y eût un petit silence gêné qui plana au-dessus de la tête des huit convives pendant quelques secondes jusqu'à ce que Marie s'extasie bruyamment sur la qualité de la salade qu'elle avait à peine entamée. La conversation reprit rapidement et l'on ne parla plus de livres.

Le lycée rébarbatif emmènerait-il son flot de fautes? chizz

Allez la seule chose qui me chagrine dans cette histoire, c'est cette ambiance froide qui peut retenir un peu le lecteur. Abel Fresnay pourrait devenir rapidement un Abel non? L'utilisation du rpénom suivi du nom constant m'empêche de vraiment me familiariser à eux, de m'attacher peut être, comme si y'avait encore une limite et que je pouvais pas me plonger entièrement dans ton univers.
Cependant, je sens déjà ta critique qui va fuser. Les enseignants en prennent pour leur grade mais ne serait-ce pas de l'ironie camouflée?

PS: Ah cette nouvelle, elle en fait pâlir plus d'un Razz. Rassurez-vous, j'ai quelques nouvelles à ce sujet !
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Message  MrSonge Mar 7 Avr 2009 - 17:42

Allez, parce que je suis en vacances (yek, yek, yek), parce que je sais que vous n'attendez que cela, je vous met un bout de la suite ! ^^

Vers onze heures vingt, la famille Fresnay sortait du restaurant. Sur le trottoir, Tréphine remonta en bougonnant les pans de son court manteau noir avant d'enfoncer les mains dans ses poches et de presser ses parents qui prolongeait leur conversation avec Jean et Marie. Ils se séparèrent enfin et le couple rejoignit la jeune fille qui battait la semelle quelques mètres plus loin en parcourant distraitement le répertoire de son téléphone portable. Agathe Fresnay fit remarquer à Tréphine qu'elle aurait pu faire un effort et se montrer un peu moins glaciale. L'adolescente ne répondit pas, se contentant d'accélérer le pas pour arriver la première à la voiture.
Un quart d'heure plus tard, ils étaient chez eux. Tréphine fila directement dans sa chambre, alluma son ordinateur et alla vérifier qu'elle n'avait pas reçu de courriel. Abel et sa femme se défirent de leur pardessus, les rangèrent sur des cintres et allèrent s'installer à la cuisine. S'assurant qu'elle ne pouvait l'entendre, l'écrivain constata :
« Tréphine a été d'une humeur détestable toute la soirée.
- Je crois qu'elle a beaucoup de peine à avoir un père si célèbre et si plein de talent, répondit Agathe en s'asseyant près de son mari. Elle a l'impression de vivre dans ton ombre.
- Tu crois que cela va durer longtemps ?
- Elle est en plein adolescence, c'est pour cela. C'est la période de l'affirmation de la personnalité. D'ici une année ou deux ce sentiment aura complètement disparu chez elle.
- Dans le fond, expliqua Abel Fresnay après quelques secondes de silence, fixant le plafond, je crois que j'ai peur de l'étouffer. Elle s'est souvent plainte de n'être pour les autres que la fille d'Abel Fresnay. Comme si mon succès lui nuisait.
- C'est un âge d'affirmation. Il y a quelques années, elle ne cachait nullement sa fierté d'être la fille d'un écrivain aussi doué et célèbre que toi. Dans quelques années, sa crise d'adolescence sera passée et ce sera de nouveau le cas. Il faut simplement lui laisser le temps de s'émanciper de ta notoriété. »
Dans la cuisine, le plafonnier était éteint. Le couple était plongé dans la pénombre, seulement éclairé par le néon d'un aquarium qui dégageait une lumière bleutée aussi froide que cette cuisine trop moderne. Au grès des vaguelettes que produisaient les allers et retours des poissons argentés, les ombres frémissaient sur le mur opposé, comme agitées de tressaillements spasmodiques.
Abel Fresnay songeait à sa fille. Il était certain qu'elle lui en voulait, tout en ignorant sans doute elle même la cause de cette humeur. N'ayant jamais nourri la moindre passion pour la lecture, il lui était d'autant plus difficile de comprendre et de cautionner son succès d'écrivain. Il se souvenait en particulier qu'elle lui avait raconté avec beaucoup de mépris et de colère contenu dans la voix sa première journée de cours de l'année. Lorsque le professeur qui faisait l'appel avait prononcé son nom, il avait levé les yeux sur elle et lui avait demandé si elle n'avait pas un lien de parenté avec «le fameux auteur de best-seller». Elle avait murmuré une réponse affirmative à peine audible mais cela avait suffit à faire d'elle le point de mire des vingt-deux paires d'yeux présentes dans la salle ; et dès que le cours fut terminé, on s'était rué sur elle pour savoir à quoi ressemblait monsieur Fresnay, comment il travaillait, où il trouvait ses idées, s'il avait un projet en cours, s'il était possible de le rencontrer... La jeune fille était rentré à la maison, à la fin de la journée, bouillante de colère et s'était montrée d'une humeur tout à fait déplaisante pendant toute la soirée.
En outre, il était tout à fait plausible que son désintérêt total pour la lecture ne vienne directement de la frustration absurde que Tréphine éprouvait depuis qu'elle était consciente de l'aura de son père. Elle ne lisait que les ouvrages inscrits au programme scolaire avec une lenteur certaine et un ennui grandissant de chapitre en chapitre ; parfois se plongeait dans un roman de gare quelconque dont la mièvrerie lui donnait l'illusion de se trouver confrontée à de nobles et grands sentiments. Elle tenait de son père ce mépris absurde pour le style et lorsqu'elle appréciait un des rares livres dont elle faisait la lecture, c'était parce que l'auteur avait déployé assez de stratagèmes imaginatifs pour la tenir en haleine jusqu'à la dernière page, insufflant ainsi à son oeuvre les caractéristiques propres aux mauvaises productions cinématographiques. De cela, Abel Fresnay ne pouvait évidemment pas se rendre compte, étant lui-même rongé par les mêmes vices si peu propices à l'éclosion d'un talent littéraire. La haine du style est avant tout une haine de l'art, une haine qui se nourrit de l'ignorance et de la bêtise - ce monstre hideux génialement disséqué par un Flaubert ulcéré -, une haine qui n'est autre que de la frustration, une sorte d'aveu indirect de sa médiocrité et de son incapacité à trouver de belles significations aux belles choses. Cette haine inconsciente de la littérature expliquait l'absence cruelle de finalité esthétique des oeuvres de Fresnay et par là même mettait en lumière toute la distance qui les séparait de l'art.
Abel Fresnay émergea de sa rêverie lorsque sa femme se leva lentement et s'étira en baillant. Il jeta un rapide coup d'oeil à l'horloge digitale du four et se mit à son tour debout. Le couple sortit de la cuisine et passa devant la porte fermée de la chambre de Tréphine, sous laquelle filtrait un raie de lumière. Agathe toqua discrètement et entrouvrit la porte. Elle souhaita la bonne nuit à sa fille, s'effaça pour laisser son mari faire de même et se contenta de la réponse vaseuse qu'éructa distraitement Tréphine sans lever la tête de l'écran de son portable.
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Message  MrSonge Dim 3 Mai 2009 - 9:07

Amorce du chapitre 5, un nouveau personnage entre en scène, ne reculons devant rien ! Razz

Chapitre Cinquième


Trônante dans son bureau au mobilier trop moderne pour être de bon goût et trop utilitaire pour être chaleureux, Jeanne Savranche feuilletait lentement un magasine littéraire dont les pages plastifiées luisaient légèrement à la lumière d'un pâle soleil automnal. C'était une femme frôlant chaque année plus dangereusement la cinquantaine, dans la chevelure blonde lisse et brillante de laquelle commençaient à poindre de discrètes mèches argentées. Systématiquement, après avoir tourné nerveusement une page, elle triturait ses lunettes cerclées qui lui donnaient un air intellectuel qui ne l'embellissait absolument pas. La beauté est très souvent incompatible avec un air intellectuel ; une intelligence trop visible, qui vient prendre le pas sur le physique, duquel elle devrait être distincte, ne fait que rendre un visage intéressant, jamais beau.
Lorsqu'elle arriva enfin à la page qu'elle convoitait, elle se pencha un peu plus sur le mensuel et se mit à pianoter de ses ongles manucurés sur son bureau. Jeanne Savranche parcourut d'abord une fois rapidement les différentes rubriques avant de s'arrêter à celle qu'elle cherchait : la critique littéraire. Son regard se durcit une peu plus à chaque ligne qu'elle lisait.

Lorsque l'on se saisit du nouvel ouvrage de monsieur Fresnay, on ne peut s'empêcher d'esquisser un sourire. La ridicule couverture choisie par la maison d'édition conviendrait mieux à un manuel de scientologie qu'à un roman - aussi médiocre soit-il. De plus, si l'on se donne la peine de retourner ce pavé d'environ huit-cent pages, on constate que là où il y a habituellement une quatrième de couverture, il n'y a qu'une petite citation qui a au moins le mérite de résumer à elle seule toute la vacuité de l'oeuvre : « Et si Dieu en avait assez ?». L'histoire tient sur un timbre-poste : Dieu est lassé des plaintes incessantes de l'humanité et décide de faire savoir qu'il commence une grève sauvage et totale. Dès lors, le monde dans lequel nous vivons sombre dans un chaos dantesque qui évidemment ne perdurera pas jusqu'à la dernière page. Il serait vain que nous tentions d'écrire autre chose à son propos, car c'est bien d'un roman aussi creux qu'une caisse de résonance qu'il s'agit. L'intrigue n'est qu'un pur produit hollywoodien qui a raté la sélection cinématographique et, hélas, ce n'est pas la grandeur du style qui viendrait combler cette lacune. Car monsieur Fresnay persiste dans sa désarmante exploration de l'absence de style la plus compacte. Visiblement pour lui, l'écriture n'est qu'un travail de transcription simple de ses pensées. Aucune recherche, aucun travail approfondi n'est fait sur ses textes. Lorsque l'on lit du Fresnay, on se plonge lentement mais sûrement dans l'océan de la médiocrité littéraire, on s'enlise dans le bourbier puant de l'écriture au rouleau. Comment peut-on en son âme et conscience faire lire à son éditeur un manuscrit aussi vide, aussi peu soigné que celui qui a donné naissance à l'ouvrage regrettable dont il est question ici ? N'y a-t-il donc personne dans l'entourage de monsieur Fresnay pour l'implorer avec assez d'insistance d'abandonner sa lubie de l'écriture et de se consacrer plutôt à n'importe quel autre passe-temps ? Du moment qu'il n'est pas en contact avec une plume et du papier. Il serait temps que certains prétendus auteurs qui ne s'élèveront jamais plus haut que le niveau atteint par les dissertations d'élèves de terminale se souviennent qu'être écrivain est un métier ; et qu'il ne semble pas être à la portée de tout le monde.
Par E. M.

Jeanne Savranche referma violemment le magasine et le jeta dans la corbeille qui était placée près de sa chaise. Depuis qu'elle était à la tête des éditions Label elle n'avait cessé d'encourager des auteurs prometteurs comme cet Abel Fresnay qui c'était hissé dès ses premiers romans au sommet des meilleurs ventes. Pourtant, pas une seule fois, un roman publié par sa maison n'avait eu l'heur de plaire à ce critique qui étrillait systématiquement chaque nouvelle sortie. L'éditrice s'était vue traitée de «marchande de soupe», de «aimant sans cesse attiré vers les productions les plus médiocres», de «commerçante arriviste sans le moindre sans artistique» mais malgré cela, elle n'avait jamais remis en cause sa ligne éditorial et continuait à suivre ses goûts en matière de choix d'auteurs.
Elle se leva brusquement et se tourna vers la haute fenêtre qui donnait sur une large avenue bordées de platanes chétifs. Les bruits des moteurs lui parvenaient faiblement et de temps en temps elle entendait le cri autoritaire d'un avertisseur qui retentissait dans tout l'arrondissement. Perdue dans ses pensée, elle suivit du regard un jeune couple qui traversait la rue, bras dessus bras dessous, jusqu'à ce qu'il disparaisse dans une petite rue transversale. Sa bouche entrouverte était tellement proche de la vitre qu'un petit nuage de condensation se formait sur le verre. Savranche s'en rendit subitement compte et l'essuya à l'aide de la manche de son pull-over.
Chaque fois qu'elle repensait à ce critique arrogant, ce pamphlétaire hargneux, ce pisseur de copie suant la pédanterie, elle s'entait monter en elle une vague de colère irraisonnée et était submergée par un désir de vengeance qu'elle ne contenait qu'avec grand peine. Ce chroniqueur rétrograde, à l'esprit étriqué n'avait sans doute jamais fait ses preuves en tant qu'écrivain et se complaisait à tirer sur tous ceux dont le succès ne pouvait qu'attiser sa jalousie. Un auteur raté, voilà ce qu'il devait sans doute être pour déverser avec tant de constance son fiel haineux sur à peu près tout les auteurs actuels. Le pauvre devait sans doute se sentir frustré de ne point pouvoir suivre l'évolution du monde des lettres et se retranchait dans une vénération stérile du passé. L'adoration d'une littérature compliquée, écrite pour des gens encore plus compliqués qui se complaisaient dans des exercices de style alambiqués, dans des prouesses formelles aussi creuses qu'ennuyantes et rebutantes. Aujourd'hui la littérature se devait être simple, accessible au plus grand nombre, démocratique en quelque sorte. Elle s'arrêta sur cette pensée. C'était exactement cela. Il fallait qu'elle se fasse le chantre de la littérature démocratique. Ce ne serait d'ailleurs pas bien difficile puisque c'était ce que le public aimait ; et c'était le public qui décidait des ventes. Après tout, que lui importait les braiments incessants et venimeux de ces critiques obscures ? Tant que le public aimait ce qu'elle publiait, ses stocks s'écoulaient on ne peut mieux et ses caisses se remplissaient proportionnellement.
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Message  Pacô Dim 3 Mai 2009 - 17:55

MrSonge a écrit:
Vers onze heures vingt, la famille Fresnay sortait du restaurant. Sur le trottoir, Tréphine remonta en bougonnant les pans de son court manteau noir avant d'enfoncer les mains dans ses poches et de presser ses parents qui prolongeaient leur conversation avec Jean et Marie. Ils se séparèrent enfin et le couple rejoignit la jeune fille qui battait la semelle quelques mètres plus loin en parcourant distraitement le répertoire de son téléphone portable. Agathe Fresnay fit remarquer à Tréphine qu'elle aurait pu faire un effort et se montrer un peu moins glaciale. L'adolescente ne répondit pas, se contentant d'accélérer le pas pour arriver la première à la voiture.
Un quart d'heure plus tard, ils étaient chez eux. Tréphine fila directement dans sa chambre, alluma son ordinateur et alla vérifier qu'elle n'avait pas reçu de courriel(s). Abel et sa femme se défirent de leurs pardessus (ils n'ont pas un pardessus pour deux hein? Twisted Evil), les rangèrent sur des cintres et allèrent s'installer à la cuisine. S'assurant qu'elle (là on a l'impression que ce "elle" reprend "sa femme". Précise avec un "sa filleé, "son enfant" etc...) ne pouvait l'entendre, l'écrivain constata :
« Tréphine a été d'une humeur détestable toute la soirée.
- Je crois qu'elle a beaucoup de peine à avoir un père si célèbre et si plein de talent, répondit Agathe en s'asseyant près de son mari. Elle a l'impression de vivre dans ton ombre.
- Tu crois que cela va durer longtemps ?
- Elle est en plein adolescence, c'est pour cela. C'est la période d(e l)'affirmation de la personnalité. D'ici une année ou deux ce sentiment aura complètement disparu chez elle.
- Dans le fond, expliqua Abel Fresnay après quelques secondes de silence, fixant le plafond, je crois que j'ai peur de l'étouffer. Elle s'est souvent plainte de n'être pour les autres que la fille d'Abel Fresnay. Comme si mon succès lui nuisait.
- C'est un âge d'affirmation (pour ne pas donner l'effet d'une répétition maladroite, rajoute un "je te dis" ou un "répéta-t-elle"). Il y a quelques années, elle ne cachait nullement sa fierté d'être la fille d'un écrivain aussi doué et célèbre que toi. Dans quelques années, sa crise d'adolescence sera passée et ce sera de nouveau le cas. Il faut simplement lui laisser le temps de s'émanciper de ta notoriété. »
Dans la cuisine, le plafonnier était éteint. Le couple était plongé dans la pénombre, seulement éclairé par le néon d'un aquarium qui dégageait une lumière bleutée aussi froide que cette cuisine trop moderne (humpf', ce qui me gêne, c'est qu'on dirait que le "seulement éclairé", malgré l'ortho, se rapporte à la pénombre...). Au gré (je crois pas qu'il fait des potiches xD) des vaguelettes que produisaient les allers et retours des poissons argentés, les ombres frémissaient sur le mur opposé, comme agitées de tressaillements spasmodiques. (je reverrais cette phrase ...)
Abel Fresnay songeait à sa fille. Il était certain qu'elle lui en voulait, tout en ignorant sans doute elle même la cause de cette humeur. N'ayant jamais nourri la moindre passion pour la lecture, il lui était d'autant plus difficile de comprendre et de cautionner son succès d'écrivain. Il se souvenait en particulier qu'elle lui avait raconté avec beaucoup de mépris et de colère contenus dans la voix sa première journée de cours de l'année. Lorsque le professeur qui faisait l'appel avait prononcé son nom, il avait levé les yeux sur elle et lui avait demandé si elle n'avait pas un lien de parenté avec «le fameux auteur de best-seller». Elle avait murmuré une réponse affirmative à peine audible mais cela avait suffi à faire d'elle le point de mire des vingt-deux paires d'yeux présentes dans la salle ; et dès que le cours fut terminé, on s'était rué sur elle pour savoir à quoi ressemblait monsieur Fresnay, comment il travaillait, où il trouvait ses idées, s'il avait un projet en cours, s'il était possible de le rencontrer... La jeune fille était rentrée à la maison, à la (oui je suis pointilleux, mais c'est redondant XD) fin de la journée, bouillante de colère et s'était montrée d'une humeur tout à fait déplaisante pendant toute la soirée.
En outre, il était tout à fait plausible que son désintérêt total pour la lecture ne vienne directement de la frustration absurde que Tréphine éprouvait depuis qu'elle était consciente de l'aura de son père. Elle ne lisait que les ouvrages inscrits au programme scolaire avec une lenteur certaine et un ennui grandissant de chapitre en chapitre ; parfois se plongeait dans un roman de gare quelconque dont la mièvrerie lui donnait l'illusion de se trouver confrontée à de nobles et grands sentiments (on te reconnait là Twisted Evil ). Elle tenait de son père ce mépris absurde pour le style et lorsqu'elle appréciait un des rares livres dont elle faisait la lecture, c'était parce que l'auteur avait déployé assez de stratagèmes imaginatifs pour la tenir en haleine jusqu'à la dernière page, insufflant ainsi à son oeuvre les caractéristiques propres aux mauvaises productions cinématographiques. De cela, Abel Fresnay ne pouvait évidemment pas se rendre compte, étant lui-même rongé par les mêmes vices si peu propices à l'éclosion d'un talent littéraire. La haine du style est avant tout une haine de l'art, une haine qui se nourrit de l'ignorance et de la bêtise - ce monstre hideux génialement disséqué par un Flaubert ulcéré - une haine qui n'est autre que de la frustration, une sorte d'aveu indirect de sa médiocrité et de son incapacité à trouver de belles significations aux belles choses. Cette haine inconsciente de la littérature expliquait l'absence cruelle de finalité esthétique des œuvres de Fresnay et par là même mettait en lumière toute la distance qui les séparait de l'art.
Abel Fresnay émergea de sa rêverie lorsque sa femme se leva lentement et s'étira en baillant. Il jeta un rapide coup d'œil à l'horloge digitale du four et se mit à son tour debout. Le couple sortit de la cuisine et passa devant la porte fermée de la chambre de Tréphine, sous laquelle filtrait un raie de lumière. Agathe toqua discrètement et entrouvrit la porte. Elle souhaita la bonne nuit à sa fille, s'effaça pour laisser son mari faire de même et se contenta de la réponse vaseuse qu'éructa distraitement Tréphine sans lever la tête de l'écran de son portable.

Charmante jeune fille Twisted Evil.
Et vlan quelques coups placés pour Werber et Meyer.

Sinon, petite remarque, je trouve assez étrange que la fille soit mise dans un établissement public et ce, sansque personne ne la connaisse.
Si un Dan Brown venait à poser son gosse devant les grilles du lycée, on le saurait avant que le prof fasse l'appel il me semble Rolling Eyes.

Enfin, je dis ça, je lis la suite après U_U".
Pacô
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